Précis d'ethnographie formelle

Olivier D'Hont

Description

Dans cet ouvrage, l'auteur propose la construction d'une représentation et une modalité d'analyse de la réalité locale au niveau de la communauté rurale dans les pays du sud, en traitant cette dernière comme la conjonction de trois types de systèmes : un système matériel, un système idéel et un système social. L'auteur incite à la recherche de procédures consensuelles de modélisation de cette réalité même au prix d'un réductionnisme. Celles-ci étant seules à même de donner à l'ethnographie la capacité d'exister significativement aux côtés des disciplines plus avancées dans leur formalisation.

Sujets

• Anthropologie
• Ethnologie
• Civilisation

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 15 avril 2017
• Nombre de lectures: 10
• EAN13: 9782140035364
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Olivier D’Hont

PRÉCIS D’ETHNOGRAPHIE FORMELLE

CONTRIBUTION À UNE ETHNOGRAPHIE COMPARÉE DES COMMUNAUTÉS RURALES DANS LES PAYS DU SUD

Précîs d’ethnographîe formelle

OlîvîerD’H ONT

Précîs d’ethnographîe formelle Contribution à une ethnographie comparée des communautés rurales dans les pays du Sud

© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-11629-7 EAN : 9782343116297

Avant-propos

Cet essaî s’adresse à des chercheurs en scîences socîaes et à des étudîants ouerts à a mutîdîscîpînarîté, soucîeux de a structuratîon des cadres de pensée propres à chacune des dîscîpes. ï est tout autant destîné à des chercheurs pratîcîens du déeoppement (naturaîstes, géographes, agronomes, mîcro-économîstes, spécîa- îstes de a santé pubîque ou de ’éducatîon de base, etc.) désîreux de mîeux întégrer à eur spécîaîté a connaîs- sance des pratîques des popuatîons bénéicîaîres. ï est organîsé de manîère à ce que e ecteur puîsse suîre une progressîon dans cette înîtîatîon à un formaîsme ethno- graphîque utîe pour recueîîr des înformatîons sur a îe quotîdîenne des popuatîons ruraes. L’ethnographe est un anthropoogue quî se îmîte à reeer et décrîre des faîts, puîs à es organîser en une structure înteîgîbe sans nécessaîrement produîre un dîscours înterprétatîf sur a socîété obserée. Le propos commence par une éocatîon sommaîre de a ruraîté dans es dîfférents contextes régîonaux dîstîngués seon eur état de déeoppement. Ee est suîîe d’un rappe des préoccupatîons et des apports de ’anthropoogîe cas- sîque. La suîte, en pusîeurs chapîtres, est une présentatîon

schématîque d’ordonnancements de concepts reatîfs aux actîîtés matérîees, îdéees et organîsatîonnees des ruraux en ue de eur reeé exhaustîf puîs de eur restî- tutîon écrîte. Pour ne pas aourdîr ’exposé de cette mîse en ordre, e recours à des exempes concrets sera donc îcî réduît au mînîmum.

6

Introductîon

La inaîté de ce propos est de proposer un formaîsme ethnographîque mînîmaîste îssu de a dîscîpîne anthropo- 1 ogîque, pus ambîtîeuse , quî puîsse être utîe à ’étude de 2 sîtuatîons ruraes . Étudîer une sîtuatîon rurae, toujours compexe, c’est dîscrîmîner des faîts de dîfférente nature et es mettre en un ordre conférant une înteîgîbîîté à eur ensembe. Par ethnographîe formee nous ouons îndîquer que notre propos porte sur cet ordre ou mîse en forme des opératîons d’un entendement, que que soît a sîtuatîon rurae étudîée. Ce formaîsme est une nécessaîre 3 pensée préexîstante à ’enquête de terraîn . Ce texte est

1 L’anthropoogîe générae s’afirme oontîers înterprétatîe bîen qu’ee reste souent spécuatîe. À propos du fréquent défaut de rîgueur ogîque des « démonstratîons » en scîences humaînes, oîr Jean-Caude Gardîn, 1974,La logîque du plausîble. 2 De nombreux ethnoogues ont proposé des manues de terraîn d’orîentatîon très dîfférente tes Marce Mauss,1926,Manuel d’ethnographîe, Marce Grîaue, 1957,Méthode de l’ethnogra- phîe, Danîe Céfa (ed.), 2003,L’enquête de terraîn, Forence Weber, 2009,Manuel de l’ethnographe. 3 « L’anthropoogîe sera scîentîique ou ee dîsparatra. Sî toî et moî nous partons ensembe pour un terraîn, nous derons éaborer au préaabe une probématîque. Les faîts socîaux ne sont pas des objets à cueîîr comme des pommes sur un

un paîdoyer pour une meîeure formaîsatîon de cette composante émînemment descrîptîe d’une anthropoogîe 4 appîquée, qu’est ’ethnographîe . Nous parons d’étude ethnographîque au serîce du déeoppement rura, c’est-à-dîre a productîon d’un saoîr cîrconstancîer sur es popuatîons concernées, par oppo- 5 sîtîon à une « anthropoogîe du déeoppement » quî étudîeraît e projet de déeoppement en tant que coni- guratîon d’acteurs aec des enjeux et des représentatîons propres : ruraux, mandants, baîeurs, consutants, agents technîques, autorîtés natîonaes et ocaes, courtîers assu- rant a médîatîon entre a popuatîon et e projet, oîre es obserateurs « scîentîfîques ». L’objectîf est îcî de mîeux connaître a îe quotîdîenne d’une popuatîon pour

pommîer. Aant de prendre ’aîon î faut expîcîter ce que ’on a chercher à étudîer. Maîs aors, à partîr du moment où nous sommes en accord sur ces poînts, nous derons ramener du terraîn es mêmes obseratîons quî serîront à ’anayse. Là se sîtue ’objectîîté. Un, deux, ou cent anthropoogues doîent recueîîr sur e terraîn sensîbement es mêmes faîts, s’îs euent satîsfaîre aux crîtères de ’objectîîté ». Voîr Aban Bensa et Robert Cresswe, 1996, « À propos de a technoogîe cutu- ree. Entretîen aec Robert Cresswe ». 4 Un gossaîre en in d’ourage rassembe es déinîtîons des termes sîgnaés par un astérîsque quî doîent être comprîs îcî dans un sens précîs. Le dîctîonnaîrePetît Robertînformatîsé de 1996, sert de référence exîcae pour es termes usues. Les guî- emets françaîs îndîquent une cîtatîon d’auteur ou d’înterîewé, tandîs que es guîemets angaîs souîgnent e sens partîcuîer du mot dans son contexte. 5 Voîr J.-P. Oîîer de Sardan, 1995,Anthropologîe et Développement, essaî en socîo-anthropologîe du changement socîal, et P.-J. Laurent, 2008,Une assocîatîon de développe- ment en pays Mossî. Le don comme ruse.

8

6 pouoîr éauer sur cee-cî ’împact effectîf ou potentîe de a mondîaîsatîon, des changements enîronnementaux, ou d’une perturbatîon oontaîre înîtîée de ’extérîeur par un noue aménagement (route, marché, écoe, etc.), un projet ou une poîtîque de déeoppement (nouees productîons, 7 réforme foncîère, etc.) . ïncîdemment, î s’agît d’înentorîer au bénéice d’études pus strîctement enîronnementaes, es actîîtés humaînes en tant qu’ensembe géo-ocaîsé.

ï s’agît d’abord de cîrconscrîre un objet d’étude*, a communauté rurae, puîs de séectîonner queques d’objets de saoîrs* ou concepts propres à une ethnographîe utîî- tarîste au seîn de ’anthropoogîe générae. Ces concepts ne sont es objets d’un même saoîr que s’îs ont une pertînence es uns par rapport à d’autres au seîn d’une organîsatîon quî es renoîent ers une inaîté heurîstîque* commune. Cette archîtecture conceptuee constîtue un formaîsme de 8 ’ethnographîe, dîscîpîne quî est oîn d’être une scîence .

6 Par opposîtîon à ’éauatîon du projet en tant que te au traers d’entretîens aec es partîes prenantes, ’enquête auprès des popuatîons pour une étude d’împact est pus coûteuse, ses résutats peuent être dérangeants. Ce retour dîscîpînaîre au terraîn quî seu peut conduîre à ’améîoratîon de nos études est très souent négîgé. 7 En 2015, a conférence d’Addîs-Abeba, ’adoptîon des objectîfs du déeoppement durabe (ODD) puîs a COP 21 sur e changement cîmatîque, amènent à changer de paradîgme : î ne s’agît pus d’aîde au déeoppement, maîs d’une mîse en réseauad hocde ’ensembe des acteurs mondîaux pour mettre en œure des poî- tîques quî répondent aux attentes et aux besoîns des popuatîons tout en s’înscrîant dans es contraîntes extérîeures : inîtude de a Panète et changement cîmatîque en cours. 8 Le terme scîences doît être réseré à une appréhensîon du monde au traers de a constructîon de formaîsmes où un ensembe de phénomènes obserabes peuent être représentés par des entîtés mathématîques (quantîté, fonctîons, ecteurs, etc.) pour

9