Bîmaristâns, Lieux de Folie et de Sagesse
158 pages
Français

Bîmaristâns, Lieux de Folie et de Sagesse , livre ebook

-

158 pages
Français

Description

Dans les bîmâristâns, la beauté, l'harmonie, la pureté des lignes sont étroitement liées à l'histoire de la folie. Cet univers fascine et interroge sur les institutions qui de tous temps ont tenu à l'écart ceux dont la différence dérange. Françoise Cloarec se demande à travers son étude des hôpitaux médiévaux du Moyen-Orient, en passant par l'Italie du sud et l'Espagne, s'ils ont influencé les traitements et la construction des établissements de soins occidentaux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 1998
Nombre de lectures 96
EAN13 9782296375772
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bîmâristâns,
lieux de folie et de sagesse
La folie et ses traitements dans
les hôpitaux médiévaux au Moyen-OrientCollection Comprendre le Moyen-Orient
dirigée par lean-Paul Chagnollaud
Dernières parutions
ARBOIT G., Le Saint-Siège et le nouvel ordre au Moyen-Orient. De la
guerre du Golfe à la reconnaissance diplomatique d'Israël, 1995.
ABDULKARIM A., La diaspora libanaise en France. Processus
migratoire et économie ethnique, 1996.
SABOURI R., Les révolutions iraniennes. Histoire et sociologie, 1996.
GUINGAMP Pierre, Halez el Assad et le parti Baath en Syrie, 1996.
KHOSROKHVAR Farhad, Anthropologie de la révolution iranienne.
Le rêve impossible, 1997.
BILLION Didier, La politique extérieure de la Turquie. Une longue
quête d'identité, 1997.
DEGEORGE Gérard, Damas des origines aux mamluks,1997.
DAVIS TAÏEB Hannah, BEKKAR Rabia, DAVID Jean-Claude (dir.)"
Espaces publics, paroles publiques au Maghreb et au Machrek,
(coed Harmattan/Maison de l'orient), 1997.
BSERENI Alice, Irak, le complot du silence, 1997.
DE HAAN Jacob Israël, Palestine 1921; présentation, traduction du
néerlandais et annotations de Nathan Weinstock, 1997.
GAMBLIN Sandrine, Contours et détours du politique en Egypte, 1997.
LUTHI Jean-Jacques, L'Egypte des rois 1922-1953, 1997.
CHIFFOLEAU Sylvia, Médecines et médecins en Egypte.
Construction d'une identité professionnelle et projet médical, (coed.Harmattanl
Maison de l'Orient), 1997.
ANCIAUX R., Vers un nouvel ordre régional au Moyen-Orient, 1997.
RNIERE-TENCER Valérie, ATTALArmand, Jérusalem. Destin d'une
métropole, 1997.
YAVARI-D'HELLENCOURT Nouchine, Lesfemmes en Iran. Pressions
sociales et stratégies identitaires, 1998.
Philippe BOULANGER, Le destin des Kurdes, 1998.
Christophe LECLERC, Avec T.E. Lawrence en Arabie, 1998.
Sabri CIGERLI, Les réfugiés kurdes d'Irak en Turquie, 1998.
Jean-Jacques LUTHI, La vie quotidienne en Egypte au temps des
Khédives, 1863-1914, 1998.
Daniel FAIVRE, Vivre et mourir dans l'ancien Israël, 1998.
(Ç)L'Harmattan, 1998
ISBN: 2-7384- 7225-7 ')Françoise CLOAREC
Bîmâristâns,
lieux de folie et de sagesse
La folie et ses traitements dans
les hôpitaux médiévaux au Moyen-Orient
Éditions L'Harmattan L'Harmattan Inc.
5-7, rue de l'École-Polytechnique 55, rue Saint-JacquesMontréal
(Qc)75005 Paris CANADA H2Y lK9Je remercie particulièrement Jean-François Belleface,
Frédéric Gros, Muriel Laharie et Pierre Oudart.
Je remercie aussi M. Antaki, le Dr I. Chite, C. Dandeville,
G. Degeorge, C. et P. Dormagen, A. Dussaud, D. Mallet,
P. Versapuech, la bibliothèque de Sainte-Anne, celle de
Ville-Évrard, la SERHEP
Et bien-sÛt, Roberto Borghesi.
6Préface
Le livre de Françoise Cloarec nous renvoie au fond
à ce qu'a souvent, pour nous Occidentaux, représenté
l'Orient: une magistrale capacité de décentration.
L'orient n'est pas l'Autre de l'Occident dans le sens
spéculaire d'une image inversée. Il n'est pas non plus
l'Autre au sens le plus banalement exotique d'une
étrangeté pittoresque, qui nous conforterait dans nos
valeurs. En son sens le plus aigu, l'Orient a toujours
représenté, pour l'Occident au moins, le point
d'éclatement de nos certitudes les plus affichées, une
manière encore de nous rendre étrangers à nous-mêmes.
Cette puissance désorientante, Françoise Cloarec la fait
jouer ici pour l'histoire de la folie.
7Cette histoire de la folie, elle avait bien pu, dans ses
commencements épiques, nous désarçonner un peu,
nous obliger à nous interroger sur nos identités
historiques: elle s'était présentée comme le pli noir de
l'histoire glorieuse de la raison et son revers tragique.
Mais peu à peu, même cette histoire, même le récit de
ces figures d'effondrement de nos repères traditionnels
avaient fini par sombrer dans la monotonie d'une
succession réglée. On avait fini par apprendre,
connaître, assumer cette histoire et ses aléas: la haute
liberté du fou à la Renaissance; l'enfermement ambigu
de l'insensé dans les Hôpitaux Généraux, à l'âge
classique; la lente médicalisation de l'époque moderne.
Plus rien ne pouvait nous étonner. La provocation alors
ne pouvait venir que d'ailleurs: de la médecine arabe, de
ses formidables avancées comme de ses. archaïsmes
notoires.
Ce que permet cet essai qu'on va lire, c'est de
revenir à notre histoire, en ressaisir la précarité depuis ce
détour oriental. C'est qu'on y apprend combien nos
repères historiques, conceptuels étaient fragiles. Déjà le
terme même de « maladie mentale» semble .gtossier et
mal taillé pour la finesse de médecins arabes, moins
prisonniers peut-être de ce dualisme des substances
(âme, corps) que la folie se plaît depuis toujours à
brouiller.
On lit par ailleurs avec stupéfaction les thérapies
qu'Avicenne pouvait déployer, en usant massivement
d'effets de mise en scène. Il y a là toute une
théâtralisation de la folie, et il faudra attendre Pinel en
France, et surtout Leuret pour trouver des récits aussi
8impeccables, où le récit se trouve délié par un coup de
maître, à la faveur de machinations incroyables. Etrange
être de la folie qui n'est révélé à lui-même et à sa réalité
de chimère que par la médiation d'une illusion
(théâtrale) comme si le redoublement de l'apparence, le
pli sur soi de la duperie suffisait à produire une vérité.
Encore une fois, théâtraliser la folie ne veut pas dire
simplement: la prendre au niveau de son discours,
mais: accepter de faire entrer le délire dans un régime
d'existence. Là encore la leçon de cette médecine arabe
de la folie exigerait d'être repensée plus avant. C'est
qu'avec le théâtre, la distinction même du somatique et
du psychique s'estompe. La mise en scène s'adresse à
l'unité de l'existence du fou, pris dans sa singularité
vivante. Même chose pour la musique ou ces murmures
de fontaines encore, que veut faire résonner longtemps
ce livre, eux qui faisaient vibrer de leur présence sonore
ces murs qui cernaient la folie: ils ne s'adressent en
priorité ni à l'âme comme puissance spirituelle d'écoute,
ni au corps comme faisceau de .fibres sensibles, mais
bien à « harmonie» comme synthèse unique,l'
irréductible, vivante.
Cette dimension théâtrale, dans l'accueil fait à la
folie, entraîne avec elle, une valorisation de
l'architecture. De fait, le livre de Françoise Cloarec nous
conduit dans les labyrinthes désertés des bîmâristâns
d'Alep ou de Damas, et c'est une géométrie concrète de
la folie qui se laisse alors dessiner: ses cours intérieures,
ses couloirs, ses jardins, et ses silences aussi de pierre. Il
y a une manière pour les volumes d'envelopper la folie.
Ily a une manière pour la folie d'habiter les pierres, et
9de les user. C'est ce double mouvement qu'on trouvera
scrupuleusement décrit ici. Avec tout le paradoxe de
cette inscription de la folie dans un espace défini, dans
des limites strictes. Mesure d'enfermement, d'exclusion,
de ségrégation. Ou bien aménagement d'un espace
a là sans doute touted'accueil, mesure d'hospitalité? Il Y
une dialectique de la protection, dont les termes,
rappelle l'auteur, sont condamnés à se renverser sans
résolution possible: « Qui est à l'abri? Les fous à l'abri
du monde ou le monde à l'abri des fous? »
Ce qu'on peut retenir encore de cette histoire, c'est
l'énigme de cette médicalisation orientale de la folie. Car
à lire les choses trop vite, on pourrait se dire qu'après
tout, c'est dans ces régions du Moyen-Orient que les
fous se voient pour la première fois assignés assez
.
systématiquement, au Moyen Age, un espace
franchement médical, alors qu'il faudra attendre en
Occident plusieurs siècles encore pour que le fou
reçoive d'emblée une identité de malade. Mais là encore
le livre de Françoise Cloarec est précieux et nous évite
des précipitations dangereuses. Car ce n'est pas, ici et là,
de la même médecine qu'il s'

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents