Les dames des Ponts et Chaussées

Glasson Denis

Description

Au début du XXe siècle, l'invention de la machine à écrire transforme le monde des bureaux et, particulièrement, l'administration française. Dotée d'une qualification, la dactylo apparait. Au ministère des Travaux publics, ces nouvelles venues doivent conquérir leurs places et la qualité de salariées à part entière dans un monde clos et masculin. Si l'emploi féminin est devenu majoritaire dans les administrations françaises, de nombreux problèmes restent encore présents aujourd'hui.

Sujets

• Management
• Histoire
• Gestion
• entreprises

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 février 2017
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782140028915
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

sîğĐle, l’îŶveŶïoŶ de la ŵaĐhîŶe à ĠĐƌîƌe tƌaŶsfoƌŵe le ŵoŶde des ďuƌeaudž et, paƌïĐulîğƌeŵeŶt, l’adŵîŶîstƌaïoŶ fƌaŶçaîse. DotĠe d’uŶe ƋualîiĐaïoŶ Ŷouvelle, la daĐtLJlo appaƌaît. Au ŵîŶîstğƌe des Tƌavaudž puďlîĐs, l’aƌƌîvĠe des feŵŵes s’eFeĐtue eŶ deudž phases, de ϭϵϬϲ à ϭϵϮϯ. Cee îƌƌupïoŶ daŶs uŶ ŵoŶde Đlos et ŵasĐulîŶ Ŷe va pas de soî. La hîĠƌaƌĐhîe est paƌtagĠe et paƌfoîs hosïle. Ces Ŷouvelles veŶues doîveŶt ĐoŶƋuĠƌîƌ leuƌs plaĐes et la ƋualîtĠ de salaƌîĠes à paƌt eŶïğƌe. Dğs ϭϵϭϮ, elles s’oƌgaŶîseŶt d’aďoƌd eŶ soĐîĠtĠ aŵîĐale, puîs eŶ sLJŶdîĐat audž leŶdeŵaîŶs de la GƌaŶde Gueƌƌe. Cee edžpƌessîoŶ pƌofessîoŶŶelle Ŷ’est Ŷî assuƌĠe, Ŷî faĐîlîtĠe. La ƌepƌĠseŶtaïoŶ du gƌoupe ŶĠĐessîteƌa Đouƌage et peƌsĠvĠƌaŶĐe. Aujouƌd’huî, l’eŵploî fĠŵîŶîŶ est deveŶu ŵajoƌîtaîƌe daŶs les adŵîŶîstƌaïoŶs fƌaŶçaîses. Maîs de Ŷoŵďƌeudž pƌoďlğŵes, ƌeŶĐoŶtƌĠs à l’oƌîgîŶe, ƌesteŶt eŶĐoƌe pƌĠseŶts.

IllustƌaïoŶ de Đouveƌtuƌe : , AŶdƌĠ Maƌe, ϭϵϮϮ © MusĠe des ďeaudž-aƌts, Vîlle de BeƌŶaLJ / ĐlîĐhĠ JeaŶ-Pîeƌƌe Copîtet.

ISBN : ϵϳϴ-Ϯ-ϯϰϯ-ϭϭϭϮϴ-ϱ Ϯϭ

Denis Glasson

Les dames des Ponts et Chaussées

Les dames des Ponts et Chaussées

Denis Glasson Les dames des Ponts et Chaussées

Du même auteur L’aventure des laboratoires régionaux des ponts et chaussées, (avec André Guillerme, Gérard Brunschwig, Arnaud Berthonnet, François Caron), Presses de l’École nationale des ponts et chaussées, 2003 200 ans du Conseil général des ponts et chaussées - Études et chronologies historiques, (avec Pierre Chantereau), ministère des Transports, de l’équipement, du tourisme et de la mer, Agence B and B, 2005 Entretiens avec Pierre Detœuf,Enregistrements sonores et brochure, Comité d’histoire de l’équipement, des transports et du logement, 2006 « Un siècle de congrès mondiaux de la route », Pour mémoiren° 3, revue du comité d’histoire du ministère de l’Environnement, de l’énergie et de la mer, automne 2007 Un siècle de congrès mondiaux de la routeédition bilingue (collectif), anglaise/française de l’Association mondiale de la route, Tome I (1908-1964), 2011 ; tome II (1967-2007), à paraitre Les parcs, ateliers et magasins des ponts et chaussées, et leurs ouvriers, des origines à 1981, édité par le Syndicat national CGT des ouvriers des parcs et ateliers – ITF imprimeurs, 2011 Les cantonniers des routes – Une histoire d’émancipation, préface d’André Guillerme, éditions L’Harmattan, 2014 © L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr [e-mail] [e-mail] ISBN : 978-2-343-11128-5 EAN : 9782343111285

Préambule

L’histoire des administrations françaises se réduit souvent à celle des hommes qui les ont conçues, organisées ou dirigées. Si cette approche permet de percevoir et d’éclairer ces constructions étatiques, elle laisse fréquemment dans l’ombre - quand elle ne fait pas l’impasse pure et simple - sur celles et ceux qui, en grand nombre, en ont assuré, anonymement, l’existence. Tout au plus, ces agents subalternes, ces sous- 1 agents, ces temporaires ne sont connus que par leur appellation, quelquefois par leur nombre, très exceptionnellement par leur identité. On connait - parait-il - dans de moindres détails les faits et les gestes des puissants, des autocrates et des tyrans ; on sait peu de chose sur celles et ceux qui font société humaine.

L’administration des ponts et chaussées, puis celle des travaux publics, hier celle de l’équipement, aujourd’hui de l’écologie, apparait au début du XVIe siècle lorsque le gouvernement royal prend conscience de l’importance économique et politique du réseau routier et fluvial, et de son contrôle pour assoir l’autorité centrale. Se développe alors progressivement une organisation hiérarchique et territoriale qui englobera la route, la navigation fluviale, le transport maritime, les chemins de fer, la production et la distribution de l’énergie électrique auxquels est associé - au gré des configurations ministérielles changeantes - le commerce, l’agriculture, les postes et télégraphes, le ravitaillement, les transmissions, la production industrielle, la construction, l’urbanisme, le

1 Ces appellations sont authentiques. Elles caractérisent bien la place de celles et ceux qui occupent ces emplois, et la considération sociale de la hiérarchie à leur encontre. 7

tourisme, le logement, le cadre de vie, l’environnement, l’écologie. Sur le modèle militaire, une hiérarchie d’emplois assure ces fonctions publiques, contrôle les territoires et les populations, prélève les moyens financiers et humains nécessaires. À la tête, 2 une poignée d’inspecteurs généraux des ponts et chaussées ; le long des routes et des canaux une multitude de cantonniers et d’éclusiers. Jusqu’au début du XXe siècle, cette administration est 3 masculine . C’est une situation commune aux autres domaines administratifs. Cependant, dans la seconde moitié du XIXe siècle, des emplois féminins se multiplient dans le secteur des postes et des télégraphes, et dans l’enseignement primaire. Des recherches historiques ont montré que d’autres situations plus isolées ont existé. Ce ne fut pas le cas au sein des travaux 4 publics . Les raisons sont multiples : le cadre et le fonctionnement militaire de cette administration, une activité se développant essentiellement hors murs sur des zones territoriales, la loi salique et le principe royal masculin d’autorité, un machisme et une ségrégation dominante des sexes dans la société française d’alors. Pourtant, l’emploi féminin est aussi vieux que l’emploi masculin. La supposée répartition des rôles entre femmes et hommes est évoquée, mais bien souvent mise en avant faute d’examen ou de démonstration suffisante. Dès son origine, l’économie capitaliste a vite accaparé femmes, hommes et enfants pour en faire des salariés possibles et pour les employer au plus bas prix. Au XIXe siècle, les ouvrières sont nombreuses et parfois dominantes dans certains secteurs. Considérons donc 2 Entre 1754 et 1939, ce nombre varie entre 5 et 41. 3  Nuançons. La tenue des écluses est parfois considérée être attribuée à une famille (homme, femme, enfants) plutôt qu’à un agent particulier. On constate aussi la présence de gardiennes dans le secteur des phares et balises. 4 La présence de lingères sera évoquée dans cette étude. 8

que les conditions immédiates de recrutement et la volonté des dirigeants de séparer les ethnies, les sexes, les âges ou toutes autres particularités pour mieux contrôler ces prolétaires - et les opposer éventuellement -, sont des éléments déterminants dans l’histoire de la salarisation du genre humain. Le recrutement des femmes dans les administrations publiques françaises s’inscrit dans cette évolution. Mais elle s’effectue plus tardivement que dans l’industrie et le commerce. La mécanisation du travail d’écriture et de la reproduction de l’écrit révolutionnent l’organisation du travail des bureaux, des comptabilités et des administrations. Cela va être un puissant facteur d’évolution des mœurs et des modes de fonctionnement de la société. Tout comme il faut débusquer la présence des « petits » employés des administrations publiques, il faut tenter de voir et de mesurer l’entrée des femmes. L’existence d’une longue 5 série d’annuaires aux ponts et chaussées nous y aide. Ces documents font l’impasse sur la plupart des emplois subalternes, d’exécution ou occasionnels. Mais ils nous renseignent sur la présence des femmes. Dans ces annuaires, les hommes sont nommés par leur patronyme civil ; les femmes le sont également, mais est précisé leur sexe : « Madame » ou « Mademoiselle ». D’autre part, plusieurs séries de dossiers individuels conservés aux Archives nationales nous informent également. Certaines séries sont exclusivement féminines, d’autres le sont très majoritairement. Ceci nous a permis d’identifier nombre d’employées de l’administration des travaux publics et d’approcher cette mixité des emplois en cours de réalisation.

5 Depuis 1753. 9