L indifférence scientifique envers "La recherche en sciences sociales au Gabon" de Jean-Ferdinand Mbah
104 pages
Français

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L'indifférence scientifique envers "La recherche en sciences sociales au Gabon" de Jean-Ferdinand Mbah , livre ebook

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Description

La recherche en sciences sociales au Gabon est une œuvre par laquelle Jean Ferdinand Mbah proposait une perspective théorique et méthodologique à la pratique de la recherche scientifique sur le terrain gabonais. Plus de 20 ans après sa parution, Claudine-Augée Angoué s'est entretenue avec J.F. Mbah, en tenant compte du nouvel environnement politique et universitaire de ces dix dernières années. L'entretien revient sur les conditions de production scientifique à l'université de Libreville ainsi que sur l'influence du politique sur celle-ci.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 35
EAN13 9782296802797
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’indifférence scientifique envers La Recherche en sciences sociales au Gabon de Jean-Ferdinand Mbah
Études Africaines Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akoa
Dernières parutions
B. Y. DIALLO,LaGuinée, un demi-siècle de politique, 1945-2008, 2011. Ousseini DIALLO,Oui, le développement estpossible en Afrique, 2011. Walter Gérard AMEDZRO ST-HILAIRE, PhD,Gouvernance et politiques industrielles.Des défis aux stratégies des Télécoms d’État africains, 2011. Toavina RALAMBOMAHAY,Madagascar dans une crise interminable, 2011. BadaraDIOUBATE,Bonne gouvernance et problématique de la dette en Afrique.Le cas de laGuinée, 2011. KomiDJADE,L’économie informelle enAfrique subsaharienne, 2011. Hifzi TOPUZ,UnTurc au Congo, 2010. DjakalidjaCOULIBALY,Agriculture et protection de l’environnement dans leSud-Ouest de laCôte d’Ivoire, 2011. Lofti OULED BENHAFSIA, KarimaBELKACEM,L'avenir du partenariatChine-Afrique, 2011. Ngimbi KALUMVUEZIKO,UnPygmée congolais exposé dans un zoo américain, 2011. EsséAMOUZOU,Aide et dépendance de l’Afrique noire, 2010. Pierre N’GAKA,Le Système de protection sociale auCongo-Brazzaville, 2010. BernardGOURMELEN et Jean-Michel Le Roux,Petits métiers pour grands services dans la ville africaine, avec la collaboration de Mamoutou Touré, 2011. Issakha NDIAYE,Guide de la passation des marchés publics au Sénégal,2010. XavierDIJON et Marcus NDONGMO,LÉthique du bien commun enAfrique, Regards croisés,2011.
Claudine-Augée Angoué
L’indifférence scientifique envers La Recherche en sciences sociales au Gabon de Jean-Ferdinand Mbah
CRES
© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54338-6 EAN : 9782296543386
Introduction
L’entretien autour deLarecherche en sciences sociales au 1 Gabona été suscité par un ensemble de questionnements qui ont accompagné notre réflexion sur l’objectif de l’institution universitaire dans son ensemble mais, et surtout, sur les pratiques théoriques et méthodologiques des « diplômés » gabonais en sciences sociales, dans leur participation à la production de la connaissance. L’ensemble de ces interro-gations a donné lieu àLarecherche scientifique à l’épreuve du 2 terraingabonais . En effet, l’observation de la vie universitaire durant les cinq dernières années, notamment à propos de la difficulté éprouvée par certains « spécialistes » de sciences sociales à « lire » le projet Licence –Master –Doctorat (LMD), nous ont conduits à nous poser la question suivante : quel acteur de demain - du point de vue du profil et du contenu de la formation – l’université gabonaise entend – elle produire ? Le projet LMD tel qu’entendu par les universitaires gabonais est-il vraiment opposé aux propositions contenues dans l’ouvrage de J.F. Mbah ? Pourtant, dans la préface à cet ouvrage, Louis-Vincent Thomas rappelle que l’auteur « remet les pendules à l’heure et aide les intellectuels africains ou africanistes à balayer devant 3 leur porte » , celle de l’UOBen l’occurrence, dont le projet LMDest une opportunité qui devrait permettre de réajuster, mieux, de définir enfin l’objectif scientifique de cette institution. Aussi,La recherche en sciences socialesest une invitation à l’élaboration d’une recherche nationale qui se servirait de
1 J.F. MBAH, 1987,La recherche en sciences sociales auGabon, Paris, L’Harmattan. 2 C-A ANGOUE, « La recherche scientifique à l’épreuve du terrain gabonais », Revue gabonaise desociologie, n°3, avril 2010, pp 75-109 3 J.F. Mbah, op.cit. p. 7
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travaux coloniaux et de la période postindépendance des années 1960-1980 comme tremplin. Notons par ailleurs que l’auteur est le dernier des fondateurs du département de sociologie encore en activité au sein de la faculté. Il nous semble que son ouvrage, véritable programme de travail qui interpelle, aujourd’hui encore, l’ensemble de la communauté scientifique nationale n’a pas été approprié par ses destinataires.Dès lors, plus de 20 ans après sa publication, comment l’auteur explique t-il ce peu d’intérêt accordé à cette invite ? Quelles sont les perspectives qui s’offrent aux universitaires gabonais aujourd’hui pour la mise en place d’une pratique scientifique soucieuse des exigences théoriques et méthodologiques qui exprimeraient la nécessaire rencontre 4 « entre la pratique théorique et la pratique politique » ?
Les réponses à ces interrogations déployées en douze (12) questions autour desquelles s’articule notre entretien, rappellent d’abord ce qu’est l’université pour le politique et l’universitaire gabonais, conception que l’on appréhende aisément dans le rapport que ces deux acteurs entretiennent sur le terrain de l’université.De ce rapport ambigu découlent une anthropologie et une sociologie factuelles, permettant d’éviter de rencontrer le pouvoir et, par conséquent conduisant à la perte des réflexes et aptitudes inhérents à la fonction critique qui définit et caractérise le chercheur en sciences sociales. Le résultat de cet entretien, loin de rentrer dans les canaux 5 classiques de ce genre d’exercice peut se concevoir comme une tentative de « réédition » de l’ouvrage, augmenté et actualisé ; d’où la longueur de certaines réponses aux questions que nous estimions prépondérantes et sur lesquelles nous insistions. Loin de vouloir influencer l’interprétation et l’analyse que chacun peut donner de son contenu, il ressort de cet entretien que l’interrogation - fausse par rapport aux exigences scientifiques
4 Idem p.9 5 R.Bessis,DialogueavecMarcAugé autour d’une anthropologie de la mondialisation. Paris, L’Harmattan, 2004.GeorgesCharbonnier,entretiens avecLévi-Strauss, Paris, UnionGénérale des éditions, 1961
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d’une université - que s’est posée le politique à la création de l’université en 1970 a posé les bases de son rapport ambigu avec l’universitaire. Cependant, la dynamique actuelle, la marche de l’histoire des institutions nationales dans, par exemple l’adoption du systèmeLMD, vont finir par imposer aux enseignants-chercheurs gabonais une organisation de l’activité de recherche et pédagogique favorables à la production des connaissances scientifiques et des étudiants compétitifs sur la scène internationale.
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L’université gabonaise
Claudine-Augée ANGOUE (CAA): Dans la préface à votre ouvrage,Louis-Vincent Thomas constate que « la faiblesse du contexte théorique d’un grand nombre d’études facilement récupérées par les instances du pouvoir en place est, peut-être, ce qui ressort le plus du tableau qui nous est offert des principales recherches gabonaises » (p.7).Cette remarque concerne la période qui couvre les décennies 1960 à 1980.
Question: Vous partagez, sans nul doute, ce constat de L-V Thomas. Vingt ans après quels sont les changements, les frémissements notés qui appelleraient à un certain optimisme de votre part ?
Jean-Ferdinand MBAH (J-FMbah): On peut dire qu’au Gabon, l’interrogation sur le rôle que peut jouer la science, la recherche dans le changement social est de plus en plus fondé. Le constat fait en 1987 sur la faiblesse du contexte théorique des études nationales reste d’actualité. On peut penser, à première vue, que nous avions voulu privilégier l’aspect théorique des travaux et que, pour cette raison, nous avions jugé nécessaire de les regrouper d’après leurs principes d’analyse sous-jacents en partant à chaque fois des concepts les plus généraux pour déboucher ensuite sur les recherches empiriques effectuées, pour la plupart, sur le paradigme tradition / modernité.De telles études visaient certainement un but pratique et n’avaient guère de prétentions théoriques.
Aujourd’hui, la recherche universitaire a investi la plupart des champs (depuis qu’il y a des laboratoires) de la réalité sociale. Cependant, elle est restée marquée par un curieux et continuel évitement d’elle-même.En effet, les enseignants-chercheurs, en dehors de la mise en avant de leurs problèmes matériels et moraux, restent relativement muets, dans la mesure où ils n’ont
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pas eu à développer une véritable réflexion, à la fois sur l’institution et sur leurs propres pratiques (pédagogiques et scientifiques). En vérité, ils ont, pendant longtemps (exceptés 6 1979-1980 ; 2001-2002) , fonctionné sur la base d’une dissociation de fait entre l’université – espace de travail (l’enseignement) et l’université –objet d’étude et de réflexion (la recherche). De nombreuses grèves ont souvent mis en avant la première dimension de l’université, c’est-à-dire l’enseignement.Le passage d’une posture à une autre, autrement dit, la jonction enseignement-recherche, de plus en plus manifeste dans la reconnaissance du statut des acteurs de la vie universitaire, se révèle encore très difficile.Pour beaucoup d’apprenants et d’enseignants, l’université n’est rien d’autre que cet espace-temps : un amphithéâtre, deux à trois cours hebdomadaires entrecoupés d’une ou deux séances de travaux dirigés. En prenant conscience de l’importance du cadre organique et institutionnel de la recherche scientifique, ils constituent une fraction significative de l’élite scientifique.Alors, si nous définissons la recherche nationale comme l’ensemble des recherches dont le résultat ou l’accumulation accroît le stock de connaissances scientifiques qui appartiennent à la nation, et sont à la disposition des pouvoirs publics (de l’Etat), deux types d’objectifs historiquement et politiquement possibles orientent les choix nécessaires en matière de recherche nationale en ce qui concerne les trois décennies 1980-2010 : les objectifs du développement de la société d’une part, ceux de la recherche d’autre part. Or, le contexte social actuel montre qu’il y a des contradictions entre les priorités mal définies de la politique du
6 En 1979-1980, les enseignants rédigent un document sur l’ensemble des problèmes concernant l’enseignement et la recherche à l’Université et au CENAREST.Ce mémorandum fut remis aux autorités de tutelle (ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et technologique pour information et appréciation.En 2001-2002, l’université était en grève. Le syndicat national des enseignants et chercheurs (SNEC) réitéra les recommandations de 1979-1980 en montrant que la situation s’est profondé-ment dégradée. Le même silence a été la seule réponse opposée aux attentes légitimes des enseignants et chercheurs.
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