Anthropologie d’un point de vue pragmatique
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Emmanuel KantA n t h r o p o l o g i eTraduction J. Tissot.Librairie Ladrange, 1863 (pp. 3-341).Emm. Kant——ANTHROPOLOGIESUIVIE DESDIVERS FRAGMENTS DU MÊME AUTEURRELATIFS AUXRAPPORTS DU PHYSIQUE ET DU MORALET AUXCOMMERCE DES ESPRITS D'UN MONDE A L'AUTREOuvrage traduit de l'allemandPAR J. TISSOTDOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES DE DIJON.―――――PARISLIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE DE LADRANGE41, RUE SAINT-ANDRÉ-DES-ARTS1863————DIJON, IMPRIMERIE J.-E. RABUTOT,PLACE SAINT-JEAN, 1 ET 3————PRÉFACE DE L'AUTEUR—————Tous les progrès de l'homme dans une certaine éducation de lui-même ont pour but d'appliquer dans ses rapports avec le monde lesconnaissances et l'habileté ainsi acquises. Mais l'objet le plus important à l'égard duquel il puisse dans le monde faire usage de sonexpérience, c'est l'homme, parce que l'homme est à lui-même sa propre et dernière fin. — La connaissance de l'homme, de sonespèce, comme créature terrestre douée de raison, est donc la connaissance du monde par excellence, bien que l'homme ne formequ'une partie des habitants de la terre.Une théorie de la connaissance de l'homme, systématiquement conçue (une anthropologie), peut être envisagée ou du point de vuephysiologique ou du point de vue pratique. — Dans l'étude physiologique de l'homme on se propose de rechercher ce que la gie des'en partager la tâche, tout en restant unis par l'unité du plan. Leurs travaux ne cesseront donc pas de former un tout, en même tempsque les progrès d'une ...

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Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Extrait

Emmanuel Kant
A n t h r o p o l o g i e
Traduction J. Tissot.
Librairie Ladrange, 1863 (pp. 3-341).
Emm. Kant
——
ANTHROPOLOGIE
SUIVIE DES
DIVERS FRAGMENTS DU MÊME AUTEUR
RELATIFS AUX
RAPPORTS DU PHYSIQUE ET DU MORAL
ET AUX
COMMERCE DES ESPRITS D'UN MONDE A L'AUTRE
Ouvrage traduit de l'allemand
PAR J. TISSOT
DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES DE DIJON.
―――――
PARIS
LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE DE LADRANGE
41, RUE SAINT-ANDRÉ-DES-ARTS
1863
————
DIJON, IMPRIMERIE J.-E. RABUTOT,
PLACE SAINT-JEAN, 1 ET 3
————
PRÉFACE DE L'AUTEUR
—————
Tous les progrès de l'homme dans une certaine éducation de lui-même ont pour but d'appliquer dans ses rapports avec le monde les
connaissances et l'habileté ainsi acquises. Mais l'objet le plus important à l'égard duquel il puisse dans le monde faire usage de son
expérience, c'est l'homme, parce que l'homme est à lui-même sa propre et dernière fin. — La connaissance de l'homme, de son
espèce, comme créature terrestre douée de raison, est donc la connaissance du monde par excellence, bien que l'homme ne forme
qu'une partie des habitants de la terre.
Une théorie de la connaissance de l'homme, systématiquement conçue (une anthropologie), peut être envisagée ou du point de vue
physiologique ou du point de vue pratique. — Dans l'étude physiologique de l'homme on se propose de rechercher ce que la gie de
s'en partager la tâche, tout en restant unis par l'unité du plan. Leurs travaux ne cesseront donc pas de former un tout, en même temps
que les progrès d'une science utile à tous seront plus rapides[1].
—————
ANTHROPOLOGIE
————
PREMIERE PARTIE
DIDACTIQUE DE L'ANTHROPOLOGIE
DE LA MANIÈRE DE CONNAÎTRE L'INTÉRIEUR ET L'EXTÉRIEUR DE L'HOMME.
ANTHROPOLOGIE
CONSIDÉRÉE
AU POINT DE VUE PRAGMATIQUE OU DE L'UTILITÉ
————————
LIVRE PREMIER
DE L'INTELLIGENCE OU FACULTÉ DE CONNAÎTRE
—————
§ I.
De la conscience de soi-même.
Une chose qui élève infiniment l'homme au-dessus de toutes les autres créatures qui vivent sur la terre, c'est d'être capable d'avoir la
notion de lui-même, du moi. C'est par là qu'il devient une personne ; et, grâce à l'unité de conscience qui persiste à travers tous les
changements auxquels il est sujet, il est une seule et même personne. La personnalité établit une différence complète entre l'homme
et les choses, quant au rang et à la dignité. À cet égard, les animaux font partie des choses, dépourvus qu'ils sont de personnalité, et
l'on peut les traiter et en disposer à volonté. Alors même que l'homme ne peut pas encore dire moi, il a déjà cette idée dans la
pensée, de même que doivent la concevoir toutes les langues qui n'expriment pas le rôle de la première personne par un mot
particulier lorsqu'elles ont à l'indiquer. Cette faculté (de penser) est en effet l'entendement.
Mais il est à remarquer que l'enfant, lorsqu'il peut déjà s'exprimer passablement, ne commence cependant à parler à la première
personne, ou par moi, qu'assez longtemps après (une année environ). Jusque-là, il parle de lui à la troisième personne (Charles veut
manger, marcher, etc.). Lorsqu'il commence à dire moi, une lumière nouvelle semble en quelque sorte l'éclairer ; dès ce moment, il ne
retombe plus dans sa première manière de s'exprimer. — Auparavant, il se sentait simplement ; maintenant, il se pense. —
L'explication de ce phénomène pourrait sembler passablement difficile à l'anthropologiste.
Cette observation, qu'un enfant ne pleure ni ne rit pendant les trois premiers mois de son existence, semble aussi avoir une sorte de
raison dans le développement de certaines notions, celle d'offense et d'injustice, qui sont exclusivement du domaine de la raison. —
Lorsqu'il commence à suivre des yeux l'objet brillant qu'on lui présente à cette époque de sa vie, il s'opère alors en lui un faible et
premier progrès, qui consiste à sortir des perceptions (appréhension de la représentation sensible), et à les convertir en
connaissance des objets sensibles, c'est-à-dire en expérience. Plus tard, lorsqu'il cherche à parler, il estropie les mots ; ce qui le
rend encore plus aimable aux mères et aux nourrices, qui l'accablent à chaque instant de caresses et de baisers. Ëllee courent au-
devant de ses désirs et de ses volontés, ce qui en fait un petit despote. Cette amabilité de la première enfance, à l'époque où elle
parvient à l'humanité, a bien encore sa raison dans l'innocence et la naïveté de toutes les paroles encore défectueuses de l'enfant ;
paroles qui ne renferment encore ni dissimulation ni méchanceté. Une autre raison du même fait, c'est le penchant naturel des
nourrices à prodiguer leurs soins à une créature qui s'abandonne complètement et d'une façon si caressante à la libre disposition
d'autrui. Cette période de sa vie est celle des jeux, des amusements, la plus heureuse entre toutes; et celui qui prend soin de l'en
fance ressent encore une fois les plaisirs de cet âge, en se faisant de nouveau lui-même enfant dans une certaine mesure.
Le souvenir des premières années ne remonte cependant pas aussi loin, par la raison que cet âge n'est pas celui de l'expérience ;
c'est simplement le temps des perceptions éparses soumises à la notion de l'objet, mais pas encore celui des perceptions réunies
sous cette notion.
§ II.
De l'Égoïsme.
Du jour où l'homme commence à dire moi, il produit son cher lui-même partout où il peut, et l'é-goïsme s'avance irrésistiblement,
sinon d'une manière patente (car l'égoïsme des autres s'y oppose), au moins d'une manière cachée, avec une apparente abnégation
de soi-même, avec une feinte modestie, afin de se donner d'autant plus sûrement une haute valeur dans l'esprit d'autrui.
L'égoïsme peut renfermer trois sortes de prétentions : celles de l'entendement, du goût et de l'intérêt pratique ; c'est-à-dire qu'il peut
être logique, esthétique ou pratique.
L'égoïste logique tient pour inutile d'examiner son jugement à la lumière de l'entendement d'autrui, tout comme s'il n'avait aucun
besoin de cette pierre de touche (critérium veritatis externum). Il est bien certain cependant que nous pouvons si peu nous passer de
ce moyen de nous assurer de la vérité de notre jugement, que c'est peut-être la raison principale pour laquelle un peuple éclairé tient
si fort à la liberté de la presse. En effet, si cette liberté nous est refusée, un puissant moyen d'examiner la justesse de nos propres
jugements nous est ravi par le fait, et nous sommes par là d'autant plus exposés à l'erreur. Il ne faut pas même dire que les
mathématiques au moins ont le pri vilége de parler en nom personnel ; car s'il n'y avait pas accord absolu entre le jugement du
géomètre et le jugement de tous ceux qui se sont occupés sérieusement et avec talent des mêmes matières, elles n'auraient pas la
certitude de n'être point tombées dans quelque erreur. — Il y a beaucoup de cas encore où nous n'osons pas même nous en
rapporter d'une manière absolue aux jugements de nos propres sens: nous doutons, par exemple, si le son d'une cloche a réellement
frappé nos oreilles, ou si ce n'est pas une pure illusion ; nous demandons alors aux autres s'ils sont affectés comme nous. En
philosophie, quoiqu'il ne soit pas nécessaire, comme on le fait en jurisprudence, de fonder ses jugements sur ceux d'autrui, toutefois
un écrivain qui ne trouve aucune adhésion à des opinions publiquement émises, si elles sont d'ailleurs de quelque importance, est
vraisemblablement tombé dans l'erreur.
On court donc une véritable chance en lançant dans le public une assertion contraire à l'opinion générale, à celle même des
personnes éclairées ; Cette apparence d'égoïsme s'appelle paradoxe.
Il n'y a pas témérité à hasarder quelque chose avec la chance qu'il soit trouvé faux par un petit nombre, mais bien avec la chance qu'il
trouve peu de crédit. — L'amour du paradoxe est, à la vérité, un sentiment logique personnel, ennemi de l'imitation, ami de la
distinction, et qui ne conduit souvent qu'à la singularité. Comme chacun cependant doit avoir son sens propre et le faire reconnaître
(si omnes patres sic, at ego non sic, Abeilard), lorsque l'amour du para

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