Combattre le travail des enfants ?
302 pages
Français

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Combattre le travail des enfants ? , livre ebook

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Description

Depuis le début des années 1990, l'intérêt de la communauté internationale pour l'abolition du travail des enfants dans les pays du Sud est redevenu grandissant. La manière dont ce nouvel objectif, à la fois politique et social, est réapproprié et mis en pratique au Burkina Faso constitue le coeur de cet ouvrage. Il est important de mieux comprendre la place précise du travail dans la vie des enfants travailleurs (et de leurs familles) afin d'élaborer des politiques et des actions durables pour les aider.

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Publié par
Date de parution 15 février 2017
Nombre de lectures 25
EAN13 9782140029813
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Joséphine Wouango
Combattre le travail des enfants ?
Politiques et acteurs d’une lutte controversée au Burkina Faso
Préface de Bernard Schlemmer
L O G I Q U E S S O C I A L E S
Combattre le travail des enfants ? Politiques et acteurs d’une lutte controversée au Burkina Faso
Logiques sociales Collection dirigée par Bruno Péquignot En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale. En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques. Dernières parutions Roland GUILLON,Faire de la sociologie et militer. Regards croisés (1973-2006), 2017. e Didier CHRISTOPHE,Les agriculteurs à l’aube du XXI siècle en Limousin et Berry. Approche sociologique et entretiens, 2017. Jacques COENEN-HUTHER,Le regard du sociologue, 2017. Sandrine GAYMARD et Teodor TIPLICA (dir.),Sécurité e routière : un défi à l’aube du XXI siècle,2017. Baptiste PIZZINAT,Portrait d’un danseur en Exil, 2016. Frédérique JOLY,Elève en école d’art, entre amateur et professionnel. Une enquête de terrain au cœur des écoles d’art françaises, 2016. Anja HESS,Les habitants des chambres de bonne à Paris. Étude filmique des usages de l’espace quotidien, 2016. Christophe CAMUS,Mais que fait vraiment l’architecte ?, Enquête sur les pratiques et modes d’existence de l’architecture, 2016.Roland GUILLON,Mes années 1950 et 1960 ou l’éveil d’une sensibilité,2016. Louis DURRIVE,Compétence et activité de travail, 2016.Laurent AUCHER,Le Tribunal des ouvriers, Enquête aux prud'hommes de Vierzon, 2016.
Joséphine WOUANGOCombattre le travail des enfants ? Politiques et acteurs d’une lutte controversée au Burkina Faso Préface de Bernard Schlemmer
© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Pariswww. harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-11117-9 EAN : 9782343111179
Préface
Le paysage est peut-être en train de changer, dans la question du « travail des enfants ». Et le travail de recherche que l’on va lire, remarquable, va sans aucun doute contribuer fortement à cette évolution en cours. De quoi s’agit-il ? Quand est créée l’OIT (l’Organisation internationale du travail), en 1919, l’abolition du travail des enfants est l’un des grands principes qui lui est assignée. Mais, à l’époque, il s’agit essentiellement d’asseoir solidement la conquête sociale acquise que constituait l’ensemble législatif limitant la mise au travail des enfants et imposant l’obligation scolaire ; certes, il conviendra, il conviendrait, de l’étendre au monde entier, mais la feuille de route, à l’époque, c’est non pas tant de se battre pour un droit nouveau, mais bien de veiller à ce qu’aucun des États industriels ne revienne sur cet acquis… Quelque cinquante ans plus tard, la question du travail des enfants resurgit sur la scène publique, quand il devint évident que les pays que l’on appelait alors « en voie de développement » ne reproduiraient pas à l’identique cette dynamique où la scolarisation obligatoire supplanta, en Occident, la mise au travail des enfants. L’OIT était en état de penser qu’elle avait déjà expérimenté la solution, qu’il ne s’agirait que de l’étendre aux pays où l’école n’était pas encore pleinement instituée. Il devint de plus en plus évident que les choses ne seraient pas aussi simples. Cependant, l’OIT, pour des raisons qui tiennent à la structure même de cette organisation et qui entravent son évolution vers une
COMBATTRE LE TRAVAIL DES ENFANTS ?
position plus souple que la pure et simple « interdiction du travail des enfants », ne peut s’adapter qu’en posant des jalons, en définissant, dans la Convention 182, « les pires formes de travail des enfants », à abolir « de toute urgence ». Les autres formes de travail des enfants sont toujours interdites, par les différentes conventions de l’OIT, mais leur abolition concrète devra sans doute, à ses yeux, attendre que soit atteinte cette première étape. Joséphine Wouango analyse ce fait très concrètement, en étudiant dans le détail le cas de la Haute-Volta, colonie française, puis du Burkina Faso, nom que prend le pays au moment de son indépendance, mais les analyses qu’elle produit au sujet de cet État peuvent être étendues, dans leurs grandes lignes, à l’ensemble des pays dits « du Sud ». Ainsi qu’elle le fait dans cet ouvrage, on peutgrosso modoranger les acteurs concernés en deux positions antagonistes : d’une part, celle que l’auteure appelle « l’approche abolitionniste dite “traditionnelle” », construite et défendue par l’OIT et partagée par toutes les organisations onusiennes, et,volens nolens, les États signataires des conventions de l’OIT. D’autre part, ce qu’elle nomme « l’approche de l’enfant travailleur “acteur” », regroupant un certain nombre de chercheurs et d’ONG s’intéressant à ce problème. En ce qui concerne l’approche « abolitionniste », la cause semble entendue : le rare, trop rare et ici remarquable travail de terrain accompli pour cette thèse démontre de façon extrêmement concrète, documentée, à quel point les politiques qui veulent mettre en œuvre l’interdiction pure et simple du travail des enfants se révèlent incapables, nécessairement incapables, de surmonter les obstacles que dresse à sa réalisation une réalité complexe, où les contradictions entre la vision occidentale dominante qui la soutient, d’une part, l’histoire sociale et culturelle du pays – son passé de colonie et son présent de dominé – d’autre part, sont trop prégnantes pour qu’une position aussi rigide
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PRÉFACE puisse faire de sérieuses avancées : la cause est sans doute belle, mais les faits sont têtus… En ce qui concerne l’approche de l’enfant travailleur acteur, les données de terrain sont plus neuves encore. Comme le fait la littérature émanant de ce courant, Joséphine Wouango montre – démontre – que les enfants sont bien des acteurs conscients, et à même de juger et de défendre leur propre intérêt. Mais c’est pour elleun constat issu du terrain, non une position de principe. Il en résulte qu’elle n’a pas besoin de forcer le trait, de mythifier « l’enfant travailleur », comme ont tendance à le faire ceux qui se comportent davantage en militants de la cause qu’en chercheurs scientifiques : le chapitre qui porte sur le « mouvement africain des enfants et jeunes travailleurs », tel qu’il fonctionne concrètement au Burkina Faso, est sur ce point tout à fait instructif… Si le paysage est peut-être en train de changer, c’est que ce ne sont plus seulement les organisations de défense des enfants travailleurs et autres ONG impliquées à un titre ou à un autre dans la question et se réclamant de l’approche centrée sur l’enfant acteur, qui tendent à se coordonner et à homogénéiser leurs positions : nombre de chercheurs qui partagent globalement la même position, jusque-là dispersés, commencent à s’unir avec elles pour peser collectivement sur les politiques internationales vis-à-vis des enfants au travail. C’est ainsi que quelques quatre-vingts chercheurs et représentants d’ONG de quinze pays du Nord ou du Sud, se sont regroupés pour adresser, en 2016,une « lettre ouverte » au Comité des droits de l’enfant (créé par l’ONU afin de veiller à l’application de la Convention internationale des droits de l’enfant - CIDE), en arguant que la Convention 138 de l’OIT sur l’âge minimum d’admission à l’emploi contrevenait à certains articles de la CIDE. Ce même groupe tente actuellement de faire mettre à l’ordre du jour de la prochaine réunion générale du BIT 7
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une redéfinition de la notion dechild labour qui ne s’appuierait pas sur l’âge de l’enfant, mais se baserait plutôt sur la dangerosité du travail ou l’exploitation abusive du travailleur. À ce propos, précisons que la réalité du terrain minutieusement observée par Joséphine Wouango nous montre aussi que l’opposition dichotomique entre abolitionnistes et défenseurs des enfants travailleurs, pour éclairante qu’elle soit, est par trop simpliste : dans les luttes concrètes pour améliorer le sort de ces enfants, il n’y a pas deux camps qui s’affrontent, mais des logiques institutionnelles qui divergent. Les institutions onusiennes ne peuvent pas même entendre la revendication d’un « droit au travail », pourtant portée par le mouvement des enfants et jeunes travailleurs et certains de leurs soutiens. De leur côté, les ONG et chercheurs scientifiques ne peuvent pas comprendre l’obstination de ces institutions à mettre en œuvre une politique qui, visiblement, ne marche pas. Au-delà de ce clivage, l’étude de cas ici présentée démontre, me semble-t-il, que l’interdiction de travail telle qu’actuellement définie par l’OIT doit bien être remise en cause : elle ne parvient en aucune façon à empêcher qu’il y ait des enfants au travail. Comme l’écrit Joséphine Wouango, en conclusion de son dernier chapitre, « ce qui est certain, c’est que de nombreux enfants travailleurs burkinabè n’attendent pas une nouvelle loi qui viendrait légitimer leur droit de travailler, dans la mesure où ils sont déjà tous les jours au travail ». Il ne s’agit donc pas tant de réclamer un « droit au travail » pour ces enfants, dont ils se passent fort bien, que de défendre, pour eux, le droit du travail. Car ces enfants travaillant quoi qu’il en soit, le devoir de l’OIT est de tout faire pour les protéger en tant que travailleurs, si elle ne peut pas leur offrir d’alternatives. Ce serait légitimer leur mise au travail ? Sans doute, mais le rôle de l’OIT est de défendre les travailleursdans les
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PRÉFACE situations de travail qui sont les leurs. Elle qui se bat pour un « travail décent », n’interdit pas aux gens de travailler au motif que leurs conditions de travail sont encore loin de répondre à ses critères d’un travail décent… Bernard Schlemmer
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