Juger n'est pas jouer

Fondation Ostad Elahi

Description

Dans ce flux incessant des jugements que nous portons sur la vie, sur le monde et les autres, certains sont nécessaires et légitimes, d'autres révèlent au contraire une propension à porter un regard malveillant sur les façons d'être, de penser, de vivre de ceux que nous côtoyons. Quelles sont les conditions requises pour que nos jugements soient éthiquement acceptables ? Comment juger les autres, puisque nous y sommes quotidiennement obligés, sans pour autant les condamner ?

Sujets

• Philosophie et théologie
• Philosophie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 15 avril 2006
• Nombre de lectures: 238
• EAN13: 9782336266572
• Langue: Français

Extrait

L’Ethique au quotidien
Collection de la Fondation Ostad Elahi
Si l’éthique suscite aujourd’hui toutes sortes de recherches philosophiques, sociologiques et juridiques, il est encore rare que la question des modalités concrètes de l’action éthique soit abordée de front. Comment l’éthique peut effectivement se pratiquer sur un plan individuel, dans la multiplicité des contextes du quotidien, tel est justement l’objet de la collection « L’éthique au quotidien ». Des traits de caractère et des comportements humains - qu’ils soient éthiques (la compassion, la générosité, l’abnégation, le respect des droits d’autrui, etc.) ou à l’inverse non éthiques (le mensonge, le préjugé concernant autrui, la médisance, l’égoïsme, etc.) - seront analysés à partir de cas précis en donnant chaque fois des outils pour en repérer, en soi-même, les manifestations, en comprendre les nuisances pour soi-même et pour autrui, et apprendre à les contrer.
Chaque ouvrage de la collection correspond à l’étude d’un ou plusieurs traits de caractères distincts ou d’un couple de caractère opposés (par exemple courage/lâcheté, bonté/méchanceté, etc.) et peut se présenter sous plusieurs aspects : un outil méthodique de réflexion et d’analyse, à la fois concis, précis et conçu de manière attrayante, à la manière d’un « manuel de l’étudiant en pratique éthique », ou bien un recueil de textes courts, sous forme de témoignages ou de conseils parfois anonymes, parfois émanant de personnalités du monde des arts, des lettres ou des sciences dont les recherches, le parcours de vie ou la finesse psychologique sont susceptibles d’inciter à la pratique d’un principe éthique, d’en faciliter la mise en oeuvre et d’en enrichir l’expression.
Juger n'est pas jouer

Claude Berger
www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail]
© L’Harmattan, 2006
9782296005174
EAN : 9782296005174
Autres ouvrages du GREA publiés dans la même collection
Olivier de Brivezac et Emmanuel Comte, Changer de regard
Béatrice Guernier et Agnès Rousseau, Vaincre la jalousie
Éric Camerlynk, L’éthique des petits actes
REMERCIEMENTS
L’auteur tient à remercier toutes celles et ceux qui ont rendu cet ouvrage possible en acceptant de répondre à ses questions, en livrant des témoignages d’expériences vécues ou en se prêtant aux exercices d’introspection et d’analyse pratique suggérés par le thème.
Sommaire
L’Ethique au quotidien - Collection de la Fondation Ostad Elahi Page de titre Page de Copyright Autres ouvrages du GREA publiés dans la même collection REMERCIEMENTS AVANT-PROPOS INTRODUCTION Quand le jugement est valide et légitime Histoires de jugement À la recherche des causes Conséquences Passer de la théorie à la pratique Conclusion Bibliographie
AVANT-PROPOS
L ES ouvrages publiés dans la collection « Éthique au quotidien » développent des conférences données dans le cadre de séminaires organisés par la Fondation Ostad Elahi — éthique et solidarité humaine 1 . Ils ont pour auteurs des personnes de tous horizons — enseignant, médecin, ingénieur, juriste, journaliste, fonctionnaire, chef d’entreprise... — non spécialistes en sciences humaines, et qui ont chacun, à leur façon, entrepris une recherche structurée dans le domaine de l’éthique individuelle. Regroupés au sein du GREA (Groupe de Recherche en Ethique Appliquée), ils ont pour motivation de mettre en évidence les enjeux et les possibilités de pratique de l’éthique au quotidien, qui contribuent à une meilleure connaissance de soi, à notre perfectionnement éthique, et, au-delà, au progrès social. Sortir donc l’éthique d’une perspective moralisatrice étroite, pour l’inscrire dans une démarche rationnelle, concrète et efficace.

Les résultats de ces recherches sont des conférences ouvertes au public et des ouvrages. Chaque volume propose une réflexion autour d’un caractère éthique ou, à l’inverse, anti-éthique. Y sont abordés les symptômes de ce trait, ses causes, ses ressorts, ses effets, de même que les moyens de le développer ou de le neutraliser. Il s’agit à chaque fois de comprendre comment certaines de nos attitudes — devenues si habituelles qu’elles semblent faire partie intégrante de notre être — se dressent devant nous comme d’invisibles barrières qui nous empêchent de progresser dans notre humanité.

Les auteurs explorent certaines analyses développées par Ostad Elahi 2 , qui intègrent la dimension spirituelle de l’être humain ainsi que la référence à une transcendance divine. Ils puisent cependant leurs références théoriques à diverses sources philosophiques, juridiques, psychologiques, religieuses et scientifiques. Les illustrations concrètes qu’ils proposent sont le fruit à la fois de leur travail d’enquête et de recherche, ainsi que de leur expérience personnelle.
INTRODUCTION
D ANS les relations que nous entretenons quotidiennement les uns avec les autres, les occasions de juger sont nombreuses.
Si nous prenions le temps d’observer attentivement cette activité de notre esprit, nous serions, sans aucun doute, très surpris de la quantité considérable de jugements que nous émettons dans une journée. Ils ne sont pas tous du même ordre. Certains répondent à une nécessité et on peut les considérer comme légitimes. Par contre, il ne faut pas pousser très loin l’analyse pour voir se profiler derrière un bon nombre d’autres leur caractère arbitraire. S’il y en a qui sont l’aboutissement d’une démarche réfléchie, combien sont portés sans l’ombre d’une réflexion... Certains de nos jugements témoignent d’une bonne appréciation de la réalité, mais d’autres, en revanche, sont émis à partir d’une connaissance insuffisante du sujet, quand ce n’est pas une totale ignorance.
Parmi tous ces jugements, irréfléchis, précipités, approximatifs ou erronés, il faut distinguer ceux qui font partie du lot d’erreurs irréductibles à toutes nos démarches, en acte ou en pensée, de certains autres jugements qui se distinguent, quant à eux, par l’intention qui les suscite. Cette intention manifeste, à des degrés divers et sous des formes plus ou moins déguisées, un manque de bienveillance, une propension à la critique, un regard réducteur porté sur l’autre.
C’est cette catégorie de jugements qui retiendra ici notre attention. Nous allons essayer de comprendre ce qu’il en est de cette attitude, si communément répandue, si habituelle chez chacun d’entre nous qu’elle en est presque devenue naturelle, et qui consiste à émettre, quasi automatiquement, un avis sur les façons d’être, de vivre, de penser, de ceux que nous côtoyons. L’attitude est si banale qu’il est rare que nous nous arrêtions pour la questionner. Il apparaît pourtant, lorsque l’on prend le temps d’y réfléchir, que quelque chose de plus sérieux qu’il n’y paraît est en jeu.
Pour entrevoir à quel point nous touchons à une notion de première importance lorsque nous parlons de jugement, il suffit de parcourir les différents domaines qui constituent l’activité humaine. Impossible de ne pas être frappé par le fait que l’acte de juger se retrouve presque partout, au fondement même de chacun de ces domaines. Qu’il s’agisse de philosophie, de logique, de justice, d’éthique, d’action ou encore de religion, lorsque l’on emploie le terme «jugement», on se réfère toujours à un concept essentiel.
Après tout, rien de bien étonnant à cela, si l’on considère avec les philosophes que le jugement est une des opérations majeures de la pensée. L’objet du jugement, le contexte dans lequel il se tient, peuvent changer, l’acte de poser un jugement reste le même. Il s’agit toujours d’établir un rapport entre deux termes et de conduire sa pensée sur la base de ce rapport ; l’opération de jugement la plus simple s’exprime en effet dans une proposition qui prend la forme d’une relation : « A est B » ou plus concrètement, « le ciel est bleu », « le silence est d’or », « Socrate est mortel », etc. C’est ce qu’on appelle l’attribution d’un prédicat à un sujet, autrement dit, l’attribution d’une qualité, positive ou négative,