Spinoza 421
118 pages
Français

Spinoza 421 , livre ebook

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Description

Est-il suffisant de clore le raisonnement sur ce à quoi l'on se fie par évidence intime, pour que les croyances se justifient et guident à coup sûr le cheminement de la connaissance personnelle ? Telle est la question majeure soulevée par la lecture de Spinoza. Une réponse affirmative, fondée sur cette conception du fonctionnement de l'esprit, peut s'avérer puissante et convaincante. Mais aide-t-elle vraiment l'être humain à échapper au doute et à toute rencontre avec l'irrésolution de l'univers ?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2012
Nombre de lectures 44
EAN13 9782296481848
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

Spinoza 421
Georges Lerbet
Spinoza 421
Entre croyance et doute L’HARMATTAN
Du même auteur La latéralité chez l’enfant et l’adolescent(Editions Universitaires, 1969) Piaget(Editions Universitaires, 1971) L’éducation démocratique.(Champion, 1978) Approche systémique et production de savoirUniversitaires, (Editions 1984, L’Harmattan, 1993) De la structure au système. Essai sur l’évolution des sciences humaines(Editions Universitaires, 1986) L’insolite développement. Vers une science de l’entre-deux (Editions Universitaires, 1988) Le flou et l’écolier. La culture du paradoxe (Editions Universitaires, 1990, L’Harmattan, 2005) L’école du dedans(Hachette, 1992) Système, personne et pédagogie. Une nouvelle voie pour l’éducation(ESF, 1993) Bio-cognition, formation et alternance(L’Harmattan, 1995) Les Nouvelles Sciences de l’Education. Au cœur de la complexité(Nathan, 1995) Pédagogie et systémique(PUF, 1997) L’autonomie masquée. Histoire d’une modélisation(L’Harmattan, 1998)Dans le tragique du monde(Edimaf, 2002) Le sens de chacun. Intelligence de l’autoréférence en action(L’Harmattan, 2004) La franc-maçonnerie. Une quête philosophique et spirituelle de la connaissance(Armand Colin, 2005) (avec René Le Moal) L’expérience du symbole(Véga, 2006) L’ignorance et la sagesse. Essai sur le divin(Véga, 2008) Une expérience maçonnique. Essai de philosophie concrète(Véga, 2011) © L’HARMATTAN, 2012 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96177-7 EAN : 9782296961777
Sommaire I Bribes de mémoires............................................................. 7 [1] Rapprochements triviaux ................................................... 7 [2] Traces d’enfance ................................................................ 8[3] Transitions intérieures ........................................................ 10 [4] Pratiques édifiantes ............................................................ 11[5] Dictionnaire intime ............................................................ 13 IIMises à jour......................................................................... 17[1] Introductions philologiques ............................................... 17 [2] Supports sémantiques ......................................................... 20 [3] Genres de connaissances .................................................... 21 [4] Principes déductifs ............................................................. 24 [5] Critiques du cogito ............................................................. 27 [6] Approfondissements dusive .............................................. 30 III Croyances masquées........................................................ 33[1] Déterminations étroites ...................................................... 33 [2] Quêtes de sens .................................................................... 35 [3] Corroborations épistémologiques ...................................... 37[4] La raison distribuée ............................................................ 39[5] Clivage décisif et fondateur ............................................... 45[6] Une philosophie sans doute ? ............................................. 50IV Dépassements épistémologiques...................................... 55[551] Constructivisme et complexité ........................................... [2] Intériorisation subjective et incomplétude fondatrice ......... 57 [3] Explicitations cartésiennes ................................................. 59 [4] Contrepoints spinoziens ..................................................... 62 [5] Critiques cognitivistes et statut de l’esprit ......................... 64 [6] Bonnes raisons spinoziennes .............................................. 66 [7] Controverses cartésiennes .................................................. 69 [8] Corrélats existentiels ........................................................... 72
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V Politiques d’un temps......................................................... 75[............................................. 751] De la nécessité démocratique [2] Un point critique significatif ............................................... 77[3] Raisons théologiques .......................................................... 80[4] Une laïcité primordiale ....................................................... 82[5] Forclusions miraculeuses .................................................... 85VI L’individu au monde..8....9...................................................[1] Vers un complexe énergétique ............................................ 89 [2] Questions de gouvernabilités .............................................. 93[3] Cadrages de gouvernances .................................................. 96[4] Décisions satisfaisantes....................................................... 98VII Un joueur risqué.............................................................. 101 [1] A l’infini de Spinoza ........................................................... 101[2] Le pari du vrai ..................................................................... 103Eléments bibliographiques sommaires................................. 109Index........................................................................................ 115
I
Bribes de mémoires
[1] Rapprochements triviaux [2] Traces [3] Transitions intérieures [4] Pratiques [5] Dictionnaire intime
d’enfance édifiantes
[1]Quiconque, tel un Huron, tomberait sur notre planète et dans nos pays ne pourrait pas ne pas être surpris en constatant combien un homme d’hier, vieux de près de quatre siècles, peut aujourd’hui encore, au vingt-et-unième, retenir l’attention. Les bonnes pages de son œuvre se mêlent bien souvent aux préoccupations les plus actuelles comme cela se passait déjà au siècle des Lumières au point que, depuis une période récente, Spinoza, puisque c’est de lui dont il s’agit, devient souvent un référent obligé dans un monde en quête de sens.
Monde chaotique envahi par l’angoisse existentielle ? Y prévaut le mélange des savoirs. Le tohu-bohu remplace insidieusement dans les têtes et les divers groupes sociaux, l’ordre clair et bien établi supposé être celui d’un hier
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merveilleux. Babel paraît s’imposer sans qu’un Nemrod n’émerge sur l’horizon brouillé.
Le vieux philosophe serait-il un de ces chasseurs organisateurs de vérités qui tentent d’éviter les dérives perverses ? Lui dont le parti pris conjectural semble avoir résonné jusque chez les inventeurs de nos modèles en tous genres et encore actuels, n’aurait-il pas souscrit à la formule « Dieu ne joue pas aux dés » ? N’aurait-il pas accordé toute l’attention souhaitable à ce qui met l’esprit en éveil lors de ses confrontations avec une philosophie censée reposer sur la détermination de la réalité ?
Cette réflexion qui mêle Spinoza à des rêveries mythiques imaginaires m’a valu la libération d’associations mentales audacieuses. Elle me renvoie à des traces bien lointaines inscrites dans ma subjectivité. Hasard significatif dans ma vie, une expérience toute personnelle joint Spinoza à un livre d’Alain découvert dès l’enfance.
[2] Dans son bureau, mon père avait une collection d’ouvrages parus chez Mellottée après la seconde guerre mondiale. Celui d’Alain allait plus souvent de table en chaises que sur les rayons. Comme tous les livres de la maison, il était en libre accès ; si bien qu’à force de le côtoyer, le gamin que j’étais l’ouvrait parfois sans trop savoir que faire des lectures bricolées qui me dépassaient. Toutefois, j’avais acquis une vraie familiarité avec Spinoza. Ce nom-titre écrit en rouge sur fond blanc-crème était devenu pour moi un signal très banal. Les bribes que je parcourais parfois avec une attention sérieuse me paraissaient bien agréables. Même si les apparences stylistiques ne me rebutaient pas, je n’étais pas encore en mesure de m’appesantir sur d’autres aspects du texte.
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« Un peu difficile pour toi », me dit un jour mon père en guise de connivence complice. Cette phrase sibylline posait un peu une distance sacrée. Je l’ai néanmoins ressentie comme l’autorisation intérieure de prendre et conserver une attitude critique à cet endroit. Sans préventions blasphématoires, je me suis habitué à regarder Spinoza à la fois librement démystifié et porté en haute estime. Je n’en ai pas fait un objet de contemplation mais un auteur abordable sans inhibition, peut-être en souvenir de la liberté de penser familière qui flottait dans le bureau de mon père.
C’est un peu plus tard que j’y ai côtoyéL’Ethique. Telles des bribes rencontrées ici et là, je n’eus pas beaucoup de peine à oser découvrir les propositions avec un regard surtout empreint de toutes sortes de connotations. Je m’y sentis à l’aise en me contentant du sens vulgaire qui ramenait les phrases difficiles à des brèves de comptoir. Dans l’instant, elles enveloppaient de leur flou les notions les plus communes sans m’obliger à accomplir un travail d’élucidation plus manifeste dont je commençais à peine à apprendre formellement la mise en œuvre dans les domaines les plus scolaires de l’enseignement secondaire.
Les traces de ces moments précoces de mon histoire ne sont pas innocentes dans la liberté, un peu triviale, que j’ai prise à accrocher Spinoza au 421 dès le titre de cet ouvrage. Comme les 4 siècles passés rapportés au rang du nôtre, ces chiffres fournissent à bon compte une justification de l’attention portée à la question de la détermination du réel appuyée sur le choix d’aléas.
[3]Pendant longtemps, dans la suite de ma vie, la toile de fond spinozienne s’est estompée de mes préoccupations existentielles les plus immédiates, même s’il est fort probable qu’elle n’ait pas cessé de tarauder ce qui stagne au cœur des
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résidus les plus inconscients de l’individu. Trop difficile à penser et à vivre durant une jeunesse curieuse et envahie par le désir de maîtriser au mieux ce que l’on apprend depuis et grâce à ce que l’on est en train de vivre, cette trame s’est enfouie, froissée et complexifiée tout en demeurant porteuse des germes d’une cognition en quête de cheminements ultérieurs.
Il m’est subjectivement très banal de reconnaître que ce fut alors que Montaigne commença à me toucher profondément. Il s’instaura même comme le référent avec lequel je résonnais de la façon la plus satisfaisante et harmonieuse. A travers sa lecture mise à l’épreuve de toute ma sensibilité j’appris à assumer un peu de la vie de l’instant au point que son œuvre devint la source constructive de mes efforts de décentration pour penser et réfléchir depuis ce que j’avais été amené à intérioriser. Dans cette ambiance de poétisation intime, il me semble que s’avéra le commencement à peine lucide d’une expérience authentique de la construction d’une pensée à mon propre compte. Il me semblait possible de circonscrire une connaissance personnelle que je pouvais sans trop de peine décliner en un savoir que, désormais, je n’hésitais pas à oser essayer de transmettre. Expérience de « production » sciemment originale plutôt que simple consommation à l’efficience illusoire d’un donné importé qu’il aurait fallu exporter vers le monde, tel un perroquet et sans la moindre exigence de transformation signifiée.
Sur de telles bases affermies, je pris donc bien vite le parti de la contestation envers les discours dans lesquels les « aliments » physiques ou psychiques arrivent de plein fouet sur leur cible comme des injures faites à l’esprit ; comme si les informations devaient seulement s’incruster dans l’individu réduit à l’état de récepteur bien patient. J’assimilais
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