Saints, chamanes et pasteurs
276 pages
Français

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Saints, chamanes et pasteurs , livre ebook

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Description

La religion populaire des Mayas a beaucoup évolué mais ces changements ne les empêchent pas de rester vivants, avec leurs langues, leurs contes, leurs traditions métisses. Aujourd'hui, saints, chamanes et pasteurs cohabitent : les saints sont des fous de Dieu et des ancêtres vénérés, les chamanes soignent les personnes et la terre, les pasteurs ont des vécus mythiques et prêchent en maya.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 57
EAN13 9782296464513
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Saints, chamanes et pasteurs
La religion populaire des Mayas, II
Saints, chamanes et pasteurs
La religion populaire des Mayas, II
Michel Boccara
À Pascale,
qui m’a donné l’idée d’écrire ce nouveau livre
L’Harmattan
Extraits des publications de l’auteur
Entre métamorphose et sacrifice,
la religion populaire des Mayas,
Paris, L’harmattan, 1990.
La part animale de l’homme.
Esquisse d’une théorie du mythe et du chamanisme,
Paris, Anthropos, 2002.
(en collaboration)
Le mythe : pratiques, récits, théories, 4 volumes,
Paris, Anthropos, 2004.
(avec Pascale Barthélemy)
La cuisine maya, Paris, Ductus- Psychanalyse
et pratiques sociales, 2007
Films
Mémoires des Mayas, 12 DvD parus, CNRS, Paris, 1991-2009.
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54999-9
EAN : 9782296549999
Remerciements

Le nombre de personnes que je devrais remercier s’est accru avec les années… depuis ce jour de novembre 1976 où j’ai, pour la première fois, foulé la terre maya.
Ainsi ces remerciements garderont une forme collective puisqu’après tout, nous deviendrons tous, un jour ou l’autre, des ancêtres.
Ce sont tout d’abord mes amis mayas qui, en partageant leur vie avec moi, m’ont adopté comme un des leurs et m’ont transmis une partie de leurs connaissances.
C’est ensuite ma famille qui a partagé avec moi les joies et les peines de mon immersion en pays maya.
Enfin, les soutiens, divers et multiples, formels et informels, en France et au Mexique, qui m’ont permis de poursuivre mon travail dans les meilleures conditions possibles.
Je les embrasse tous et Dieu reconnaîtra les siens.
Prologue 1
Nouvelles réponses à l’oiseauserpent2
Il y a vingt ans paraissait le premier volume de La religion populaire des Mayas . Entre métamorphose et sacrifice, dont ce livre est la suite.
Un de mes points de départ était le récit d’un rêve qui mettait en scène l’apparition d’un gigantesque oiseauserpent qui s’adressait à ses frères humains en leur demandant de rétablir la communication3.
C’est la communication qui a été le fil conducteur de mon travail pendant ces vingts années.
J’ai pris au mot l’oiseauserpent et j’ai travaillé au rétablissement de la communication entre lui et nous. L’oiseauserpent est un représentant des images très anciennes et toujours nouvelles que nous ont transmises nos ancêtres. Il est le flux mythique du vivant qu’il s’agit de saisir et de continuer à faire circuler en nous et dans les sociétés humaines.
Ce second livre est donc, comme le premier, un développement de ma réponse à l’appel de l’oiseauserpent. En particulier, trois thèmes sont directement issus de ce mythe4 – par mythe, je le rappelle5, j’entends une réalité vivante dont la nature psychique renforce sa capacité à agir au cœur du social – :
1) L’ ak’ab ts’ib , écriture obscure ou écriture de la nuit des anciens Mayas, que les archéologues appellent écriture glyphique (voir chapitre 4).
2) Le cordon ombilical de la mère cosmique et le lien de la société maya avec le féminin.
La seconde partie de mon rêve, que je ne racontais pas dans mon premier récit, met en scène la femme inconnue… l’éternel retour de la mère aux multiples visages (voir chapitres 1, 2 et 6).
3) Le vécu mythique et son rapport à l’histoire : toute nouvelle période historique est à la fois une rupture – pensée comme une coupure du cordon ombilical cosmique – et l’actualisation d’un événement originel.
Tu ne conn aîtras jamais bien les Mayas
Maya est un terme passé dans le grand public mais sait-on que ce terme, dans le sens où on l’emploie, est colonial ? La société maya est une fiction inventée par les archéologues et les anthropologues. Sur le terrain, il existe, a-t-on coutume d’écrire, une trentaine de langues mayas, qui appartiennent à un ensemble linguistique cohérent mais les Mayas du Chiapas et ceux du Yucatán ne se considèrent pas comme faisant partie du même ensemble culturel. Maya est d’ailleurs un terme yucatèque qui renvoie à la racine may dont la signification est polysémique. Un des sens est une odeur forte comme celle du miel ou du tabac… Ce qui s’accorde bien avec un petit mythe qui raconte qu’au Jugement dernier, on reconnaîtra les Mayas à l’odeur : les Mayas seraient donc le peuple parfumé…
Je conserverai dans ce livre cette fiction utile : les Mayas, que ceux-ci soient yucatèques ou qu’ils appartiennent à l’une des quelques vingt-neuf autres sociétés qui s’échelonnent du golfe de Vera Cruz au Guatemala.
Mythe et Histoire sont deux catégories indissociables. Ainsi, des personnages mythiques comme l’alouche, la X-tabay, le Way kot, renvoient à des « constellations » historiques. Ils sont, au sens propre, de l’ancien futur, dans la mesure où la matrice du mythe actualise et intègre constamment les nouveaux événements.
a) L’alouche ou arouche6 – on prononce indifféremment l’un ou l’autre – idole d’origine coloniale mais aux racines préhispaniques, surveille jardins en forêts et terrains de chasse. C’est le premier écologiste, bien avant l’émergence de l’écologie moderne.
b) La X-tabay, maîtresse de l’amour et des relations sexuelles, donne à chacun selon son désir et annonce une société où les relations hommes/femmes deviennent plus égalitaires7.
c) Le Way kot fait le lien entre les rapts préhispaniques alimen-tant les sacrifices humains, la naissance du commerce et les « modernes » trafics d’organe8.
D’un livre à l’autre
Il est un sujet qui m’avait complètement échappé dans mes travaux antérieurs, c’est l’importance de l’influence de la culture de l’Afrique noire dans la religion maya coloniale et contemporaine. Les faits abondent mais les préjugés sont têtus. Dès que l’on considère la société maya comme un métissage non de deux mais de trois groupes, les Blancs, les Mayas et les Noirs, on découvre alors une foule de documents qui mettent en valeur cette place des Noirs africains dans la culture yucatèque. Un exemple parmi tant d’autres : un des plus anciens documents sur une cérémonie destinée à faire tomber la pluie, datant de 1787, met en scène un h-men d’origine africaine (chapitre 4).
C’est lors d’un séjour en Martinique, invité par le Musée d’Ar-chéologie de Fort-de-France, que j’ai pris conscience de cet oubli.
J’ai présenté là-bas mes travaux sur les Mayas et j’ai rencontré un accueil enthousiaste : les Martiniquais voyaient dans la société maya un moyen d’échapper au clivage noir/blanc de leur société, ils percevaient aussi les relations communes entre la culture caraïbe préhispanique et la culture maya. « Nos ancêtres les Mayas », me disaient-ils.
J’ai étudié depuis les relations entre la culture yucatèque et différentes cultures latino-américaines qui, à des degrés différents, présentent ce triple métissage : la santeria cubaine, le candomblé brésilien, la vaudou haïtien… J’y ai trouvé des différences notables, mais aussi beaucoup de points communs.
L’anthropologie a toujours eu beaucoup de mal à comprendre les phénomènes métis. Comme Proust est parti à la recherche du temps perdu, l’anthropologue recherche le bon sauvage, la pureté originelle.
L’anthropologie est à la croisée des chemins : arrivera-t-elle à sortir des ornières coloniales en se débarrassant des préjugés ethnocentriques ?
Pour prendre un exemple parmi tant d’autres : comment rendre compte de la complexité du phénomène chamanique si l’on continue à penser que la transe n’existe pas et qu’elle est une habile simulation ?
Les travaux des neurologues s’appuyant sur l’imagerie cérébrale permettent aujourd’hui de montrer que la transe entraîne un état modifié du cerveau.
Il nous reste bien sûr le principal : interpréter ces images…
Lire, c’est interpréter.
1 Oiseauserpent est toujours écrit en un seul mot.
2 Oiseauserpent – en un seul mot – est le nom de l’archétype ou image source, « serpent à plumes », la traduction littérale du maya ; le dragon, par exemple, est aussi une forme culturelle de l’archétype de l’oiseauserpent.
3 La religion populaire des Mayas, p. 42 et infra, chapitre 1.
4 Ces thèmes ont été développés dans des publications antérieures, en particulier Ak’ab ts’ib, lettres de nuit des Mayas, 1997 ; et Los Laberindos sonoros, vol. 5.
5 Pour des développements sur la théorie du mythe, je renvoie à mon livre La part animale de l’homme, 2002.
6 Les labyrinthes sonores, vol. 7, petit personnage d’argile, de cire, de pierre ou de pâte.
7 Les labyrinthes sonores, vol. 3.
8 Les labyrinthes sonor

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