AMOURS VIRTUELLES

Jacques Marquet, Janssen Christophe

Description

Dans les pays industrialisés, le réseau Internet est devenu un des espaces privilégiés de rencontre de partenaires. Cet ouvrage vise à rendre compte des modifications induites par le recours à Internet dans la sphère de l'intime. Dans une perspective inte

Sujets

• Sciences humaines et sociales

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juin 2009
• Nombre de lectures: 26
• EAN13: 9782296496910
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

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@ MOURS

VIRTUELLES

Conjugalité et internet

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D EL ’ I NSTITUTD ’ É TUDESDELA F AMILLEETDELA S EXUALITÉ (IEFS) AU C ENTRE I NTERDISCIPLINAIREDE R ECHERCHESURLES F AMILLESETLES S EXUALITÉS (CIRFASE)

Dès l’origine, l’intention directrice de l’Institut, fondé en 1961, fut de promou- voir l’enseignement et la recerce dans le domaine de la famille, du couple et de la sexualité, en développant une perspective pluridisciplinaire. L’antropo- logie culturelle et pilosopique, la psycologie et la psycanalyse, la sociologie, l’istoire, le droit et la morale contribuèrent plus particulièrement au dévelop- pement de cette concertation entre disciplines. Les objectifs de l’Institut se déployaient en deux volets : celui de l’enseigne- ment et celui de la promotion de rencontres scientifiques. Pour ce qui est du premier, l’Institut organise un master en sciences de la famille et de la sexualité, et participe à plusieurs formations complémentaires. Et c’est dans le cadre du second, que s’inscrivent ses colloques interdisciplinaires annuels sur des tèmes d’actualité relatifs à la famille, au couple et à la sexualité. En matière de recerce, l’Institut cède aujourd’ui le relais au Centre Inter- disciplinaire de Recerce sur les Familles et les Sexualités. Le colloque de mai 2009 est le symbole de ce passage de témoin, puisqu’il est tout à la fois le e XL colloque de l’IEFS et le premier du CIRFASE. Depuis 1976, l’Institut publie les Caiers des Sciences Familiales et Sexologi- ques, devenus depuis la collection « Famille, couple, sexualité », qui reprennent les actes des colloques et des articles se rapportant aux tèmes étudiés. Cette collection accueillera aussi à l’avenir des ouvrages issus de travaux de recerce menés au sein du CIRFASE.

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Jacques Marquet et Christophe Janssen (dir.)

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Conjugalité et internet

Avec les contributions de Sylvie Bigot, Delpine Cocand, Caterine de Pierrepont, Julie De Wilde, Martine Estrade, Jacques Fierens, Cristope Janssen, Camille Labaki, Pascal Lardellier, Josep-Josy Lévy, Silvia Lippi, Jacques Marquet, Jacinte Mazzoccetti, Micel Mercier, Céline Pireau, Patrick Scmoll, Lucie Taquin et Anne hévenot

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D ERNIERSVOLUMESPARUSDANSLACOLLECTION

« F AMILLE , COUPLE , SEXUALITÉ »

(anciennement « Collection des cahiers d’ études de la famille et de la sexualité »)

sous la direction de Rober t Steichen

@mours virtuelles. Conjugalité et internet Différences sexuelles et vies sexuelles d’aujourd’ui Violences et agressivités au sein du couple – Volume II Violences et agressivités au sein du couple – Volume I La place de la parole de l’enfant Sexualités, normes et térapies Fonctions paternelles et coix du patronyme Normes et conduites sexuelles Handicap. Accueil, solidarité et accompagnement en famille Handicap et famille. À la recerce du sens L’enfant entre maltraitance et protection

D/2010/4910/10

ISBN 13 : 978-2-87209-960-3

© BRUYLANTACADEMIA S.A.  Grand’Place, 29  B-1348 LOUVAIN-LA-NEUVE

Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit. Imprimé en Belgique. www.academia-bruylant.be

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S OMMAIRE

La part virtuelle du réel  Jacques Marquet & Cristope Janssen

Ouverture

Écran, mon bel écran… De la consommation sentimentale et sexuelle de masse à l’ ère des réseaux numériques  Pascal Lardellier

Première partie : Le terrain de la rencontre

Internet et la quête de l’ âme sœur chez des célibataires francophones du Québec Josep Josy Lévy & Caterine de Pierrepont [e-mail] Les chats et les souris font-ils bon ménage ? Jacques Marquet L’ utilisation d’ internet dans une perspective de recherche de relations affectives et sexuelles par des personnes en situation de handicap physique  Lucie Taquin, Céline Pireau & Micel Mercier Les critères de sélection mis en œuvre par les escortes et leurs clients sur internet  Sylvie Bigot Pornographisation et relations amoureuses des adolescents  Jacinte Mazzoccetti Mobiliser la perspective desscriptsétude sociologiquesexuels pour l’ des relations intimes nouéesviades sites de rencontre  Julie De Wilde

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Déclinaisons de la rencontre amoureuse sur internet : une approche médiologique  Patrick Scmoll

Deuxième partie : La clinique au défi du virtuel

La prise en compte du tiers virtuel par le droit belge  Jacques Fierens Les sites internet de rencontre et le lien à l’ autre  Delpine Cocand & Anne hevenot La séduction de l’ écran. Questions sur l’ exhibitionnisme virtuel  Silvia Lippi L’ amour est-il enfant du virtuel ?  Martine Estrade Lesavatarsde la rencontre amoureuse  Cristope Janssen Clavardons… ou quand l’ amant, c’ est bien l’ ordi ! Camille Labaki

Les auteurs Bibliographie

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L APARTVIRTUELLEDURÉEL

1 2 Jacques Marquet & Christophe Janssen

Le présent ouvrage traite essentiellement des @mours virtuelles, soit des relations à caractère amoureux ayant pour support des écanges numé- risés. L’insistance sur le caractère virtuel de celles-ci peut poser question. Les @mours virtuelles ne seraient-elles pas réelles ?

L’ opposition entre réel et virtuel est des plus communes. Ainsi, nombre de nos concitoyens ne différencient-ils pas le monde des écanges numérisés de la « vraie » vie ? Celle que même les cerceurs évoquent en mobilisant l’acronymeIRL,in real life. Sans doute certains concepteurs de génie ont-ils baptisé le monde numérique de leur créa- tion du nom deSecond lifeafin de l’inscrire résolument dans la vie, mais cela suffit-il ? Les adolescents et les jeunes, parmi lesquels l’utilisation d’internet et de ses potentialités est la plus élevée, ne qualifient-ils pas eux-mêmes deno lifeleurs proces qui ont tendance à s’enfermer dans les univers virtuels, qu’ils soient de jeux ou d’écange ?

La vie, la vraie, s’opposerait ainsi au virtuel, la seconde, voire la non-vie. Sans doute avons-nous besoin de mots pour distinguer des réalités différentes, pour rendre compte d’expériences singulières : à titre d’exemple, embrasser quelqu’un et le/la rejoindre dans son lit ou lui écrire dans un courriel enflammé qu’on l’embrasse et le/la rejoint dans son univers numérique ne sont de toute évidence pas deux réalités identiques. Comparés aux écanges en face à face, certains traits des écanges assistés par ordinateurs apparaissent aujourd’ui clairement :

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Sociologue, professeur au Département des sciences politiques et sociales (POLS) et à l’Institut d’Études de la Famille et de la Sexualité (IEFS) de l’Université catolique de Louvain (UCL – Louvain-la-Neuve, Belgique), président du Centre Interdisciplinaire de Recerce sur les Familles et les Sexualités (CIRFASE – UCL). E-mail : [e-mail] Psycologue, psycotérapeute au SSM Capelle-aux-Camps (Unité « Clinique du couple » – Woluwé), assistant à l’Institut d’Études de la Famille et de la Sexualité, et cerceur attacé au CIRFASE (UCL – Louvain-la-Neuve). E-mail : cristop[e-mail]

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déterritorialisation des relations, capacité accrue de connexion et de déconnexion, transformation des modalités du contrôle social, prise potentielle de distance avec l’identité sociale, modification du rapport au corps (le sien et celui de l’autre), augmentation de la place laissée à l’imaginaire, potentialité d’un monde parallèle… Et on peut raisonna- blement faire l’ypotèse que ces caractéristiques affectent les relations qui se développent sur internet.

Cet argument ne suffit cependant pas à rejeter l’univers virtuel ors de la réalité. Très intuitivement d’abord, qui pourrait nier que la multi- tude d’actes posés relativement au monde numérique – s’isoler, allumer son ordinateur, se connecter, écrire, visionner un site ou une page… –, ainsi que les sentiments éprouvés – lassitude, énervement, excitation, jubilation… – ou les réactions pysiologiques ressenties – accéléra- tion du pouls, transpiration, érection… – lors d’un écange assisté par ordinateur sont bien réels ? Tous ceux qui s’élèvent contre les aven- tures strictement limitées à des écanges numérisés de leur partenaire témoignent aussi, à leur façon, du caractère caduque d’une perspective excluant l’espace numérique de la réalité ; de toute évidence, d’un point de vue existentiel, les deux espaces sont liés. Indiscutablement, ce vécu et ce ressenti sont en pase avec la perspective déjà lointaine ouverte en psycologie par William James pour qui la réalité « signifie simplement 3 la relation à notre vie active et émotionnelle » et reprise en sociologie par Alfred Scütz. Dans son article célèbreSur les réalités multiples, prolongeant James, il défendra le point de vue que « l’origine de toute réalité est subjective, [que] tout ce qui éveille et stimule notre intérêt est réel. Dire, ajoutera-t-il, d’une cose qu’elle est réelle signifie qu’elle se 4 pose en une relation à nous » .

Cette perspective est aujourd’ui partagée par tout le courant constructiviste qui traverse les différentes disciplines des sciences umaines. Mais elle ne se limite pas à ceux-ci et est aussi compatible, par exemple, avec l’approce en termes de réseaux sociaux qui tend, plutôt que de segmenter les univers, à montrer que les relations sociales d’un acteur sont partiellement interdépendantes, que le déroulement de

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J W. cité par S A. (1987),Le cerceur et le quotidien, Paris, Méridiens Klincksieck, p. 103. Cet ouvrage reprend des textes publiés initialement dans re S A. (1975),Collected papers I, he Hague, Martinus Nijoff (1 édition 1962) et S A. (1976),Collected papers II, he Hague, Martinus Nijoff, re (1 édition 1964), dont le texte « On multiple realities » publié dans la revue Pilosopy and Penomenological Researcen 1945 (pp. 553-576). Ibidem.

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l’une d’elles dépend en partie de l’ensemble des autres relations. De ce point de vue, les relations numérisées ne sont en rien spécifiques, elles constituent des éléments d’un système ; elles affectent potentiellement les relations nouées en deors d’internet, comme elles sont potentielle- ment affectées par ces dernières. Plutôt que de penser le virtuel contre le réel, les travaux ici présentés nous invitent à le considérer comme une part du réel, une part sans doute singulière, avec des caractéristiques propres, mais une part parta- geant néanmoins de nombreux points communs avec les autres réalités significatives pour nous. La tension entre spécificité et communauté du virtuel par rapport au réel traverse nombre de textes présentés ici, et quelles que soient les disciplines ; la question, implicitement ou explici- tement, posée est celle de savoir jusqu’où nos cadres analytiques restent pertinents pour appréender cette réalité nouvelle. L’ouvrage est structuré en une ouverture et deux parties. En guise d’ouverture, un texte, celui de Pascal Lardellier :Écran, mon bel écran… De la consommation sentimentale et sexuelle de masse à l’ ère des réseaux numériques. Dans celui-ci, Pascal Lardellier y défend la double tèse que les sites de rencontre sont, d’une part, « yper-narcissisants » et, d’autre part, de réels vecteurs de reproduction sociale. Mais, fort de ses nom- breuses études tant sur le «netque sur le «sentimental » webrelation- nel », observant les bouleversements relationnels induits par l’émergence des sites de rencontre, il ouvre aussi de nombreuses perspectives téori- ques et pointe nombre de possibilités de recerces pour les étudier. Il dessine ainsi un véritable programme de recerce relatif au lien et à la sociabilité numériques. Les sept textes regroupés au sein de la première partie, intituléeLe terrain de la rencontre, ont ceci de commun qu’ils portent tous sur l’amont de la rencontre en face à face, se focalisant ainsi sur les écanges en ligne censés y conduire ; de plus, les analyses qui s’y déploient s’appuient pour l’essentiel sur un matériau de terrain au sens socio-antropologique du terme, qu’il s’agisse d’entretiens individuels, d’entretiens réalisés dans le cadre defocus groups ou d’observations. Bien qu’elles renvoient à des terrains qui se situent l’un au Québec et l’autre en Belgique, les deux premières analyses traitent de ce qu’il est convenu d’appeler « la population générale ». Après avoir mis en évidence le développement de normes relativement à la présentation de soi et à l’expression de ses attentes vis-à-vis de l’autre sur des sites de conseils, Josep Josy Levy et Caterine de Pierrepont étudient un écantillon de narrations de 9

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