Des humains confiants et dociles
238 pages
Français

Des humains confiants et dociles , livre ebook

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238 pages
Français

Description

La confiance : donnée naturelle ou conséquence d'un certain nombre d'efforts ou d'intentions ? Dans les deux cas, elle est un résultat. Ni naturelle ni fabriquée, elle reste néanmoins à la base de tout. En découle la docilité, qu'il ne faut pas confondre avec la crédulité, la soumission, la dépendance et l'absence de tout esprit critique. Avoir bon esprit ne fait pas de nous des gens aveugles et stupides. En ces temps incertains et violents, il ne faudrait pas oublier qu'il nous est possible d'aimer ce monde et d'y prendre goût.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 février 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782140029967
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La conIance : soit on la considère comme une donnée naturelle, allant de soi ou devant aller de soi : «n’est-il pas normal que les enfants fassent conIance et aiment leurs parents ? » Soit on la considère comme le résultat de nos efforts ou intentions. Dans les deux cas, on oublie une chose essentielle, à savoir qu’elle est un résultat, résultat des modes d’être et d’apparaître que nous sommes. Ni naturelle ni fabriquée, elle naît à l’interaction des modes d’être ordinaires ou extraordinaires dont nous sommes ou non capables. C’est en ce sens que l’on dira qu’elle relève d’une genèse. Quant à la docilité susceptible de résulter de cette genèse, qui est
la réduit habituellement : crédulité, soumission, dépendance, absence de tout usage d’esprit critique. « Avoir bon esprit », ne fait pourtant pas de nous des gens aveugles et stupides. Nous disons et déplorons des temps incertains et violents. Et certainement le sont-ils par bien des aspects qu’il nous faut endurer et comprendre, et contre lesquels il est aussi nécessaire de nous dresser.
qui nous a constitué, il y a une marge qui, si on l’ignore, nous porterait à méconnaître les sources mêmes de nos possibilités critiques : c’est bien parce que nous avons pu aimer ce monde et y prendre goût, c’est bien parce que nous pouvons régulièrement en refaire l’expérience, qu’il nous est possible de combattre tout ce qui l’empêche et nous en détourne.
Montaigne, est solidaire de la conIance relative dans le monde. Analyser les sources de cette conIance est l’objet de cet ouvrage.
HubertVincent
DES HUMAINS CONFIANTS
ET DOCILES
© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris www.harmattan.com ISBN : 978-2-343-11234-3 EAN :9782343112343
Des humains confiants et dociles
La Philosophie en commun Collection dirigée par Stéphane Douailler, Jacques Poulain, Patrice Vermeren  Nourrie trop exclusivement par la vie solitaire de la pensée, l'exercice de la réflexion a souvent voué les philosophes à un individualisme forcené, renforcé par le culte de l'écriture. Les querelles engendrées par l'adulation de l'originalité y ont trop aisément supplanté tout débat politique théorique.  Notre siècle a découvert l'enracinement de la pensée dans le langage. S'invalidait et tombait du même coup en désuétude cet étrange usage du jugement où le désir de tout soumettre à la critique du vrai y soustrayait royalement ses propres résultats. Condamnées également à l'éclatement, les diverses traditions philosophiques se voyaient contraintes de franchir les frontières de langue et de culture qui les enserraient encore. La crise des fondements scientifiques, la falsification des divers régimes politiques, la neutralisation des sciences humaines et l'explosion technologique ont fait apparaître de leur côté leurs faillites, induisant à reporter leurs espoirs sur la philosophie, autorisant à attendre du partage critique de la vérité jusqu'à la satisfaction des exigences sociales de justice et de liberté. Le débat critique se reconnaissait être une forme de vie.  Ce bouleversement en profondeur de la culture a ramené les philosophes à la pratique orale de l'argumentation, faisant surgir des institutions comme l'École de Korcula (Yougoslavie), le Collège de Philosophie (Paris) ou l'Institut de Philosophie (Madrid). L'objectif de cette collection est de rendre accessibles les fruits de ce partage en commun du jugement de vérité. Il est d'affronter et de surmonter ce qui, dans la crise de civilisation que nous vivons tous, dérive de la dénégation et du refoulement de ce partage du jugement. Dernières parutions Iván TRUJILLO,De la possibilité d’une fiction historique chez Jacques Derrida, Phénoménologie, grammatologie, poétique, 2016. Marcos AGUIRRE, Cécilia SANCHEZ,Réflexions sur la politique et la culture en Amérique latine. Marcos Garcia de la Huerta, lectures et délectures, 2016. Paolo QUINTILI, Carlo CAPPA et Donatella PALOMBA,Université ou anti-université. Les humanités dans l’idée de formation supérieure, 2016. Ivan SCHULIAQUER,Le pouvoir des médias. Six intellectuels en quête de définitions. Vattimo - Garcia-Canclini - Negri - Laclau - Boczkowski - Vommaro, 2016.Ioanna KUÇURADI,Le combat pour les droits de l’homme. Un enjeu philosophique de notre temps, 2016. Hélène JACQUIER,Ecritures et Théâtres de l’Intime. Une approche analytique des processus de la création et des représentations artistiques, 2016. Patrice VERMEREN (Dir.),Victor Cousin, Suivi de correspondance Schelling-Cousin, Réédition du n°18/19 de Corpus, revue de philosophie, 2016. Maddalena DI BENEDETTO,Nature et poétique en mouvement. Italo Calvino lecteur de Lucrèce, de l’Arioste et de Giordano Bruno, 2016.Philippe VERSTRATEN,Une possibilité autre que Heidegger. L’humanisation de l’être sans dieu, 2016.
Hubert VINCENT
Des humains confiants etdociles
Tous mes remerciements vont au programme de Chaires franco-brésiliennes de l’Etat de Sao Paulo, et particulièrement à l’Université de Campinas et au consulat de France. Ce programme m'aura permis d’initier ce travail de recherche auprès de mon collègue Silvio Gallo et de ses étudiants. Qu’ils en soient également remerciés ici.
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Ce livre a pour objet la confiance et la docilité et plus exactement la docilité en tant qu’elle résulte de la confiance. Des gens, hommes et femmes, dociles parce que confiants et aimants, et non pas dociles parce qu’ils ont peur, ou parce que cela leur serait utile, ou pour toute autre raison. Et il traite de cet objet sans a priori critique à l’égard de ces deux notions, ce qui ne veut pas dire sans lucidité. Une telle perspective pourrait surprendre, au moins pour deux raisons. La première tient à ceci que dès que l’on aborde cette notion de confiance, c’est le plus souvent pour dire qu’elle est ce qui nous manquerait, et particulièrement la confiance en nous-mêmes. Et c’est ensuite pour s’intéresser aux moyens de nous en redonner, ou de la renforcer en nous. Pourtant, ce n’est pas la perspective retenue ici et ni je ne me suis intéressé aux différentes techniques susceptibles de renforcer la confiance en nous, ni je n’ai adopté par rapport à mon lecteur une posture curative. Pourquoi, et qu’est-ce qui m’a détaché, et me détache d’une telle perspective ? C’est qu’au fond sur ce point je crois que je suis comme tout le monde. « Comme tout le monde », car je fais l’expérience que parfois je manque de confiance en moi, parfois non. Parfois je doute de mes entreprises et de mes actions, et cela retentit sur moi-même et ce que je me dis de moi-même (« à quoi bon ? qui suis-je pour prétendre faire ceci et cela ? Ai-je bien fait aujourd’hui et que vont-ils penser de moi ?) Mais parfois non, et je poursuis vaillamment mes entreprises, avec une certaine dose de réalisme et une certaine dose d’espoir, espérant peu ou prou dans le monde. Je mentirais si j’omettais de dire que parfois ce balancement ne fut pas si simple. A tel moment je voyais bien que tel pôle dominait et m’envahissait et qu’à l’excès d’un côté répondait un excès de l’autre : on se trouve incapable de tout puis, aussitôt, on se trouve capable de tout ; on doute profondément de soi-même, et aussitôt on oublie son doute et tout semble vous sourire. J’ai eu, et peut-être aurais-je encore le besoin d’être aidé, ce qui veut dire pas seulement le besoin de s’ouvrir à d’autres de mes incertitudes, mais le souci d’y aller voir un peu en profondeur, chercher autrement dit à les comprendre et les connaître en m’appuyant sur un tiers. Nos proches, les rencontres qui nous divertissent peuvent parfois suffire, parfois non, et il faut aller voir un professionnel. Reste que de ces expériences et travail sur soi
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