LA COMMUNAUTÉ MONÉTAIRE
362 pages
Français

LA COMMUNAUTÉ MONÉTAIRE , livre ebook

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362 pages
Français

Description

L'argent ferait-il le bonheur ? Nouvelle économie, fonds éthiques, investissements socialement responsables vont-ils construire une planète plus humaine et plus juste ? L'interrogation sur le pouvoir de l'argent n'a pas toujours été délaissée par l'investigation philosophique. Reprenant la tradition depuis Aristote, ce livre interroge des œuvres qui ont conçu la monnaie comme une force communautaire et consensuelle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2001
Nombre de lectures 260
EAN13 9782296172616
Langue Français
Poids de l'ouvrage 10 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA COMMUNAUTE MONETAIRECollection La Philosophie en commun
dirigée par S. Douai//er, J Poulain et P. Vermeren
Nourrie trop exclusivement par la vie solitaire de la pensée, l'exercice
de la réflexion a souvent voué les philosophes à un individualisme
forcené, renforcé par le culte de l'écriture. Les querelles engendrées par
l'adulation de l'originalité y ont trop aisément supplanté tout débat
politique théorique.
Notre siècle a découvert l'enracinement de la pensée dans le langage.
S'invalidait et tombait du même coup en désuétude cet étrange usage du
jugement où le désir de tout soumettre à la critique du vrai y soustrayait
royalement ses propres résultats. Condamnées également à l'éclatement,
les diverses traditions philosophiques se voyaient contraintes de franchir
les frontières de langue et de culture qui les enserraient encore. La crise
des fondements scientifiques, la falsification des divers régimes
politiques, la neutralisation des sciences humaines et l'explosion
technologique ont fait apparaître de leur côté leurs faillites, induisant à
reporter leurs espoirs sur la philosophie, autorisant à attendre du partage
critique de la vérité jusqu'à la satisfaction des exigences sociales de
justice et de liberté. Le débat critique se reconnaissait être une forme de
vie.
Ce bouleversement en profondeur de la culture a ramené les
philosophes à la pratique orale de l'argumentation, faisant surgir des
institutions comme l'École de Korcula (Yougoslavie), le Collège de
Philosophie (Paris) ou l'Institut de Philosophie (Madrid). L'objectif de
cette collection est de rendre accessibles les fruits de ce partage en
commun du jugement de vérité. Il est d'affronter et de surmonter ce qui,
dans la crise de civilisation que nous vivons tous, dérive de la dénégation
et du refoulement de ce partage du jugement.
Dernières parutions
Elfie POULAIN,Franz Kafka: l'enfer du sujet ou l'injustifiabilité de
l'existence, 2000.
Stanislas BRETON, Philosopher sur la côte sauvage, 2000.
Véronique BERGEN, L'ontologie de Gilles Deleuze, 2001.
PâlI SKULASON, Le cercle du sujet dans la philosophie de Paul Ricœur,
2001.
Anne-Françoise SCHMID,Henri Poincaré, les sciences et la philosophie,
2001.Collection « La Philosophie en commun»
dirigée par Stéphane Douailler, Jacques Poulain
et Patrice Vermeren
Marie CUILLERAI
LA COMMUNAUTE MONETAIRE
PROLEGOMENES A UNE PHILOSOPHIE DE L'ARGENT
L'Harmattan Hongrie L'Harmattan ItaliaL'Harmattan Inc.L'Harmattan
55, rue Saint-Jacques Hargita u. 3 Via Bava, 375-7, rue de l'École-Polytechnique
(Qc) CANADA 1026 Budapest 10214 Torino75005 Paris Montréal
H2Y 1K9 HONGRIE ITALIEFrancecgL'Harmattan, 2001
ISBN: 2-7475-0325-9INTRODUCTION
L'Économie, le Politique et la mondialisation
La monnaie européenne renouvelle le langage de
l'économie politique. Napoléon III rêva d'une zone franc
pour l'ensemble de l'Europe, l'Union réalise une monnaie
commune à quinze souverainetés nationales. L'euro est la
seule espèce monétaire du XXIe siècle à identifier
différentes communautés politiques à un même espace
économique. Institution démocratiquement concertée et
impératif économique incontestable cette monnaie
symbolise la transfonnation d'une communauté
économique par une décision politique d'union.
L'espace monétaire européen n'a pas radicalement changé
de nature par rapport à l'espace économique de la
communauté européenne que définissait le défunt Système
Monétaire Européen. D'autres espaces économiques
unifiés lui sont comparables, comme l'Asean ou l' Alena.
Mais aucune création monétaire n'est venue sanctifier la
réunion de pays au sein d'institutions économiques
internationales. La monnaie européenne est la seule qui
rompe avec la suprématie d'une souveraineté singulière au
profit d'une souveraineté multinationale. L'euro quant à
lui naît dans un monde qui a changé. Bien que le projet de
sa création remonte aux années soixante-dix, elle survient
dans un monde plus attentif aux défauts de la
réglementation économique et financière internationale.
Dans ce nouveau monde, le mot krach, banalisé, ne suscite
plus l'effroi et le spectre de 1929 s'est presque effacé desmémoires. Désormais, le tenne de crise financière fait
régulièrement la une des journaux généralistes de tous les
pays de la planète, mais il n'annonce que lointainement et
pour certains seulement, une crise sociale ou une guerre
civile. Né dans une époque de relative paix mondiale et de
guerre économique intensifiée, l'euro a été l'occasion de
débats vigoureux, non seulement à propos des contraintes
économiques que sa création a fini par symboliser, mais
aussi quant à ses potentialités dans un monde qui prenait
conscience de son intégration nouvelle.
Depuis, l'abandon du Gold Exchange Standard, les
relations monétaires internationales ont changé. L'emprise
des capitaux privés sur les politiques nationales modifie
les relations et les ères d'intervention des acteurs de
l'économie. L'existence d'une monnaie transnationale et
la mobilité des capitaux internationaux métamorphosent
les communautés politiques. L'Etat-nation et la société
civile où se fabrique sa richesse doivent repenser leurs
accords et la légitimité des institutions qui règlent leur
relation.
Marx et Simmel ont pensé radicalement ces rapports. Ils
ont proposé deux philosophies de l'argent qui ont toutes
deux bouleversé la compréhension de l'échange dans la
communauté. Marx proposait une genèse transcendantale
de la valeur qui conduit à l'exploitation de l'homme par
l'homme. Simmel montre que la genèse de l'exploitation
capitaliste n'épuise pas le pouvoir de l'argent. Médiation
des hommes aux choses, l'argent est aussi essentiel aux
relations des hommes entre eux.
Bien que leurs analyses divergent, elles ont en commun de
permettre d'appréhender la question de la valeur
monétaire actuelle sans s'enfermer dans les impasses de
l'individualisme. Seul est visé par ce terme le principe
méthodologique qui règne sur les sciences humaines. Or,
8tant qu'elle demeure conçue à travers l'individualisme
méthodologique familier de l'économie, la monnaie
s'expose théoriquement aux paradoxes de
l'autoréférentialité. Le mal serait sans gravité si, par
autoréférentialité de la monnaie, il s'agissait de penser
qu'un instrument a de la valeur quand il sert efficacement
le but pour lequel il a été conçu. Mais, parce qu'on peut
lui assigner trois fonctions, unité de compte, moyen de
paiement, réseIVe de valeur, la sophistication théorique
met à mal le pragmatisme de cette lapalissade. Les
théoriciens hétérodoxes dans le sillage de J.-M. Keynes
ont révélé la complexité de la réalité monétaire en
insistant sur la dimension de réseIVe de valeur que détient
tout instrument monétaire. Tant que la valeur peut être
mise en réserve, tant qu'existe quelque chose, l'or,
acceptable par tous en tout lieu, la définition fonctionnelle
n'a rien de choquant. Mais dès lors que la valeur n'est
plus substantielle, mais pas non plus nominale; dès lors
qu'elle repose uniquement sur l'usage, on pressent que la
question de la valeur de la monnaie va se compliquer.
L'or a garanti jusqu'en 1973 le substantialisme ou
l'essentialisme des théories économiques, une certaine
métaphysique de la finance qui préservait l'origine de la
valeur et des institutions hors de portée du jugement
critique des hommes. La valeur monétaire aujourd'hui
n'est pas constituée par une quantité de métal précieux.
Elle est conditionnée par l'acceptation d'autrui. La valeur
de la monnaie est le produit d'un accord généralisé.
Certes, depuis Aristote on apprend que la monnaie est
«par convention ». Les substances précieuses sont
désignées d'un commun accord immémorial et universel
pour seIVir d'équivalent de n'importe quel objet. Métal
précieux, perles rares ont vite fait oubli

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