Éducation et sécularisme
246 pages
Français

Éducation et sécularisme , livre ebook

246 pages
Français

Description

Les articles ici rassemblés témoignent d'une réflexion sur les rapport entre l'éducation et sécularisme ou laïcité dans des cultures aussi diverses que celles de l'Algérie, du Nigéria et du Mali, de l'Ile Maurice, du Sri Lanka ou de l'Inde. Ils sont le fruit d'un échange entre universitaires de ces pays et leurs collègues espagnols, français et tchèques, et présentent des perspectives théoriques, littéraires et artistiques.

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Publié par
Date de parution 01 novembre 2013
Nombre de lectures 7
EAN13 9782336329703
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Évelyne Hanquart-Turner Ludmila Volná
ÉDUCATION ET SÉCULARISME Perspectives africaines et asiatiques
Discours identitaires dans la mondialisation
Collection « Discours identitaires dans la
mondialisation »
Dirigée par Michel Naumann
La collection « Discours identitaires dans la mondialisation » entend rendre compte des nouvelles conditions dans lesquelles se vivent les identités sociales et communautaires, notamment les contacts auxquels sont exposées ces identités mais aussi la faiblesse d'une mondialisation qui, à cause de son caractère marchand et des inégalités qu'elle génère, ne peut créer une identité universelle qui emporte l'adhésion. Les nouvelles façons de se définir révèlent alors parfois des caractères inquiétants alors que d'autres au contraire s'ouvrent à une perspective altermondialiste. Déjà parus Déborah JENNER et Malou L’HÉRITIER,Espace mondialisation, 2013. Natalia NAYDENOVA et Salihou CAMARA,Littérature africaine et identité : un hommage à Chinua Achebe, 2013.Évelyne HANQUART-TURNER,La voix anglophone du roman indien, 2013. Belkacem BELMEKKI, Madhu BENOIT, Michel NAUMANN, Joëlle WEEKS (sous la dir.),La Terre, question e vitale au XXI siècle, 2012. Monique HERITIER et François ROPERT,Textes mystiques, discours identitaires,2012. Geetha GANAPATHY-DORE et Michel OLINGA,Images changeantes de l’Inde et de l’Afrique, 2011. Rachida YACINE,Langues nationales, langues de développement. Identité et aliénation,, 2011.
Éducation et sécularisme
Ouvrage publié avec le concours du CICC-EA2529 (Centre de recherches « civilisations et identités culturelles comparées des sociétés européennes et occidentales ») © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Pariswww. harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-01916-1 EAN : 9782343019161
Évelyne HANQUART-TURNERLudmila VOLNÁÉducation et sécularisme Perspectives africaines et asiatiques
Des mêmes auteurs
La voix anglophone du roman indien, De l’Empire à la diaspora(E. H.-T.), L’Harmattan, 2013
The Children of Midnight,.Contemporary Indian Novel in English, (L.V. et al.) Pencraft International, 2012
Introduction
L’un des principaux fondements de toutes les cultures dans leur diversité est l’éducation. Ce « geste anthropologique » (Fath, 2006) est essentiel puisque c’est par lui que l’individu s’adapte au monde dans lequel il est né et intègre la société qui l’accueille. C’est donc aussi par l’éducation que chaque société croît et se perpétue. Ainsi, en fonction de celle-ci, l’éducation prend de multiples formes, pratiques, intellectuelles et morales. Sans elle, il n’y a ni survie ni appartenance possibles. Comme l’éducation est le moyen par lequel chaque société conditionne l’individu pour le rendre bien adapté à son environnement physique et menta,l et le rendre apte à jouer le rôle que lui assigne sa communauté, son lien millénaire avec la religion, elle aussi fondement et expression d’une certaine vision du monde, apparaît, une fois encore dans la diversité des cultures, comme essentiel. Elle en reflète depuis des siècles les croyances, physiques et métaphysiques, les plus profondes. D’ailleurs, nombreuses sont celles dans lesquelles la caste des prêtres revendique ou a revendiqué le monopole de l’éducation formelle avec sa dialectique d’intégration et d’exclusion réservant à certains cette ouverture et lui conférant par là sa nature de privilège initiatique, et laissant sur le seuil le plus grand nombre. Le statut souvent prestigieux des clercs, détenteurs du savoir et du lien privilégié avec le divin confère donc à l’éducation et aux éducateurs un rôle primordial dans le fonctionnement social, et l’emprise de la religion sur ses aspects formels a été et reste encore dans certains cas une force puissante sur le devenir des sociétés, un facteur politique potentiellement déterminant avec lequel il faut compter. C’est précisément en réaction à ce pouvoir des religieux sur la formation des élites sociales qu’à la fin du Moyen Age, avec la Renaissance et la Réforme apparaît en Occident une tendance à la sécularisation de l’éducation, un souci naissant de séparer ce qui appartient à César et de ce qui est à Dieu. Une approche
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plus rationnelle du monde, la naissance d’un esprit critique, l’accès élargi aux textes fondateurs savants ou sacrés sont les signes de cette démarche vers une éducation sécularisée parallèle à un affaiblissement progressif de l’influence cléricale. Le monde laïc s’affirme de plus en plus sur le devant de la scène politique, si bien que l’éducation que la Cité recherche pour ses membres reflète ses nouvelles nécessités au détriment de l’influence des clercs. Si, en Occident, depuis le siècle des Lumières, la laïcité a été plus ou moins confondue avec la reconnaissance du pluralisme religieux, les circonstances historiques de la France née de la Révolution ont donné à la laïcité « à la française » une couleur particulière, celle de la séparation de l’espace public et de la pratique religieuse réservée au domaine privé, intime. Les lois de Jules Ferry sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat comme sur l’école obligatoire ont marqué la rupture volontaire entre la tradition ancestrale de l’école sous influence des ministres du Culte et l’éducation “républicaine” et nationale, hostile à cette influence, et désireuse de promouvoir les idéaux de la Révolution. Ces deux conceptions de la laïcité, l’une qui se borne à reconnaître et promouvoir le pluralisme religieux comme un fait de société qui ne doit pas affecter l’éducation, 1 l’autre qui, remplaçant une forme d’intolérance par une autre , cherche à en éradiquer toute notion du fait religieux, entraînent à undistingo qu’il est utile d’exprimer dans un choix sémantique entre sécularisme et laïcité. Ainsi le sécularisme, fruit de la sécularisation de la société, sera l’attitude qui, du point de vue politique et social, et plus particulièrement ici du point de vue éducatif, ne nie pas le fait religieux dans la vie publique, mais adopte une neutralité certaine à son égard, ne favorisant aucune des religions de la nation, alors que le terme de laïcité servira à décrire l’attitude « à la française » qui nie
1 importe à la République, il importe à tous ceux qui ont à: « Il Jules Ferry cœur la tradition de 1789, que la direction des écoles, que l’inspection des écoles n’appartiennent pas à des ministres des cultes qui ont, sur ces choses qui nous sont chères et sur lesquelles repose la société, des opinions séparées des nôtres par un si profond abîme. » Discours à la Chambre, 23 décembre 1880.
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l’existence du fait religieux dans la sphère publique, et en particulier dans l’éducation publique. Dans des sociétés non-occidentales qui n’ont pas été directement soumises à l’influence du siècle des Lumières, ni à la rationalisation qui en est issue, dans leur interprétation du monde, c’est-à-dire dans des sociétés où la religion reste fondamentale au sens premier et fort du terme, il est donc important d’étudier le rapport entre sécularisme et éducation en ce début de vingt-et-unième siècle où précisément dans diverses parties du monde des différents fondamentalismes religieux cherchent à marquer la sphère publique avec une force accrue, à assurer leur avenir en marquant aussi de leur empreinte les générations futures qui sont actuellement à l’école. En Asie comme en Afrique, plus particulièrement ici en Inde comme en Algérie, ce débat, plus ou moins ouvertement mené, paraît comme primordial au regard de l’avenir de ces sociétés. Cet ouvrage examine différents aspects de ce débat entre tradition et modernité, entre l’influence religieuse séculaire qui prédomine dans ces sociétés et l’influence occidentale souvent séculière et parée du prestige de l’efficacité et du succès matériels. Quel type d’éducation faut-il donner aux enfants, pour quel avenir national souhaité ? Confrontés aux égarements des sociétés occidentales mondialisées faut-il suivre leurs traces à travers une éducation sécularisée ou lui préférer une vision religieuse du monde ? La première garantit-elle la liberté de conscience et d’expression, l’apprentissage de la vie en commun et du respect d’autrui ? La seconde, ancrée dans les valeurs propres à chaque religion, peut-elle être encore le garant de la cohésion de la communauté et de sa perpétuation dans un monde de plus en plus exposé aux influences extérieures et à la présence de l’Autre ? Quel est le rôle de l’Etat dans ce contexte, puisqu’il s’affirme volontiers comme démocratique et donc garant de la liberté et de l’égalité de ses citoyens, même s’il ne peut l’être de leur fraternité pourtant souhaitable ? Autant de questions délicates et complexes sur lesquelles les différents chapitres de cet ouvrage s’interrogent et se proposent de jeter un certain éclairage. Leurs auteurs, eux-mêmes éduqués dans une pluralité de sociétés plus ou moins sécularisées, expriment
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