Enfant et romanité
242 pages
Français

Enfant et romanité , livre ebook

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242 pages
Français

Description

Cet ouvrage a pour objet de présenter un éventail de contributions sur l'enfant, envisagé sous l'angle de la romanité, c'est-à-dire une présentation diachronique au sein du monde méditerranéen, articulée autour du droit romain. Deux civilisations de la Haute-Antiquité (l'Egypte et la Mésopotamie) seront envisagées, ainsi que les conceptions du droit romain quant à l'enfant à naître et quant à la responsabilité de l'enfant, mais aussi le droit canonique, droit musulman et le droit français.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2007
Nombre de lectures 219
EAN13 9782296171367
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À la mémoire de M. Cardascia

Monsieur Cardascia nous a quittés le 27 septembre 2006, à l'âge
de 92 ans. Juriste et orientaliste, il avait consacré sa vie d'universitaire et
de chercheur à l'interprétation des droits cunéiformes. Sa première
contribution, publiée en 1952 et issue de sa thèse, portait sur les archives
des Murashû, une famille d'hommes d'affaires babyloniens à l'époque
perse. Sa dernière production scientifique fut un “articulet”, selon sa
propre expression, publié dans laRevue Bibliqueen 2004 et corrigeant la
traduction moderne de deux passages de la Bible (Nb 5 31 et Luc 10 36).
Entre-temps, c'est-à-dire pendant environ un-demi siècle, G. Cardascia a
investi le champ de l'assyriologie juridique avec autant de compétence
que de modestie. L'une de ses œuvres majeures, l'édition commentée des
Lois assyriennes en 1969, reste un travail de référence toujours cité et
consulté. Une sélection de ses principaux articles a été rassemblée en
1995 dans le numéro 3 de la revueMéditerranées, grâce à l'initiative de
Jacques Bouineau. Ce recueil, conçu comme une sorte d'introduction à
l'étude des droits cunéiformes, donne une idée de l'ampleur et de l'intérêt
de la matière pour les historiens du droit. Le grand mérite de
G. Cardasciaest d'avoir mis à la disposition des non spécialistes une
documentation à la fois déconcertante dans sa forme et familière dans ses
concepts :en utilisant le langage et le raisonnement juridiques pour
expliquer les mécanismes de la propriété, l'organisation de la procédure
pénale ou encore le fonctionnement des institutions, G. Cardascia a
montré que l'assyriologie juridique n'est pas un domaine exotique ou
périphérique mais une composante à part entière de notre discipline.
Le présent volume est dédié à la mémoire de ce savant éminent et
discret, qui fut un professeur passionnant et un maître attentif.

Sophie Démare-Lafont

Sommaire

Jacques Bouineau
Éditorial.......................................................................................... 13
Burt Kasparian
La condition de l’enfant et du fils aîné dans l’Égypte ancienne.... 17
Sophie Démare-Lafont
Réflexions juridiques autour de l’enfance en Mésopotamie.......... 65
Pierangelo Catalano
L’enfant conçu “sujet de droit” selon le système juridique
romain ............................................................................................ 87
Maria Pia Baccari
Sept notes pour la vie................................................................... 109
Stefano Tafaro
La responsabilité de l’enfant dans le droit romain....................... 119
Anne Lefebvre-Teillard
La responsabilité de l’enfant en droit canonique classique.......... 135
Jean-François Chassaing
L’invention de l’enfance .............................................................. 153
Hassan Abd El-Hamid
La protection de la vie humaine dans la culture juridique
musulmane (À propos de la procréation artificielle et de l’ingénierie
génétique) .....................................................................................173
Marc Nicod
La responsabilité de l’enfant en droit civil contemporain............ 217
Alain Moreau
La responsabilité de l’enfant vue par un praticien ....................... 227

Compte rendu
Jacques Bouineau
Alfred Kölz, Histoire constitutionnelle de la Suisse moderne..... 237

Éditorial

Avec ce deuxième volume, la collection « Méditerranées » porte à
la connaissance du public le résultat des travaux du CEIR au cours de
l’année 2005-2006. Le thème retenu était celui de l’enfant pour le cycle
de conférences et le point plus particulier de la responsabilité de l’enfant
pour la journée d’études du 18 mai, qui s’est tenue à la faculté de Droit
de La Rochelle.
Les interventions des différents orateurs avaient été choisies pour
permettre, en fin de compte, de présenter une triple approche du thème,
comme ceci est traditionnel depuis toujours dans les recherches de
« Méditerranées » puis du CEIR : la Haute-Antiquité, Rome et l’héritage
de Rome. Cette démarche diachronique constituant, pour l’aire
géographique qui est retenue (le monde méditerranéen) ce que nous
nommons la romanité dans notre groupe de recherche.
Deux collègues italiens sont venus à La Rochelle pour nous
présenter le Droit romain et une troisième publie un article sur un sujet
proche. Leur présence porte le témoignage de l’effectivité du contrat de
coopération qui lie le CEIR à la Sezione di Roma ‘Giorgio La Pira’ de
l’Istituto di Teoria e Tecniche dell’Informazione Giuridica (Sezione di
Roma dell’ITTIG) du Consiglio Nazionale delle Ricerche.
Sur le sujet général de l’enfant, cinq contributions ont été
fournies :Burt Kasparian (Égypte), Sophie Démare-Lafont
(Mésopotamie), Pierangelo Catalano et Maria Pia Baccari (Droit romain),
Jean-François Chassaing (Ancien Droit/Droit intermédiaire), Hassan Abd
El-Hamid (Droit musulman)
Sur la question de la responsabilité de l’enfant, cinq
communications également sont intervenues lors de notre journée
d’études :Sebastiano Tafaro (Droit romain), Anne Lefebvre-Teillard
(Droit canonique), Constantinos Pitsakis (Droit byzantin), Marc Nicod
(Droit civil contemporain) et Alain Moreau (Droit notarial).

Jacques Bouineau
Qu’est-ce qu’un enfant ? Pour les civilisations mésopotamiennes :
une valeur économique compensable, pour les Français de la fin du
e
XVIII siècle: un mythe en construction; pour les Romains et pour les
musulmans, l’enfant conçu est avant tout une réalité morale.
La vision utilitariste des anciens Orientaux les pousse à
rechercher une sécurité pour leurs vieux jours. Au demeurant, ou
peutêtre en raison de cette tournure d’esprit, le but du mariage est la
procréation, tout comme en Égypte. Dès lors, on évoque peu les enfants
en soi, mais parallèlement les couples sans enfants ont recours au rapt ou
à l’achat afin de compenser l’imperfection de leur union. Les impératifs
pratiques règlent bien d’autres aspects: ainsi en va-t-il des nourrices,
essentielles pour ceux sur qui elles se sont penchées dans leurs premières
années, responsables quand elles s’acquittent mal de leur office. Ainsi en
va-t-il aussi de l’apprentissage. La plupart du temps, l’entourage familial
permet d’acquérir un savoir-faire; lorsque tel n’est pas le cas, des
contrats de travail règlent la durée et les termes de la formation.

Dans la Rome ancienne, tout comme en Droit musulman, l’enfant
conçu est un sujet de droit, une «âme respectable» :dès lors
l’avortement est puni, tandis qu’en Égypte ancienne on peut s’interroger
pour savoir si l’on concevait le fœtus comme une personne. On se
retrouve donc, aujourd’hui, en présence de deux approches du sujet:
certains systèmes contemporains demeurés fidèles au Droit romain, qui
se rapprochent du Droit musulman dans leur interdiction de l’avortement
et de leur condamnation morale (parfois de manière très polémique chez
les savants eux-mêmes) des manipulations génétiques, et ceux qui ont
rompu avec l’héritage moral légué par la tradition romaine. Dans les
deux cas, la rupture est intervenue avec la modernité et l’individualisme
qui en est issu; tel est du moins l’opinion traditionnelle, qu’il convient
peut-être de nuancer si l’on se reporte en Égypte ancienne. Le débat a
donc lieu désormais entre la loi humaine et une certaine loi divine.

e
A la fin du XVIIIsiècle, le regard que l’on porte sur l’enfant
change radicalement. Tandis que jusqu’alors l’enfant apparaissait comme
une outre de péchés, il devient, à l’aube d’un temps que l’on veut
nouveau, le symbole d’un avenir purifié. Il est donc lui-même pur. Il
annonce le citoyen futur et l’humanité régénérée. L’enfant se trouve
englobé dans le regard neuf que l’on porte sur lares publica, au sein de
14

Éditorial
laquelle il devient lui-même unepersonaidentifiée. Il ne faudrait
toutefois pas réduire la place de l’enfant à

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