Giacomo Leopardi, hérétique et inactuel
148 pages
Français

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Giacomo Leopardi, hérétique et inactuel , livre ebook

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Description

Parmi les philosophes hérétiques, souvent ignorés de la pensée académique, Leopardi occupe sa place comme figure qui bouleversa le monde intellectuel occidental, au début du XIXe siècle, peu avant Nietzsche. La conscience qu'avait le penseur de Recanati d'être lui-même un génie, un poète-philosophe, confirme la thèse qui fait de lui le premier philosophe-artiste. Libre, indépendant, brillant profanateur du mythe du progrès du XIXe siècle, Leopardi s'impose comme penseur inactuel, un hérétique au sens plein du terme. Ce livre entend contribuer à la redécouverte de ce penseur extraordinaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2015
Nombre de lectures 12
EAN13 9782336385471
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Dernières parutions -->

La Philosophie en commun
Collection dirigée par Stéphane Douailler, Jacques Poulain, Patrice Vermeren
Nourrie trop exclusivement par la vie solitaire de la pensée, l’exercice de la réflexion a souvent voué les philosophes à un individualisme forcené, renforcé par le culte de l’écriture. Les querelles engendrées par l’adulation de l’originalité y ont trop aisément supplanté tout débat politique théorique.
Notre siècle a découvert l’enracinement de la pensée dans le langage. S’invalidait et tombait du même coup en désuétude cet étrange usage du jugement où le désir de tout soumettre à la critique du vrai y soustrayait royalement ses propres résultats. Condamnées également à l’éclatement, les diverses traditions philosophiques se voyaient contraintes de franchir les frontières de langue et de culture qui les enserraient encore. La crise des fondements scientifiques, la falsification des divers régimes politiques, la neutralisation des sciences humaines et l’explosion technologique ont fait apparaître de leur côté leurs faillites, induisant à reporter leurs espoirs sur la philosophie, autorisant à attendre du partage critique de la vérité jusqu’à la satisfaction des exigences sociales de justice et de liberté. Le débat critique se reconnaissait être une forme de vie.
Ce bouleversement en profondeur de la culture a ramené les philosophes à la pratique orale de l’argumentation, faisant surgir des institutions comme l’École de Korcula (Yougoslavie), le Collège de Philosophie (Paris) ou l’Institut de Philosophie (Madrid). L’objectif de cette collection est de rendre accessibles les fruits de ce partage en commun du jugement de vérité. Il est d’affronter et de surmonter ce qui, dans la crise de civilisation que nous vivons tous, dérive de la dénégation et du refoulement de ce partage du jugement.
Dernières parutions
Gustavo CELEDÓN, Philosophie et expérimentation sonore , 2015. Philippe VERSTRATEN, Nous-mêmes et la terre. Critique et dépassement de l’idée technique du monde , 2015.
Carmen REVILLA (dir.), L’horizon de la pensée poétique de María Zambrano , 2015.
Zouaoui BEGHOURA, Critique et émancipation. Recherches foucaldiennes sur la culture arabe contemporaine , 2014.
Jordi RIBA (dir.), L’effet Guyau, De Nietzsche aux anarchistes , 2014. Lucas GUIMARAENS, Michel Foucault et la dignité humaine , 2014.
Titre

Biagio Guastella







Giacomo Leopardi, hérétique et inactuel

Préface d’Alberto Giovanni Biuso
Copyright



















© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN Epub : 978-2-336-73558-0
Dédicace


À Biagio, mon grand-père, qui m’a appris à vivre et à lutter
Remerciements
Je tiens à remercier tout d’abord les Professeurs A. G. Biuso, B. Cany et J. Poulain, pour l’encouragement, les remarques, les aides, les conseils et pour leurs qualités autant professionnelles qu’humaines.
Il faut encore remercier le professeur Aldo Cottonaro, celui qui m’a initié à la philosophie et m’a transmis l’amour de Leopardi.
Je remercie aussi tout particulièrement mon correcteur, le Professeur Patrick Noël, qui s’est investi dans la révision du présent travail, à titre amical et gracieux.
Je remercie, finalement, ma famille, mon compagnon et mes amis de m’avoir soutenu et supporté.
Préface Giacomo Leopardi, l’hérétique, le gnostique d’Alberto Giovanni Biuso 1
Une longue réflexion adressée à soi-même et au monde pour faire de soi-même le lieu de la compréhension lucide du monde. C’est, à n’en pas douter, ce à quoi nous invite le Zibaldone de Giacomo Leopardi. En parcourant, d’un bout à l’autre, cette œuvre monumentale, l’on se convainc d’une chose : la lucidité du philosophe s’articule à l’élégance limpide du poète et à la quotidienneté douloureuse de l’homme. Il faut tout de même noter qu’il n’est pas tout à fait facile d’analyser cet ouvrage ; plus difficile encore est de le mettre en relation critique et ponctuelle avec les Chants , les Petites Œuvres Morales , ou avec au moins une partie de la bibliographie énorme du poète.
On peut dire que Biagio Guastella a essayé, tout au long de son analyse, de relever un tel défi, et qu’il a réussi à nous faire voir l’articulation qui permet de lire ensemble les poèmes et les autres écrits de Leopardi. Son livre s’adresse en particulier au lecteur français qui, certainement, connaît la célébrité du poète et la splendeur posée de ses vers mais ne connaît peut-être pas assez les rigoureuses analyses métaphysiques, éthiques et politiques de Leopardi. Or ce sont précisément ces analyses philosophiques qui nourrissent chaque vers de Leopardi, donnant à chaque mot, à chaque assonance, et à chaque rime, toute la puissance d’une pensée en vers qui ne trahit rien de sa réflexion théorétique, sans jamais transformer la poésie en concept pur.
B. Guastella a été capable de rendre compte de l’identité poético-philosophique de Leopardi, dans la richesse de son parcours, dans la diversité des perspectives et même dans les apories inévitables dans lesquelles parfois il demeure. Ce livre nous présente une recherche qui, à travers Leopardi et par-delà de Leopardi, réfléchit sur le statut et sur la condition du philosophe et du poète dans le monde contemporain. Il le fait avec la science et la rigueur philologiques, démontrant la capacité de conjuguer des éléments aussi différents entre eux que la description du contexte historico-culturel, l’analyse stylistique fondamentale, l’équilibre herméneutique.
La clarification de la critique léopardienne du rationalisme est l’un des résultats les plus importants de cet ouvrage. Il s’agit d’une critique adressée au rationalisme et non pas à la raison en tant que telle : « Leopardi ne critique pas la raison […], mais son développement (l’excès de raison et de civilisation) qui détruit les autres qualités de l’homme ». De là découle la critique de la ‘philosophie’, non pas pour développer quelque chose d’autre mais en vue d’une philosophie meilleure, « l’ultra-philosophie (« Ma philosophie » dit-il), c’est-à-dire une philosophie consciente d’être dans le désert mais qui se configure comme un chant, capable de se lever sur le désert, de regarder celui-ci et de découvrir sa propre grandeur ».
La question de la lecture nietzschéenne de Leopardi, quant à elle, est abordée avec une compétence et un raffinement herméneutiques, en particulier lorsque l’auteur distingue « deux catégories de rapports entre ces deux philosophes : les affinités réelles et les affinités qu’on pourrait qualifier d’ effectives . Je nomme réelles les affinités de style (par exemple le fait de procéder souvent par fragments, sans système – et en luttant contre les certitudes rassurantes de ceux-ci – ; l’ironie moqueuse par rapport à leurs contemporains, aux certitudes du « siècle superbe et sot », à la raison absolue et absolutisante ; l’utilisation des images et des métaphores, etc.) et les affinités argumentatives. Ensuite, il y a les affinités que je nomme effectives c’est-à-dire les affinités (et les distances présupposées) qui sont directement mises en lumière par Nietzsche, dans sa lecture de Leopardi ».
Indispensable pour comprendre vraiment le philosophe de Recanati, B. Guastella a pris soin de remarquer dans sa passion pour la Grécité l’un des éléments centraux du rapprochement entre Leopardi et Nietzsche. Et cela dans le sens où Nietzsche comme Leopardi « est convaincu que la religion mythique grecque était l’outil avec lequel on pouvait, par l’imagination, fuir l’horreur de la vérité du devenir ».
L’un des résultats majeurs à mettre au crédit de cette recherche, c’est la démonstration réussie que Giacomo Leopardi a été le premier exemple accompli – au moins dans la modernité – du philosophe-artiste : « Le fait qu’il faille considérer les Petites Œuvres Morales comme un ouvrage de philosophie morale possédant sa propre structure et sa systématicité est indiscutable ». Cette thèse, ainsi que toutes les autres, est argumentée par B. Guastella de façon posée, avec un système de références bibliographiques à la fois ponctuelles et amples – sélectionnées rigoureusement dans la mer immense de la littérature léopardienne –, dialoguant avec les érudits avec lesquels il s’accorde, mais aussi discutant avec eux de leurs interprétations lorsqu’i

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