Relativisme et éducation
259 pages
Français

Relativisme et éducation , livre ebook

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259 pages
Français

Description

L'éducation semble touchée par le relativisme tant dans les pratiques que dans les réflexions sur les fondements ou les finalités. Les questions de la philosophie étant aussi celles de l'éducation, des philosophes mettent ici en connexion leur familiarité des terrains éducatifs avec ce qui se joue dans les débats conceptuels pour voir si une éducation postmoderne est possible en abordant les concepts de vérité, d'universel, de faillibilité, de conflits des interprétations, de culture et de liberté.

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Publié par
Date de parution 01 octobre 2008
Nombre de lectures 281
EAN13 9782296207691
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Éducation et philosophie
Collection dirigée par Bernard Jolibert et Jean Lombard
Éducation et philosophieaccueille des études et des textes philosophiques qui traitent des problèmes généraux de la formation des hommes et visent à élucider les conditions, les démarches et le sens de l’action éducative.
Déjà parus
Bernard JOLIBERT,Platon,l’ascèse éducative et l’intérêt de l’âme, 1994. Jean LOMBARD,Aristote, politique et éducation, 1994. PLUTARQUE,Traité d’éducation, intr. et trad. de Danièle Houpert, 1995. William JAMES,Conférences sur l’éducation, trad. de Bernard Jolibert, 1996. L.-R. de LA CHALOTAIS,Essai d’éducation nationale ou plan d’études pour la jeunesse, présentation de Bernard Jolibert, 1996. Jean LOMBARD,Bergson, création et éducation,1997. Bernard JOLIBERT,L’éducation d’une émotion. Trac, timidité,intimid-tion dans la littérature, 1997. ROLLIN,Discours préliminaire du Traité des études, introduction et notes de Jean Lombard, 1998. Claude FLEURY,Traité du choix et de la méthode des études, introduction de Bernard Jolibert, 1998. Jean LOMBARD (dir),L’École et la cité,1999. Bruno BARTHELMÉ,de l’éducation pour l’ÉcoleUne philosophie d’aujourd’hui,1999. Gérard GUILLOT,Quelles valeurs pour l’école du XXIème siècle ?2000. Jean LOMBARD (dir.),savoirsL’École et les , 2001. Bernard VANDEWALLE,Kant, éducation et critique, 2001. Yves LORVELLEC,Alain philosophe de l’instruction publique,2001. Yves LORVELLEC,Éducation et culture, 2002. Jean LOMBARD,Hannah Arendt, éducation et modernité, 2003. Jean LOMBARD (dir.)L’École et l’autorité,2003. Bernard JOLIBERTAuguste Comte, l’éducation positive, 2004. Jean LOMBARD (dir.),L’École et les sciences,2005. Jean-Yves FRÉTIGNÉ,Les conceptions éducatives de Giovanni Gentile Entre élitisme et fascisme, 2007. Jean LOMBARD (dir.),L’École et la philosophie, 2007. Sylvain MARÉCHAL,Projet d’une loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes (1801), texte présenté par Bernard Jolibert, 2007. Bernard VANDEWALLE,Kierkegaard, éducation et subjectivité, 2008.
AVANT-PROPOS
Il semble qu’aucune philosophie ne se réclame purement et simplement du « relativisme », si l’on entend par là une théorie selon laquelle tout se vaudrait, et qui aplanirait les différences et les valeurs. Pourtant certaines formes de critiques – depuis les débuts e du XX siècle notamment – à l’égard de la prétention à l’universel ou à l’objectivité sont reçues comme relativistes, et sources de déstabilisation de la pensée. Sur le plan de l’éducation, un sentiment de déstabilisation naît au sein des pratiques et des réflexions sur les fondements ou les finalités, qui conduit à parler en termes de « crise », « perte des repères », « déclin de la culture »... Quel type de relation peut-on établir entre le relativisme philosophique – qui reste à identifier – et les interrogations, inquiétudes ou désarrois concernant l’éducation ? D’une certaine façon, les questions de la philosophie sont aussi celles de l’éducation, en ce que l’éducation est l’une des questions majeures de la philosophie, où se concentre et se croise ce qui touche à la pensée de l’humain dans ses dimensions éthique, épistémologique, esthétique et métaphysique. L’éducation se voit ainsi confrontée à des problèmes philosophiques essentiels : le rapport au vrai et au savoir, l’interrogation sur les valeurs, l’orientation des choix, toutes ces questions habitent les préoccupations éducatives, tiraillées entre la vocation de transmission et le désir de critique réflexive. La philosophie de l’éducation a donc à voir avec les ébranlements conceptuels suscités par les pensées relativistes, non
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Relativisme et éducation
parce qu’il serait imputé à celles-ci des effets directs sur l’éducation, mais parce que ce qui s’y joue peut éclairer la réflexion éducative. Il ne s’agit pas ici de pousser un cri d’alarme : cela supposerait que les solutions théoriques sont claires et qu’il ne reste qu’à trouver des procédés de mise en œuvre. Il s’agit plutôt d’examiner ce qu’il en est de l’éducation quand il faut affronter la fragilité des certitudes. Voir avec lucidité qu’il est des renoncements nécessaires, mais aussi être capable d’assumer des convictions, tel est le balancement de la pensée explorant le rapport entre relativisme et éducation. La philosophie de l’éducation se donne pour mission de penser philosophiquement les problèmes éducatifs : cela suppose une connaissance des terrains, une attention à leur diversité, où puissent s’investir, pour leur donner sens – tout en s’en nourrissant pour évoluer – les démarches conceptuelles et critiques de la philosophie dans sa plus haute théoricité. Les textes ici rassemblés abordent de front les ébranlements et les tensions qui se manifestent dans divers aspects de l’éducation, d’autres montrent que l’on peut dépasser, contourner le relativisme : ces deux orientations, après une interrogation sur le sens et la pertinence du mot relativisme, structurent la dynamique de l’ouvrage. La préface d’Alain Renaut engage la réflexion sur le plan de l’éthique, en mettant le relativisme à l’épreuve du libéralisme moral. La postface de Didier Moreau propose un parcours transversal des seize articles, avec pour fil conducteur l’analyse de quelques métaphores qui les habitent.
Anne-Marie Drouin-Hans Présidente de la SOFPHIED (Société francophone de philosophie de l’éducation)
1 PRÉFACEd’Alain RENAUT
L’ÉDUCATIONÀLÂGE DU PLURALISME
Réfléchir à ce qu’il peut en être d’une éducation intégrant la montée en puissance du relativisme appelle une réflexion complémentaire sur ce qui constitue le versant ou le visage positifs de la relativisation de certains contenus cognitifs, à savoir le pluralisme. Je voudrais donc proposer ici quelques remarques, non pas sur les périls d’une telle relativisation, mais sur ce qu’elle peut aussi, malgré de tels périls, avoir de fécond quand elle prend la forme de la reconnaissance du pluralisme – plus particulièrement, puisque c’est de cela qu’il s’agit, du pluralisme des conceptions du bien ou du pluralisme éthique. Versant positif du processus de relativisation de certains contenus cognitifs, un tel pluralisme n’en entraîne pas moins, à mes yeux, un certain nombre d’interrogations sur ce qu’il doit en être de l’éducation en contexte pluraliste, notamment en contexte de pluralisme des conceptions du bien, c’est-à-dire quand se pose la question de savoir ce que peut bien encore recouvrir, dans un tel contexte, la notion d’éventuelles vérités morales, dont l’école devrait, sinon assurer la transmission, du moins accompagner la construction dans les consciences de ceux qu’elle accueille en elle. Nous savons tous que la tentation sceptique, qui correspond, elle, au visage le plus rude du relativisme, a, de fait, produit des effets particulièrement délicats dans le
1 Université Paris IV
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Relativisme et éducation
domaine des vérités morales ou, plus généralement, pratiques, quand il s’agit de savoir si l’on peut concevoir, en morale, en droit ou en politique, de quelconques termes de référence possédant davantage de validité que d’autres. Question expressément formulée par Habermas dès 1973, dansRaison et légitimité: « Les questions d’ordre pratique, demande-t-il, sont-elles susceptibles de vérité ? », ou bien faut-il – je complète la question – faut-il abandonner le terrain, ici, au relativisme, selon lequel, sur les questions qui mettent en jeu des valeurs, toutes les opinions seraient affaire de point de vue ou encore de contexte ? Il nous faut mesurer pourquoi la conviction que certains jugements de valeur ou certains énoncés normatifs sont plus vrais que d’autres est devenue aujourd’hui, plus que jadis, difficile à fonder. Pour le dire très vite, la fondation de quelconques vérités pratiques est aujourd'hui devenue délicate, certains disent impossible, à la fois pour des raisons théoriques et pour des raisons elles-mêmes pratiques, sur lesquelles je me concentrerai. Les raisons de type théorique tiennent au fait que, de toute évidence, la fondation des vérités pratiques ne peut plus être conçue selon un modèle, disons platonicien, sous la forme d'une référence à l'idée d'un Bien ou d'un Juste en soi auquel devrait correspondre une fin pour être bonne ou juste. Ce modèle, qui a été le plus aisément compatible avec l’idée d’une éducation aux vérités morales, mobilise des investissements métaphysiques très lourds, qu'il n'est pas facilement envisageable de consentir aujourd'hui. De ce point de vue, lorsque nous réfléchissons à ce qui peut fonder la vérité d’un jugement de valeur, il faut convenir que nous le faisons notamment après l'effondrement moderne des fondations cosmologiques d’une telle vérité : quand nous ne pouvons plus lire le juste ou le bien dans un quelconque ordre du monde, toute la démarche qui s’interroge sur ce qui fonde éventuellement la vérité de nos évaluations morales ou juridiques, ne peut que s'en trouver profondément bouleversée. C'est précisément parce que nous réfléchissons aujourd’hui dans ce contexte que la tentation du relativisme moral peut
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