La recherche-action et les transformations sociales

Françoise Crézé, Michel Liu

Description

La recherche-action est une méthodologie de recherche scientifique et pratique permettant d'appréhender des situations sociales rencontrées quotidiennement. La collaboration entre acteurs et chercheurs permet de traiter des problèmes posés et de faire progresser la connaissance scientifique. La recherche-action apparaît à la fois comme un mode d'actions innovantes et comme une démarche de recherche fondamentale arrivée à maturité.

Sujets

• Méthodologie
• Sciences humaines et sociales

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juin 2006
• Nombre de lectures: 39
• EAN13: 9782296148932
• Langue: Français

Extrait

Sommaire

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

RE 1 P ART I E : La démarche de recherche-action : des intérêts contradictoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1. Chercheurs engagés et leaders paysans dans la recherche-action : une coopération conflictuelle ? H R I ST I AN AST ELLAN ET , U ER R AU TEM BERG . . . . . . . . . . ❈ ❈ ● ● 2. Une formation à et par la recherche-action : difficultés, transformations et conditions de faisabilité ST I N E AP ELAN I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . H R I ❈ ❈ 3. Évaluer une expérience de recherche-action de type stratégique, à l’aune du projet institutionnel : quels enseignements pour la transformation sociale ? T H R SE EVEN AR I E EN E V ERSP I EREN . . . . . . . . . . . ❤ � ✁ ♥ ❤ ▼ ✐✂ ❤ 4. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

E 2 PART I E : La recherche-action entre l’accompagnement des processus de changement et son instrumentalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1. La recherche-action et la mise en place de changements dans une organisation F RAN OI ZSE R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ❛ ❈ ❤ ❤

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2. L’intervention psychosociologique et la recherche-action dans le travail social : science, subjectivité et transformation sociale J EAN I I NARYER RE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ✄ ❡ ✥

E 3 P ART I E : La recherche-action en milieux organisés . . . . . . . . . . . . 1. La recherche-action et la constitution d’acteurs sociaux I CH EL I U . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ✥ ☎ 2. Recherche-action et question politique J ARCH ATEAN RAN OI S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ✆ ❡ ✝ ✥

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Introduction

La recherche-action n’est pas seulement un mode de traitement de dysfonctionnement, grâce auquel il s’agirait, par un nouveau processus d’instrumentalisation des acteurs de mettre en œuvre des idées renouvelées de donneurs d’ordres habituels, mais elle permet l’invention de nouveaux modes de fonctionnement entre les différents membres des organisations. Traiter des problèmes posés, agir ensemble dans des situations variées. Selon les situations, les places respectives des acteurs varient. Ils peuvent individuellement avoir des intérêts communs avec les autres, mais aussi des intérêts divergents voire conflictuels, même si, en tant qu’«acteur collectif », ils ont un intérêt com- mun, comme par exemple, maintenir le fonctionnement de leur entreprise. Ainsi, certains membres de «l’acteur collectif » peuvent souhaiter garder la place occupée, leur mode de fonc- tionnement, parce qu’ils occupaient avec profit cette situation et qu’ils avaient pris des habitudes de fonctionnement qui leur convenaient. Ils sont enclins à regretter de devoir quitter certai- nes certitudes de fonctionnement pour des changements aux conséquences incertaines. Alors, si les changements peuvent s’effectuer sans être obligé de changer soi-même… Les acteurs ont des stratégies différentes, selon leurs person- nalités, leurs valeurs. Comment articuler l’intérêt général et les intérêts particuliers ? Certains acteurs ont une volonté de toute-puissance, le désir d’imposer leur manière de voir, de faire. La difficulté à se remettre en question, à douter, de ses analyses, de la situation, de son bon droit. D’aucuns mettent alors en place, des straté- gies pour garder leurs habitudes, sauver leur précarré. La pre- mière partie traite de ces problèmes.

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Les problèmes nouveaux, complexes à résoudre, jusqu’alors inconnus des acteurs de l’organisation, constituent, pour les uns et les autres, un objet extérieur, un objet transitionnel, et conduit à un repositionnement puisqu’ils sont confrontés à une situation problématique pour laquelle il n’existe pas de solution toute faite, et donc pour laquelle, il n’y a pas d’habi- tudes. Cette situation problématique est un objet réel, qui est l’occasion, pour les uns et les autres de communiquer autrement, de développer de nouvelles solidarités, de nouveaux modes de fonctionnement, de mobiliser autrement les compétences des uns et des autres. Mais cette situation peut être aussi l’occa- sion, plus que jamais, de repliement sur ses habitudes, de «déso- lidarisation », «que les autres se débrouillent, je n’y suis pour rien ». Immense désengagement devant ce nouveau problème à résoudre, impression d’être incapable de réagir correctement devant cette nouvelle situation ; il existe chez certains acteurs un sentiment de résignation. Leur ambivalence est à relever. Une mobilisation positive face à un problème complexe à traiter, nécessite une acceptation de l’inconnu, de l’aventure, du risque. La situation délicate peut ne pas se débloquer, signifi- cativement, malgré l’intervention des acteurs. En acceptant d’agir, c’est-à-dire de faire et de mettre en œuvre des propositions pour changer une situation, les acteurs modifient leur perception, leur rapport à la situation, et leurs relations entre eux. C’est l’objet de la seconde partie.

La recherche-action, tout à la fois, engage et soutient les acteurs. Cette mise en mouvement conduit les acteurs à se reposition- ner par rapport à des postures anciennes ou à des habitudes. Ces changements sont élaborés collectivement par les acteurs, consi- dérés comme capables d’apporter leur contribution à la mise en place d’une nouvelle manière de traiter un problème ou de faire fonctionner autrement une organisation. Ce sont les carac- téristiques de la situation qui précisent les données du pro- blème à traiter, puis à résoudre si possible. Mais l’objectif de

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transformation sociale mérite dans certains cas d’être spécifi- quement travaillé, car recherche-action et transformation sociale vont parfois difficilement de pair. Plus généralement, les transformations sociales conduisent à s’interroger sur la constitution d’acteurs sociaux qui mettent en place ces transformations. La manière dont la recherche- action participe à la constitution d’acteurs sociaux dans les organisations est examinée dans la troisième partie. En rap- prochant la recherche-action de l’expérimentation sociale, par l’intermédiaire d’une analyse historique et en examinant com- ment la recherche-action permet aux individus de devenir des acteurs sociaux, la constitution de groupes démocratiques est envisagée. Au cœur du processus de recherche-action, il va y avoir coformation, les différents acteurs mutualisant leurs connais- sances, leurs compétences, leurs réflexions sur leurs expérien- ces passées ; ils vont apprendre à mobiliser leurs intelligences éventuellement autrement, puisque la situation rencontrée est souvent inédite. Cette situation inédite requiert une action cer- tes, mais aussi une recherche. Cette double investigation, intel- lectuelle et d’action, est l’occasion pour les acteurs de produire, au cœur de la recherche-action, des connaissances nouvelles pour eux-mêmes, pour l’organisation dans laquelle ils sont et pour d’autres, extérieurs à cette organisation. Cette formation a les caractéristiques d’une formation en situation, du fait de la nécessaire acquisition, au cœur d’une situation donnée, de compétences diverses et variées pour réaliser l’action perti- nente ; les acteurs, pour proposer des solutions à une situation complexe, mobilisent et développent leur intelligence, abstraite et concrète.

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État des lieux de la recherche-action : e où en est la recherche-action au début du XXI siècle ?

On distingue trois formes de recherche-action : a) la recherche-action professionnelle, b) la recherche-action intervention psychosociologique, c) la recherche-action en milieux organisés.

La première est exercée par des professionnels (enseignants, infirmiers, agronomes, experts en développement) qui sont sensibilisés à la recherche, dans le cadre même de leurs activi- tés car celles-ci leur posent des problèmes sans solution connue. Ce type de recherche-action est caractérisé par le fait que les acteurs sont très impliqués dans la recherche. Il a connu un renouveau aux États-Unis au début des années 1990, il prend souvent la forme de recherche participative lorsque des cher- cheurs de laboratoire aident ces professionnels . La deuxième forme est née au cours des études faites sur la dynamique de groupes restreints au NTL (National Training Laboratory), elle a été pratiquée par les tenants des mouve- ments de l’analyse institutionnelle en France , où elle a donné naissance aux formations que l'on a appelées les groupes de diagnostic, elle se poursuit actuellement. Le troisième type a débuté au début des années 1950, soit trois ans après que le concept ait été défini par K.Lewin, il a été initié par les chercheurs du Tavistock Institute of Human Relations de Londres à l’oc- casion d’une commande du ministère de la Santé du Royaume- Uni. Il se caractérise par sa préoccupation centrée sur les problématiques liées à l’organisation. Ces trois formes se réclament toutes de Lewin, elles ont pour objectif de faire avancer les connaissances fondamentales dans les sciences sociales. Elles ont chacune dans leur domaine apporté des résultats importants tant théoriques que pratiques et fait progresser la méthodologie et l’épistémologie de la recher- che-action. Dans ce qui suit, on examinera ces résultats et ces

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