Hippocrate et le sacré
207 pages
Français

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Hippocrate et le sacré , livre ebook

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Description

Hippocrate, ou plutôt les auteurs du Corpus hippocratique, sont considérés comme les initiateurs d'un nouveau mode de pensée sur le plan du raisonnement médical. Mais cette genèse de l'art médical devait peiner à se dégager des notions préalables magiques et sacrées. Les médecins hippocratiques se sont traditionnellement opposés à la médecine magico-religieuse. Ont-ils définitivement rejeté toute forme de religion ? N'ont-ils pas inventé de nouvelles conceptions religieuses plus ou moins consciemment ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 56
EAN13 9782296454941
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Hippocrate et le sacré
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-14035-6
EAN : 9782296140356

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Pascal Meyer


Hippocrate et le sacré


L’Harmattan
Historiques
dirigée par Bruno Péquignot et Denis Rolland


La collection "Historiques" a pour vocation de présenter les recherches les plus récentes en sciences historiques. La collection est ouverte à la diversité des thèmes d’étude et des périodes historiques.
Elle comprend deux séries : la première s’intitulant "Travaux" est ouverte aux études respectant une démarche scientifique (l’accent est particulièrement mis sur la recherche universitaire) tandis que la seconde, intitulée "Sources", a pour objectif d’éditer des témoignages de contemporains relatifs à des événements d’ampleur historique ou de publier tout texte dont la diffusion enrichira le corpus documentaire de l’historien.

Série Travaux

Sébastien EVRARD, Les campagnes du général Lecourbe, 1794-1799 , 2011.
Jean-Pierre HIRSCH, Combats pour l’école laïque en Alsace-Moselle entre 1815 et 1939 , 2011.
Yves CHARPY, Paul-Meunier, Un député aubois victime de la dictature de Georges Clemenceau , 2011.
Jean-Marc CAZILHAC, Jeanne d’Evreux et Blanche de Navarre , 2011
André FOURES, L’école du commissariat de la Marine (Brest 1864-1939), Regard sur soixante-dix promotions et un millier d’anciens élèves , 2010.
Nenad FEJIC, Dubrovnik (Raguse) au Moyen-Age, espace de convergence, espace menacé , 2010.
Jean-Paul POIROT, Monnaies, médailles et histoire en Lorraine , 2010.
Michel GAUTIER, Un canton agricole de la Sarthe face au « monde plein ». 1670-1870 , 2010.
Tchavdar MARINOV, La Question Macédonienne de 1944 à nos jours. Communisme et nationalisme dans les Balkans , 2010.
"La vie est courte, l’art est long, l’occasion fugitive, l’expérience trompeuse, le jugement difficile. Il faut non seulement faire soi-même ce qui convient, mais encore faire que le malade, les assistants et les choses extérieures y concourent".


Aphorismes , Première Section, 1, Hippocrate, trad. E. Littré.
PRESENTATION
Introduction au Corpus des textes étudiés
Notre propos vise à étudier les rapports entre le sacré et Hippocrate. Par Hippocrate il faut entendre les auteurs du Corpus hippocratique, que nous définirons. Hippocrate est considéré comme étant l’initiateur d’un nouveau mode de pensée sur le plan du raisonnement médical. La question posée est de savoir si l’ébauche d’une pensée rationnelle s’est accompagnée de notions pouvant impliquer l’idée du sacré. Quelles sont la place et l’importance de ces différentes approches ?

La traduction de référence du Corpus hippocratique reste l’édition de Littré, établie à partir des manuscrits de la Bibliothèque Royale, qui ignore trois des plus anciens manuscrits, antérieurs au XIII ème siècle. Mais elle est remarquable par son caractère quasi-exhaustif et sa qualité. Cette édition fut publiée entre 1839 et 1861. Elle totalise 6442 pages, intitulées "Œuvres complètes d’Hippocrate, traduction nouvelle avec le texte grec en regard, collationné sur les manuscrits et toutes les éditions ; accompagnée d’une introduction, de commentaires médicaux, de variantes et de notes philosophiques ; suivie d’une table générale des matières" . Nous dirons dans ce cas simplement (Littré), notée comme dans l’original avec des chiffres arabes. Cependant lorsque cela est possible, nous lui avons préféré des traductions plus récentes et notamment celle des Belles Lettres, que nous noterons (CUF = Collection des Universités de France), à l’aide de chiffres romains. Les textes de la Collection des Universités de France ont été établis par Robert Joly et Jacques Jouanna, dont l’apport bibliographique est important. Ils conservent le plus souvent la traduction de Littré mais les auteurs l’ont révisée à l’aide de manuscrits ignorés de Littré.

L’homogénéité de la Collection nous a fait présenter la notion de sacré dans le Corpus, non pas ouvrage après ouvrage, mais en regroupant la pensée hippocratique par thème. Nous indiquerons les divergences en fonction des traités. Volontairement les références aux lettres et aux discours sont limitées, puisque nous verrons leur caractère apocryphe et controversé (8).

Dans un premier temps nous examinerons la pensée des médecins hippocratiques en abordant la représentation qu’ils pouvaient se faire de l’univers. Ces considérations cosmogoniques les relient directement avec le divin ou ses équivalents. Il est alors facile de retrouver les notions de puissance, dont nous verrons l’importance. L’immortalité fait également partie du vocabulaire retenu.

Ces aspects nous font pénétrer dans des modes de raisonnement, qui ne sont plus guère médicaux. Nous nous sommes alors demandé si le rôle du médecin n’était pas autre que celui que nous connaissions. Ces considérations sont en effet de nature philosophique. Il sera donc nécessaire de saisir quelle place exacte ces médecins-philosophes pouvaient occuper dans la société, avant d’aborder les aspects cosmogoniques de la question.

Médecins intégrés dans leur temps, les auteurs hippocratiques sont confrontés aux pratiques médicales de leur époque. Celles-ci ont un substrat archaïque. La médecine magico-religieuse fait partie de cette approche. Quelle place lui réservent les médecins hippocratiques ? La deuxième partie analysera l’importance de cet héritage et la considération qu’en conservent les auteurs du Corpus.

Nous tenterons de rechercher derrière les termes du discours la réalité de la pensée hippocratique. Nous verrons que les auteurs ont un but. Mais celui-ci correspond-t-il toujours à la réalité avouée ou souhaitée ?

La définition de la maladie par les médecins hippocratiques va se ressentir de cette double approche. Il faudra tenir compte de l’héritage archaïque et de la description "moderne" de la médecine hippocratique. Les médecins hippocratiques affichent une nouvelle conception du divin. Celle-ci est en adéquation avec la Nature. Les croyances traditionnelles ont-elles une place pour le médecin-citoyen ?

Nous allons citer quarante-huit traités directement ou indirectement (cf. annexe I). Sur la soixantaine de traités qui composent le Corpus hippocratique il ne s’agit pas d’un chiffre négligeable. Le problème du divin, même s’il ne constitue pas le thème central des écrits hippocratiques est donc un sujet de réflexion majeur pour les médecins hippocratiques, quelquefois même par ses silences ou en tout état de cause par ses sous-entendus.

De quelle manière les auteurs vivent-ils cette évolution de la pensée ? Comment restructurent-ils les modes d’accès à la religion ? Nous allons évoquer maintenant quelques notions fondamentales sur le sacré en Grèce.
Le vocabulaire d’Hippocrate et le sacré
Identifier le sacré ou le religieux dans l’ensemble des faits de civilisation en restant conforme à la pensée grecque est une entreprise difficile pour notre mode de pensée. Le vocabulaire constitue un guide, en conservant à l’esprit que la notion de sacré en grec a une extension beaucoup plus grande que dans notre langue et notre civilisation.

Mais l’historien s’intéresse aux faits religieux dans la mesure où ils servent de support à son enquête. Il les interprète à la lumière d’une métaphysique personnelle. De surcroît, il n’est pas inutile de se demander si les sentiments énoncés sont propres aux auteurs ou communs à l’ensemble des contemporains, et ici à l’ensemble des auteurs du Corpus.

Le fait de se trouver confronté à plusieurs mots implique des concepts différents. En grec quatre mots sont traduits par sacré ou saint : " ἰ ερóς (ieros), ὂ σιος (osios), ἂ γιος (agios), άγνóς (agnos)". Ces termes peuvent avoir d’autres sens par ailleurs. Le sacré, surtout en grec, n’est pas une donnée homogène. Il s’agit d’une réalité non indépendante d

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