Aux Marquises
262 pages
Français

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Description

Quelle histoire que celle de ces pionniers des mers venus d'Asie du Sud-Est il y a deux mille ans pour s'implanter au milieu de l'océan Pacifique et coloniser toutes les îles du monde polynésien, de l'île de Pâques à Hawaï ! Les Marquises ont attiré de tous temps aventuriers et artistes. Tous célèbrent la beauté de ces îles, dont la culture malmenée pendant la colonisation est aujourd'hui en pleine renaissance. Sculpture, tatouage, danse s'épanouissent dans un paradis écologique préservé.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2016
Nombre de lectures 14
EAN13 9782140006203
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright

























© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www. harmattan .fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-75856-5
1 re édition : 1998
Titre
Laure Dominique Agniel








AUX MARQUISES
Du même auteur


Du même auteur
Gauguin aux Marquises, l’homme qui rêvait d’une île, Paris Tallandier, 2016
Viens voir comment vivent les Hommes, Paris, Les Equateurs, 2007
Voyage au Tibet, sur les pas d’Alexandra David-Néel , Paris, Éditions du Garde-Temps, 2002
Tahiti, Marquises, sur les pas de Gauguin , Paris, Éditions du Garde-Temps, 2003
Et ceux qui vont en mer , Paris, Robert Laffont, 2002
Dédicace


À Jean-Pascal Couraud,
Lucien Roo Kimitete,
Jean-Luc Blain,
Qui ont guidé mes pas aux Marquises.
Remerciements

Remerciements
Lucien Kimitete
Yvonne Katupa
Charles Tamarii
Georges Teikiuupoko
François Sarciaux
Marie-Noëlle de Bergh-Ottino
Pierre Ottino
Tosca Kiersnowski
Mary Keller
Frère Omer
Bernard Couronne
Et tout particulièrement
Armelle Buisine ,
Pour sa relecture attentive
Introduction
Aux Marquises, avant la terre, il y a la lumière : la pureté des premiers matins du monde, quand le soleil s’annonce derrière la silhouette noire de la montagne, l’irradie d’un halo jaune d’or avant d’apparaître, souverain.
Lumière métallique des matins marquisiens. C’est bien plus qu’une aube. L’île recrée ces jours-là la naissance du monde, au temps où n’existaient que l’eau, l’océan désert, et qu’émergèrent tout à coup ces montagnes venues du ventre de la terre dans une féerie de feu et de lave rouge sang.
Ce n’est pas un hasard si les deux dieux créateurs des Marquises s’appellent Oatea, « Lumière du jour », et Atanua, « Lueur de l’aube ».
Chaque arbre, chaque pierre accrochent un peu de cette poussière dorée qui tombe du ciel et semble rayonner de l’intérieur, comme si, après avoir absorbé cette énergie, le monde minéral et végétal la restituait en apportant ses vibrations de couleur dans le paysage.
Blancheur du chemin de pierres. Vert sombre des feuilles de bananier dont la peau brille comme un miroir. Bouquets roses, violacés ou orangés des bougainvillées. Rouge des hibiscus. L’air est si léger qu’il effleure à peine la mer qui a la douceur d’une soie bleue.
Ces matins-là emplissent les habitants de cette terre de paix et de félicité. Ils sont heureux d’être là, de respirer cette pureté, cadeau du ciel et de la mer, si loin des villes enfumées… Éblouis et pleins de respect pour cette beauté, cette grâce offerte. Merci aux dieux des ancêtres et aux dieux des Blancs, merci au ventre de la Terre d’avoir engendré pareille harmonie… Au village, les enfants sont joyeux, tout le monde se dit bonjour avec le sourire, « Kaoha ! » Matins bénis où le monde entier paraît vierge, neuf.
Le nom altier et lumineux de ces îles est alors pleinement justifié… « Les Marquises »… Il suffit de prononcer ces mots pour réveiller le mythe du paradis, de l’éden polynésien, cultivé par notre société occidentale industrieuse et lasse qui se console dans l’évocation d’un rêve d’îles perdues. Magie du nom… Quelle image auraient les Marquises si elles s’appelaient les « îles de la Révolution », ainsi que les avaient baptisées le Français Étienne Marchand, ou les « îles Mendoza » ou encore « Washington Islands », comme les nomma l’explorateur américain Ingraham ?…
C’est finalement le nom donné par l’Espagnol Mendaña – qui signala ces îles au monde occidental en 1595 – qui a prévalu. Le navigateur voulait rendre hommage au vice-roi du Pérou, le marquis de Mendoza, qui avait encouragé et financé l’expédition. Du nom initial « Las islas marquesas de Mendoza », ne restent que les Marquises. Le vice-roi du Pérou est retombé dans les oubliettes de l’Histoire.
Les Maoris qui peuplèrent il y a deux mille ans cet archipel volcanique le baptisèrent « la Terre des Hommes », Te Henua Enana . Le centre du monde pour ces vagabonds des océans à la recherche de leur terre promise. Une terre noire et rebelle où il ne fut jamais facile de vivre. La nature y est souveraine, dominée par des chaînes de montagnes, des cols et des pics d’où jaillissent des cataractes violentes, parmi les plus hautes du monde.
Sous ces latitudes, le Pacifique règne en maître, explose en gerbes d’écume contre les falaises, assaille en permanence les sentinelles de Taiohae, ces deux rochers qui font un rempart naturel contre les lames féroces de l’océan. Les pluies équatoriales martèlent les toits de tôle, roulent en torrents de boue jusqu’à la mer. Terre de guerriers, terre excessive où se déchaînent le vent et l’eau, sans demi-mesure. Sur l’île, l’eau détermine la vie, féconde la terre qui explose en fruits et fleurs, bienheureuse luxuriance des années boueuses. Et puis, il y a des jours, des mois, des années où le ciel est sec, le soleil impitoyable, répandant dans les vallées la famine, la guerre, la mort. Maudites Marquises !
La fascination puissante qu’exercent les Marquises trouve sa source dans ces contradictions : parfois limpides et lumineuses, les îles peuvent aussi prendre un aspect sauvage, noir, violent, oscillant entre le yin et le yang, l’ombre et la lumière, l’amour et la mort…
*
On aime ces îles avec ardeur. On les fuit parfois, déçu et amer. Mais cette désillusion n’est que l’envers de la ferveur. Aujourd’hui encore, la perception des Occidentaux varie entre ces deux extrêmes : rejet ou fascination. Les Marquises broient les natures fragiles, écrasent les certitudes, jaugent la résistance des haoe (les étrangers) à la force du lieu.
Que venons-nous chercher ici, nous, Occidentaux ? Pourquoi faisons-nous tant de chemin, de milles, tant d’heures d’avion – vingt-deux heures de Paris à Papeete, puis trois heures de Papeete aux Marquises ? Pourquoi certains sont-ils effrayés dès le premier instant, pourquoi d’autres sont-ils bouleversés au point d’arrêter là leur voyage ?
Les Marquises ne sont pas des îles exotiques où l’on paresse à l’ombre des cocotiers. Pas de lagon, pas d’eau turquoise, mais des rochers dressés au-dessus de gouffres où rôde encore « le charme pesant et muet de la sauvagerie » qui fascina tant Paul Gauguin ou Herman Melville. Nous descendons ici jusqu’au tréfonds de notre humanité, jusqu’à l’enfance du monde, au temps de l’insouciance d’avant l’Histoire, souvenir d’un âge où l’individu était relié à sa tribu, à sa terre et, au-delà d’elle, à l’univers. Nous portons tous « les Marquises » au fond de nous comme une part sauvage, secrète de nous-mêmes. Nous poursuivons ici la nostalgie de l’alliance perdue avec la nature, le rêve de l’harmonie enfuie.
Nous avons tué l’aborigène, l’indigène en nous, et nous voulons retrouver cet homme primitif que la civilisation a étouffé. Tentation de faire taire le vacarme du monde et de trouver ici son désert… Échapper à l’envahissement obsédant des autres, renaître loin de l’Europe essoufflée, et crier comme Gauguin : « Je suis un sauvage ! »
*
D’abord diabolisés, lorsqu’ils représentaient une menace pour les étrangers, puis idéalisés, après qu’ils furent soumis, les Marquisiens sont devenus au cours du XX e siècle héritiers d’un mythe qui les dépasse. Les Marquises, si isolées au milieu du Pacifique, si loin du monde occidental, sont devenues le refuge de nos fantasmes, terres inviolées, épargnées par la société de consommation.
Les mythes mentent, les images aussi. Les Marquises n’échappent pas à l’éternel dilemme des îles : tour à tour refuges ou prisons, miroirs impitoyables qui nous renvoient à notre propre solitude. On ne trouve dans les îles que ce que l’on est. Vivre sur une île isolée est une expérience dont on sort grandi ou brisé. Pas d’échappatoire ici, pas de divertissement. Les îliens sont cloîtrés, condamnés au silence.
*
Les Marquisiens qui, au cours des siècles passés, colonisèrent le Pacifique, de Hawaï à l’île de Pâques, sont des survivants. Il ne restait que deux mille habitants répartis sur six îles dans les années trente. Ils sont aujourd’hui dix mille. Si chaque groupe humain a un rôle à jouer dans l’histoire de l’humanité, le rôle du peuple marquisien serait de tenter le syncrétisme des valeurs traditionnelles et du monde occidental, 

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