Etude comparative entre les cosmogonies grecques et africaines
273 pages
Français

Etude comparative entre les cosmogonies grecques et africaines , livre ebook

-

273 pages
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Description

Cet essai de philosophie comparative vise à montrer que les démarches de l'esprit humain pour éclaircir la question des origines sont identiques, quels que soient le peuple, la race et la zone considérés. L'analyse transcende les différences pour extraire croyances et comportements communs, ouvrant ainsi l'espace d'un dialogue et d'une compréhension mutuelle.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2007
Nombre de lectures 248
EAN13 9782296173231
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MerciàSoukeyna pourtout.
À tousceux quicroientaudialogueentre lescultures.«Fondamentalement, il semble que l’hommeait toujourset
d’abordconçu son existencecommeénigme sacrée,
conséquence nonpasd’unegenèse naturelleetprivéedefinalité,
maisd’unacte«extraordinaire»decréationoudedémiurge,
animéd’une intentionconscienteetorchestrée pardes
puissancesquantitativementetsurtoutqualitativement distinctes
despuissancesvisibles,etsupérieuresàelles».
JeanLIBIS :Le mythedel’androgyne,p.27.
«L’histoirede la penséeafricainedevientunediscipline scientifique où les
cosmogonies«ethnographiques»occupent leurplacechronologiquecomme
la momiedans sonsarcophage».
CheikhA.DIOP :CivilisationouBarbarie, p.13.PRÉFACE
Ce travail est l’aboutissement depuis sonmémoirede Maîtrise, d’un
effortsoutenu ettendu vers un butquipassionne unjeune philosophe :
comprendre leliensubstantielqui unit l’essence du mythe (cosmogonie) à
ce qui,étant le plus archaïquechez l’homme, constitue pour celui-cison
attitudefondamental devant le réel. Voilà une œuvre considérabledont le
premierintérêt à mes yeux est de s’occuper de questions qui furent
longtemps etquisont toujours desobjets usuels de la réflexion
philosophiqueetque les jeunes chercheurs ont tendance àabandonner au
profit d’autrespas forcément plus fécondes.
Ledeuxième intérêt decetouvrage se trouve dans ladélimitation du
champ de soninvestigation. Enréalité il est plusjustede parler de plusieurs
délimitations au sein de sonobjet de recherche. En effet, le travail est
triplement circonscrit :
- d’abord, aux cosmogonies grecques et africaines;
- ensuite, aux seules cosmogoniesmythiques;
- enfin,à unnombrefini de catégoriessusceptibles de soutenir
l’exercice de comparaison.
C’est unedémarcheà lafoissageetpratiquedans sonprincipe,
puisqued’autres comparaisons avec d’autres aires culturellessont possibles.
Cheikh Moctar BA a raison d’insistersurla place de cessystèmes de
représentation dans la théoriede la connaissance. Comme systèmede
production d’idées,de symboles et de sens, les cosmogoniessont desparties
importantes de l’expérience humaine.
En choisissant de comparer lessystèmes africains et grecs,ce travail
n’est ni le lieu de produire les arguments des uns et des autres dans
l’éventualité d’un jugement de valeurs, ni le moment de faire semblant
d’ignorer ce quipar ailleurs aétédit pour le passagedu mythe à la
philosophie ettousles développementssur cesrapports complexes du
muthos aulogos.
Parrapport au second objet dediscrimination(échantillon « pensée
dogon»et « pensée égypto-pharaonique» pour lessystèmes africains), il
est évident quedans lecadred’untravail scientifique, lechoix de cas
représentatifs est inévitable. L’intérêt de la pensée dogon réside dans le sortque l’Ecolede GRIAULE lui a permis d’avoir dans la trèsricheettrès
complexe littératureethnographiqueanthropologiqueafricaniste.D’un autre
côté, Monsieur BA a raison de souligner à plusieurs reprisesquedeDie u
d’ea uauRenard Pâleon notedes variations surles détails,dans les
chiffres,dessymboles, le nombre les Ancêtresou les événements
significatifs. Onpeutl’expliquer et l’imputer aux défauts et aux limites de
l’oralité, mais on peut aussi incriminerlesrécitants etles dépositaires du
savoir dans leur volontéd’adapterle récit etson contenu à un contexte ou à
une modification desrapports de force dans la société. Mais commechacun
le sait, une telle pratique n’est pasplustributairede l’oralité quede l’écrit.
Etje voulais soulignerl’intérêt decette plasticité qui aurait pu àelle seule
faire l’objet d’un travail de recherchedans la littératureethnographique,
historique. J’yvoispersonnellement non pasle signed’unefaiblesse ou
d’unmanque de cohérence mais plutôtla possibilité de réfuterou bien alors
de relativiserla thèsede l’unanimismecomme trait dominant dessociétés
africaines.
Le systèmeégypto-pharaoniqueaétéchoisi etsouventillustréà partir
de thèses de Cheikh Anta DIOP et T. OBENGA sur lesquelles Cheikh
Moctar BA n’hésite pas àapporter un point de vuecritiquecomme il l’a
fait,au besoin,avec sessources dans lespensées grecques.Ledébatsurune
thèseàdeux versants:d’une part l’identitédecivilisation entre l’Egypte
Ancienneetl’Afrique Noire; d’autre part l’influenceégyptienne sur la
Grèce n’entre pas dans lespréoccupations de cette œuvre mais un certain
sens de la méthode comparative portant surles Egyptiens Anciens ,
l’Afrique Noireetla Grèce ne pouvait manquer de faireaffleurer de telles
interrogations. Ce quiintéresse Moctar BA,ce sont les INVARIANTS, les
ARCHETYPES, la récurrence de certaines catégories de représentations de
la réalité.
S’agissant des catégoriesrecensées et examinées, il est fondamental ,
et c’est l’unedespréoccupations de ce travail,d’effectuer ladistinction
conceptuelleentre les notions d’origine,decréationet de devenir pour voir
si l’ententeest possible surleur contenu. D’où l’importance de les
considérer dansuneapproche systématique.
L’idéedesystème,entant qu’elle renvoieà la notion
d’entité,c’est-àdire un TOUT, posedeux exigences: savoir quellessont les composantes
propres et indispensables dece TOUT etsavoirquellien unit ces
composantes,ensomme« quelle est la loiqui gouvernecette totalité? »
Par conséquent, si ce qui caractérise le systèmecosmogoniqueest le
fait quecomme le disaient lesstoïciens «Tout conspire» et comme le dira
LEIBNITZ«Tout y consent », il est intéressant de savoir ce qui fait
10« prendre la mayonnaise» en d’autrestermesleliensubstantiel. Aussi une
questionqu’il est normal de se poser, que l’auteur de cette œuvre adû se
poser,est de savoir si Monsieur BA a choisi ces catégories uniquement
parce qu’elles correspondent àce qui est comparableentre les systèmes
africains et grecsou si ces catégoriessontnon seulement universellesmais
également exhaustives.
Par ailleurs, insistersurla portée du refoulement des catégories dont
traitent les cosmogoniesrevêt un enjeu capitalquis’inscrit dans l’apparente
opposition du mythe et de la raison. Et, en ce sens, M. BA a bienraison de
faire sienle propos de GUSTDORF selonlequel « ledialoguedumuthos et
dulogos nedoitpas êtrecompris selonlafigure d’une évolutionlinéaire
[…] lelogos n’élimine jamais lesrésistances […] La récurrence duMuthos
est liéeà la naturede l’espèce humaine».
Voilà quelque observations quisont enpartie une manièred’indiquer
ce quireste latent dans l’important travail de Cheikh Moctar BA et de
prolongerpourleconfirmer ce qu’il a mis en exergue à savoir que les
représentations qu’il aétudiéessont des vieux systèmes d’ordre quinous
rappellent ce besoin d’ancragede l’esprit humain dans une référence
donatrice de sens à toutle reste. La caractéristique principaledeces vieux
systèmes d’ordre, commandéspar une normeessentielle qui est le sacré est
qu’ils ne laissent pas de nousinterpeller aujourd’hui encore sur les
questions qui étaient au cœur de cesreprésentations comme par exemple
l’association de l’être à la valeur, l’actualisation des essences éternelles
dans les actes et conduites des hommes, la tentatived’organiserle monde en
subordonnant lavéritéà l’ordreet àun ordre préférentiel.
Toutes cesquestions sont importantespour un penseurqui croit au
dialogueentre les cultures commealternative au chocdes civilisations. La
comparaison entre les systèmes africains et grecs apparaît comme moyen
d’approfondissement et de confirmation de la portée épistémologiqueet
heuristiquedespréoccupations de ce jeune chercheur africain dont lefil
conducteur destravaux est d’avoir une réponseà l’épineuse question de
savoir «comment trouver et gérerl’Identitédans laDifférence? ».
AbdoulayeElimaneKANE ,
Professeur à l’UniversitéCheikhAntaDIOP deDakar
11AVANT-PROPOS

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