Enjeux d un bon usage du parler ordinaire
290 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Enjeux d'un bon usage du parler ordinaire , livre ebook

-

290 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

C'est par la langue que s'élabore notre rapport à la réalité. L'auteur rappelle en quoi l'acquisition du langage concourt à l'édification de la personnalité. Elle présente une analyse ethnolinguistique du modèle français de communication verbale ; elle évalue la part du système éducatif, des médias et des parents, dans l'actuelle crise des représentations touchant le parler ordinaire, qui conduit trop de nos contemporains à ne plus bien savoir se parler à eux-mêmes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2016
Nombre de lectures 3
EAN13 9782336399201
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Colette BeaumontJames
ENJEUX D’UN BON USAGE DU PARLER ORDINAIRE Langage et développement personnel
ENJEUX DUN BON USAGEDU PARLER ORDINAIRE
Colette Beaumont-James
Enjeux d’un bon usage du parler ordinaire
Langage et développement personnel
© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Pariswww.harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-07202-9 EAN : 9782343072029
« Le respect des personnes commence par une certaine politesse envers les mots ». P. Magnard,Questions à l’humanisme. AVANT-PROPOSNotre société traverse actuellement unecrise du sens : l’on n’y sait plus bien ce que l’on pense ni ce que l’on dit; le brouillage des mots a provoqué une crise des représentationspréjudiciable à la relation; il est donc nécessaire de tenter d’en faire prendre la mesure pour contribuer en quelque manière à une refondation de « l’homme de paroles ». Adopter un point de vue ethnolinguistique sur le modèle français de communication verbale, n’a pas ici pour finalité de le critiquer de manière exclusivement négative ou positive. Le « chercheur » qui ne voudrait voir que le négatif ou que le positif n’est pas un chercheur, c’est un idéologue ou un idéaliste. Au contraire, tenter de rendre compte des faits pour mieux en faire mesurer les enjeux positifs et négatifs dans la formation de la personnalité et dans son expression relève, de notre point de vue, d’une perspective de concorde lorsqu’elle propose d’y remédier. Ce travail vise donc à sensibiliser aux enjeux du langage dans l’édification d’un sujet autonome, capable de se penser, de penser son monde et de communiquer ; car c’est là une condition nécessaire au meilleur épanouissement de son potentiel créatif pour le plus grand bien de la famille humaine. Dans un contexte de désintérêt assez largement partagé pour la langue, cet ouvrage s’adresse donc à toute
5
personne désireuse d’améliorer ses capacités communicatives et d’aider les uns et les autres à mieux mesurer les bénéfices d’un bon usage de la parole : en évoquant quelques implications constructives de l’acquisition du langage dans l’édification de la personnalité et dans la structuration du mental ; dans le but de développer une résistance à l’imprégnation mentale par les discours d’influence qui modifient nos représentations à notre insu; en présentant des outils simples susceptibles de permettre de sensibiliser tout un chacun à l’exercice d’une vigilance constante à l’égard du parler ordinaire, celui du français courant.
6
INTRODUCTION Quel homme de paroles pour notre société ? 1. L’homme, un être de relation Chacun sait que l’homme est un être de lien c’est-à-dire que son édification et son épanouissement sont directement liés à ses capacités relationnelles. En d’autres termes, il a besoin de se relier à la famille humaine pour faire émerger une personnalité susceptible d’apporter un concours actif à sa communauté; de ce fait, son équilibre est dépendant des capacités communicatives qu’il pourra acquérir et manifester. On s’interrogera ici sur un certain état du modèle relationnel français ; on évaluera spécialement quels paramètres construisent du lien verbal, quels paramètres déterminent de la déliaison et quelles en sont les conséquences. Cette analyse ne vise pas à d’éventuelles récriminations ni au pessimisme ; il s’agit d’effectuer unee analyse critique de ce modèle en vue de formuler des propositions constructives permettant à chacun, là où il est, d’une part, de mieux mesurer les enjeux de l’acquisition de la langue, d’autre part, de résister à des pratiques langagières abusives, enfin, de concourir, chacun à sa mesure, à susciter du lien pour travailler au déploiement de sa personnalité, à celle des autres et à davantage de concorde.
7
2. Manifestation d’un malaise relationnel
Il est devenu banal de dire que notre société se caractérise de plus en plus par le manque de lien alors même que les moyens de communication sont pléthore. Nombreux sont ceux qui, en France, vivent un malaise étiqueté sous une forme vague en tant que « sentiment de 1 solitude » . On prend ici le mot malaise,dans son sens figuré c’est-à-dire en tant que «sentiment pénible et 2 irraisonné dont on ne peut se défendre » . Mais une caractéristique de notre temps est de ne guère s’interroger sur ses causes. Pourtant, à l’occasion d’une journée nationale de 3 l’écoute organisée par SOS Amitié , les principaux motifs d’appels étaient « la solitude » et « les difficultés relationnelles ». En France, ce malaise se manifeste notamment par diverses formes d’isolement : sous des écouteurs, dans des jeux, devant le téléviseur, etc. ; il est décelable dans une certaine incapacité à vivre en couple voire en société ; ce malaise peut s’accompagner de conduites à risque (drogue et autres addictions, accidents de voiture pouvant être interprétés comme des actes manqués, relations sexuelles contaminantes, anorexie, boulimie, etc.). Une expression aussi significative que « je vis retranchée dans ma caverne » nous semble illustrer ce sentiment d’isolement. Ce trouble de la relation peut encore mener à la délinquance, à user de violence contre les autres ou contre 4 soi-même, etc. : il a à voir avec le fort taux de suicides qui l’a fait reconnaître comme un problème de santé
1 M. Herbet, « Le fléau de la solitude s’empare des Français »,Le Figaro.fr, 2-7-2010. 2 Le Petit Robert, entrée « malaise, 2. »,CD-ROM....Version 2.2, Paris, Dictionnaires Le Robert/Sejer, 2004. 3 D. Gali,Amitié, un mal…des mots « SOS »,Bien-être et santé,n°296, Nov.2012, p.11. 4  INSERM, « Suicide : autopsie psychologique et prévention », 2010,INSERM, http://www.inserm.fr/.
8
publique. En France, les tentatives de suicide étaient en 5 2003 de l’ordre de 40 000 à 60 000 environ par an . Selon 6 Suicide écoute , chaque année 12 000 personnes meurent par suicide ; à noter que l’on dénombrait environ 1000 cas 7 de mort par suicide parmi les 15-20 ans . Et, de nos jours, l’augmentation très nette de ces chiffres va de pair avec l’aggravation du chômage et la multiplicité des banqueroutes. Bien que notre société tende à idéaliser son propre modèle, celui-ci semble trop souvent impuissant à donner des raisons de vivre et peut-être même de parler de ses problèmes; il comporte donc une dimension de malaise qui l’a fait qualifier par le psychanalyste, T. Anatrella, de 8 « société dépressive » . Mais, à part les professionnels du corps médical ou les membres de mouvements associatifs ou spirituels directement concernés, qui, du point de vue de leur spécialité s’interrogent sur ses causes, ce problème de société aussitôt évoqué est régulièrement oublié. Ce malaise, accompagné d’un état dépressif non reconnu par les intéressés, se trouve fréquemment masqué par une importante consommation d’anxiolytiques et d’antidépresseurs. 3. Un exempleLe discours suivant proféré par une femme de 33 ans nous paraît assez significatif de ce mal-être existentiel :
5  A.A. « Le suicide des jeunes nous concerne tous »,Croix La , 05/02/2003, http://www.la-croix.com/2005-04-14. 6  J. Plantet, « Le suicide des jeunes : un fléau social », Lien social,Publication n° 695 du 5 février 2004, www.lien-social.com/spip. 7  Comité épiscopal pour la Santé, Commission sociale des évêques de France,La prévention du suicide des adolescents, Réflexions pastorales, Oct.200, http://archives.eglise.catholique.fr/. 8 T. Anatrella,Non à la société dépressive,Flammarion, 1993.
9
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents