Métaphysique et psychanalyse
180 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

180 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Métaphysique et psychanalyse sont, l'une comme l'autre, hybrides d'un certain point de vue : la psychanalyse est un "art" et une science, la métaphysique une science et une "voie" ; de là, les controverses continues dont elles peuvent faire l'objet. Six contributeurs, des horizons variés de la psychanalyse, de la psychologie ou de la philosophie, délivrent ici un dialogue sans concessions, entre métaphysique et psychanalyse.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2013
Nombre de lectures 47
EAN13 9782336663159
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection Métaphysique au quotidien
dirigée par Bruno Bérard et Annie Cidéron
La collection Métaphysique au quotidien entend diffuser auprès d’un public élargi des doctrines métaphysiques vivantes ou, d’une certaine façon, « vécues » par ceux qui les exposent.
Fondée par une démarche philosophique – ouverte, par définition –, la collection encourage le dialogue avec d’autres domaines de la science comme la psychologie, la physique, la logique, la cosmologie, l’éthique…
Pour faciliter la communication, les trois modes d’exposition principaux retenus sont le dialogue, l’ouvrage collectif et le récit-témoignage.
DÉJÀ PARU :
François CHENIQUE, Souvenirs métaphysiques d’Orient et d’Occident , Entretiens avec Christian Rangdreul, 2009.
Qu’est-ce que la métaphysique ? , par Bruno BÉRARD, Jean BIÈS, Jean BORELLA, François CHENIQUE, « Martin HEIDEGGER », Aude DE KERROS, Kostas MAVRAKIS, PAMPHILE, Alain SANTACREU, Wolfgang SMITH, Emmanuel TOURPE, Jean-Marc VIVENZA, 2010.
Bruno BÉRARD, Jean BORELLA, Métaphysique des contes de fées , 2011.
Jean BIÈS, Le soleil se lève à minuit, initiation aux sagesses du quotidien , 2011.
Georges BRUNON, L’art sans l’histoire de l’art , 2011. Henri GIRIAT, Gleizes l’initiateur , 2013.
Titre

Bruno BÉRARD, Alain BRUN, Michel CAZENAVE, Paul DAWALIBI, David LUCAS, Dominique RENIERS








MÉTAPHYSIQUE ET PSYCHANALYSE







Métaphysique au quotidien
Copyright

© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-66315-9
INTRODUCTION MÉTAPHYSIQUE ET PSYCHANALYSE
S ECTION I : POSITION PROPRE SUR LA QUESTION
Si la psychanalyse n’était qu’un art – fût-ce celui de soigner – et la métaphysique qu’une philosophie parmi d’autres, leur association dans le titre de cet ouvrage paraîtrait incongrue, comme de vouloir étudier conjointement physique et esthétique, zoologie et monadologie, astronomie et morale…
Si la psychanalyse n’était qu’une science et la métaphysique que la science des sciences 1 , leur relation serait aussi simple que l’épistémologie 2 peut l’être, l’une étudiant l’autre.
Mais, psychanalyse et métaphysique sont, l’une comme l’autre, hybrides d’un certain point de vue : la psychanalyse est un « art » et une science, la métaphysique une science et une « voie » ; de là, assurément, les controverses continues dont elles peuvent faire l’objet.
Penseur et pensées, une confusion possible
Commençons par relever le fait que la métaphysique implique le métaphysicien qui la pense, non pas de façon implicite, inconsciente et critiquable, mais de façon nécessaire, consciente et incontournable 3 , à l’image, mais bien avant l’heure, de cette physique quantique où l’observateur a désormais conscience de son influence sur l’observation elle-même, ou de la phénoménologie, qui se détourne des « entités »
– les subjectives comme celles réputées inconnaissables – au profit de la relation plus « objective » qui les relie. Il en va de même de la psychanalyse, non pas en ce qu’elle variera suivant leur auteur : psychanalyse freudienne, jungienne, adlérienne, rankienne, reichienne, lacanienne… et jusqu’à des théories passablement divergentes – ce qui est le propre du développement de toute science –, mais en ce que des individus, Freud (1856-1939), Jung (1875-1961), Lacan (1901-1981)… exprimeront des idées propres qui dépasseront, et de loin parfois, l’horizon strictement scientifique de ce que serait la psychanalyse comme science curative expérimentale.
Cette implication des « questionnants » n’est pas sans être problématique. Banalité au quotidien, cette implication devient problématique quand la science métaphysique révèle qu’elle est nécessairement confessionnelle 4 , ou quand l’art curatif psychanalytique devient anthropologie, quand bien même tacitement.
Or, il nous apparaît que la métaphysique – fût-elle exprimée en langage chrétien – l’a résolu lorsqu’elle reste aporétique et, surtout, apophatique, sur les questions ultimes – ce qui est la définition même et le terme de la métaphysique 5 . Certes, nous avons affaire à une situation paradoxale, et qui, dès lors, a pu prêter à confusion aux observateurs en retrait : la métaphysique, qui implique le métaphysicien qui la pense, n’est pourtant pas, pour autant, le système plus ou moins personnel qui pourra en découler (du fait du maître ou par effet d’école), qu’il s’agisse, de l’antiquité au XXe siècle, du platonisme, du cartésianisme, du guénonisme, et de tant d’autres 6 . C’est que la métaphysique est ce bien commun qui n’appartient à personne : « c’est par nature que la philosophie est présente dans la pensée de l’homme », dit Platon dans Phèdre (279 a) et « la philosophie n’est que la mise en marche de la métaphysique », ajoute Heidegger 7 , laquelle métaphysique est ainsi, peut-on dire, l’essence de l’homme 8 .
Résolue donc, au moins théoriquement, par la méta physique, il nous semble que cette problématique n’est, en revanche, pas réglée du côté de la psychanalyse. Faudrait-il faire une exception pour Jung ? C’est ce qui nous est donné à penser par Michel Cazenave, qui nous montre un Jung bien éloigné des dires répétés ou des idées reçues, absent de ce qu’il dénomme la « vulgarisation paresseuse ». En effet, nous le verrons, Jung se défend bien, par exemple, de confondre l’image psychique de Dieu avec Dieu Lui-même, dont il laisse explicitement, et à juste titre, une autre science – qui n’est pas la sienne – s’occuper : la théologie 9 . Certes, une telle position du psychologue des profondeurs n’apparaîtra pas telle à mains lecteurs des doctrines jungiennes, mais, a minima , une relecture à nouveaux frais de ces doctrines pourra paraître justifiée. Dans tous les cas, il y a là une distinction irréductible, entre pensée intime et exposé construit puis diffusé (puis commenté, puis déformé…), entre « maître » et « école », qui est bien à l’image, en philosophie par exemple, de la recherche légitime d’un Platon débarrassée du platonisme 10 ou de la question dirimante : Descartes était-il vraiment cartésien ? 11
L’invisible : illusion ou absence par transcendance ?
Il faut en venir aux critiques respectives que se sont faites métaphysique et psychanalyse et qui se résument à l’alternative : ce qui ne peut être saisi au niveau des choses et des entités « mondaines », est-ce une illusion ou une « absence » par transcendance ? Oublions un instant leurs statuts inégaux de science des sciences : la métaphysique (qui est attitrée à prendre pour objet toutes les autres sciences), et la psychanalyse en tant que science expérimentale – son art de guérir –, pour ne considérer exclusivement que l’autre versant de leur « hybridité » : la psychanalyse comme anthropologie et la métaphysique comme « voie », qui sont les positions respectives pouvant prêter le flanc à la critique.
Si le psychanalyste Alain Brun se garde bien de discuter cette « reconnaissance d’un au-delà transcendant » propre à la métaphysique 12 ; si Jung, on l’a évoqué, laisse à la science théologique le soin de « s’occuper de Dieu » 13 , il semble bien que la démarche freudienne soit différente. Le freudisme, en effet, se donne proprement pour tâche d’investir l’âme religieuse et se présente lui-même comme une « anti-religion » 14 :
– une « jeune science […qui est] un morceau de terre inconnue gagné sur les croyances populaires et sur le mysticisme » 15 ;
– un dernier livre consacré à la religion et résumant toute son œuvre ( Moïse et le monothéisme , 1939) ;
– une croyance que « la conception mythologique du monde, qui anime jusqu’aux religions les plus modernes, n’est autre chose qu’une psychologie projetée dans le monde extérieur » 16 ;
– une tentative de « traduire la métaphysique en métapsychologie » 17 : interprétation consciente de la paranoïa religieuse et métaphysique ;
– des affirmations explicites : « la religion a évidemment rendu de grands services à la civilisation [en contribuant à dompter les instincts asociaux], mais elle n’a pu aller assez loin dans ce sens » 18 . En effet, elle n’est qu’ »un délire collectif » pour éviter la « névrose individuelle » 19 ;
– une conception de « la religion comme constituant un pendant pathologique de la formation des religions » et une qualification de « névrose la religiosi

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents