Et c est l Eglise qui...
114 pages
Français

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Et c'est l'Eglise qui... , livre ebook

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Description

Le temps, les circonstances, font de l'Eglise autre chose que le Royaume annoncé par Jésus. Atteindre les causes profondes de cet écart : une médiocre approche des réalités sexuelles, un souci idéologique, une pompeuse désuétude, l'accumulation de biens terrestres, le prurit identitaire. L'Eglise prendra-t-elle son destin en mains ? Elle sait user comme d'un glaive, des propos de celui qui "passait en faisant le bien". Que ne suit-elle ses conseils de débrouillardise, affleurant, dans l'Evangile, impitoyablement ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2011
Nombre de lectures 23
EAN13 9782296474697
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Et c’est l’Eglise qui…
Lysidas


Et c’est l’Eglise qui…

Pour un changement qui vaille la peine


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN , 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56256-1
EAN : 9782296562561

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Introduction
Chacun connaît sans doute la phrase d’Alfred Loisy, dont ce petit livre tire son titre : Jésus annonçait le Royaume, et c’est l’Église qui est venue. Parmi ses lecteurs, la proportion est grande, de ceux qui lui imputent quelque malignité. Voici cependant comment l’entendait son auteur :

… elle est venue en élargissant la forme de l’Évangile, qui était impossible à garder telle quelle, dès que le ministère de Jésus eût été clos par la passion. Il n’est aucune institution sur la terre ni dans l’histoire des hommes dont on ne puisse contester la légitimité et la valeur, si l’on pose en principe que rien n’a droit d’être que dans son état originel. Ce principe est contraire à la loi de la vie, laquelle est un mouvement et un effort continuel d’adaptation à des conditions perpétuellement variables et nouvelles. Le christianisme n’a pas échappé à cette loi, et il ne faut pas le blâmer de s’y être soumis. Il ne pouvait pas faire autrement.

Il serait exagéré de dire que la piquante formule, citée désormais à tort et à travers comme constituant la totalité de la pensée de l’historien {1} , ne dissimulait alors aucune intention originale. L’immutabilité supposée de l’Église, cimentée par le premier concile du Vatican, affirmait que le message reçu à l’aube de notre ère est présentement entre nos mains dans sa littéralité pure et simple, et que sa transmission est en pleine transparence depuis le temps où les mots de l’Évangile avaient franchi les lèvres de l’homme-Dieu. Les changements devaient absolument se réduire à des sortes d’ explicitations , voulues comme telles par la puissance divine.
Peu satisfait de cette conception, Loisy disait que l’Église change, selon les temps. À l’égard de celle-ci, il revendiquait pour lui-même la qualité de fidèle, mais il savait que le christianisme de la Rome décadente, ou celui des croisades, ne furent pas tout à fait les mêmes que celui de la contre-réforme, ni que celui des pèlerinages à Lourdes. Et, malheureusement, il savait à peu près la même chose, à propos de la différence entre le message qui fut celui de Jésus (le Royaume), et l’interprétation qui en fut faite par les premiers prédicateurs de la Bonne Nouvelle, dès la première fixation des textes chrétiens fondamentaux. Voila en quoi l’idée en question avait, à n’en pas douter, un certain parfum subversif.
Aujourd’hui, ce serait un péché véniel. Il suffit pour adoucir cela que Jean XXIII ait osé le mot « aggiornamento » !
Loisy ne disait nullement que l’Église est une pauvre chose misérable, indigne de ce Royaume initialement annoncé. Écrivain excellent et précis, il ne voulait pas proférer un jugement aussi hâtif. Mais il tentait de lui faire lever les yeux sur l’idée, et sur la méthode intelligente, d’une mise à jour nécessaire pour qu’elle tînt compte de l’état de la science historique, dans la formulation de son message.
Bien que nous ne soyons plus au temps de Loisy, je ne veux pas m’attarder sur les évolutions (très précautionneuses, au demeurant, et souvent superficielles) qui sont survenues depuis lors. Mais la leçon qu’il faut tirer de sa petite phrase est plus profonde. C’est à tout moment que l’Église prend conscience de nouveaux chantiers à ouvrir. Nous nous placerons, pour en parler, dans la période où ces pages sont écrites. Nous ne traiterons, très sommairement et en petit nombre, que de questions de fond. Dire que ces questions sont urgentes, serait un euphémisme : le temps où elles auraient mérité d’être traitées remonte à près d’un siècle, mais, au lieu de le faire, on a jugé utile de condamner les gens qui en parlaient.
Il ne faut pas être grand devin pour craindre que l’on n’accuse l’auteur d’hostilité à l’égard de l’Église, d’incroyance, et d’inspiration diabolique. Il proteste qu’on se tromperait. Il est catholique, et il souhaite, de toute la foi, et de toute la confiance, que Dieu lui a donnée, le rester.
À propos de Loisy, dont la mention qu’il en a faite va sans doute passer (à tort) pour une provocation, la question est de savoir si l’on continuera de monter en épingle les insuffisances (inévitables en son temps) de son expression théologique, et si, par ce moyen tendancieux, l’on s’obstinera à réprouver la lecture de ses ouvrages. Aujourd’hui même, il est de bon ton théologique et Romain de comprendre de la manière erronée que je viens de noter, sa phrase concernant le Royaume et l’Église. Pour conjurer la peur qu’il inspire encore, il faudrait le lire {2} .
Certains catholiques se disent traditionalistes. Nous parlerons aussi de tradition, mais le malentendu au sujet de cette notion, entre eux et nous, sera radical. Notre tradition ne sera pas peuplée de fantômes. Une tradition vécue est le lieu d’un lent mûrissement. Il est indispensable de réfléchir aux conditions de ce mûrissement, et pour cela, de revendiquer la tradition dans son caractère vivant. L’épithète qui conviendrait mieux, aux personnes qui prônent une tradition immobile, serait celle de littéralistes … et l’on sait tous les dégâts que peut amener l’usage d’un langage artificiel, qu’il soit créé de toutes pièces, ou qu’il se soit vu privé d’une partie de sa signification par l’effet des changements de la vie.
I Lectures dans l’Évangile
Dialogue
La parole est maintenant à Zébédée, patron-pêcheur du lac de Tibériade. La plus grande part de ce livre a été recueillie sous la forme d’un dialogue entre Jésus et lui. Peut-être, avec les siècles, est-il devenu un mystique… hypothèse risquée. En tout cas, il ne se donne pas pour tel. Il croit seulement que c’est en cette sorte que Jésus parlerait, le cas échéant.
Un peu de ta lumière.
Jésus Qu’espères-tu savoir de plus à mon sujet, que ce que disent les évangiles ? N’est-ce pas limpide ?
Zébédée J’aimerais arriver à m’en faire une idée personnelle, à nouer la gerbe de données secondaires éparses. Compléter, ou bien discuter, sans excès de contestation toutefois, l’image du Jésus abstrait des théologiens. On préfèrerait sans doute que je me borne à répéter que tu as une double Nature, avec un grand « N ». Mais ce sont là des mots, des mots qui t’éloignent de nous, et qui font que notre entourage, ou le monde tel qu’il est, se désintéresse de toi.
Jésus Il paraît que tu t’ingénies parfois à analyser les styles. Essaie de trouver le mien.
Zébédée Merci, Jésus. Il est vrai que d’autres l’ont plus ou moins tenté, naguère ; on les accusa de superficialité. J’essaierai d’éviter cet écueil, et de décrypter, en une seule et même opération, le style, et quelque chose du sens. Voici donc mon premier fil conducteur. Assoiffés qu’ils sont souvent de morale normative et de garde-fous sécurisants, il me semble que tes fidèles ne remarquent guère que ton esprit courait aux paradoxes, prenait en quelque sorte plaisir à déconcerter irrémédiablement la morale reçue. Nombre de tes paroles qui sont passées en préceptes prenaient leur source dans une réaction paradoxale de ta part.
Jésus Je m’inquiète. Voudrais-tu faire de moi un simple agitateur ?
Zébédée Non… car, d’un côté, tes paradoxes vont beaucoup plus loin, ils plongent dans l’utopie (on en reparlera). Et d’autre part, je n’ai évidemment pas la prétention de dire que tu t’y révèles tout entier. Ils sont une étape : après qu’on les a observés, on a encore un aussi grand nombre de tes décisions, qui sont des argumentations habiles, des répliques percutantes, sans parler de tout l’élan de communication confiante, qui inspirait ton enseignement. Les expressions du genre : « voyant la foule, il les enseignait », supposent évidemment un style fondamentalement direct (sauf exceptions ponctuelles qui sont mentionnées avec précision). Mais cela n’empêche pas que le réflexe paradoxal n’affleure beaucoup plus souvent qu’on ne le croit généralement, et surtout, que ce réflexe ne soit profondément significatif d’une personnalité intellectuelle. C’est cette sensation de ta présence que je cherche, pour amorcer notre réflexion.
Jésus Alors, commence.
Zébédée Ce n’est pas sur les paroles manifestement paradoxales que je veux insi

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