Spinoza
162 pages
Français

Spinoza , livre ebook

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162 pages
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Description

Le Traité de la Réforme de l'Entendement est un des ouvrages les plus connus et les plus lus de Spinoza. Il présente pourtant des difficultés : son inachèvement, l'incertitude sur sa date de rédaction, le choix de ses termes et de ses principales notions, le rôle de l'idée vraie dans la méthode et l'élaboration du système. Ce sont ces difficultés que Fabrice Audié s'attache ici à résoudre, en analysant le lexique, en mesurant ce qui vient de Bacon, de Descartes ou de la scolastique, en suivant les étapes et les détours de l'ouvrage.

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Date de parution 01 septembre 2014
Nombre de lectures 11
EAN13 9782336355696
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

siècle et qui ont eu le plus d’inuence sur la
difîcultés : son inachèvement, l’incertitude sur sa date de rédaction, le choix de ses termes et de ses principales notions, le rôle de l’idée
difîcultés que Fabrice Audié s’attache ici à résoudre, en analysant le lexique, en mesurant ce qui vient de Bacon, de Descartes ou de la scolastique, en suivant les étapes et les détours de l’ouvrage.
L A P H I L O S O P H I E E N C O M M U N Collection dirigée par Stéphane Douailler, Jacques Poulain et Patrice Vermeren
Fabrice Audié
SPINOZA
Problèmes de l’idée vraie
Préface de PierreFrançois Moreau
SPINOZA
Problèmes de l’idée vraie
La Philosophie en commun Collection dirigée par Stéphane Douailler, Jacques Poulain, Patrice Vermeren  Nourrie trop exclusivement par la vie solitaire de la pensée, l'exercice de la réflexion a souvent voué les philosophes à un individualisme forcené, renforcé par le culte de l'écriture. Les querelles engendrées par l'adulation de l'originalité y ont trop aisément supplanté tout débat politique théorique.  Notre siècle a découvert l'enracinement de la pensée dans le langage. S'invalidait et tombait du même coup en désuétude cet étrange usage du jugement où le désir de tout soumettre à la critique du vrai y soustrayait royalement ses propres résultats. Condamnées également à l'éclatement, les diverses traditions philosophiques se voyaient contraintes de franchir les frontières de langue et de culture qui les enserraient encore. La crise des fondements scientifiques, la falsification des divers régimes politiques, la neutralisation des sciences humaines et l'explosion technologique ont fait apparaître de leur côté leurs faillites, induisant à reporter leurs espoirs sur la philosophie, autorisant à attendre du partage critique de la vérité jusqu'à la satisfaction des exigences sociales de justice et de liberté. Le débat critique se reconnaissait être une forme de vie.  Ce bouleversement en profondeur de la culture a ramené les philosophes à la pratique orale de l'argumentation, faisant surgir des institutions comme l'École de Korcula (Yougoslavie), le Collège de Philosophie (Paris) ou l'Institut de Philosophie (Madrid). L'objectif de cette collection est de rendre accessibles les fruits de ce partage en commun du jugement de vérité. Il est d'affronter et de surmonter ce qui, dans la crise de civilisation que nous vivons tous, dérive de la dénégation et du refoulement de ce partage du jugement. Dernières parutions Jean PERISSON,Une vie de héraut, Un chef d’orchestre dans le siècle, 2014. Rosemarie FERENCZI,Kafka. Subjectivité, histoire et structures, 2014. María Beatriz GRECO,Une autorité émancipatrice, Un parcours de la pensée de l’égalité chez Jacques Rancière, 2014. Auguste EYENE ESSONO,Le mythe, l’écriture et la technique, 2014.
Fabrice Audié
SPINOZA
Problèmes de l’idée vraie
Préface de Pierre-François Moreau
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-04130-8 EAN : 9782343041308
Préface
Quand on lit les commentaires sur leTractatus de intellectus emendatione, que la tradition française a pris l’habitude d’intitulerTraité de la réforme de l’entendement, on a l’impression de se trouver devant deux écueils symétriques : la fuite dans les généralités et le débat sur la chronologie.
D’un côté, une certaine coutume universitaire fait de cet ouvrage une sorte de « Discours de la Méthode », parallèle à celui de Descartes, que l’on pourrait lire comme une introduction générale à la discipline philosophique, sans trop se soucier de ses enjeux et de ses déterminations proprement spinozistes, et dont on peut retenir quelques slogans (« le vrai est l’index de lui-même et du faux », « autre est le cercle, autre est l’idée du cercle », la pluralité des genres de connaissance). La relative brièveté du texte a contribué (malgré son inachèvement) à le rendre populaire et à en faire un objet privilégié des programmes d’examen. Certes, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’un livre de philosophie soit lu par d’autres que des spécialistes, et il est légitime de chercher dans un tel ouvrage autre chose que des réponses à des questions purement techniques. Mais il y a un prix à payer : c’est que leTraités’appuie sur un certain nombre de notions, créées ou empruntées, dont le sens est transformé depuis les « héritages » et de nouveau, parfois, à l’intérieur même du texte. Il faut donc regarder le texte d’assez près pour saisir de quoi il retourne. Qui s’abstient de cette étape risque fort de se condamner à énoncer des lieux communs qui seraient simplement homonymes aux concepts spinozistes.
D’un autre côté, puisque leTraitéfut livré aux lecteurs que ne tardivement, dans lesOpera Posthuma, se pose la question de
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sa date de rédaction. Elle se pose d’autant plus intensément e depuis que l’on a découvert, au XIX siècle, une autre œuvre de jeunesse, leCourt Traité. Du classement chronologique de ces deux ouvrages dépend la conception que l’on se fait de l’évolution de Spinoza et donc – peut-être – le sens que l’on donne à l’Ethique, censée être l’aboutissement de cet itinéraire. Cette recherche est bien entendu tout à fait nécessaire, mais on ne saurait y réduire la lecture de l’œuvre, et parfois la première a pu faire du tort à la seconde. On sait les diverses hypothèses de Sigwart, Gebhardt, Mignini. Plutôt que de reprendre ici tous leurs arguments, il faut rappeler les quelques éléments sûrs qui, dans laCorrespondance, mentionnent leTraité(ouunTraitéquitte à savoir lequel) ainsi que les matériaux de son contenu : dans la lettre 2 Spinoza, en réponse à Oldenburg, définit Dieu et amorce la théorie de la substance, puis se prononce sur les erreurs de Bacon ; la lettre 6 annonce au même Oldenburg : « Quant à votre nouvelle question au sujet de l’origine des choses et du lien qui les rattache à la cause première, j’ai composé sur ce sujet et aussi sur la purification de l’entendement un ouvrage entier ; je suis occupé à l’écrire et à le corriger. Mais j’abandonne parfois cet ouvrage, parce que je n’ai pas de décision prise au sujet de sa publication. Je crains, en effet, que les théologiens de notre temps n’en soient offusqués et qu’ils ne m’attaquent de la façon haineuse dont ils sont coutumiers, moi qui ai les polémiques en horreur. » ; la lettre 37 indique à Bouwmeester comment concevoir la méthode, tout en soulignant la nécessité d’accompagner cette recherche d’une règle de vie ; dans la lettre 59, Tschirnhaus, tout en s’interrogeant sur la différence entre idée vraie et idée adéquate, pose la question : « Quand aurons-nous votre Méthode pour diriger la raison dans la recherche des vérités inconnues, comme aussi votre exposé d’ensemble de la physique ? Je sais que vous avez beaucoup avancé dans cette science » et dans la lettre 60, Spinoza répond, après avoir traité
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du vrai et de l’adéquat : « pour ce qui est du mouvement et de la méthode, j’en parlerai dans une autre occasion, n’ayant pas encore mis par écrit dans l’ordre convenable ce qui s’y rapporte ». Deux ans plus tard, en publiant lesŒuvres posthumes, les éditeurs présentent ainsi leTractatus de intellectus emendatione: « CeTraité de la Réforme de l’Entendementnous te donnons ici, lecteur bienveillant, que dans son état d’inachèvement, a été composé il y a bien des années, par l’auteur. Il eut toujours dans l’esprit de le terminer ; d’autres soins l’en ont empêché, et la mort finit par l’enlever avant qu’il eût pu, comme il l’eût désiré, mener son œuvre jusqu’au bout. ». C’est à partir de ces quelques passages, et de l’analyse interne des deux ouvrages, que s’échafaudent les hypothèses sur la datation de chacun et sur leur ordre de succession.
Sans méconnaître ces problèmes, et tout en en discutant parfois les arguments, Fabrice Audié a choisi une autre voie, qui nous fait pénétrer plus avant dans la compréhension duTraité: il s’agit d’élucider quelques-uns de ses termes principaux pour en reconstruire le lexique, l’enchaînement et la conceptualité. Et ce sont les questions tournant autour de la notion d’idée vraie qui balisent ce parcours. Dès lors, il faut minutieusement analyser les lieux principaux où elle surgit, ceux qui mentionnent les notions qui lui sont associées, évaluer les interprétations qui en furent avancées, et les confronter à la réalité des mots, de leurs équivalences, de leurs déplacements ; il faut mesurer les énoncés aux exemples qui en sont fournis, et en repérer les limites ; il faut étudier la répartition de leurs occurrences, car il n’est pas indifférent qu’un terme ou une expression se situe à tel ou tel moment de l’ensemble – et les nuances de son emploi
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