La démarche et le territoire de la philosophie
204 pages
Français

La démarche et le territoire de la philosophie , livre ebook

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204 pages
Français

Description

La philosophie est partout : envahie par les signes, la modernité en recherche le sens, et au-delà des effets de mode, il existe bien dans ce que l'on appelle le grand public un authentique désir de philosopher. Comme on ne peut pas, comme le dit Kant, "apprendre la philosophie" mais "apprendre à philosopher", cet ouvrage propose six parcours pour y accéder.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2014
Nombre de lectures 11
EAN13 9782336336701
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean LOMBARD
La démarche et le territoire de la philosophie Six parcours exotériques
É d u c a t i o n e t P h i l o s o p h i e
Éducation et philosophie Collection dirigée par Bernard Jolibert et Jean Lombard La collection « Éducation et philosophie » publie des études et des textes philosophiques qui traitent des problèmes généraux de la formation des hommes et qui visent à élucider les conditions et les démarches de l’action éducative. Dernières parutions Jean-Louis VIVÈS,Les devoirs du mari, 2011. Jean-Louis VIVÈS,L’éducation de la femme chrétienne, 2010. Bernard JOLIBERT,Questions d’éducation. Finalités politiques des institutions éducatives, 2009. Bernard JOLIBERT,Montaigne, l’éducation humaniste, 2009. Sylvain MARÉCHAL,Projet de loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes, 2007. Jean LOMBARD (études présentées par),L’école et la philosophie, 2007. Jean LOMBARDL’école et les sciences, 2005. Bernard JOLIBERT,Auguste Comte, l’éducation positive, 2004. Jean LOMBARD (études réunies et présentées par)L’école et l’autorité,2003. Jean LOMBARDHannah Arendt, éducation et modernité, 2003. Yves LORVELLECÉducation et culture, 2002. Jean LOMBARD (études réunies et présentées par)L’École et les savoirs, 2001. Bernard VANDEWALLEKant, éducation et critique, 2001. Yves LORVELLECAlain philosophe de l’instruction publique, éléments pour une critique de la pédagogie, 2001. Gérard GUILLOTQuelles valeurs pour l’école du XXIème siècle ?, 2000. Jean LOMBARD (études réunies et présentées par)Philosophie de l’éducation, questions d’aujourd’hui : l’École et la cité, 1999. Bruno BARTHELMÉUne philosophie de l’éducation pour l’école d’aujourd’hui,1999. ROLLINDiscours préliminaire du Traité des études, introduction et notes de Jean Lombard, 1998.
La démarche et le territoire de la philosophie
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Pariswww. harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-02519-3 EAN : 9782343025193
Jean LOMBARDLa démarche et le territoire de la philosophie Six parcours exotériques
Du même auteur chez le même éditeur Aristote. Politique et éducation, 1992 Bergson. Création et éducation, 1997 Platon et la médecine. Le corps affaibli et l’âme attristée, 1999Lécole et la cité,1999 L’école et les savoirs,2001 Peinture et société dans les Pays-Bas du XVIIème siècle. Essai sur le discours de l’histoire de l’art, 2001L’école et l’autorité,2003 Hannah Arendt. Éducation et modernité,2003 Aristote et la médecine. Le fait et la cause,2004 L’école et les sciences,2005 L’épidémie moderne et la culture duPetit traité du malheur. chikungunya, 2006Philosophie de l’hôpital,2007 L’école et la philosophie,2007Philosophie de l’épidémie. Le temps de l’émergence,2007Éthique médicale et philosophie. L’apport de l’Antiquité,2009 Du même auteur chez d’autres éditeurs Isocrate. Rhétorique et éducation, Klincksieck, 1990Philosophie et soin,éditions Seli Arslan, 2009Philosophie pour les professionnels de la santé,éditionsSeli Arslan, 2010 Philosophie de l’altérité,éditions Seli Arslan, 2012
Avant-propos interroger sur elle-même étant une fonction essentielle S’de la philosophie - et à certains égards la seule qui vaille - on pourra trouver plutôt rassurantl’énoncéLa démarche et le territoire. Lesparcours exotériquesdu sous-titre inquiéteront davantage, en raison du voisinage phonétique avec ésotérique,qui évoque la compréhension ardue et la complexité des savoirs réservés. Les deux termes sont cependant opposés. Ésotérique (del’intérieur),se disait d’un enseignement destiné à un public restreint, averti, proche du maître. Le mot n’apparaît pas chez Aristote, qui en revanche s’est servi de son contraire, exotérique (du dehors), pour désigner une activité, un cours ou 1 un écrit visant un public large . À Athènes, leLycéedistinguait dans son programme quotidien l’enseignement sélectif, pour les élèves confirmés, et l’accueil d’un public intéressé, attiré par la philosophie sans avoir mené à bien un cursus dans ce domaine ni même, parfois, envisager de le faire.  Cette distinction que nous devons à la Grèce ancienne est loin d’être aussi dépassée qu’on pourrait l’imaginer. Certes, les 2 conditions de fonctionnement des « écoles » antiquesn’ont que peu de rapport avec la manière dont aujourd’hui on enseigne et pratique la philosophie. Pourtant les deux axes que constituent l’ésotérisme et l’exotérisme n’ont pratiquement rien perdu de leur valeur opérationnelle et même heuristique. La philosophie trouve à présent de nouveaux champs d’action et on fait chaque 1 Sur le termeexotériquedans son acception aristotélicienne, cf. la synthèse de W. Ross dans sonAristote, Gordon et Breach, Paris et Londres, 1971, pp. 6-8, etLa Politiqued’Aristote, III, 6, traduction de J. Tricot, Vrin, Paris, 1989, p. 195, note 2. 2  Cf. sur cette question la synthèse de Pierre Hadot,Éloge de la philosophie antique,Allia, Paris, 1997.
8Avant-proposjour le constat de son succès croissant dans les cafés, dans les médias, sur internet, en librairie, dans les écoles élémentaires et 1 maternelles . Il existe, remarquait il y a peuLe Monde Culture 2 et Idées ,nouveaux clients de la philosophie » au momentde « même où comme discipline scolaire et universitaire elle connaît des difficultés, de sorte qu’il se produit une «fracture entre la philosophiefacileet l’université». Mais s’agit-il vraiment d’un clivage entre facile et difficile, entre vulgarisé et authentique ? C’est dans des termes nouveaux que la demande croissante de philosophie nous interroge. Même si les effets du système néolibéral instituent la philosophie en objet de consommation commen’importe quelautre, il existe bien une demande de philosophie venant d’un «», plus nombreux etgrand public plus divers que jamais, désireux de la pratiquer. D’abord, quantité de disciplines et d’activités se tournent vers le questionnement éthique ou épistémologique, déclinaison 3 -dont la source est dans l’Antiquité- de la philosophie : la médecine, le soin, l’action sociale, le monde des affaires, dont l’idéal de profitsans limite entraîne toujours une inquiétude au regard de la morale. Dans ces domaines, l’avis du philosophe est souvent requis, maisrapidement il s’avère que les meilleurs avis seront peut-être ceux des spécialistes se faisant etdevenanteux-mêmes philosophes : lattitude réflexive et critiquequ’ils auront acquise à partir de la pratique philosophique permettra au soignant,à l’assistantesociale, auchef d’entreprise, à tout hommeayant l’expérience de l’agir,d’effectuer le salutaire et vespéralretour sur soi de l’Oiseau de Minerve.  Ensuite, le « grand public » traditionnel se voit sans cesse augmenté de tous ceux qui, dans la société égarée du XXIème siècle, sont à la recherche d’un sens derrière «les positivités » 1 Sur la vogue de la philosophie enfantine, voir par exemple J.-M. Lamarre et A.- L. Le Guern, « Le travail de la pensée dans la discussion entre enfants : entre sens commun et philosophie »,Diotime, n° 29, avril 2006. 2 26 juin 2012. La notion declientèleest évidemment à méditer. 3  Cf. J. Lombard,Éthique médicale et philosophie. L’apport de l’Antiquité, collection « Hippocrate et Platon, études de philosophie de la médecine », L’Harmattan, Paris, 2009.
démarche et le territoire de la philosophie La 9 comme disait Jean Desanti : la surabondance de signes appelle 1 une recherche de sens qui est de nature philosophique .  Au bout du compte, cet ensemble formé par ceux qui ne se destinent pas àfaire profession de philosophie, si du moins on peut imaginer une profession philosophique, est plus que jamais majoritaire, situation quientraîne une exigence d’un nouveau type. Dès lors qu’on ne se limite pasà enseigner la philosophie 2 à de futurs philosophes, qu’on veutSocrate pour tous , on est confronté à une série de questions sur le statut et les limites de la démarche exotérique. Car dans des cursus ésotériques, on peut oublier, grâce à la technicité descontenus et à l’illusion qu’elle peut entretenir, l’impossibilité qu’avait soulignée Kant d’« apprendre la philosophie» (on ne peut qu’à« apprendre 3 philosopher » , disait-il). Dans une approche exotérique, au contraire, on ne sait pas quand on commence à philosopher, ni de quelle façon ou à partir de quel matériau on doit procéder. Mais on philosophe, pourtant. Peut-être même est-ce la seule véritable manière de commencer à philosopher,pour anticiper sur le thème du commencement, qui sera abordé dans le premier 4 chapitre de ce livre . Nous y verrons que pour commencer à philosopher, il suffit de commencer et qu’il serait dommageable de procéder autrement. Platon, quiinventela philosophie, et qui est ainsi un initiateur, écartetoute idée d’accumulerd’aborddes savoirs philosophiques. La philosophie est une traversée dont le port d’attache est l’ignorance, ce que Platon tenait de son maître Socrate, toujours 1  Cf. sa présentation du philosopheau début d’un intéressant débat télévisé: http://www.ina.fr/video/CPB97100526 2  Ouvrage collectif sous-titréEnseigner la philosophie aux non philosophes, Vrin, Paris, 2003. 3 Annonce du programme des leçons de M. E. Kant durant le semestre d'hiver 1765-1766, Œuvres philosophiques, t. I, Gallimard, 1980, p. 513 et suiv. Ce texte commence par une analyse qui fonde le questionnement pédagogique : « tout enseignement de la jeunesse a en soi cet inconvénient : il faut que les connaissances y précèdent les années [...] on doit dispenser un savoir que selon l’ordre naturel, seule une raison plus exercée et expérimentée pourrait comprendre ». 4 Voir chapitre I ci-après, pp. 11-47.
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