Carnets politiques du Sénégal
204 pages
Français

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Carnets politiques du Sénégal , livre ebook

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204 pages
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Description

Modèle de démocratie en Afrique, le Sénégal aura pourtant à lutter, dans la décennie succédant à l'alternance politique du 19 mars 2000, contre les démons de la politique politicienne qui plombent les avancées démocratiques et mettent en péril les acquis. Les institutions de la République sont désacralisées et les principes de bonne gouvernance en permanence foulés au pied. Cet essai retrace l'itinéraire de cette période et offre des perspectives concernant l'assainissement et le perfectionnement de la pratique politique et démocratique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2014
Nombre de lectures 475
EAN13 9782336353074
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Cheikh Mbacké Gueye










C ARNETS POLITIQUES DU S ÉNÉGAL
Regard critique sur la décennie post-alternance
© L’HARMATTAN, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-70318-3
« On ne fait pas de la politique avec de la morale, mais on n’en fait pas davantage sans. »
André Malraux
Introduction
« Dans les démocraties, chaque génération est un peuple nouveau. »
Alexis de Tocqueville
Écrire sur la politique dans un pays où la politique prend le dessus sur tous les autres secteurs de la vie, peut sembler, a priori, un exercice facile. Car la matière ne tarit pas, tant le rythme de la vie demeure profondément marqué par la floraison d’événements politiques. On sort à peine d’une élection qu’on se projette sur une prochaine échéance. Un terrible cercle vicieux qui, à bien des égards, finit par institutionnaliser et fossiliser certaines pratiques qui, souvent et paradoxalement, desservent grandement la véritable cause politique comme si le fait d’être toujours d’actualité lui enlevait de son prestige.
Le mal de la politique n’est pas, toutefois, à chercher dans l’omniprésence de cette dernière, mais plutôt dans la vulgarisation et la promotion de contre-valeurs au nom d’un système froid où ne primerait que la recherche effrénée d’intérêts et de privilèges au détriment de principes sacro-saints d’éthique et de morale. Ainsi comprise et pratiquée, c’est-à-dire sur fond d’un réalisme qui cherche exclusivement les dividendes, la politique s’offre facilement des détracteurs qui n’en sont pas moins que les peuples eux-mêmes. D’où le mépris général et généralisé envers la politique que l’on observe un peu partout dans les sociétés actuelles.
En politique, il est des thèmes centraux comme les élections, la bonne gouvernance, les rapports entre élus et électeurs, le discours, l’argent et la violence, les rapports entre politiques et religieux, etc., qui gardent tout leur intérêt puisqu’ils se situent à la croisée des chemins de plusieurs disciplines et nous informent sur la nature des sociétés et celle des êtres humains. Une manière de réfléchir sur la politique est d’analyser des faits et actes dans une société pour non seulement les comprendre, mais encore en déduire des principes et enseignements.
La compréhension de la politique peut partir d’exemples spécifiques rencontrés dans un environnement bien déterminé. Pour autant, aussi cruciales que puissent être les spécificités, il n’en demeure pas moins qu’il faut éviter de tomber dans une relativisation exagérée de la pratique politique. Les faits historiques ont la vertu de nous informer, mais ils ne devraient pas, per se , constituer de critère transcendant pour porter un jugement sur la valeur intrinsèque et objective d’un acte politique.
Prenant le Sénégal – ce pays d’Afrique, indépendant depuis 1960, mais qui vote depuis 1848 1 – comme cas d’école, Carnets politiques est un commentaire sur certains événements qui se sont déroulés dans le paysage politique sénégalais dans la période allant de 2000 à 2012. Plus qu’un simple journal qui permet de suivre une chaîne d’événements dans une période bien déterminée, Carnets politiques essaie de jeter un regard critique sur des pratiques et actes jugés anti-démocratiques qui ont eu cours pendant la période post-alternance qui, pourtant, était tellement remplie d’espoir et de belles promesses.
Le Sénégal est une jeune République qui certes a fait beaucoup de progrès dans le domaine de la démocratie – allant du multipartisme à l’organisation d’élections libres et transparentes sanctionnées par des alternances de régimes ; il demeure pour autant que le chemin à parcourir reste encore long. Car la démocratie comprend aussi des principes comme la bonne gouvernance et le respect de la séparation des pouvoirs qui sont autant de domaines nécessitant encore des efforts soutenus.
Indépendante depuis 1960, la République du Sénégal a connu quatre présidents : Léopold Sédar Senghor (1960-1980), Abdou Diouf (1981-2000), Abdoulaye Wade (2000-2012), et Macky Sall (depuis 2012). Les deux premiers se réclamaient du socialisme, tandis que les deux derniers sont du courant libéral. Ainsi ce n’est qu’en 2000, l’année où le Parti démocratique sénégalais (PDS) a pris le pouvoir des mains des socialistes, que l’on peut véritablement parler d’alternance « idéologique. » Ce fut le 19 mars 2000, 2 une date charnière dans l’histoire politique du Sénégal en ce qu’elle transformait un rêve – l’alternance – en une réalité.
La rareté d’un tel événement dans le paysage africain avait sans doute contribué au fait que la démocratie sénégalaise reçut des éloges provenant des quatre coins de la planète. La fierté d’appartenir à ce pays et d’être témoin de cette alternance ne pouvait être exprimée par de simples mots. Les Cassandre nous avaient promis l’enfer et le chaos, nous nous étions réveillés dans la liesse et le bonheur d’une unité nationale retrouvée et avec le sentiment du devoir accompli.
Depuis 2000, deux élections présidentielles se sont tenues. La première, en 2007, fut gagnée par le président sortant, Abdoulaye Wade, qui sera défait en 2012 par son ancien « élève », premier ministre et directeur de campagne, Macky Sall. Bref, une sorte de revanche, puisque ce dernier, comme du reste quelques proches de Wade dont Idrissa Seck 3 , sera victime de calculs et querelles politiciens qui l’écarteront du pouvoir et le « chasseront » même du parti. Macky Sall prit sa revanche sur son mentor, un soir de 25 mars 2012, en engrangeant 65,80 % des voix au second tour des élections présidentielles.
Nonobstant l’ampleur et l’efficacité du travail de terrain mené par Macky Sall et son équipe pendant les quatre années qui précédèrent ces échéances électorales, sa victoire finale n’aurait jamais été possible sans l’apport de l’opposition significative regroupée au sein de la coalition « benno bokk yakaar » 4 la société civile avec son mouvement M23 5 , qui a été le fer de lance de la contestation contre le président Wade, ainsi que le mouvement « Y’en a marre » 6 , un groupe de contestataires constitué par des rappeurs et des journalistes.
La forte présence médiatique de nos politiques conduit souvent au phagocytage de tous les autres secteurs de la vie. Les sensations délivrées par les grands événements comme les élections présidentielles forcent une compréhension très réductrice de la démocratie dont les élections ne constituent qu’un élément, important certes, mais pas le seul.
Car la démocratie est un ensemble qui requiert un environnement, des structures, des pratiques et des principes. Elle est une vision qui s’inscrit dans un horizon qui s’ouvre sur des possibilités d’amélioration et de renoncement ; elle est un devenir – et en devenir ; elle est aussi un avenir qui ne peut être considéré comme un produit fini. Même les grandes démocraties ne cessent de remettre en question certains principes dits démocratiques afin d’examiner leur bien-fondé et de jauger leur impact réel sur la vie des hommes en société.
D’ailleurs c’est dans cette optique qu’il faut savoir apprécier les avancées et désapprouver les reculs démocratiques. L’ouverture qu’offre la démocratie est aussi une chance pour tester sa compatibilité avec certaines spécificités culturelles, religieuses et traditionnelles.
Le présent essai porte un regard sur une séquence de la vie politique et démocratique au Sénégal, notamment pendant la décennie post-alternance. Sans avoir la prétention d’un document scientifique ou historique, cet essai est simplement une collection d’articles publiés jadis sur le vif, en réponse à quelques événements qui ont eu à marquer cette période. Son agencement chronologique obéit à un souci majeur de suivi de la pensée telle qu’elle a été interpellée par les événements. Le choix porté sur certains thèmes n’est pas dicté par des considérations objectives, mais plutô

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