De l'attirance à l'amour

Max Poty, Boris Cyrulnik, Carol Burte, Jean-François Mattei, Thierry Tournebise, Bernard Michel

Description

Cet ouvrage, issu d'une conférence-débat organisée à Mouans-Sartoux en juin 2010 par l'association "Art, Science, Pensée", réunit d'éminents spécialistes autour du sujet complexe de l'Amour. Les approches variées de la question, par l'éthologie, la médecine, la psychologie et les sciences sociales, intéresseront chacun d'entre nous.

Sujets

• Psychiatrie
• Médecine
• Psychologie
• Sociologie
• Santé
• Psychanalyse

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 septembre 2010
• Nombre de lectures: 143
• EAN13: 9782336274911
• Langue: Français

Extrait

ARTS * CULTURES * ÉDUCATION
Tout au long de la vie
Collège international

Notre époque est caractérisée, en particulier, par la disparition de repères traditionnels, par des mutations technologiques, économiques, sociales et culturelles très rapides, par une mondialisation certes inévitable mais turbulente.
Elle porte donc l’ardente obligation d’une renaissance des personnes, des instances et des sociétés.
Pour cela, le chemin des arts, des cultures et de l’éducation tout au long de la vie produit sens pour avancer, créer et construire.
La complexité est défi et l’incertitude véhicule de nouvelles perspectives. Pour cela, l’approche plurielle, le dialogique y compris entre générations, l’essai, les témoignages, l’écoute des enfants, de leur émerveillement, de leurs questionnements, de leurs lectures du monde, constituent des repères pour notre existence et notre discernement.
Venant de l’écrit, souvent un cri, parfois un chant, le LIVRE, y compris désormais dans son expression électronique, dans ses rapports aux autres medias, constitue une nourriture essentielle pour cheminer, penser l’agir, devenir auteur de soi et acteur de cette renaissance.
Trois séries composent cette collection :
• Les Essais de l’aube. Il s’agit de contributions originales à penser notre existence et cette renaissance.
• Témoins en existence. Dans leur diversité, ils constituent des passeurs, des repères pour concevoir le chemin faisant.
• Quand des enfants racontent le monde. Des contributions sur le monde actuel, sur le monde attendu, espéré. Pour cette série, un comité de sept personnes est constitué. 5 enfants et adolescents de 7 à 21 ans et deux adultes. Il est présidé par un adolescent.
De l'attirance à l'amour

Michel Bernard
Carol Burte
Boris Cyrulnik
Jean-François Mattéi
Max Poty
Thierry Tournebise
© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail]
9782296120808
EAN : 9782296120808
Remerciements
À Paul Charbit, Président de l’association Art, Science, Pensée. Une fois de plus, il a encouragé cette initiative. Qu’il en soit vivement remercié. Concepteur, animateur, pilote de cette association, entouré d’une équipe de bénévoles, il contribue à faire de Mouans-Sartoux une agora culturelle remarquée et remarquable.
Aux auteurs, pour leur coopération et leur plaisir de contribuer à cet ouvrage.
À tous les participants de la conférence-débat du 26 juin 2010 à Mouans Sartoux.
À Emmanuelle et Serge - Editions L’Harmattan - pour leur contribution à la conception de cet ouvrage.
À Paule Renée, pour sa patience à contribuer au décryptage d’une bande sonore et à la relecture des textes.
M. B.
Sommaire
ARTS * CULTURES * ÉDUCATION - Tout au long de la vie Page de titre Page de Copyright Remerciements Avant-propos De la coupe aux lèvres, l’absence et l’attrait : mise en scène du désir de l’autre Les troubles du désir sexuel La beauté, le désir et l’amour Gourmand du corps de l’autre Aveugles pour mieux se voir De la rencontre à la relation amoureuse Et vous ? Annexes
Avant-propos
LA CONFÉRENCE-DÉBAT « Attraction, Attirance, Coup de foudre Amour », organisée par l’association Art, Science, Pensée, s’est déroulée le samedi 26 juin 2010 au parc du château de Mouans-Sartoux (06370).
Le public était très nombreux.
De cette rencontre :
- L’intervention de Boris Cyrulnik a pu être enregistrée, décryptée puis supervisée par lui.
- Carol Burte, Max Poty et Jean François Mattéi ont rédigé un texte pour ce livre.
- Hélas l’intervention, aussi fort intéressante, de Pierre Bustany n’a pu être intégrée à cet ouvrage.
- Thierry Tournebise a accepté de rédiger un texte. Qu’il soit vivement remercié.
- Enfin, s’ajoute un texte personnel et le résultat d’une petite enquête auprès des auteurs.
De l’attirance à l’amour prolonge la conférence-débat. Pouvons-nous émettre un vœu ?
Que tous les ans, en juin, ait lieu une conférence-débat dans le même domaine. Elle pourrait débuter vers 14h 30 et se terminer par un apéritif dinatoire.
Une fête pour le solstice d’été ?
Michel Bernard. Juillet 2010
De la coupe aux lèvres, l’absence et l’attrait : mise en scène du désir de l’autre
Professeur Max Poty 1
Il est l’auteur de nombreux ouvrages de recherche, de fiction, de littérature, et s’attache également à faire vivre la sphère plurielle de la Francophonie par des conférences et des missions à caractère pédagogique. Travaillant aussi sur l’écriture, le langage et le sens, il s’intéresse à la scène qu’il « pratique », dès qu’il le peut, avec passion.
LORSQUE j’habitais de l’autre côté de la mer, le cinéma populaire drainait des hordes, autant excitées qu’attendries, de pubères emportés par la vague de films égyptiens à l’eau de rose qu’ils commentaient à peu près de cette manière, en un sabir approximatif, syntaxe de Cagayous dont Camus, lui-même, a vanté les mérites dans Noces  : « y le monsieur, il a embrassé la jeune fille y le film il y fini ! »
Fini ? Justement, a contrario , nous souhaiterions évoquer ici le film en désespoir de finir puisque le caractère de l’attrait consiste évidemment à poursuivre sa fin.
Nous parlons aujourd’hui d’ attirance . Ce mot, soit dit en passant par le dictionnaire historique Paul Robert et par le Trésor de la langue française du CNRS , s’emploie, dans le sens érotique, sensuel, que nous lui prêtons aujourd’hui, depuis la fin du XIX e siècle. D’ailleurs, Flaubert lui préfère attirement .
Mais attirance , comme attirement , se refuse d’être un substantif passif. Lorsque Charles Peirce, le sémioticien, s’écrie « tout est verbe » 2 , sans doute veut-il suggérer que tout est action , c’est-à-dire tension , c’est-à-dire désir de connoter indéfiniment, de ne point fossiliser l’espoir de voir éclore un sens vivant.
Nous observerons donc comment l’attraction, l’attirance, le coup de foudre, l’amour participent d’un « moteur » , dans l’acception cinématographique du terme, activé, régénéré par nature et forcément au travers d’une expression , consubstantielle de la pensée qui l’anime : l’é-motion, l’esthésie prenant forme et corps d’un récit surdéterminé par son contexte  ; la mise en scène, enfin, d’une théâtralité de l’autre et de soi, sui generis et nécessaire, la représentation psychologique et spectaculaire en un ordre - ou désordre - imaginatif faisant office de scénario d’existence, d’un jeu de vie dans le « mouvant ».

I. Le « tendre vers » et la tension : les pulsions
Finalement, l’on aurait pu présenter le Lacan du Séminaire à Baudelaire car, à l’endroit où le psychanalyste souligne l’importance pour l’homme de « la perte du désir », l’aphanisis 3 et la peur qu’engendre ce présage, l’on touche à l’acuité des Fleurs du mal , à leur influx, cherchant à fuir « l’Ennui » de soi pour garder l’envie de chair et d’infini jusqu’à l’exaspération créatrice.
Senghor n’écrit pas autre chose dans ses Chants d’ombre où l’idéal se confond à la turgescence phallique :
« La flamme qui illumine ma nuit comme une colonne , comme une palme…. ».
La question que l’on continuera de se poser bien après la table ronde de ce soir et que l’on se posait déjà longtemps avant, couvre l’espace infranchissable entre l’autre, objet d’une attirance, et nous, l’intervalle entre le soi-même et cet autre qui le révèle au beau milieu du gué.
C’est dans le sentiment d’un inatteignable si proche, intériorisé, que s’exalte le ressenti. L’amour - amoureux, filial, maternel, paternel, amical –, l’attirance, le désir sont absence et présence tout à la fois.
Précédant Georges Clemenceau – l’incorrigible vert galant – et le théâtre de boulevard, N