Recherche scientifique et crise de la rationalité
160 pages
Français

Recherche scientifique et crise de la rationalité , livre ebook

-

160 pages
Français

Description

Pour mieux saisir les enjeux de l'intelligence qui s'imposent à l'Afrique dans la dynamique actuelle des savoirs, il convient de cerner les crises de la rationalité dans l'évolution historique. Dans ce but, l'auteur attire l'attention sur les attitudes et les comportements, les mythes et les croyances par lesquelles la société entoure la science alors qu'ils sont incompatibles avec les exigences et les contraintes de l'activité scientifique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2007
Nombre de lectures 341
EAN13 9782296166714
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Recherche scientifique
et crise de la rationalitéEtudes Africaines
Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akoa
Déjà parus
Augustin RAMAZANI BISHWENDE, Ecclésiologie africaine
de Famille de Dieu, 2007.
Pierre FANDIO, La littérature camerounaise dans le champ
social, 2007.
Sous la direction de Diouldé Laya, de J.O. PéneI, et de Boubé
Namaïwa, Boubou Hama-Un homme de culture nigérien, 2007.
Marcel-Duclos EFOUDEBE, L'Afrique survivra aux
afropessimistes,2007.
Valéry RIDDE, Equité et mise en œuvre des politiques de santé
au Burkina Faso, 2007.
Frédéric Joël AlVa, Le président de la République en Afrique
noire francophone, 2007.
Albert M'P AKA, Démocratie et société civile au
CongoBrazzaville,2007.
Anicet OLOA ZAMBO, L'affaire du Cameroun septentrional.
Cameroun / Royaume-Uni, 2006.
Jean-Pierre MISSIÉ et Joseph TONDA (sous la direction de),
Les Églises et la société congolaise aujourd'hui, 2006.
Albert Yianney MUKENA KATA YI, Dialogue avec la religion
traditionnelle africaine, 2006.
Guy MVELLE, L'Union Africaine: fondements, organes,
programmes et actions, 2006.
Claude GARRIER, Forêt et institutions ivoiriennes, 2006
Nicolas MONTEILLET, Médecines et sociétés secrètes au
Cameroun, 2006.
Albert NGOU üYüNO, Vague-à-l'âme, 2006.
Mouhamadou Mounirou SV, Laprotection constitutionnelle des
droits fondamentaux en Afrique: l'exemple du Sénégal, 2006.
Toumany MENDY, Politique et puissance de l'argent au
Sénégal, 2006.
Claude GARRIER, L'exploitation coloniale des forêts de Côte
d'Ivoire,2006.
Alioune SALL, Les mutations de l'intégration des Etats en
Afrique de l'Ouest, 2006.
Jean-Marc ÉLA, L'Afrique à l'ère du savoir: science, société et
pouvoir, 2006.Jean-Marc ELA
Recherche scientifique
et crise de la rationalité
L'HARMA TTAN@ L'Harmattan, 2007
5-7, rue de l'Ecole polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion. harmattan @wanadoo.fr
harmattan 1
ISBN: 978-2-296-02705-3
EAN : 9782296027053Cet ouvrage s'inspire des thèses du même auteur publiées
dans l'Afrique a l'ère du savoir: science, société et pouvoirSOMMAIRE
CHAPITRE I
Le concept de science dans l'histoire des idées 9
Situation de la 12
Les précédents asiatique et arabe dans l'histoire des sciences 22
Galilée et le mythe de la science infaillible 27
Les nouveaux oracles des temps modernes 41
L'articulation du rationnel et de l'imaginaire ..49
De Pythagore à Newton: la science au-delà du rationnel 57
CHAPITRE II
Quête du savoir et stratégies de pouvoir 67
Les tribus scientifiques mises à nu 69
Décrypter la banalité 71
L'espace du savoir 78
Éthique scientifique, fraudes et stratégies de pouvoir 83
Le viol des frontières 94
La science et son contexte l 09
CHAPITRE III
Science et complexité du réel ..113
Pour une autre science 115
La crise du cartésianisme .120
Recherche scientifique et logique de marché 125
Rationalité et interdisciplinarité ..134
Les questionnements de Cheik Anta Diop 140
CONCLUSION
Vers de nouvelles perspectives .155CHAPITRE I
Le concept de science
dans l'histoire des idées*
Face aux problèmes de fond que pose la production des
connaissances dans le contexte africain, le chercheur
indigène ne peut ignorer l'histoire et les théories, les modèles
et les méthodes de la science auxquels il est confronté depuis
sa formation. Il lui faut prendre position par rapport à
l'héritage reçu au moment même où il doit s'efforcer
d'avancer comme à tâtons sans savoir où il va en essayant de
pénétrer toujours davantage dans un domaine complexe et
difficile où, en dépit des discours d'école, il n'y a ni règles a
priori ni codes établis. Car il est demandé à chacun de faire
preuve d'imagination pour inventer sa propre voie. Cette
exigence implique la violation d'un certain ordre de choses
dans les manières de penser et de faire en vue de s'inscrire
dans un champ d'initiatives qui portent la marque de son
aventure scientifique. Pour mieux saisir les enjeux de
l'intelligence qui s'imposent à l'Afrique dans la dynamique
actuelle des savoirs, il convient de cerner les crises de la
rationalité dans l'évolution historique. Dans ce but, il importe
d'attirer l'attention sur les attitudes et les comportements, les
mythes et les croyances par lesquels la société entoure la
science alors qu'ils sont incompatibles avec les exigences et
les contraintes de l'activité scientifique.SITUATION DE LA SCIENCE
À ce sujet, relevons d'abord un paradoxe: peut-être faut-il
renoncer de demander à la science de définir ce qu'est la
science. En effet, comme l'écrit Edgar Morin: «La science
ne contrôle pas sa propre structure de pensée. La
connaissance scientifique est une connaissance qui ne se
connaît pas. Cette science qui a développé des méthodologies
si étonnantes et habiles pour appréhender tous les objets qui
lui sont extérieurs, ne dispose d'aucune méthode pour se
connaître et se penser elle-même. On peut même dire que le
retour réflexif du sujet scientifique sur lui-même est
scientifiquement impossible (...). Nul n'est plus désarmé que
le scientifique pour penser la science. La question: «
Qu'estce que la science? » est la seule qui n'ait encore aucune
réponse scientifique »1. Selon l'affirmation provocante de
Heidegger, « la science ne pense pas. Elle ne pense pas, parce
sa démarche et ses moyens auxiliaires sont tels qu'elle ne
peut pas penser- nous voulons dire penser à la manière des
penseurs. Que la science ne puisse pas penser, il ne faut voir
là aucun défaut, mais un avantage. Seul cet avantage assure à
la science un accès possible à des domaines d'objets
répondant à ses modes de recherche; seul il lui permet de s'y
établir »2. Comme le précise Boutot, « les sciences sont dans
l'incapacité de se penser elles-mêmes, de dire ce qu'elles
sont, et même ce qu'elles font. Il arrive, certes, aux
scientifiques de s'exprimer sur leurs disciplines, mais ils sont
alors contraints d'abandonner les concepts et les méthodes
qu'ils mettent en œuvre dans leurs laboratoires »3. Bref, la
science est impuissante à se concevoir. Pour s'en rendre
compte, rappelons cette anecdote instructive que rapporte
1 E. Morin, Science avec conscience, Paris, Seuil, 1990, p. 20
2 M. Heidegger, Essais et conférences, Paris, Gallimard, 1958, p. 157.
3
A. Boutot, « Science et philosophie », Encyclopaedia Un iversa lis, vol 20, 1990.
12Jean-François Portier: «En 1996, à l'occasion du Congrès
annuel des professeurs de sciences des États-Unis, les
organisateurs invitèrent le physicien Richard Feynman - qui
venait d'être couronné du prix Nobel de physique - à donner
une conférence sur le thème «Qu'est-ce que la science»?
Embarrassé par la question, R. Feynman -reconnu
unanimement comme un des scientifiques les plus doués et
originaux du siècle- débuta son intervention en racontant une
petite histoire: celle des milles pattes qui se retrouva
incapable de marcher dès lors qu'un crapaud facétieux lui
demanda comment il s'y prenait pour coordonner toutes ses
pattes. «J'ai fait de la science toute ma vie, en sachant
parfaitement ce que c'était. Mais quant à vous dire de quoi il
s'agit et comment mettre un pied devant l'autre-ce pour quoi
je suis ici-j'en suis incapable». Malicieux, le physicien
rajoutait: « Qui plus est, la comparaison avec le mille-pattes
m'inquiète et j'ai peur qu'en rentrant chez moi tout à
l 'heure, je ne puisse plus faire de la recherche». Feynman
poursuivit donc sa conférence en racontant comment son père
l'avait initié à la recherche en lui faisant découvrir la nature
lors de longues promenades dans les bois. Il l'invitait à
s'interroger sur les raisons pour lesquelles les oiseaux se
grattaient les plumes avec le bec, ou pourquoi il fallait de
l'eau et de la lumière aux plantes pour pousser... ». Ce
jourlà, Feynman a sans doute eu raison de contourner la difficulté
4
sans chercher à répondre directement à la question posée» .
Aborder de front cette question s'avère donc pour le<

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