Erotique et Rhétorique
179 pages
Français

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Erotique et Rhétorique , livre ebook

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Description

Quel est le lien entre la vie singulière et l'agir politique à l'époque du post-humanisme ? Ce volume tente de répondre à cette question de manière tout à fait originale, en lisant l'éthique et la politique de Foucault grâce aux instruments conceptuels de la Phénoménologie de l'Esprit de Hegel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 227
EAN13 9782296689923
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Érotique et Rhétorique

Foucault et la lutte pour la reconnaissance
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Dominique Chateau,
Agnès Lontrade et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.
Dernières parutions
Jean-Pierre Emmanuel JOUARD, La leçon de Socrate (définition de l’homme) , 2009.
François URVOY, Expérience et dogmatique empiriste (I) , 2009.
François URVOY, Dire le monde (II) , 2009.
François URVOY, Science et ontologie (III), 2009.
François URVOY, Constitution de l’humain dans l’homme (IV), 2009.
Vassilis VITSAXIS, LE MYTHE et la recherche existentielle, 2009.
Marcello VIT ALI ROSATI, Corps et virtuel : Itinéraires à partir de Merleau-Ponty , 2009.
Emmanuel TOURPE, L’Audace théosophique de Baader. Premiers pas dans la philosophie religieuse de Franz von Baader (1765-1841) , 2009.
Paul DUBOUCHET, Droit et philosophie. Une critique des sciences humaines , 2009.
Vangélis ATHANASSOPOULOS, La publicité dans l’art contemporain I : Esthétique et postmodernisme , 2009.
Vangélis ATHANASSOPOULOS, La publicité dans l’art contemporain II : Spécularité et économie politique du regard , 2009.
Mariapaola F IMIANI


Érotique et Rhétorique

Foucault et la lutte pour la reconnaissance


Traduit de l’italien par
Nadine Le Lirzin


L’H ARMATTAN
D U MÊME AUTEUR


Foucault et Kant, Critique Clinique Éthique , traduit de l’italien par Nadine Le Lirzin, 1999.

Levy-Bruhl, La différence et l’archaïque , traduit de l’italien par Nadine Le Lirzin, 2000.


© L’H ARMATTAN , 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10684-0
EAN : 978229609106840

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Introduction : L’usage de Hegel
L’une des empreintes théoriques de la modernité permettant de relire la généalogie du sujet de Foucault, alors que s’est accomplie la crise du nihilisme, provient de la Phénoménologie de l’esprit de Hegel, et notamment de sa section sur le devenir de la conscience de soi et la lutte pour la reconnaissance, mais ce n’est pas la seule.
Érotique et rhétorique sont deux grandes figures de synthèse aptes à décrire l’effort de construction de nouveaux instruments d’analyse des processus en cours, alors que le triomphalisme, qui accompagne aujourd’hui la multiplication et la dispersion pure, montre à la critique attentive son aspect dérisoire et trompeur, en présence de l’accélération évidente d’un conflit global et déterritorialisé.
Érotique et rhétorique, rattachant Foucault à l’héritage hégélien, racontent des étapes conceptuelles et des moments théoriques sur lesquels il est peut-être encore bon de réfléchir : le caractère originaire du conflit et la force de la confrontation, l’entrecroisement entre vitalité et éthicité, les conditions de reproduction théorique du soi, l’auto-référence de l’existence singulière et le langage de la flatterie, ou encore la production d’un monde en tant que « chose » inassimilable à une conscience de soi indépendante.
Plus particulièrement, l’érotique indique le mouvement de redoublement de l’existence vivante, la nécessité de l’expérience de l’inversion et l’antagonisme de la rencontre. La rhétorique, en tant que théorie de l’énonciation et de l’usage du dire, est une technique de persuasion et un instrument de flatterie si elle est dissociée de l’amour et de la politique, mais elle est également le lieu du dire vrai {1} qui approfondit la portée et le poids prépolitique d’une éthique spéciale de l’acte.
Avec l’« Érotique philosophique » - qui conclut L’Usage des plaisirs - la lutte pour la reconnaissance devient pratique quotidienne d’un conflit qui produit des formes non inclusives de vie en commun, des styles d’existence et des types de relation, où s’établissent, entre les mailles du savoir et du pouvoir, le sens singulier, personnel et non transférable, de la « subjectivation » et le sens public d’une opération en commun.
Le travail du « souci de soi », qui est le « pli » de la force et qui la gouverne, n’a pas pour but le succès d’une belle existence, l’ironie héroïque du singulier, le témoignage exhibé d’un anarchisme esthétisant ; c’est un thème qui ouvre à des interrogations inquiétantes sur la manière dont il est possible de repenser la vie en commun sur une base éthique.
La réglementation juridico-étatique et la recomposition normative d’une culture, d’une religion ou d’une ethnie, sont inadéquates pour reconnaître le conflit et lui apporter des résolutions momentanées. Le pacte et la fusion – ou bien, aujourd’hui, la polarité dissociée et radicale entre libérisme et communautarisme – se révèlent être les deux indicateurs forts de la faillite d’une pensée de la communauté qui ne veut pas se nourrir du sacrifice du différent. Que les conséquences de la différenciation accomplie et de la pensée multiple soient exposées au paradoxe de l’indifférence – à l’inversion du divers en un quelconque et équivalent –, et que cela aide à renforcer la violence de l’identique, c’est un fait prouvé par la tendance à ramener la possibilité de la vie en commun à la communauté juridique ou à la communauté de valeurs, à la puissance de la communauté politique ou au plein de la communauté anthropologique. Il existe, aujourd’hui, le risque que ce scénario livre la différenciation à l’ouverture de l’indifférence et de l’équivalence, là où le lien entre l’un et la multitude, entre le commun et le dispersé, renforce le disciplinement systémique ou la réactivité néotribale, la force du système ou la force de confusion, et reproduit, dans la disparition du multiple, une dimension qui oblige.
Le mouvement d’une polémique reconnue et d’une réflexion critique permanente a peut-être le devoir de confier à la lutte pour la reconnaissance non pas la conciliation qui recompose le divers, mais une irrésolution originaire et le profil d’une « reconnaissance mutilée ». Pour Foucault, la lutte de tous contre tous devient ainsi, à travers le souvenir de Hegel, un paradigme renouvelé, qui ne connote pas la violence et la légitime d’autant moins, mais aide à reconnaître et à activer la différenciation et l’antagonisme, dans l’effort de vivre ensemble et d’œuvrer dans un monde.
I. Le devenir de la vie
1. Dans un entretien publié trois jours après sa disparition (sous le titre « Le retour de la morale »), Foucault racontait combien il est « important d’avoir un petit nombre d’auteurs avec lesquels on pense, avec lesquels on travaille, mais sur lesquels on n’écrit pas », pour qu’ils restent de véritables « instruments de pensée » {2} . Parmi eux, il y eut Heidegger, qu’il lisait en 1950, avant Nietzsche. Il y eut aussi, assurément, Kant – même si le texte de l’ Introduction à l’ Anthropologie de Kant est longtemps resté inédit {3} , pour obéir à une volonté testamentaire. À cette liste d’instruments à l’usage de la pensée, on peut ajouter Hegel.
Il faudrait rappeler le mémoire * de jeunesse de Foucault sur Hegel {4} , dont il ne reste pas trace, et ses citations épisodiques, peu nombreuses, mais riches de suggestion et d’une rare concentration conceptuelle. Ainsi peut-on sans risque tenter de lire le texte de Foucault, à partir de L’Usage des plaisirs , comme une réécriture de la Phénoménologie de l’Esprit , en particulier en ce qui concerne le thème de l’ Anerkennung.
Il est inévitable, selon Foucault, qu’il fa

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