L éveil et le passage
197 pages
Français

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L'éveil et le passage , livre ebook

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197 pages
Français

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Description

Cet ouvrage est un recueil d'essais de réflexions éthiques, spirituelles et poétiques sur le trait humain de la conscience, à la fois supériorité apparente sur la vie animale et végétale et misère, car elle ouvre des voies sur nos conditions précaires et nous confronte à la réalité de l'existence du mal. De nos jours, elle s'étourdit, favorisant un "toujours plus" de l'avoir et de la jouissance immédiate et laisse libre cours à l'infini du désir, qui n'a d'infini que ses illusions.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2010
Nombre de lectures 228
EAN13 9782296704428
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’ÉVEIL ET LE PASSAGE

Variations sur la conscience
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau
et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.


Dernières parutions


Arnaud ROSSET, Les Théories de l’Histoire face à la mondialisation , 2010.
Jean PIWNICA, L’homme imaginaire. Essai sur l’imagination , 2010.
Dominique LEVY-EISENBERG, Le Faune revisité. Figures du souhait dans L’Après-midi d’un faune de Mallarmé , 2010.
Céline MORETTI-MAQUA, Bacchus de la civilisation pompéienne au monde médiéval , 2010.
Michel FATTAL, Saint Paul face aux philosophes épicuriens et stoïciens , 2010.
Jean MOREL, Kierkegaard et Heidegger. Essai sur la décision , 2010.
Silvia MATTEI, Voltaire et les voyages de la raison , 2010.
Jacques STEIWER, Vers une théorie de la connaissance systémique , 2010.
Francis HUTCHESON, Epistémologie de la morale, Illustrations sur le sens moral (1728), Correspondance entre Gilbert Burnet et Francis Hutcheson (1725), Réflexions sur le rire et Remarques sur la fable des abeilles (1725-1726) , Avant-propos, introduction et traduction inédite de l’anglais de Olivier Abiteboul, 2010,
Yves MAYZAUD, Personne, communauté et monade che z Husserl , 2010,
Susanna LINDBERG, Heidegger contre Hegel : les irréconciliables , 2010.
Arnaud TRIPET






L’ÉVEIL ET LE PASSAGE

Variations sur la conscience
© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http:/ /www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12520-9
EAN : 9782296125209

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Avant-propos
La conscience humaine, ses tourments et ses recours, tel est le thème de ces quelques essais où se croisent des réflexions éthiques, spirituelles et poétiques. Pascal parle à propos de la conscience d’une misère de grand seigneur. Misère en effet que cette supériorité apparente sur la vie animale et végétale. Elle nous impose la vue des conditions précaires dans lesquelles nous sommes plongés et rend évidente en nous la douloureuse réalité du mal. Tantôt, elle le déplore, tantôt elle cherche à s’anesthésier. De nos jours surtout, elle s’étourdit, favorisant un « toujours plus » de l’avoir et de la jouissance immédiate. Elle laisse libre cours ainsi à l’infini du désir, qui n’a d’infini que ses illusions.
Misère de grand seigneur cependant, par le fait qu’en s’éveillant, la conscience est aussi l’instrument grâce auquel un dépassement sera rendu possible. Il nous est souvent suggéré que ce deuxième temps, comme une réaction salvatrice, s’effectue dans le retrait, le détachement et un certain vide. C’est là que tant de sages ont pensé que résidait la plénitude : repos, effacement heureux, pardon, acquiescement et, bibliquement, le Royaume.
Alors la conscience du mal et du temps échappe quelque peu à la loi de gravité psychique qui est la sienne. Elle se met en quête d’une contemplation dont le véritable aboutissement, il faut bien le reconnaître, est le lot du petit nombre. Mais, quand l’esprit se déploie, de manière moins exceptionnelle, sur les ailes de la rêverie ou de la poésie, l’homme peut penser qu’il recueille à sa manière quelques reflets d’un absolu lointain. Et cet éveil est, là encore, un dépassement autant qu’un constat désabusé.
I « ET MOI, JE VOUS DIS… » Aspects éthiques et spirituels
1- SACRIFICE
Le sacrifice est omniprésent dans les sociétés primitives et même dans les civilisations évoluées, la Grèce et Rome, par exemple. Des mots comme « société » et « civilisation » disent bien que le phénomène regarde d’abord des collectivités. Comme le mythe, ce rituel renforce les liens qui unissent entre eux les membres d’un même groupe. Le bénéfice escompté est donc global. Il concerne la prospérité de la tribu, du clan, de la nation, éventuellement de la famille. C’est sous cet angle que l’ethnologie et l’histoire des religions l’ont envisagé prioritairement. Même quand la psychologie s’interroge à son sujet, elle ne concerne l’individu que partiellement. On connaît les travaux de René Girard qui, sensibles aux vertus explicatives de la psychologie et donc aux problèmes se rapportant à la personne, analysent le phénomène du sacrifice dans un cadre qui, malgré tout, est bel et bien social. Il s’agit dans cette théorie, d’un recours que la société invente pour dévier sur un présumé coupable la violence qui la travaille. L’exil et surtout la mort du bouc émissaire apporteront la paix et l’ordre et déplaceront sur lui la menace d’un anathème collectif. Car, partant d’un mal qui n’est que trop évident (violence, impureté), il faut bien que quelqu’un en soit la cause. Il est avantageux de le croire. Et tout ira mieux quand Œdipe aura été chassé ou quand la condamnation de Jésus aura permis d’espérer – ce sont les mots même du prêtre Caïfe rapportés par Jean (XI, 50-52) – les bénéfices traditionnels du sacrifice expiatoire ou purificateur.

Vous ne voyez donc pas qu’il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière… Il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation, et non seulement pour la nation, mais encore pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés.

Jésus, rival du Temple et des pharisiens, gêne trop de monde. Sa popularité contrarie. « Le monde est allé à lui », écrit Jean (XII, 1). Ne pourrait-on pas de surcroît le rendre quelque peu responsable d’un malaise assez général et en particulier de la scandaleuse présence d’un occupant étranger ? Il faut qu’il disparaisse. On lui fera prendre place dans la société des boucs émissaires, selon les croyances et les pratiques d’une religion qui, comme beaucoup d’autres, répand abondamment le sang animal, voire plus, pour avoir l’oreille des puissances d’En haut. La Loi invoque trois critères dans l’accomplissement sacrificiel : l’expiation, la culpabilité et l’action de grâce (Lévitique, IV, 5). Il s’agit souvent dans le texte biblique de supprimer la distance qui s’était creusée entre Dieu et son peuple. Les infidélités commises, il faudra les regretter et les compenser positivement par un don. On retrouvera ainsi la grâce du Tout-Puissant et les bienfaits d’une alliance désirable entre toutes seront confirmés. Retour à Dieu et pardon obtenu dans un dépouillement à la fois réel et démonstratif, une sorte d’autopunition pleine d’entrain.
Ces animations pouvaient prévoir des holocaustes humains, en tout cas chez les voisins cananéens, moabites et phéniciens. Il n’est pas totalement exclu que les Hébreux aient adopté ces pratiques. L’histoire d’Isaac, remplacé in extremis par un mouton providentiel semblerait signifier l’abandon d’une habitude. On retrouve tout de même le sacrifice humain dans l’histoire de la fille de Jephthé, cette sœur d’Iphigénie, et surtout dans la signification sacrificielle et expiatoire donnée à la mort de Jésus, telle que l’expose l’Evangile, surtout Jean, les trois synoptiques parlant aussi (surtout ?) d’une rançon pour plusieurs (ses amis ?).
En amont, le souvenir des versets très beaux du second Esaïe, évoquant au VI e siècle celui qui est appelé le Serviteur souffrant, ont certainement infléchi l’événement du Golgotha dans le sens d’une mort salvatrice, universellement salvatrice.

Il sera méprisé et déconsidéré. Or, c’étaient nos souffrances qu’il supportait et nos douleurs dont il était accablé. Et nous autres nous l’estimions châtié, frappé par Dieu et humilié ; il a été transpercé à cause de nos péchés, écrasé à cause de nos crimes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui et c’est à ses plaies que nous devons d’être guéris… Yahvé a fait retomber sur lui les crimes de nous tous. Affreusement traité, il s’humiliait, il n’ouvrait pas la bouche, comme un agneau conduit à la boucherie. (Esaïe, LIII, 3-7)

L’infl

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