Grottes et rochers, lieux de culte et de Sainteté dans le Midi
82 pages
Français

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Grottes et rochers, lieux de culte et de Sainteté dans le Midi , livre ebook

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Description

La grotte et le rocher constituent des lieux de prédilection pour le culte et la sainteté dans l'histoire de toutes les religions. Le rocher correspond à une connotation d'appui, d'adossement qui sécurise ou permet de soutenir l'effort d'une élévation. La grotte, elle, sécurise en tant qu'abri, que refuge. La plus renommée est la grotte de Lourdes - mais elles abondent également dans le midi.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2014
Nombre de lectures 23
EAN13 9782336691107
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Copyright

© L’HARMATTAN, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-69110-7
Introduction à la journée d’études
Éléments incontournables des paysages naturels visuels, la grotte et le rocher constituent des lieux de prédilection pour le culte et la sainteté dans l’histoire de toutes les Religions.
Le rocher répond à une connotation d’appui, d’adossement qui sécurise ou permet de soutenir l’effort d’une élévation. Ainsi, Dieu, dans les Psaumes, n’est-il pas appelé « le Rocher d’Israël » ? Et le bâtisseur de l’Église ne porte-t-il pas le prénom suggestif de « Pierre » ?

À l’inverse, la grotte sécurise à son tour, mais en tant qu’abri, que refuge. Dans cette acception, elle peut correspondre à un symbole de maternité, à une intériorité qui protège et préserve tous les liens intimes qui lui sont confiés : elle ponctue toute la vie terrestre du Christ, de la crèche dans la grotte-étable jusqu’au tombeau fermé par la pierre que l’on y avait roulée.
La grotte suggère toujours une descente, un mouvement vers l’intérieur, un endroit où faire le point. C’est sans doute la raison pour laquelle elle attira de nombreux ermites, dont certains devinrent des Saints ou des Saintes célèbres, qui se mirent en retrait du monde afin de mieux prier et se recueillir.

La plus renommée de ces grottes, toujours propices à la prière, aux guérisons du corps et surtout de l’âme, est sans contexte la grotte de Lourdes, la grotte de Massabielle. Mais elles abondent également dans notre Midi.
Premières habitations des hommes, refuges contre les bêtes ou les persécutions des autres humains, lieux intimes et confidentiels, les grottes, depuis la plus haute Antiquité, ont abrité des cultes, épargnés à la sainteté la corruption des temps et du monde, servi souvent de berceau au monachisme et, fréquemment liées à l’eau, guéri bien des maux visibles de tous… ou de Dieu seul.

Qu’en est-il dans notre Midi ?

Loin de moi l’intention de déflorer le propos de nos intervenants. Je me contenterai de présenter et de légitimer le choix de leurs interventions.
Il est arrivé, comme ce fut le cas à Marseille, que des grottes ou trous troglodytiques soient à l’origine du monachisme, après le regroupement et l’organisation des vies érémitiques … de véritables mouvements d’ordres religieux, notamment les Carmes, sont nés de ces rassemblements et Marseille en conserve encore aujourd’hui le vivant témoignage.

Plus ou moins proches de nous, ces espaces de culte et de prière subsistent, formant un précieux patrimoine architectural. Tel est le cas de l’Abbaye de Saint Roman, réduite au rang de prieuré au XII e siècle lorsqu’une communauté de quelques moines voulut s’affranchir de l’autorité de l’Abbaye de Paslmody. Ce monastère rupestre offre à notre regard un ensemble de salles, de galeries et de cellules creusées dans le calcaire … sans parler de l’impressionnante nécropole située sur la terrasse supérieure. Ce site classé monument historique remonterait au V e siècle. Un tombeau reliquaire aurait pu contenir un fragment de la main de saint Roman … Les pèlerinages y ont perduré jusqu’au XVII e siècle.

Remarquable présence également que celle du prieuré de Carluc, à proximité de Céreste. Son existence est attestée à partir du XI e siècle, mais il a probablement existé avant. Il fut rattaché à l’Abbaye bénédictine de Montmajour au tout début du XII e siècle. Cet ensemble médiéval conserve les vestiges d’une galerie rupestre et de multiples aménagements dans le rocher. Le rayonnement de Carluc fut conséquent jusqu’au milieu du XIV e siècle.
Tous ces lieux restent souvent liés à des Saint célèbres ou à la renommée locale inattaquable … et d’autant plus inattaquable qu’elle est locale ! Trois d’entre eux vont faire, ce jour, l’objet d’une communication : saint Montan, sainte Marie-Madeleine et saint Gens.

Le plus méconnu de nous est certainement saint Montan qui a donné son nom à une sympathique bourgade de l’Ardèche. Elle possède trois lieux de cultes pour à peine 1800 habitants.
Saint Montan était un ermite qui aurait vécu trente ans dans ce village au V e siècle.
Une chapelle, Saint André de Mitroys, est signalée dès le VII e siècle, bientôt rejointe au XIIe par deux églises : San Samonta, connue comme prieuré au X e siècle, et Saint André de Mitroys.
Notre ermite y développa la valeur de la solitude et fut imité, tout particulièrement, en 1674 par le Père Jean de Bruzeau de Tours qui quitta la Pilat pour vivre dans son ermitage de Brieux, au sud de Saint Montan. Il fut enterré au centre de l’oratoire jouxtant San Samonta, à flanc de rocher. Cet endroit est plus célèbre dans la région sous le nom de Notre-Dame de Lourdes… et s’avère être l’exacte copie de la grotte de Massabielle.

La Sainte Baume, quant à elle, désigne une grotte creusée dans le calcaire et qui aurait servi de refuge à sainte Marie-Madeleine. La forêt druidique de hêtres et de chênes a elle aussi contribué à la naissance d’un pèlerinage encore très fréquenté.
Cette grotte de la Sainte Baume se doit d’être reliée au culte des Saintes-Maries-de-la-Mer, sainte Marie-Madeleine s’y étant retirée après être arrivée en Provence avec Marie Jacobé, Marie Salomé, Marthe et Lazare. Elle y aurait vécu trente ans avant d’être transportée par des anges à Saint-Maximin, peu avant sa mort.

Saint Gens nous ramènera vers le rocher, objet de sa légende. Gens Bournaret se retira dans le vallon du Beaucet au XII e siècle avec ses deux vaches. Il souhaitait y mener une vie de prière, loin des sarcasmes du monde. Un loup ayant tué une de ses vaches, il le contraignit au joug pour la remplacer. La Légende Dorée de Jacques de Voragine nous prouvera que l’histoire est aussi banale que fréquente… Ce qui l’est moins, c’est son évolution dans le cas de saint Gens. Gens fit jaillir deux sources du rocher, une de vin et l’autre d’eau pour étancher la soif de sa mère.

Peu de temps après la mort de Gens, un prieuré fut élevé près de son tombeau. Un sentier jalonné d’oratoires conduit à la source miraculeuse réputée guérir les fièvres selon Mistral lui-même !
La châsse du saint, qui n’a jamais été canonisé, repose au creux du rocher, à l’intérieur du prieuré.

En élaborant la présentation du thème de cette journée, il m’est venu à l’esprit que grotte et rocher forment souvent une seule et même trajectoire spirituelle dans bien des lieux de dévotion. Les restes d’un saint, ermite ou pas, ou encore une statue sont retrouvés dans une grotte et la ferveur populaire, soutenue par l’Église, y construit un monument dédié à son culte, à proximité certes, mais adossé ou assis sur un promontoire rocheux : Rocamadour, Brantôme, Vals en Ariège, le Puy-en-Velay, etc…

Chantal de Saint Priest d’Urgel
De la Grèce à la Provence : la grotte lieu de protection et de guérison
Dans le milieu inquiétant, mais aussi protecteur de la grotte sont nées dans le monde entier et à tous les âges des croyances propres à chaque peuple. Archétype de la matrice maternelle, la grotte figure dans les mythes d’origine de renaissance et d’initiation. Lieu souterrain ou rupestre, des célèbres cavernes préhistoriques aux ermitages de l’Athos, des sanctuaires de l’Inde aux mystères d’Eleusis, elle fut célébrée particulièrement en Grèce antique et en Provence.
Selon la tradition de l’Antiquité grecque, elle représente le monde. La célèbre caverne de Platon (cf. La République , livre X) est symbole de notre terre de souffrance où sont enfermées les âmes humaines. Une lumière indirecte éclaire ses parois venant d’un soleil invisible et indique la route qui mène vers le Beau et le Bien. Ce monde d’apparences où s’agitent les marionnettes humaines doit être en effet dépassé pour accéder à la plénitude.
Dans de nombreuses cérémonies, ce symbolisme éthique et cosmique était présent. C’est la matérialisation du « regressus uterum » défini par Mircea Eliade. Ainsi dans le sanctuaire les fidèles d’Eleusis étaient enchaînés dans une grotte et devaient s’en échapper pour gagner la lumière. De même dans les mythes dionysiaques. Déméter, la lumineuse déesse des moissons, traversera ce lieu obscur pour aller délivrer sa fille Perséphone enlevée par Hadès, le d

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