Immigration, vie politique et populisme en banlieue parisienne (XIXème-XXème siècles)
397 pages
Français

Immigration, vie politique et populisme en banlieue parisienne (XIXème-XXème siècles) , livre ebook

397 pages
Français

Description

IMMIGRATION, VIE POLITIQUE ET POPULISME en banlieue parisienne (fin XIXe.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 1995
Nombre de lectures 257
EAN13 9782296306752
Langue Français
Poids de l'ouvrage 12 Mo

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Extrait

IMMIGRATION, VIE POLITIQUE
ET POPULISME
en banlieue parisienne
(fin XIXe.XXe siècles)SOUS LA DIRECTION DE
JEAN-PAUL BRUNET
IMMIGRATION, VIE POLITIQUE ET
POPULISME
en banlieue parisienne
(fin XIxe-XXe siècles)
Ouvrage publié avec le concours
du Fonds d'action sociale pour les travailleurs immigrés
et leurs familles
du Conseil régional d'Ile-de-France
du CNRS (Programme interdisciplinaire
de recherche sur la ville)
du Centre culturel communal de Saint-Denis
Éditions L'Harmattan
5-7, rue de l'École Polytechnique
75005 Paris(Ç)L'Harmattan, 1995
ISBN: 2-7384-3499-1LISTE DES AUTEURS
Marie-Claude BLANC-CHALÉARD, professeur
d'histoire, chercheur associé au Centre d'Histoire de
l'Europe du Vingtième siècle (Fondation nationale des
Sciences politiques)
Jean-Paul BRUNET, professeur d'histoire
contemporaine à l'Université de Paris-VIII
Marylène CAR, chef de projet à Montreuil, doctorante
en géographie à l'Université de Paris-VIII
Geneviève DREYFUS-ARMAND, conservateur en chef
à la BDIC, docteur en histoire
Jean-Claude FARCY, chargé de recherche au CNRS
(histoire contemporaine)
Alain FAURE, chercheur au Centre d'histoire de la
France contemporaine, Université de Paris X-Nanterre
Béatrice GIBLIN-DEL VALLET, professeur de
géographie (géopolitique) à l'Université de Paris-VIII
Jacques GIRAUL T, professeur d' histoire
contemporaine à l'Université de Paris-XIII
Schérazade KELFAOUI, doctorante en géopolitique à
l'Université de Paris-VIII
Assia MELAMED, doctorante en à de Paris-VIII
Claude PENNETIER, chargé de recherche au CNRS,
directeur du Dictionnaire biographique du mouvement
ouvrier français ("MaÎtron")
Christian POIRET, sociologue, chercheur à l'Unité de
recherche Migrations et Sociétés (URMIS-CNRS)
Henri REY, chargé de recherche au CEVIPOF
(Fondation nationale des Sciences politiques)
Benjamin STORA, professeur d'Histoire
contemporaine à l'Université de Paris-VIII
Marie-Christine VOLOVITCH- TA VARES, professeur
d'histoire, chercheur associé au Centre d'Histoire de
l'Europe du Vingtième siècle (Fondation nationale des
Sciences politiques)
Claude WILLARD, professeur émérite (histoire
contemporaine) à l'Université de Paris-VIII
7INTRODUCTION
LA BANLIEUE AU MIROIR DE L'IMMIGRATION
Jean-Paul BRUNET
Le destin de notre société se joue dans les banlieues.
C'est là du moins un sentiment largement partagé par nos
contemporains. Mais la complexité des problèmes posés est
telle qu'aucune solution ne semble s'imposer par
ellemême. L'équipe d'universitaires et de chercheurs qui s'est
constituée autour des thèmes relatifs à l'immigration, à la
vie politique et au populisme en banlieue parisienne n'a
évidemment pas la naïveté de penser qu'elle peut
contribuer directement à la résolution de cette difficile
question. Mais elle a constaté qu'à la "surchauffe
médiatique" faisait pendant un sérieux "déficit
scientifique" .
L'apport des spécialistes des sciences humaines est
pourtant indispensable aux décideurs, à tous les
responsables de la vie politique, sociale, syndicale ou
associative confrontés au devoir d'action dans les banlieues.
La genèse des situations présentes; la décomposition des
mélanges détonants en leurs éléments premiers; les
comparaisons avec des périodes passées, en apparence
révolues pour le profane, mais dont le poids est en réalité
déterminant sur l'actualité; les confrontations avec les pays
étrangers: autant de facteurs que nul acteur ne saurait
traiter à la légère. Convaincus de l'indispensable
prolongement de leur étude dans la vie de la cité, les
historiens, géographes, sociologues et politologues qui
forment notre équipe mettent donc ici à la disposition du
public concerné le résultat d'une années de recherches
collectives qui s'est achevée les 7 et 8 octobre 1994 par la
9tenue d'un Colloque scientifique interdisciplinaire qu'a
accueilli l'Université de Paris- VIII/Saint-Denis.
Il convient d'emblée de souligner la spécificité que
revêt le problème des banlieues en France par rapport aux
pays étrangers. Dans ces derniers, les quartiers pauvres où
s'entassent les immigrés se situent généralement au centre
des villes: à Manhattan, c'est Lower East Side avec ses
Portoricains, Little Italy ou Chinatown; à Londres, dans
l'East End, tout près de la City, le quartier miséreux de
Spitalfields a vu une masse de Bengladeshi relayer les
ouvriers juifs; à Berlin, les Turcs se concentrent dans les
quartiers centraux comme celui de Kreuzberg, de même à
Stuttgart ou à Münich (il est vrai que dans les cités
patronales de la Ruhr ou dans des villes de tradition
socialdémocrate comme Hambourg, les immigrés se regroupent
aussi dans les banlieues). La spécificité française réside bien
dans la concentration des minorités ethniques immigrées
dans les banlieues, et plus particulièrement dans leurs
grands ensembles qui sont une autre particularité de notre
pays.
On a en effet assisté, dans les années 1970, à un double
phénomène: nombre de Français de souche, locataires
d'appartements HLM de grands ensembles, ont pu accéder
à la propriété, bénéficiant de la construction industrielle de
pavillons individuels en banlieue plus lointaine. Dans le
même temps, la fermeture des frontières (1974) provoquait
un ralentissement considérable de l'immigration, cantonnée
désormais au seul reg'roupement familial. Or ce
regroupement n'était légalement possible que si un
logement "décent" pouvait accueillir la famille des
immigrés. Ces derniers se tournaient donc naturellement
vers les HLM des banlieues1.
Banlieue, banlieues, le problème est aigu, mais l'objet
n'est pas scientifiquement construit et le concept reste
incertain. Il est ainsi abusif d'assimiler sous ces voc'ables les
aires bourgeoises ou résidentielles, les communes où l'essor
des entreprises du secteur tertiaire a attiré nombre de cadres
et d'employés, les cités pavillonnaires de la deuxième et de
1. Voir sur cette question la communication de Maurice BLANC,
"Comparaisons internationales", in Banlieues, immigration, gestion
urbaine, sous la direction de Nadir BOUMAZA, Université
JosephFourier-Grenoble I, 1988, p. 76-81.
10la troisième couronnes, ou les villes encore solidement
tenues par le Parti communiste. Les banlieues "à
problèmes", si l'on suit François Dubet, sont celles où la
désindustrialisation a provoqué le délitement du tissu social,
l'épuisement du mouvement ouvrier et l'affaiblissement de
la conscience de classe, au point que la violence ne dispose
plus de repère ni d'adversaire identifiél.
Le but de notre projet collectif était de mettre en
relation l'étude des vagues successives d'immigration avec
l'évolution politique de certaines de ces banlieues,
notamment avec la dérive populiste qui semble
sérieusement les menacer. Des travaux approfondis sur
l'immigration en région parisienne au XIxe siècle et sur ses
conséquences politiques, nous fournissaient des bases et des
points de comparaison: l'étude de Françoise Raison-lourde
sur les Auvergnats de Paris2 nous avait montré comment
une immigration pauvre, mais soudée et combative,
parvenait à la réussite professionnelle et s'intégrait dans le
milieu d'accueil en constituant un efficace groupe de
pression. Nous savions en contrepoint comment les Bretons,
arrivés massivement à Saint-Denis dans les années 1880
pour y former une main-d'oeuvre miséreuse de journaliers,
regroupés en noyaux, ne parlant que breton, demeurés sous
la coupe de l'Eglise, étaient brutalement passés, vers
19061912, dans l'orbite du socialisme3.
A la lumière de ces travaux et de quelques autres plus
récents, nous avons donc élaboré notre problématique.
Nous nous sommes d'abord demandé quels caractères
spécifiques revêtaient les vagues migratoires ultérieures
qu'avait connues la banlieue parisienne, et quelles réactions
politiques elles avaient provoquées. L'émigration est
toujo

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