Recueillement de Socrate
210 pages
Français

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Recueillement de Socrate , livre ebook

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Description

Dans sa prison, condamnée à mort, Socrate se coupe de toute préoccupation terrestre pour se concentrer sur la vie de l'esprit. Sans faiblir devant la venue de la mort ni se défaire de son exigence morale, il révèle, dans le dialogue avec ses fidèles, sa force d'âme. Socrate veut rassurer les siens, les consoler de sa disparition. Il révèle ce qui guide son esprit de la façon la plus digne qui soit.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2014
Nombre de lectures 66
EAN13 9782336363509
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Ouverture philosophique
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau, Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot
Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.
Dernières parutions
Grégori JEAN et Adam TAKACS (eds.), Traces de l’être Heidegger en France et en Hongrie , 2014.
Frédéric PRESS, Du sens de l’histoire. Essai d’épistémologie , 2014.
Grégoire-Sylvestre GAINSI, Charles de Bovelles et son anthropologie philosophique , 2014.
Dieudonné UDAGA, La subjectivité à l’épreuve du mal, Réfléchir avec Jean Nabert à une philosophie de l’intériorité, 2014.
Augustin TSHITENDE KALEKA, Politique et violence, Maurice Merleau-Ponty et Hannah Arendt, 2014.
Glodel MEZILAS, Qu’est-ce qu’une crise ?, Eléments d’une théorie critique, 2014 .
Vincent Davy KACOU, Paul Ricœur. Le cogito blessé et sa réception africaine , 2014.
Jean-Louis BISCHOFF, Pascal et la pop culture , 2014.
Vincent TROVATO, Lecture symbolique du livre de l’Apocalypse, 2014.
Pierre CHARLES, Pensée antique et science contemporaine , 2014.
Miklos VETÖ, La métaphysique religieuse de Simone Weil , 2014.
Cyril IASCI, Le corps qui reste. Travestir, danser, résister !, 2014.
Jean-Michel CHARRUE, Néoplatonisme. De l’existence et de la destinée humaine , 2014.
Titre
Gilles GUIGUES







RECUEILLEMENT DE SOCRATE


SUR L’ÂME, SOURCE ET PRINCIPE D’EXISTENCE
Copyright
Du même auteur
Rainer Maria Rilke, l’existence en figures . Étude philosophique du poétique , Paris, L’Harmattan, coll. « Critiques littéraires », 2012.























© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-71361-8
Citation


Socrate – Toute âme est immortelle. En effet, ce qui se meut toujours est immortel. Or, pour l’être qui en meut un autre et qui est mû par autre chose, la cessation du mouvement équivaut à la cessation de la vie. Seul l’être qui se meut lui-même, puisqu’il ne fait pas défaut à lui-même, ne cesse jamais d’être mû ; mieux encore, il est source et principe de mouvement pour tout ce qui est mû.
Phèdre , 245c
Prologue
En 399 avant Jésus-Christ, Socrate est condamné à mort par ses propres concitoyens qui, entre autres raisons, l’accusent surtout de vouloir corrompre la jeunesse et chercher à la détourner du culte des dieux traditionnels par la promotion de nouvelles divinités. Condamné par les héliastes à boire la ciguë, il accepte la sanction qu’il ne cherche pas à éviter avec un grand courage, porté par le plus pur héroïsme, le plus vrai 1 . Certains verront, dans cette forme d’héroïsme, une espèce de préfiguration du Stoïcisme 2 . En effet, il peut certainement y avoir quelque raison de le penser, surtout si l’on veut bien se référer au refus, ferme et lucide à la fois, que Socrate a opposé au plan d’évasion fomenté par son ami Criton – encouragé lui-même par quelques autres de ses compagnons 3 . Néanmoins, ici, il ne sera pas question de s’attarder trop longuement sur cette forme très particulière et par ailleurs très connotée de sagesse. Et, si j’ai voulu que l’accent des réflexions suivantes ne soit pas mis sur un certain rapport au Stoïcisme, c’est bien pour ne pas faire de Socrate un sage impassible, soumis en quelque sorte aux aléas du destin qui lui est réservé. En effet, si Socrate, avec une très grande force d’âme, décide bel et bien de faire face courageusement à la condamnation et, par conséquent, à la sentence qui lui sera réservée, il ne se plie pas pour autant à son sort par simple amertume ni même par le fait d’une quelconque résignation ; au contraire, il l’affronte comme l’accomplissement suprême, si l’on peut dire, de sa singulière destinée.
Dans une telle attitude, toute de courage, il faut voir en effet l’aboutissement ultime de la conduite morale du philosophe, une forme aboutie de sagesse appliquée dans l’acceptation sereine de la mort et non pas, à l’instar de certaines opinions qui de manière hâtive ont cru pouvoir en juger, comme une forme de renoncement ou de suicide déguisé. Il n’y a rien d’impassible, donc de passif, dans un tel consentement mais bien une ferme volonté, vive et active, une sorte de résistance éthique qu’il est pour lui, en ces moments-là plus que jamais, nécessaire de mettre en œuvre. En effet, si l’on considère attentivement les paroles prononcées, ici ou là, par Socrate, on s’aperçoit que celui-ci a toujours accordé une place éminente à la vertu dans la conduite humaine, la considérant comme un des principes fondateurs de l’organisation même d’une existence tout entière ; et, dès lors, il n’est pas vraiment étonnant qu’il veuille appliquer intégralement ce principe-là dans la dernière étape de son existence que l’esprit, pense-t-il, doit pleinement vivre 4 . Cependant pour faire parfaitement la part des choses, et équilibrer un tant soit peu une telle conscience morale, il faut également avoir à l’esprit que le philosophe considère tout aussi bien que sa personne et sa destinée appartiennent, toutes deux, aux dieux justes et bons. Pour une part au moins équivalente, cela est forcément déterminant dans sa conduite.
Ainsi, si sa philosophie repose pour beaucoup sur le rapport indéfectible entre le logos et la raison, Socrate a toujours fait allégeance aux volontés du destin, obéissant à un ordre divin – l’existence en cela est ordonnée comme un kosmos , au sens grec. Comme si la vie de chaque être était tenue par une organisation logique qui, par une sorte de volonté supérieure, agençait le monde selon un décret divin à même non seulement de déterminer l’existence de chacun ici-bas mais également de l’ordonner dans le vaste ensemble de toutes les destinées réunies. Et ainsi, si avec Socrate l’on veut bien accepter de s’écarter un tant soit peu des conceptions rationalistes qui bordent l’existence, il est alors tout à fait logique de penser que chaque vie est soumise à un ordre supérieur que l’esprit humain ne peut qu’à peine concevoir. Et par conséquent, si le monde s’agence ainsi dans un tel ensemble harmonieux qui, dans une mystérieuse unité, forme l’immensité du Tout, il est encore une fois tout aussi logique de considérer que le parcours de chaque existence est soumis à la seule volonté du juge suprême qui imprime le Temps en soi, en tant qu’image insaisissable de l’Éternité. C’est en cela que, pour Socrate, s’accordent le divin et le destin de chaque être ; et dans la mort même, le destin de l’homme prend la forme concrète du tout puissant décret divin, si l’on peut dire. C’est pourquoi, plutôt que de se révolter à la fin de sa vie contre son sort cruel, chacun peut s’y préparer et accéder ainsi à une nouvelle dimension de la vie : une réalité consolidée qui s’accorde à l’ordre du temps divin où règne le présent absolu, à la fois actuel et éternel. Et, puisque seul le divin est en mesure de tracer la destinée qui sera celle de chacun d’entre nous, alors autant s’en remettre à sa volonté car il n’existe aucun moyen d’y échapper entièrement ou de s’y soustraire un tant soit peu.
Si l’héroïsme socratique est pour une part étayé par ce que j’ai appelé un décret divin, Platon cherche aussi à montrer que le philosophe n’abandonne pas pour autant l’exercice de la raison. Sans se faire à proprement parler le défenseur d’un tel courage devant la mort, dont il fera l’apologie par ailleurs, Platon semble moins

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