Le Pakistan et l Islam
228 pages
Français

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Le Pakistan et l'Islam , livre ebook

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Description

Le présent ouvrage prend le contre-pied de l'image du Pakistan véhiculée par les médias et par nombre de spécialistes en sciences politiques. Il ne s'agit pas pour autant de nier ni de banaliser les nombreux défis auxquels le Pakistan est confronté, mais plutôt de les situer dans une approche anthropologique, notamment de la religion.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2015
Nombre de lectures 8
EAN13 9782336376011
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Michel BOIVIN








LE PAKISTAN ET L’ISLAM

Anthropologie
d’une république islamique
Copyright

EAN Epub : 978-2-336-72612-0
© Téraèdre 2015
Sommaire Couverture 4e de couverture Titre Copyright Sommaire Dédicace FIGURES Préambule CHAPITRE 1 – La gestion de la diversité religieuse Le facteur chiite et le non-dit de la diversité musulmane Les formes locales de l’islam messianique Les minorités non musulmanes La question de la charia LES NOUVEAUX FACTEURS : MÉDIAS ET RÉSEAUX SOCIAUX CHAPITRE 2 – L’islam et le rapport de force idéologique L’islam utopique de Jinnah et l’idée du Pakistan L’État et la gestion institutionnelle de l’islam Mawdudi et le gouvernement divin (hukumat illahi) Les dérives de l’islamisme Le référent religieux au sein des partis sécularistes LES VOIES DE LA GLOBALISATION DU RELIGIEUX PAKISTANAIS CHAPITRE 3 – L’islam et les formes de la domination sociale La sacralité de la biradari et ses variantes Le paradigme de la zat La figure du zamindar et la subsistance du clientélisme La baraka comme pilier du système piri-muridi Les classes moyennes et la question des élites Karachi et l’hypothèse du paradigme urbain CHAPITRE 4 – L’islam comme culture vernaculaire Le postulat ethnolinguistique La vernacularisation de la culture religieuse Le culte des saints La dévotion chiite La poétique du religieux CONCLUSION GLOSSAIRE SIGLES REPÈRES CHRONOLOGIQUES BIBLIOGRAPHIE
Dédicace



Hindou je ne suis, croyant je ne suis,
Un pur soufi je suis

Nimano Faqir (1883-1964), Haq mawjud. Guru Nanik
nirankaria ji vani, Sain Sachal jo kalam, Nimani Faqir ja bol ,
Pub. by Bhavnani Lachmi Verhomal, Bombay, 1961, p. 284.

A Mariam Abou Zahab
FIGURES
1. Carte du Pakistan
2. Répartition des religions et des cultes au Pakistan
3. Les différentes branches de l’islam au Pakistan
4. La répartition des minorités religieuses d’après la classification officielle du Pakistan
5. Répartition des autres minorités
6. Les castes hindoues du Sindh
7. Nombre de madrasas entre 1947 et 2000
8. Les madrasas d’Ahmedpur (Penjab) et leur implication dans le terrorisme islamiste
9. L’organisation sociale et son articulation territoriale dans un village du Penjab
10. Le passage du système jajmani à l’économie de marché
11. La structure des classes moyennes
12. Karachi et ses territoires
13. Groupes ethniques et langues
14. La représentation classique de Lal Shahbaz Qalandar
Préambule

« Une idée fausse, mais claire et précise, aura toujours plus de puissance dans le monde qu’une idée vraie, mais complexe. »

Alexis de Tocqueville,
De la démocratie en Amérique , t. 1, 1835, p. 267.

Le 2 mai 2011, je rentrai du Canada en transitant par l’aéroport de Heathrow. En attendant mon vol pour Paris, je m’étais assis sur une place libre située face à un écran géant qui diffusait une chaîne britannique d’information continue. Je regardais les images défiler sans vraiment y prêter cas. Soudain, le journaliste annonça un flash spécial d’informations. Sans transition, l’image présenta alors un pupitre vide avec des micros. Peu après, le président des États-Unis Barack Obama apparut au bout d’un long couloir. Au fur et à mesure qu’il se rapprochait du pupitre, son visage devenait visible. Il exprimait à la fois la gravité, mais également une sorte de jubilation. Il annonça la mort d’Ousama Ben Laden au cours d’une opération militaire organisée par l’armée américaine pour le capturer. Ben Laden résidait dans une grande villa d’Abottabad, près de l’académie militaire de cette ville de garnison située à 50 kilomètres au nord d’Islamabad, la capitale du Pakistan. Cette opération avait été organisée à l’insu des autorités pakistanaises.

L’image du Pakistan que nous renvoient les medias et les politiques est une image de violence, d’intolérance et de fanatisme. L’objectif premier de cet ouvrage est d’en prendre le contre-pied. Il ne s’agira pas pour autant d’adopter une vision angélique, ni de nier le développement de la violence dans un pays toujours marqué par les ambiguïtés qui ont présidé à sa naissance. Le but du terrorisme islamique, comme de tout terrorisme, est de semer la terreur à travers la violence psychologique et/ou physique. Et comme dans toutes les situations où le terrorisme est employé, les groupes qui le mettent en œuvre sont des minorités insignifiantes en termes de représentation démocratique. L’imposition de la terreur à long terme produit des effets dévastateurs.

En dehors de la violence purement criminelle, on peut schématiquement répartir les faits de violence en deux catégories : la violence ethnique, la violence islamiste et la violence sectaire. La première a connu un pic dans la Karachi des années 1980. La seconde oppose extrémistes sunnites à extrémistes chiites, qui se dénient réciproquement l’appartenance à l’islam. Mais depuis une dizaine d’années, les deux types de violence se rejoignent à travers les assassinats perpétrés sur les Hazaras. Ce sont des chiites de langue persane qui sont probablement les descendants de migrants d’Asie centrale, comme en témoignent leurs yeux bridés. Ils appartiennent à un groupe d’origine afghane qui est depuis toujours victime de discriminations qui furent la cause de leur migration dans l’Inde britannique de la première moitié du XIX e siècle. La violence à leur encontre aurait provoqué 2 000 morts et 2 100 blessés.

Le Pakistan est un jeune pays créé en 1947. Il est né de la volonté d’une partie de l’élite musulmane de l’empire britannique des Indes. Craignant la domination du parti du Congrès en cas d’autonomie qui, bien qu’il se présentât comme séculariste, était dominé par des hindous, une coalition hétéroclite de musulmans demanda au vice-roi des Indes de prendre en considération leurs spécificités en leur attribuant dans un premier temps des élections séparées. Ils fondèrent la Ligue Musulmane en 1906, l’année suivante. Ce n’est pourtant que dans les années 1940 que le chef de la Ligue Musulmane, Muhammad Ali Jinnah, soutenu par le poète philosophe Muhammad Iqbal, revendiqua un État séparé qui vit le jour en 1947 sous le nom de Pakistan. Les premières années furent d’emblée marquées par la violence qui, moins de dix ans après la création du pays, provoqua le premier coup d’État militaire. Depuis, le Pakistan a alterné les phases de dictature militaire avec celles de démocratie, et ce n’est qu’en 2012 que pour la première fois, un gouvernement démocratiquement élu succéda à un autre gouvernement démocratiquement élu. Miné par sa rivalité avec l’Inde cristallisée sur la question du Cachemire, qui l’a défait à trois reprises, déstabilisé par les interventions occidentales en Afghanistan, le Pakistan reste le foyer d’une violence qui demeure largement due aux groupes islamistes extrémistes.

Peuplé de 200 millions d’habitants, le Pakistan se place au sixième rang mondial par la population. Avec une superficie de 803 940 km 2 , il s’étire du nord au sud sur plus de 2 000 kilomètres et il est traversé presque de part en part par l’Indus. L’importance du fleuve avait conduit les Britanniques à parler de la région du delta comme de la « Jeune Égypte ». Et encore récemment le chercheur suisse Gilbert Étienne parlait du Pakistan comme d’un « don de l’Indus », paraphrasant Hérodote qui qualifiait l’Égypte de « don du Nil » (Étienne, 1989). Le Pakistan est frontalier avec quatre États : la Chine, l’Afghanistan, l’Iran et l’Inde. C’est un État fédéral doté d’un parlement divisé en deux chambres : le Sénat ou Chambre Haute et l’Assemblée Nationale (ou Chambre Basse). Le Sénat est constitué de cent membres et son collège électoral est constitué par les élus des quatre provinces, des FATA 1 ou « zones tribales » et de la capitale fédérale. L’Assemblée Nationale compte 342 membres élus au suffrage universel avec 272 sièges généraux, 60 réservés aux femmes et 10 aux non-musulmans. En vertu de la constitution de 1973, le président et le premier ministre doivent être musulmans.

Sur le plan administratif, le Pakistan est divisé en quatre provinces :

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