La pêche à Mayotte
190 pages
Français

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La pêche à Mayotte , livre ebook

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Description

Dans le contexte de la départementalisation de Mayotte, la pêche artisanale de cette île a longtemps été négligée et est restée ainsi archaïque malgré l'importance de son rôle du point de vue social, culturel et économique. Le présent ouvrage plaide pour un dépassement des représentations souvent simplistes opposant systématiquement les intérêts de la pêche artisanale et industrielle et montre comment ces deux segments ont intéret à travailler ensemble pour une meilleure prise en compte de leurs préoccupations.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 42
EAN13 9782296464100
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA PÊCHE À MAYOTTE Entre archaïsme et postmodernité
Olivier BUSSON
LA PÊCHE À MAYOTTE Entre archaïsme et postmodernité
Préface de Mansour Kamardine
À Solal et Sasha
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54745-2
EAN : 9782296547452
Préface
Mansour Kamardine est élu maire de la commune de Sada à 23 ans, devenant alors le plus jeune maire de France. Candidat malheureux aux législatives de 1993 et de 1997, il devient député en 2002. Conseiller général du canton de Sada, Vice-Président du conseil général, il est battu aux législatives de 2007, puis aux cantonales de mars 2008.
Il reste un artisan majeur de la départementalisation de Mayotte et un ardent défenseur des professionnels de la pêche mahoraise. Lors de la conférence de St Denis de mars 2006 sur la coopération régionale dans l’Océan Indien, il a interpellé avec vigueur les pouvoirs publics sur la nécessité pour Mayotte de bénéficier de retombées économiques minimales liées à l’activité de pêche industrielle des thoniers européens qui se déploie dans les eaux bordant l’île. Ce fut le point de départ d’un mouvement de fond tendant à rétablir un équilibre entre la pêche industrielle européenne et la pêche artisanale mahoraise.
Pouvait-on rendre meilleur hommage à Mayotte et à ses forçats de la mer qui risquent parfois leur vie pour nourrir notre île et nos enfants? On a entendu dire parfois que les Mahorais n’étaient pas des marins, comme si être marin était une qualité innée, que l’on a ou pas, définitivement.
Il y a une Histoire, certes ; un passé, soit. Beaucoup plus riches l’une et l’autre d’ailleurs dans le domaine maritime qu’on ne le croit encore trop souvent.
Mais n’est-ce pas précisément notre rôle de ne pas nous résigner à l’immuabilité et d’interroger les causes objectives qui font que la pêche mahoraise n’est pas ce qu’elle devrait ou pourrait être ?
Car, j’en suis convaincu, c’est un métier d’avenir pour qui veut bien regarder la réalité en face. Les besoins alimentaires de la population ne cessent de croître et il n’est pas viable, ni sur le plan économique, ni d’ailleurs d’un point de vue environnemental de tout importer du monde entier alors que l’on a une richesse immense à la portée de notre main.
Sait-on que l’on consomme à Mayotte d’importantes quantités de thon pêchées à deux coups de rames de la côte par des navires industriels qui débarquent leurs captures aux Seychelles où elles sont mises en conserve et envoyées en métropole pour ensuite revenir à Mayotte par conteneurs pour y être enfin consommées ? Entre sa capture et son retour à Mayotte sous forme de conserve, le poisson aura vu son prix multiplié par dix ! N’est-ce pas là un gâchis environnemental pour la planète et un gâchis économique pour Mayotte qui a longtemps laissé échapper ces richesses qui profitent ainsi à d'autres ?
Depuis peu, la situation évolue et l’auteur y a eu son rôle pour impulser un mouvement de fond qui se prolonge à travers cet ouvrage. Un rapprochement salutaire est en cours entre la pêche mahoraise et la pêche industrielle. Il doit se poursuivre avec l’embauche progressive de Mahorais sur les thoniers senneurs et des escales plus fréquentes de navires à Mayotte.
Nos poissons, ce sont nos emplois. Mais il faut aussi savoir attirer les jeunes vers ce métier difficile. Pour les convaincre de franchir le pas, les rémunérations doivent être attractives, les formations être de qualité et avoir lieu dans un environnement et dans des locaux modernes qui donnent envie d’y travailler. Les jeunes doivent y apprendre à bien pêcher, mais aussi durablement, dans le respect de la ressource pour que notre lagon et nos eaux continuent à être notre « garde-manger » pour les générations futures. Les conditions de vie à bord doivent être dignes et les marins ne doivent pas risquer leur vie à chaque fois qu’ils prennent la mer.
« A la mer, tout se tient », nous rappelle le poète grec contemporain Yannis Ritsos dans Les Vieilles femmes et la mer 1 : « Tout ce que nous avons appris - bien appris - c'est cela : la mer ne se coupe pas en tranches, comme le pain, ne se partage pas, entière elle est, entière elle te veut, entière elle te prend, entier tu luttes avec elle, et tu la gagnes ou la perds tout entière... Entière est la mer, et de même la vie, elle ne se partage pas ; entière tu la reçois et tu la donnes, entière elle reste - et la mort même n'y peut rien - sa faux ne peut la morceler ».
Le chemin est encore long pour que nos pêcheurs disposent également d'infrastructures portuaires leur facilitant le travail au débarquement et l'avitaillement, mais aussi d’un véritable régime de protection sociale et d’une véritable représentation professionnelle spécifique comme leurs homologues ultra-marins ou métropolitains.
Mais ce défi ne nous effraie pas : la départementalisation fut un combat de longue haleine. Le développement économique endogène de notre île doit être notre prochain défi. Il ne pourra s’appuyer que sur les richesses immenses -mais pas infinies- de notre mer nourricière. Ayons enfin une véritable ambition maritime pour notre île, résolument tournée vers l’avenir !

Mansour Kamardine
1 RITSOS, Yannis . Les vieilles femmes et la mer . Éditions Fata Morgana. 1978, 88 p.
Introduction
Mayotte, 101 ème département français
À l’heure où Mayotte accède, après des années de combat politique 2 , au statut de département et région d’outre-mer, cette île de l’Océan Indien, terre française en Afrique, sort peu à peu d’une certaine indifférence dans laquelle l’a longtemps laissée la métropole.
La plus australe des îles de l’archipel des Comores, que peu de nos concitoyens savent encore vraiment situer sur une carte, fait en général parler d’elle lorsqu’un kwassa-kwassa, frêle esquif rempli de candidats à l’immigration clandestine originaires d’Anjouan, chavire emportant des dizaines de vies.
Si la question de l’immigration est en effet un problème politique majeur de l’île, elle ne doit pas occulter le formidable potentiel de développement de ce bout de terre française encore trop dépendant des flux financiers publics (à hauteur de 45% du produit intérieur brut –PIB- local).
Or, le principal atout de Mayotte est maritime 3 . Le développement endogène de l’île passe à l’évidence par une meilleure exploitation des richesses de la mer que ce soit pour développer le tourisme nautique, les énergies renouvelables (hydroliennes par exemple), et naturellement l’aquaculture et la pêche pour alimenter une population en forte croissance.
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(source : Cahiers de l’Outre-mer, n°248 octobre-novembre 2009 )

(source : Cahiers de l’Outre-mer, n°248 octobre-novembre 2009 )
Une dimension maritime essentielle
La dimension maritime de Mayotte se donne à voir immédiatement. Située au sud-est de l’archipel des Comores à moins de 40 milles (70 km) d’Anjouan, entre Madagascar et le Mozambique, Mayotte est l’île volcanique de l’archipel la plus anciennement formée (environ 8 millions d’années).
Ses massifs, peu élevés –son point culminant, le Mont Bénara, se dresse à 660m-, sont beaucoup plus érodés que ceux de Grande Comore par exemple, où le volcanisme du Karthala est toujours actif.
Des témoignages de cette origine sont toujours visibles à Mayotte avec le cratère du Dziani et le cirque de Cavani. Elle explique le découpage particulier du littoral de Mayotte, constituée de deux îles principales (Petite-Terre et Grande-Terre), de nombreux îlots (une trentaine), de baies profondes bordées de mangroves, de caps et de presqu’îles.
Sa forme particulière lui a valu le surnom d’Hippocampe.
L’ensemble est entouré d’une barrière de corail de 160 km de long entrecoupée d’une dizaine de passes. Cet espace maritime particulier, le lagon, est l’un des plus grands au monde, avec une surface de 1500 km².
Mayotte est insérée en outre dans un espace régional composé d’autres îles : Madagascar, les Comores, les Seychelles, Maurice, La Réunion, les Glorieuses, notamment. La mer se fait ici à la fois frontière et espace de communication et d’échanges indispensables.
Le peuplement originel de l’île, qui se serait fait par voie maritime entre les Vème et le VIIIème siècles, est d’origine bantoue. Le commerce se développe notamment avec Madagascar. Puis, les invasions arabes apportent la culture swahilie et la religion musulmane.
Ces points restent caractéristiques encore aujourd’

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