Eduquer les pauvres, former le peuple
191 pages
Français

Eduquer les pauvres, former le peuple , livre ebook

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191 pages
Français

Description

L'enseignement professionnel existe-t-il, lui qui scolarise aujourd'hui un tiers des lycéens ? A l'heure où le mot professionnalisation semble être devenu le leitmotiv de toutes les études, l'enseignement professionnel a-t-il une histoire ? Cet ouvrage prend soin d'en reconstituer la genèse et son histoire depuis le XVIIIe siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2009
Nombre de lectures 52
EAN13 9782296221024
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Éduquer les pauvres,
Former le peupleLogiques Sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si
la dominante reste universitaire, la collection Logiques Sociales entend
favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à
promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une
expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes
sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique,
voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels
classiques.
Dernières parutions
Célestin BOUGLE, Solidarisme et libéralisme. Réflexions sur le
mouvement politique et l'éducation morale, 2009.
Eguzki URTEAGA, La sociologie en Espagne, 2008.
John TOLAN (dir.), L'échange, 2008.
Brigitte ALBERO, Monique LlNARD, Jean-François ROBIN, Petite
Fabrique de l'innovation à l'université, Quatre parcours pionniers, 2008.
Françoise DUTHU, Le Maire et la Mosquée, 2008.
Jérôme CIHUELO, La dynamique sociale de la confiance au cœur du
projet, 2008.
Vocation Sociologue, Les sociologues dans la Cité. Face au travail,
2008.
Catherine LEJEALLE, Le jeu sur le téléphone portable: usages et
sociabilité, 2008.
François Etienne TSOPMBENG, Le travail salarié et les instances de
régulation sur les hauts plateaux de l'Ouest Cameroun (1916-1972).
Configuration historique et éléments d'interprétation sociologique, 2008.
Michel WARREN, L'école à deux ans en France. Un nouveau mode de
gestion de la chose publique éducative, 2008.
Philippe LYET, L'institution incertaine du partenariat. Une analyse
socio-anthropologique de la gouvernance partenariale dans l'action
sociale territoriale, 2008.
Roland GUILLON, Essai sur la formation sociale des œuvres d'art,
2008.
Michèle PAGÈS, L'amour et ses histoires. Une sociologie des récits de
l'expérience amoureuse, 2008.
Dan FERRAND-BECHMANN, Tribulations d'une sociologue. Quarante
ans de sociologie, 2008.
Marko BANDLER et Marco GIUGNI (dir.), L'altermondialisme en
Suisse, 2008.
Philippe HAMMAN (dir.), Penser le développement durable urbain:
regards croisés, 2008.Hervé TERRAL
,
Eduquer les pauvres,
Former le peuple
Généalogie de l'enseignement professionnel français
L' Hltmattan@ L'Harmattan, 2009
5-7, rue de l'Ecole polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan l@wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-07911-3
EAN:9782296079113A mon père André TerraI, ancien élève de l'Ecole pratique de
Béziers
A la mémoire de ma compatriote Elisa Grimailh-Lemonnier
«Passé, présent: équilibre de leur balance, toute la tâche des
sociétés humaines. Mais quand il s'agit d'éducation, le plateau du
passé reçoit, on peut le dire, sa double charge. »
Lucien Febvre (in L'Encyclopédie française, 1. 15, 1939)Avant-propos
Le lycée professionnel semble constituer depuis un certain temps
déjà un univers tiers où il convient, pour le plus grand nombre,
d' « envoyer les enfants des autres» après « en avoir demandé
bruyamment le développement », selon une percutante formule du
journaliste N. Berheim (Le Monde, 14 septembre 1969)1. Plus, il
semble même devenu, de réformes du système éducatif (une
trentaine en 50 ans) en démocratisation de l'enseignement
(souhaitée par le plan Langevin-Wallon, 1947), de différenciation
pédagogique (lancée dès 1974 par le ministère Joseph Fontanet) en
discrimination positive (création des Zones d'Education Prioritaire
- ZEP - en 1981), « le monde des autres» si l'on en croit un
spécialiste reconnu des sciences de l'éducation, Bernard Charlot
(Le Monde, 30 septembre 1999), co-auteur par ailleurs d'un
ouvrage de référence sur l'histoire de la formation des ouvriers
(1985)... En 2004 encore, Cyril Mennegun, ancien élève du lycée
professionnel de Belfort devenu un documentariste apprécié2,
déclare abruptement au même journal en date du 13 janvier:
« L' arrivée au lycée professionnel, c'est la honte... » En trois
décennies, rien n'aurait donc, sur le fond, bougé... le paysage
aurait tout juste tremblé, peut-être. Un ancien responsable du
ministère de l'Education nationale ira même jusqu'à poser une
question incongrue, sinon presque sacrilège, dix ans après
qu'eurent été lancés les baccalauréats professionnels (1985),
illustrations des ambitions de la nation tout entière à porter 80 %
des jeunes d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat et lors
même que le constructeur d'automobiles Toyota proclamait
1 Cité in Grignon (Claude), L'ordre des choses, les fonctions sociales de
l'enseignement technique, Paris, éd. de Minuit, 1971, p. 25.
2 Cyril Mennegun a réalisé en 1998 Le premier qui rira et en 2002 Quel travail,
puis en 2004 Nous les apprentis. Sur la nouvelle jeunesse ouvrière de la région
belfortine, voir les études longitudinales des sociologues Stéphane Beaud et
Michel Pialoux.
7fièrement sur ses panneaux publicitaires qu'il convenait désormais
de « s'offrir une voiture fabriquée par un bachelier» : « Le lycée
professionnel existe-t-il ? »3
Certes, il Y avait dans cette interrogation provocatrice de la
boutade et, peut-être aussi, quelque dépit quant aux aléas d'une
politique scolaire se voulant résolument réformatrice, voire
révolutionnaire dans ses professions de foi pédagogiques: l'heure
n'était-elle pas enfin venue avec la loi d'orientation du 10 juillet
1989 (dite communément loi Jospin) d'opérer à la fois une
révolution copernicienne de l'école en mettant « l'élève au centre
du système éducatif» et de réaliser des idéaux, tant politiques que
sociaux, émancipateurs, portés depuis des lustres par les courants
les plus résolus de la Gauche ou... de la Démocratie
chrétienne elle-même - par exemple à l'occasion du plan
Langevin- Wallon né des compromis historiques de la Libération,
mais bien en deçà aussi si l'on se tourne vers la thématique de
« l'Ecole unique », en gestation dès avant la Grande Guerre? Le
rapport Langevin-Wallon, pour s'en tenir à lui seul, souhaitait dans
son introduction que « la structure de l'enseignement» fût enfin
« adaptée à la structure sociale» et non plus ségrégative, que tous
les enfants puissent trouver leur place, mieux: leur juste place
selon leurs « aptitudes»... comme l'envisageait explicitement déjà
dans son programme de 1849, au cœur d'une Seconde République
en train de virer vers l'Empire autoritaire, l'Association fraternelle
des instituteurs, institutrices et professeurs socialistes - dessinant
un monde pacifié que le dessinateur Brunhoff réalisera plume en
main, quelques décennies plus tard, à travers Le monde de Babar,
charmant royaume de carton-pâte où le jardinier côtoie avec
bonheur son monarque et le marin son amiral, etc.
La réalité sociale n'a pas grand chose à voir, hélas, avec les bandes
dessinées iréniques, fussent-elles d'abord conçues pour les enfants
des bonnes familles dans un entre-deux-guerres inquiet. Elle
s'apparenterait plutôt au monde brutal et violent que d'autres
planches mettent au même moment en scène, entre Tintin et
3 Legrand (André), Le Système E, Denoël, 1995. Cité p. 47.
8Tarzan, traversées par la dimension séculaire des conflits: entre
nations, entre groupes humains et, à l'intérieur de ces derniers
euxmêmes, entre telle ou telle faction: bleus et verts comme à
Byzance, rouges et noirs comme en Allemagne, etc. C'est du reste
sur cette dernière terre que la notion de « conflit» a été, sans
doute, la plus interrogée et la plus valorisée, à travers la réflexion
d'un Karl Marx, devenue de facto universelle, ou celle d'un Georg
Simmel, plus contenue dans l'espace et le temps (Sociologie, 1908,
chap. IV). Simmel, par ailleurs, a su mettre en évidence dans le
même ouvrage (chap. VII) la place spécifique et presque
paradoxale du « pauvre» dans nos sociét

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