Derrida et la psychanalyse
132 pages
Français
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Description

"Si la psychanalyse nous a appris que le langage révèle une constante de la vérité, Derrida nous montre que le langage ne peut être pensé que de façon toujours critique et donc nécessairement suspecte. En plaidant la fondamentalité du langage et de l'écriture, il nous oblige aussi à revisiter l'illusion de tous les discours..."ŠRosa Caron, rédactrice en chef

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2014
Nombre de lectures 64
EAN13 9782336335780
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Revue française de phénoménologie et de psychanalyse
Sous la direction de Daniel Beaune
DERRIDA ET LA PSYCHANALYSE
Textes recueillis par l’Association des psychologues cliniciens de Lille 3
Derrida et la psychanalyse
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-30306-2 EAN : 9782336303062
Revue française de phénoménologie et de psychanalyse Sous la direction de Daniel Beaune Derrida et la psychanalyse Textes recueillis par l'Association des psychologues cliniciens de Lille 3 Numéro spécial 2014 *
Revue française de phénoménologie et de psychanalyse Cofondateur et directeur de la revue : Daniel Beaune Cofondatrice et rédactrice en chef de la revue : Rosa Caron Secrétaire général : Thamy Ayouch Secrétaire de rédaction:Isabelle Bry-Decroix Comité de lecture:Daniel Beaune ; Rosa Caron ; Thamy Ayouch ; Jean-Yves Deshuis ; Christian Muller.
Comité de rédaction : Marie Bauley ; Claire Beaugé ; Sabrina Caron ; Christian Degenne ; Sonia Freson ; Pauline Hanique ; Kristina Herlant ; Lucile Grégoire ; Antoine Jaulin ; Jean -Jacques Marion ; Pierre Larousse ; Safia Medjidi ; Chimène Ntsame ; Dominique Tonnoir.
Avec la participation de Thomas Dutoit, PU Lille3 et la collaboration d'Arnaud Barbier, Ingrid Colpin, François Fontaine, Jean-Jacques Marion, Christophe Scudéri, membres du bureau de l'Association des Psychologues Cliniciens de Lille3.
Editorial La référence aux concepts issus de la phénoménologie et de la psychopathologie, leur application clinique à la compréhension de la souffrance psychologique sont au cœur des préoccupations de la Revue Française de Phénoménologie et de Psychanalyse. L’objectif de cette revue est de publier des articles originaux, des mémoires, des témoignages et des essais centrés sur l'expression des manifestations essentielles de l'homme et de son destin en s'adossant à la méthode freudienne d'associations libres, de transfert et d'inconscient libéré de son corpus théorique et en poursuivant le projet jaspérien de comprendre sans expliquer la subjectivité et la souffrance humaine.
Daniel Beaune
Sommaire Thomas Dutoit Psychanalisl’inconscient ...............................................................7 Jacqueline Hamrit Nachträglichkeit ..........................................................................15 Jean Cooren L'écriture du transfert : ce qui ne cesse d'arriver à la psychanalyse ...............................................................................35 Pierre Macherey Entre grammatologie et psychanalyse: la problématique freudienne de l'archive selon Derrida..........................................49 Christophe Scudéri Miroir d'une « hantologie » .........................................................73 René Major De quelques conséquences de la lecture derridienne de Freud et de Lacan ......................................................................................89
Psychanalisl'inconscient
Thomas Dutoit Professeur des Universités, Lille 3
Sous un tel titre se condensent plusieurs histoires, événements, récits. Lorsque, grâce à une invitation rendue possible par Daniel Beaune, Rosa Caron et Jacqueline Hamrit, j’ai présenté l’essai « Spéculer - sur Freud » de Jacques Derrida devant l'Association des Psychologues Cliniciens à Lille 3, une collaboration s’est entamée qui s’est concrétisée par une journée d’études intitulée « Derrida et la Psychanalyse » dont le présent volume traduit la voix vive en lettre archivée, mais tout aussi vivante. Or, si, lors de la journée, je n’ai pas présenté de travail, j’avais précédemment parlé, après la première invitation, d’un texte inédit de Derrida dont j’avais connaissance dans mon inconscient d’archiviste, du fait d’avoir archivé les inédits de Derrida pendant plusieurs années avant cette rencontre. C’est à ce texte toujours inédit que je consacrerai quelques pages minimalistes et dont le titre seul « L’inconscient » indique déjà la pertinence de Derrida à la psychanalyse, à Lisle et à la lecture de l’inconscient. Ces pages se veulent être une sorte d’amorce de ce qui est venu et de ce qui viendra, lorsque l’on évoque « Derrida et la Psychanalyse ».
En 1955, préparant alors l’agrégation de Philosophie, Derrida écrit à la main un devoir de quarante pages (8000 mots), intitulé 1 « L’inconscient », pour son enseignant, Louis Althusser . Si,
1  La photocopie, à laquelle il manque deux pages, de cet écrit est consultable avec autorisation à l’Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine et l’original
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dans cet écrit, Derrida étudie presque exclusivement comment la philosophie et la phénoménologie (et non pas la psychanalyse) essaient de (ne pas) prendre en compte ce qu’elles désigneront comme « L’inconscient », les propos développés restent intéressants dans le cadre général de « Derrida et la Psychanalyse ». Soucieux de la réponse de la philosophie à l’inconscient, Derrida observe d’emblée que la philosophie essaie de corriger l’inconscient au lieu d’y répondre pour ce qu’il est. Derrida pose l’inconscient comme mélange et, si la philosophie s’acquitte sans reste d’un Autre, elle craint beaucoup la composition. La philosophie classique dépend d’une illusion de spontanéité de réflexion et cela l’oblige à se fier à une exigence de la simplicité originaire, de l’origine comme le simple. Le premier geste de la philosophie est donc de manquer l’inconscient, la complication originaire. La simplicité de la philosophie, sa dénégation de son fondement dans le complexe, est un écart de la philosophie ; elle émane d’un moment inconscient, insensé, de la philosophie. Quand la philosophie s’institue comme spontanée, libre, exemple du conscient, elle est inconsciente. L’hypothèse de Derrida -formulée ici à l’âge de 25 ans, mais apparaissant aussi dans d'autres écrits - annonce ce qui sera sa propre trajectoire pendant toute sa carrière, à savoir que la philosophie doit répondre d’une dialectique originaire entre le conscient et l’inconscient, inscrite de fait et de droit. Sans s’installer dans cet intervalle, la philosophie manquera l’inconscient. Dans l’avertissement qu’il écrit en 1990 pour la publication de son mémoire, Derrida explique que l’expression « dialectique originaire », qui nomme la nécessité « d’une complication originaire de l’origine, d’une contamination initiale du simple, d’un écart inaugural », est le « nom philosophique auquel j’ai dû renoncer » dès ses premières publications en 1962 et 1967 où le mot « dialectique » disparaît
est consultable avec autorisation à laCritical Theory Archive desSpecial Collectionsde la bibliothèque de l’Université de Californie à Irvine.
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car il est ce «à l’écart de quoi» il fallait penser « la 2 3 différance », mot qui se substitue, si l’on veut, à « dialectique ». Dans une première partie, Derrida remarque que la phénoménologie (on voulait alors, avec la phénoménologie, dépasser la philosophie) rechigne à reconsidérer ou à corriger l’inconscient, car l’inconscient qui n’est pas phénoménal rendrait la phénoménologie non phénoménologique : elle reviendrait soit à une philosophie classique (transcendantale) soit à la psychologie (empirique). L’inconscient est « hors sujet » pour la phénoménologie si le propre de la phénoménologie est d’étudier l’intentionnalité, la thématisabilité, car il est pensé comme l’intentionnel non thématisé (auquel cas les outils de la phénoménologie sont inutiles) ou le non-intentionnel (hors sujet pour elle). Devant ces difficultés, Derrida vérifie la notion approximative de l’inconscient afin de reconnaître la naïveté et le faux départ de la notion qui inclut à la fois la distraction, l’attention, l’intériorité, la relation à soi, l’immoralisme, le cynisme, le théâtre et la convention. Après avoir parcouru ces facettes de la notion, Derrida s’approche de Freud, mais aussi de la philosophie du dix-neuvième siècle (Schopenhauer, Von Carus, Hartmann) et de la psychanalyse de Jung et d’Adler. Il se réfère à Freud et au romantisme de la psychanalyse, la première étape du freudisme. Le recours au drame et au traumatisme pour expliquer l’inconscient se fonde sur une fente pour ainsi dire intemporelle à partir de laquelle se structure le devenir du conscient. Cependant, si ces moments de ruptures ne sont pas appréhendés selon ce que Derrida appelle une dialectique originaire, alors nous ferions des drames théorisés par Freud des instants intemporels, des mondes intelligibles. L’inconscient reviendrait alors à un concept a priori, et cela revient à le manquer ou à s’en débarrasser. Un tel geste (rendre l’inconscient intelligible, le transformer en idéalité) convertirait, comme le fait Zénon, une mobilité en une 2  J. Derrida, « Avertissement »,Le problème de la genèse dans la philosophie de Husserl, PUF, 1990. 3 Son abandon de la « dialectique » requiert une étude à part.
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