Julien Freund
326 pages
Français

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Julien Freund , livre ebook

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Description

La réédition récente de l'essence du politique de Julien Freund, avec une préface de P.-A. Taguieff a suscité un certain nombre d'articles élogieux qui ont tous souligné l'importance de cet auteur et l'actualité de son oeuvre. Ce premier ouvrage en langue française consacré à ce philosophe, politologue et sociologue atypique permettra à chacun de faire connaissance - ou de mieux saisir - la pensée politique de Julien Freund, ses sources intellectuelles et sa philosophie, tout en la situant dans le contexte des années 1950-1990.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2005
Nombre de lectures 172
EAN13 9782336283494
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ouverture Philosophique
Collection dirigée par Bruno Péquignot, Dominique Chateau et Agnès Lontrade
Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes “professionnels” ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou... polisseurs de verres de lunettes astronomiques.
Déjà parus
Marc Van Den BOSSCHE, Ironie et solidarité, une introduction au pragmatisme de Richard Rorty, 2004.
Agnès LONTRADE, Le plaisir esthétique. Naissance d’une notion, 2004.
Bruno ANTONINI, État et socialisme chez Jean Jaurès, 2004. Alain DUREL, L’Empire des choses, 2004.
Vincent BOUNOURE, L’événement surréaliste, 2004.
Charles-Eric de SAINT GERMAIN, Raison et système chez Hegel. De la Phénoménologie de l’Esprit à l’ Encyclopédie des Sciences Philosophiques, 2004.
Yves, MAYZAUD, Le sujet géométrique, 2004.-
Gisèle, GRAMMARE, L’auréole de la peinture, 2004.
Cédric CAGNAT, La construction collective de la réalité, 2004.
Alfredo GOMEZ-MULLER, La question de l’humain entre l’éthique et l’anthropologie, 2004.
Bertrand DEJARDIN, Terreur et corruption, 2004.
Stéphanie KATZ, L’écran, de l’icône au virtuel, 2004.
Mohamed MOULFI, Engels : philosophie et sciences, 2004.
Chantal COLOMB, Roger Munier et la « tapologie de l’être », 2004.
Philippe RIVIALE, La pensée libre, 2004.
Kostas E. BEYS, Le problème du droit et des valeurs morales, 2004.
Julien Freund

Sébastien De La Touanne
© L’Harmattan, 2004
9782747576260
EAN : 9782747576260
Sommaire
Ouverture Philosophique - Collection dirigée par Bruno Péquignot, Dominique Chateau et Agnès Lontrade Page de titre Page de Copyright INTRODUCTION CHAPITRE I - BIOGRAPHIE ET PHILOSOPHIE GÉNÉRALE CHAPITRE II - LES AFFINITÉS ÉLECTIVES CHAPITRE III - L’ESSENCE DU POLITIQUE CHAPITRE IV - LE « MACHIAVÉLISME MODÉRÉ » DE FREUND CHAPITRE V - L’IMPORTANCE DES CONCEPTS DÉCISIONNISTES CHAPITRE VI - LE « RÉALISME » CONTRE L’« IDÉALISME » CONCLUSION : - LE « LIBÉRALISME CONSERVATEUR » DE JULIEN FREUND OUVRAGES DE JULIEN FREUND PUBLIES
Plusieurs se sont imaginés des républiques et des principautés qui ne furent jamais vues ni connues pour vraies. Mais il y a si loin de la manière dont on vit à la manière selon laquelle on devrait vivre, que celui qui laissera ce qui se fait pour ce qui se devrait faire, apprend plutôt à se perdre qu’à se conserver.
Machiavel, Le Prince, Chap. XV
INTRODUCTION
Freund est surtout connu pour son opus magnus L’essence du politique – qui est devenu un « classique » de science politique et de sociologie politique –, pour sa Sociologie des conflits, et pour avoir, avec Aron, introduit en France la pensée de Weber, dont il a été le premier traducteur. Marquée par une liberté d’esprit peu commune, l’œuvre de Freund transcende les cloisonnements ordinaires. Bien qu’ayant occupé une chaire de sociologie à l’Université, Freund n’a jamais pu se résoudre à être un pur sociologue. Philosophe, politologue, sociologue, polémologue, il est tout cela à la fois. Lorsqu’au lendemain de la guerre Freund s’interroge sur ce qu’est réellement la politique, il s’aperçoit que pour répondre à cette question il faut aussi se demander ce qu’est la société, quels sont ses rapports avec l’individu, comment naît la violence, etc. ; questions qui ne se cantonnent pas à une discipline unique. Ses travaux s’enrichissent donc de cette diversité de points de vue, sans pour autant perdre en cohésion, en équilibre et en rationalité, car ils reposent à la fois sur une épisténlologie bien définie et sur une philosophie générale.
La philosophie politique de Freund se fonde sur un double refus : refus du dépérissement du politique – qui est une utopie – et refus du « tout est politique» – qui conduit au totalitarisme. Ces deux refus, qui allaient à l’encontre des idées dominantes de son époque, reposent sur l’affirmation selon laquelle il y a une essence du politique.

Refus du dépérissement du politique
Dire qu’il y a une essence de la politique, cela signifie tout d’abord que la politique n’est plus à inventer. L’histoire du XX e siècle a montré que les régimes qui ont voulu faire une politique totalement inédite, qui serait enfin humaine, juste, transparente et pacifique, ont sombré dans les despotismes les plus impitoyables. Il y a, pour reprendre l’expression de Ricœur, un paradoxe du politique 1 . Ce paradoxe, Ricœur en prend conscience après l’insurrection de Budapest en 1956, lorsqu’il constate que le pouvoir n’a pour ainsi dire pas d’histoire, que l’histoire du pouvoir se répète, piétine, « La surprise, écrit-il, c’est qu’il n’y ait pas de surprise politique véritable » 2 . Paradoxalement, ce sont les pouvoirs qui ont suscité au départ le plus d’enthousiasme et les espoirs les plus grands qui sont devenus les plus monstrueux. Paradoxalement, c’est le plus souvent la morale de l’intention, que Freund. oppose, à la suite de Weber, à la morale de responsabilité, qui permet aux politiques de commettre les plus grands crimes au nom de la plus grande générosité.
Tenant compte de ce paradoxe, la théorie politique de Freund repose sur l’idée qu’il y a une pesanteur insurmontable de la politique qui ne pourra jamais être abolie. Concrètement, cela signifie qu’il est illusoire d’espérer la disparition du politique comme force de contrainte exercée sur les humains. Cette affirmation originale avait suscité l’admiration de Aron, qui trouvait « extraordinaire qu’un résistant ait pu faire une thèse pareille ». Mais c’est précisément cette expérience de résistant, l’expérience des espoirs et des désillusions, qui a donné à Freund l’envie de comprendre ce qu’est la politique, de rechercher sa nature permanente et ses caractères fondamentaux, au-delà des diversités historiques. C’est cette expérience qui l’a amené, encore jeune, à se méfier des idéalismes, des utopies et des idéologies, tout en reconnaissant leur nécessité et leur inéluctabilité.
Bien entendu, la finalité, de la politique n’est pas, comme le pensent ses détracteurs, d’exercer la domination de l’homme sur l’homme. Elle vise à organiser la collectivité au sein de laquelle un groupe d’hommes a choisi de vivre en commun et à protéger ses membres contre la violence intérieure et extérieure. Elle correspond donc à une nécessité de la vie en commun. Ceux qui croient que le dépérissement de la politique est possible et qui l’espèrent, pensent que c’est la politique qui introduit et maintient artificiellement la violence dans les structures sociales. Pour Freund, au contraire, il y a une violence qui préexiste, qui est inévitable et indestructible. Qu’elle surgisse d’une mystérieuse « nature humaine » ou qu’elle résulte de l’antinomie des valeurs ou de la concurrence des cultures, toujours est-il que la violence est au cœur du politique, mais ce n’est pas lui qui la crée. Il tente simplement de la canaliser, de lui donner un caractère exceptionnel.
Le lieu commun selon lequel il y aurait un dépérissement de la politique ne date pas d’hier. En son temps, Périclès regrettait déjà que certains citoyens se désintéressent de la politique. Au XX e siècle, le marxisme et le libéralisme (dans leurs versions les plus générales et les plus communes) ont pu « faire croire » que les hommes pourraient se passer de la politique. Pour les libéraux, c’est le marché qui devait la remplacer dans son rôle d’organisation et de formation des groupes humains, la politique, qualifiée par Taine de « mal nécessaire », ne devant subsister qu’à titre accessoire. Au mieux, l’État aura pour fonction de réguler et éventuellement de corriger les dysfonctionnements de la logique du marché. Quant aux marxistes, ils considèrent que la politique est une aliénation, l’instrument de domination d’une classe sociale sur les autres. L’accomplissement de l’homme ne peut donc se faire qu’en se libérant du politique, le « dépérissement de l’État s’accomplissant au sein d’une humanité socialisée et autorégulée 3 . A l’encontre de ces idéologies, H. Arendt, pensait que c’est l’économie, et non la politique, qui est un « mal nécessaire ».
L’œuvre de Freund montre que plus que jamais un retour au politique est nécessaire. Mais un tel retour ne sera possible que si on redonne une signification au mot : poli

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