L art d aimer
129 pages
Français

L'art d'aimer , livre ebook

-

129 pages
Français

Description

L'amour nous conduit vers des cimes indécises, qui dépassent les limites de nos connaissances et les pouvoirs de nos consciences. Il joue le rôle de porte, car c'est par lui qu'il nous faut passer. L'amour est la voie qui prolonge directement l'invention de la sexualité et nous entraîne vers un dépassement définitif, d'ordre spirituel, qui nous ouvre la porte d'un tout autre monde. Notre bonheur est de savoir que quelque chose d'inouï se prépare à travers nous.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2007
Nombre de lectures 62
EAN13 9782296170247
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean ONIMUS
L'art
d'aimer
L'HARMATTAN@
L'HARMATTAN,2007
5-7, rue de l'École-Polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan(â>.wanadoo.fr
harmattan 1@>,wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-03005-3
EAN : 9782296030053« L 'homme et la femme pour
l'enfant, encore et pour toujours.
Mais I 'homme et la femme l'un
pour l'autre de plus en plus et pour
jamais. »
Teilhard de Chardin,
Œuvres,
tomeY!, 1962, p.52; éd. du SeuilSommaire
I L'avilissement de l'amour 7
yII a-t-il un art d'aimer? Il
III L'amour sauvage, roi du monde moderne 17
IV Les visages de l'amour 23
V L'amour et le mariage 29
Une rencontre décisive 35VI
VII La mixité 39
VIII Vertus de l'absence 45
IX Vivre ensemble 49
X Amour et liberté 57
XI Agir ensemble 61
XII Vie professionnelle et vie privée 67
XIII Les enfants 71
XIV Un peu de culture 77
XV Une pointe d'humour 81
XVI L'estime et le respect 83
XVII La beauté 87
XVIII S'endormir et se réveiller ensemble 91
XIX Les repas 95
XX Vieillir ensemble 99
XXI Les photos 107
XXII La maladie, épreuve et confirmation de l'amour III
XXIII La séparation 115
XXIV Ce qui leur manque 119
XXV L'amour de l'invisible 123
Table des illustrations
Stèle funéraire du Céramique 1 105I
L' AVILISSEMENT DE L'AMOUR
Ecoutez Charles Péguy: «Le monde moderne avilit.
D'autres mondes idéalisaient ou matérialisaient, bâtissaient
ou démolissaient, faisaient de la justice ou faisaient de la
force... Le monde moderne avilit. C'est sa spécialité... Il
avilit la cité. Il avilit l'homme. Il avilit l'amour. Il avilit la
femme... Il avilit la mort» 1.
D'autres comme Marcel Gauchet, diront qu'il
désenchante2. Voilà un sentiment profond, fort répandu, souvent
mal compris, malgré ses énormes conséquences. Notre
évolution semble aller au contraire vers une conscience
plus juste, mieux éclairée. En quoi consistent donc cet
avilissement et ce désenchantement?
Eh bien, justement, en affaiblissement des pouvoirs de
notre conscience, c'est-à-dire de notre présence à
nousmême et au monde.
La cause principale de cette régression, c'est la
machine: elle nous remplace pour une foule de tâches
mécaniques et donc nous soulage, mais elle en profite pour
s'installer en nous et mécaniser notre esprit. Cela nous fait
vivre dans l'abstrait, c'est-à-dire en marge, en dehors de
notre être profond, dans un monde de choses et d'idées qui
se substitue à ce que nous percevons concrètement en nous.
Nous réduisons à peu de chose notre présence à
nous1 Charles Péguy, De la situation faite au Parti intellectuel, Œuvres en
prose, II, page 1158.
2 Marcel Gauchet, Le désenchantement du Monde, Gallimard, 1985.même, aux autres, au monde. Nous obéissons à des
systèmes de conduite tout faits, répétitifs, superficiels. Une
croûte dure et protectrice nous sépare peu à peu de
nousmême. La réalité se complexifie à mesure que la science
avance et les machines, devenues intelligentes, maîtrisent
cette complexité. Alors à quoi bon approfondir? Les
questions que nous nous posons ne concernent plus que des
fonctionnements et des lois objectives qu'il faut déchiffrer.
Nous sommes chassés loin de nous-même: voilà en quoi
consiste l'avilissement!
Les valeurs en effet ne sont pas là-bas, parmi les
choses étrangères, elles sont en nous, elles constituent en
nous J'humain proprement dit: un ensemble de qualités
sacro-saintes, sans lesquelles l'homme n'est plus qu'un
animal intelligent, greffé sur des machines aussi
automatisées que possible.
J'ai tenté d'écrire ce livre pour protester contre cette
dévalorisation universelle des valeurs. Si notre société
continue dans cette voie, elle finira par déshumaniser
l'homme. La réduction positiviste, c'est-à-dire réaliste,
égoïste, prétendument scientifique, de l'amour est d'origine
anglo-saxonne; elle date d'une conception de l'économie,
type Adam Smith (libre échange et concurrence), fondée
sur l'intérêt personnel et le profit égoïste. L'être humain ne
serait donc attiré que par l'argent, le gain. C'est la loi
fondamentale de l'avilissement universel. En résulte,
certes, l'enrichissement, non pas des nations, mais
d'individus plus habiles, plus rapaces ou plus chanceux. Cela
entraîne un individualisme farouche, une solitude morale et
une société de concurrence acharnée. La société enrichie
aboutit très vite à un système d'égoïsmes parfaitement
inhumain, parce qu'elle oublie que l'homme a aussi des
sentiments généreux et des tendresses qui font son
bonheur. Ces réalités-là changent l'esprit de la vie commune.
8Le but de ce livre est fort modeste: c'est de ré
enchanter les petites, les toutes petites choses de la vie, en
te montrant à quel point ton cœur, ton imagination et les
tendresses qui t'animent encore malgré tout, sont « utiles»
à ton épanouissement: sans un peu de tendresse et d'esprit
fraternel tu ne seras jamais vraiment un être humain.
Si ces valeurs font défaut, l'existence ne vaut pas la
peine d'être vécue: elle se dévalorise et s'avilit. Un tout
petit peu de présence à toi-même - à ce que tu penses, à ce
que tu fais - cela rend ta vie bien plus intéressante. Non
seulement tu seras plus heureux, mais tu répandras autour
de toi une chaleureuse unanimité; ta conscience, bien
éveillée, éveillera les autres. Tu cesseras de fonctionner
comme une machine bien ajustée, tu trouveras partout
l'occasion de t'émerveiller. Au lieu de te contenter de
faire, tu trouveras le temps d'approfondir ton être, car la
profondeur n'est pas autre chose qu'une conscience en
alerte, c'est-à-dire une réentrée perpétuelle, qui permet de
s'étonner, de s'interroger et souvent d'admirer. En
multipliant ces réentrées, tu écartes le linéaire, le successif,
l'accumulation bête. La science actuelle se heurte à des
myriades d'énigmes qu'elle tente peu à peu de résoudre,
mais ce sont des énigmes extérieures, objectives, qu'il est
passionnant d'analyser. Notre esprit en est obsédé. Nous
progressons vite dans la connaissance de l'infiniment
grand et de l'infiniment petit. Mais ces découvertes nous
arrachent finalement à nous-même. Riches de
connaissances, nous nous trouvons pauvres, démunis de
l'essentiel. Il nous faut donc tenter de tenir nos consciences au
niveau de nos connaissances, de prolonger celles-ci en
direction du spirituel: les connaissances, même les plus
savantes, les plus raffinées, ne sont encore rien si elles ne
nous aident pas à nous dépasser, à préparer l'humain, qui
est en nous, pour la nouvelle étape de son évolution, qui ne
sera pas finale (il n'yen aura sans doute jamais f).
9Ce sont donc les infinies ressources humaines qui sont
en nous, les ressources du «cœur », qu'il nous faut
travailler tout autant que les autres. Cela ne demande qu'un
effort de présence, c'est-à-dire de conscience, or c'est la
spécialité qui nous est propre, celle qui fera de nous des
êtres toujours plus éveillés.
10II
y A-T-IL UN ART D'AIMER?
L'art d'aimer...
Ce titre m'a été chipé, il y a deux mille ans, par un
savant poète latin nommé Ovide. Je lui dois des excuses,
bien qu'il ne m'ait nullement inspiré, à part ce titre ambigu
qui mérite des explications.
L'amour est de nature sauvage, indiscipliné, voire
brutal. Il a fallu beaucoup d'adresse pour le domestiquer et
l'adapter à notre civilisation, qu'il continue d'ailleurs à
bousculer et à violenter. C'est une force de la nature, un
instinct sauvage qui, à partir des pluricellulaires, divise le
monde vivant en deux parts: la perpétuation de la vie avait
commencé de la façon la plus simple (les bactéries, les
monocellulaires) par la division en deux; ensuite la
réplication directe de la cellule s'est compliquée, après
trois milliards d'années de vie dans les océans, par l'
apparition progressive de la sexualité. Pourquoi cette
compl

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