Maladie, Vodou et Gestion des Conflits en Haïti
142 pages
Français

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Maladie, Vodou et Gestion des Conflits en Haïti , livre ebook

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Description

Le Kout Poud renvoie à une explication de la maladie et à un processus thérapeutique qui font appel à des représentations socioculturelles, symboliques et religieuses propres à Haïti. La maladie apparaît comme le révélateur immédiat de l'ordre social et du regard que l'homme porte sur lui-même.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2007
Nombre de lectures 144
EAN13 9782336280370
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296041332
EAN : 9782296041332
Maladie, Vodou et Gestion des Conflits en Haïti

Marie Meudec
Mot du directeur de la collection

Nous ne pouvons, en lançant cette collection, ne pas penser à Edward Saïd. “L’Autre Caraïbe” aurait pu être une démarche qui trouverait son fondement dans son Orientalisme, dans sa contestation du discours simple sur l’Autre qui oriente ses rapports avec lui-même et avec autrui. L’Autre que Saïd nous invite à découvrir ne réside pas dans le discours binaire d’un monde bon qui apporterait la lumière partout où elle n’existerait pas, mais plutôt dans un dialogue avec le différent. Ainsi en l’écoutant, comprendrons-nous qu’il est un Homme de parole, et nous nous délierons d’a priori qui nous privent d’une liberté essentielle, celle de penser la différence pour ce qu’elle est.
“L’Autre Caraïbe” est un dépassement de la vision du Carib comme étant un Canibala pour saisir l’histoire de ce peuple qui a façonné les terres antillaises pendant de longues périodes. Cette collection se veut la promesse de faire apparaître, dans son actualité, l’hôte de la caraïbe, celui-là qui tient son lieu dans Ces îles qui marchent et qui attirent le Divers pour l’informer comme un creuset, mais tout en préservant ses singularités.
C’est à ce tournant délicat que nous vous convions dans cette nouvelle collection. Nous comptons revisiter les sociétés caribéennes pour mieux évaluer leur trajet et leur présent, sans faire, comme nous le suggère assez judicieusement Jean Chesneaux (1976), du passé table rase. Car nous envisageons d’interpeller certaines vérités que nous avons héritées des aventures ethnocisantes de ce passé pour voir la Caraïbe telle qu’elle est: un lieu pétri de cette Histoire qui est saisissable, comme œuvre intégrale, à la croisée des chemins des Sciences Humaines. Deux questions guideront notre quête de sens. La première portera sur l’identité de cette Caraïbe plurielle et la deuxième sur sa place dans l’histoire universelle.
Les auteurs qui seront mis à contribution tenteront une réponse et mon amie Marie Meudec, la première. Elle nous dévoile la place du kout poud dans le vaudou haïtien. A la lecture de ce livre le lecteur remarquera que ce phénomène est plus complexe qu’il en a l’air. Il explique et est expliqué par bien des déterminants...
Fritz Calixte Directeur
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Préface : - Le kout poud  : un coup de foudre ? Avant-critique du Propos Chapitre 1 : - Le Kout Poud, explication et représentation de la maladie Chapitre 2 : - Le Kout Poud et la thérapie Chapitre 3 : - Aspects socio-culturels et religieux du Kout Poud Chapitre 4 : - Magie et sorcellerie dans le Kout Poud Chapitre 5 : - Le Kout Poud  : pour que justice soit faite... Conclusion : - Variations sur un même thème Glossaire Bibliographie
Préface :
Le kout poud  : un coup de foudre ?
La confusion toujours possible entre “poudre” et “foudre” m’a laissé accroire, lors de notre première conversation, que Marie Meudec faisait une recherche sur la relation entre la maladie d’amour et le coup de foudre… Cette première méprise me laissa l’intuition durable que la généalogie entre la poudre et la foudre n’était pas seulement due à la proximité sonore, mais qu’elle résidait en ceci que les deux charmes étaient portés par un “coup”, vecteur immatériel et diffus mais puissant et concentré dans ses effets.
Le propos annoncé était de comprendre la nature de la maladie et le type particulier de rapport que les Haïtiens entretiennent avec leur corps en assignant un principe au kout poud une généalogie raisonnée. A la lecture, il s’avère que le pari est tenu. L’originalité de cette recherche, c’est de placer le patient au cœur de la problématique et de renverser la perspective du diagnostic : subaltern attitude, qui renvoie, de façon implicite, aux travaux de Ranajit Guha sur la compréhension des représentations “par le bas” des mouvements historiques qui ont traversé les catégories populaires. En effet, Marie Meudec s’appuie sur un corpus impressionnant d’ouvrages et de référence faisant autorité dans le domaine de l’anthropologie médicale, de la sociologie et de l’ethnologie pour mettre en perspective des pratiques qui relèvent de trois domaines : du social, du culturel et du biologique.

Il est plus classique d’appréhender l’âme d’un peuple par ses pratiques cultuelles, sa religion, sa cosmogonie. L’audace de cette approche, c’est de placer le corps au centre de la recherche et de considérer que le discours que les hommes portent sur leur “machine” importe autant que les connaissances scientifiques pour la compréhension de la notion de maladie. Par cette leçon de relativité clinique, Marie Meudec nous invite à interroger des concepts considérés comme établis dans leur validité d’airain : santé, maladie, remède, guérison, corps, vie et mort. On s’avise à la lecture de ces lignes que ces notions ne recoupent pas la même réalité selon le contexte historique, culturel et social où l’on se trouve.
C’est à une véritable généalogie du mal proprement haïtien, que nous invite l’ouvrage, passant en revue les fondements à la fois clinique, culturels et sociaux d’un mal aussi profond que difficile à établir dans toute son étendue. Il s’agit d’un travail de terrain que Marie Meudec a mené dans des conditions particulièrement difficiles, du fait de l’instabilité politique chronique du pays. Sa connaissance étendue de la bibliographie jointe à une pratique approfondie du terrain ont permis à la chercheure d’éviter bien des écueils que sa jeunesse auraient pu excuser : la commisération naïve ou l’empathie béate du néophyte. Son travail dénote de bout en bout un souci éprouvé de scientificité du propos et de vérification scrupuleuse de ses sources. La maîtrise de la langue créole et une certaine capacité cultivée à entrer en dialogue avec les autres a conduit Marie Meudec à construire un cadre conceptuel strict et un champ sémantique définis selon les canons de la discipline anthropologique. Ce qui lui a permis de définir des trajectoires thérapeutiques atypiques, des représentations individuelles imbriquées dans des cosmogonies collectives inédites, inconnues en tout cas de la taxonomie occidentale.

Le kout poud apparaît comme un motif nosologique intéressant et pertinent pour qui prétend pénétrer l’âme haïtienne, dans une perspective anthropologique sociale et culturelle. On saura gré à Marie Meudec d’avoir levé un certain nombre de doutes sur l’universalité des croyances et des pratiques liées aux représentations du corps et de la santé. La primauté de la conception occidentale et la taxonomie étiologique des maladies ont longtemps jeté un voile de suspicion sur les pratiques et les croyances populaires. L’idée du progrès de la médecine et de l’avancée de la science grâce aux connaissances scientifiques tenait en haute lisière les remèdes de grand’mère inspirés par une pratiques ancestrales de la médecine.

L’auteure part de l’hypothèse que la maladie, en Haïti, ce n’est pas seulement le constat clinique d’un dysfonctionnement de l’organisme selon les critères occidentaux de la santé, mais un ensemble organique d’affections, dont la “maladie” n’est qu’un des signes manifestes, non le seul, ni le plus important. Aussitôt que survient la maladie, des relations sont à établir entre les divers champs sur lesquels se déroule l’univers des représentations de l’individu. Il est dès lors important de comprendre le mal dans son intégralité pour pouvoir l’appréhender avec précision et le guérir. La finalité d’un tel travail, c’est de mettre à la disposition du praticien et de l’homme de terrain un outil essentiel pour la compréhension de l’univers social, mental et culturel haïtien.
Sans vouloir établir de lien de cause à effet entre la situation sanitaire déplorable du pays et la récurrence de certaines pratiques magiques, l’auteure souligne de fait une relation entre le niveau d’éducation et le nombre

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