Hors-Série
284 pages
Français
284 pages
Français

Description

Ce numéro aborde les questions de laïcité, des langues africaines et du français comme langue ivoirienne. Les questions de la citoyenneté et de l'unité de l'Afrique en quête de démocratie sont abordées sans faux fuyant ainsi que celle des droits de l'homme en Afrique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2016
Nombre de lectures 9
EAN13 9782140021381
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA PALABRE
LA PALABRE n°3 2016
Centre de Recherche Interdisciplinaire de l'UFR
des Sciences de l'Homme et de la Société
de l'Université Félix Houphouët Boigny
COMITÉ SCIENTIFIQUE
HORS-SÉRIEProf. Dibi Kouadio Augustin, Prof. Lou Bamba Mathieu,
Prof. Francis Wodié, Prof. Aka Félix, Prof. Antoine Kacou,
Prof. Sémiti, Prof. Boa iémélé Léon Ramsès,
Prof. Assalé Aka Bwassi (✝), Dominique, Prof. Adopo François (✝),
Prof. Akissi Gbocho.
COMITÉ DE RÉDACTION
Directeur de la Publication : Dr Aké Patrice Jean
Rédacteur en Chef : Dr Akpoué Clément
Rédacteur en Chef adjoint : Dr Raoul Kpa Yao Kouassi
Adresse postale : 06 BP. 6158 Abidjan 06 Côte d’Ivoire
Mail : pakejean@hotmail.com
ISBN : 978-2-343-10334-1
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HORS-SÉRIE



LA PALABRE N°3 2016












HORS SERIE
























L’Harmattan





































LA PALABRE N°3 2016












HORS SERIE
























L’Harmattan




























© L'Harmattan, 2016
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-343-10334-1
EAN : 9782343103341 /

TOLÉRANCE ET RELIGION.
-Dominique Assalé AKA BWASSi,
Maître de Conférences à l’UFR-SHS de l’Université de Cocody
et à l’UCAO-UUA
Dans la perspective d’une phénoménologie de
l’expérience religieuse, la question de la tolérance religieuse
n’est plus de l’ordre de la revendication du droit à la liberté
religieuse. Elle est intrinsèquement liée, comme dans les
discours apologétiques respectifs de chaque révélation
monothéiste, à la question phénoménologique particulière
de la vérité religieuse. C’est d’ailleurs en termes de vérité
religieuse que cette question fut l’une des plus âprement
débattues au concile Vatican II. Par concept, la lumière
de la vérité révélée échappe à la liberté d’adhésion ou de
non adhésion des individus. A tous, elle s’impose comme
question de connaissance ou d’erreur, en un mot, comme
question de salut. N’a-t-on pas dit dans d’autres contextes
que la vérité n’a pas pour mission de consoler et qu’il
1
? Dans le rapport du Cardinal F.
König relatif à l’élaboration du texte de la déclaration
sur la Liberté religieuse à Vatican II, ce postulat apparaît
explicitement et sans équivoque aucune comme point de
vue des conservateurs les plus radicaux: « Des hommes
qui sont dans l’erreur ne peuvent, disent-ils, être sujets de
2
droit mais seulement objets de tolérance » .
seulement dans une certaine compatibilité avec la vérité
1 René Schaerer, L’homme antique, Payot, Pais 1958, p.167.
2 Concile Vatican II, Documents conciliaires 3, Ed. Du Centurion, Paris 1966,
p.324.
- 3 -
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religieuse sans être pour autant en accord parfait avec elle.
Il appartient même au noème de la vérité mais dans une
sphère de représentations où se déploient tous les degrés
d’adéquation de la vérité religieuse allant de la certitude
absolue au compatible, puis du compatible au tolérable, étant
entendu que tout tolérable implique un seuil de tolérance
qu’on ne peut franchir sans tomber dans le déni de vérité.
Ratzinger, dit-on, déclarait en tant que préfet de la
congrégation de la foi: une religion dans laquelle la morale
s’adapte aux mœurs de la société est complètement inutile.
Or pour l’humanité moderne la religion catholique est tout,
sauf inutile. Donc… C’est donc dans sa fonction normative
que la vérité religieuse jette radicalement l’épochès sur
l’intolérable, tant au niveau des vérités d’enseignement
laisser émerger ce qui rend nécessaire de croire ou de ne
pas croire pour être sauvé.
Cependant, à ce niveau, la question qui touche au
fond du problème resurgit inévitablement. Que devient
l’exigence normative de la vérité religieuse si dogmatique
soit-elle, et peut-être parce que dogmatique, lorsqu’elle se
trouve confrontée dans la résonance de la modernité au
problème du droit à la différence religieuse?
A cette question apparaît encore une autre tendance dans
le rapport König, celle des conservateurs dits modérés.
Voulant amnistier le totalitarisme constantinien de l’État
catholique dans l’histoire, ils ne pouvaient le faire sans
réduire volontairement la portée juridique de la question.
- 4 -
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YDQW VRQ DFFHVVLRQ DX VRXYHUDLQ SRQWL�FDW OH FDUGLQDOF


Pour eux, « le droit à la liberté religieuse ne peut être plus
qu’un simple droit civique fondé dans une loi positive. Il
n’est donc ni un droit fondé dans la dignité humaine, ni un
3
droit naturel» .
De toute évidence, dans le contexte de Vatican II - un
contexte placé résolument au départ par J. XXIII sous
le signe des droits de l’homme - une telle réponse était
irrecevable. Non seulement en amnistiant le totalitarisme
de l’État catholique elle amnistiait tous les totalitarismes
historiques, mais elle refusait jusqu’aux martyrs de l’Église
catholique elle-même à sa naissance, leur droit naturel à
confesser leur foi contre l’obligation du culte à l’empereur,
4
notamment au IIIe siècle FH TXL pWDLW RQWUDLUH DX[
doctrines de Libertas praestantissimum de Léon XIII en
1888 et Pacem in terris de J. XXIII en 1963. « Chacun a
le droit, annonce J. XXIII, d’honorer Dieu suivant la juste
règle de la conscience et de professer sa religion dans
5
la vie privée et publique » . Il faut donc en convenir. Le
droit à la différence religieuse est un droit naturel. Mais la
conséquence, c’est que sans soumettre la notion de vérité
religieuse à une analyse rigoureusement intentionnelle, une
simple opinion apologétique la condamne inexorablement
à une antinomie de la conscience religieuse dans ses
fondements juridiques. Ou bien la vérité religieuse est de
type apologétique et la tolérance religieuse s’avère une
différence religieuse renvoie comme tout droit naturel à
3 Vatican II, E. Centurion, Paris 1966, p.324.
4 En 250.
5 J. XXIII, Encycl. Pacem in terris, 15.
- 5 -
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O
la dignité de l’homme en tant que créé à l’image de Dieu
et dans ce cas, la vérité religieuse perd dans le meilleur
6
des cas
relativisme eschatologique dont la consigne est de laisser
croître l’ivraie et le bon grain en attendant l’heure de la
moisson.
Pour sortir de cette antinomie, une certaine manière
d’interroger l’histoire des religions la manière proprement
intentionnelle me paraît s’imposer. Quelles sont par
exemple dans la tradition abrahamique, les intentionnalités
respectives des trois révélations du monothéisme judaïque,
chrétien et islamique? Ou encore dans la communauté
du bouddhisme, de l’hindouisme, du judaïsme, du
christianisme, de l’islamisme? Cette interrogation
intentionnelle repose sur deux postulats: d’une part, selon
Hans Urs von Balthasar, toute existence humaine est parole
7
de Dieu , ce qui veut dire a fortiori que toute existence
religieuse est déjà révélation divine. D’autre part, l’analyse
intentionnelle elle-même n’est pas une simple analyse
comparée des communautés initiatiques et culturelles. Elle
se place au cœur de l’expérience religieuse universelle

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