Immigrée ! Toi-même !
180 pages
Français

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Immigrée ! Toi-même ! , livre ebook

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Français

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Description

Maryse Tripier est née à Douek, au Caire en 1945, dans une famille juive orientale. De six à vingt ans, elle vit en France avec le statut d'"apatride d'origine indéterminée". Devenue sociologue spécialiste de l'immigration, elle revient ici sur son parcours. Ce récit s'appuie sur des situations vécues et des anecdotes où se jouent les diverses faces de l'altérité : d'origine, de classe, de génération, de genre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2015
Nombre de lectures 6
EAN13 9782336374666
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Logiques sociales

Logiques sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.
Dernières parutions
François GUIYOBA (éd.), La littérature médiagénique, Ecriture, musique et arts visuels, 2015.
Jacques COENEN-HUTHER, Quel avenir pour la théorie sociologique ?, 2015.
Sous la direction de Christiana Constantopoulou, Médias et pouvoir, aspects du politique contemporain , 2015.
Sous la direction de Fred DERVIN, Analyser l’identité, les apports des focus groups, 2015.
Jean-Louis PARISIS, Sociologue à Marseille , 2015.
Yannick BRUN-PICARD, La praxéologie. Au cœur de la structuration des interfaces sociétales , 2015.
Alain CHENEVEZ et Nanta NOVELLO PAGLIANTI, L’invention de la Valeur Universelle Exceptionnelle de l’UNESCO. Une utopie contemporaine , 2014.
Simon DULMAGE, Mutations et déterminisme chez Bourdieu, Epistémologie de la sociologie de l’art de Bourdieu , 2014.
Thomas MICHAUD, L’imaginaire et l’organisation. La stimulation des innovations technoscientifiques par la science-fiction , 2014.
Béatrice JEANNOT-FOURCAUD, Antoine DELCROIX, Marie-Paule POGGI (dir.), Contextes, effets de contextes et didactique des langues , 2014.
Yannick BRUN-PICARD, Plus loin que le développement durable : la durabilité , 2014.
Jean-Michel LE BOT, Eléments d’écologie humaine , 2014. Claude GIRAUD, Qu’est-ce qui fait société ? , 2014.
Titre
Maryse Tripier





I MMIGRÉE ! T OI-MÊME !

Parcours d’une sociologue de l’immigration
Copyright
















© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-72477-5
« Que le diable m'emporte si je sais au fond ce que je suis. »
Denis Diderot, Le neveu de Rameau







A la mémoire de Véronique De Rudder
S OMMAIRE

Introduction
Origine, origines, originalité ?
Fille
Soeurs, cousins, la deuxième « strate »
Enfance
Epouse
Mère
Les jours heureux. La Chapelle Aubareil
Chercheure
Prof de fac
Militante
Conclusion
Ma bibliographie très sélective
« Who’s who ? »
Notes et Références
I NTRODUCTION
Certains sociologues de l’immigration et des relations interethniques ont choisi de restituer, d’une manière ou d’une autre, l’itinéraire et les expériences du groupe migrant auquel ils s’affilient directement ou par compagnonnage. Le sociologue le plus emblématique, dans le champ de la sociologie de l’immigration est, à cet égard, Abdel Malek Sayad 1 .
D’autres proviennent de milieux « sédentaires » et ont travaillé sur ces questions pour des raisons d’intérêt scientifique, politique ou d’opportunité professionnelle. Je ne peux tous les citer ici.
Après une longue carrière dédiée à ce champ, dont j’ai accompagné la reconnaissance académique, la retraite venue, l’idée de transmettre quelques éléments de l’aventure personnelle et intellectuelle que j’ai vécue, à l’aide des outils que nous appliquons aux « autres », m’est apparue utile. Utile pour moi, pour ma famille, comme toute autobiographie, mais aussi pour les étudiants en sociologie et un plus large public.
Au centre de cette réflexion, l’altérité, donc l’identité. On verra que la difficulté principale est de parler de soi alors que l’altérité-identité se construit dans le rapport aux autres et je ne peux parler à leur place.
Mon désir d’écrire ce récit a commencé en 2010 au moment où se déroulait un débat sur l’opportunité d’introduire des statistiques ethniques en France, dans divers dispositifs publics, dont le recensement de la population. Je dirais même en réaction plutôt violente à cet air du temps « sarkozyste » : création d’un ministère de l’Immigration, de l’intégration et de l’identité nationale, organisation d’un débat sur ce dernier thème, éloge contradictoire de la notion confuse de « diversité », etc.
Un long débat sur la dénomination, en France, des groupes d’origine, était déjà lancé depuis quelques années. En 1998, clouée chez moi par un accident de santé pendant un an, j’ai eu la chance de participer à un forum de discussion sur les recensements français et étrangers et leurs modes de catégorisation des origines, des « identités ». Alain Blum en a proposé des conclusions originales 2 . Il a ainsi montré, notamment à propos de l’usage du terme de « nationalités » dans les statistiques de l’URSS, la variété des représentations des groupes que les sociétés instituent, par le biais de leurs statistiques officielles.
Cette discussion prendra en 2009 une autre urgence avec la demande formulée aux chercheurs par Yazid Sabeg, alors Commissaire à la diversité et à l'égalité des chances, de créer un Comité pour la mesure et l’évaluation des discriminations et de la diversité (COMEDD), chargé de réfléchir aux méthodes adéquates.
Je participe alors à un groupe pluridisciplinaire animé par Hervé Le Bras 3 dont l’objectif est de réfuter scientifiquement la prétendue « nécessité » de figer les catégories ethniques dans la statistique publique officielle au nom de la lutte contre les discriminations.
Mon origine complexe me montrait la difficulté que j’aurais, et bien d’autres avec moi, à me définir « ethniquement ». Ces éléments s’ajoutent à mon opposition scientifique et politique à ces projets. Je l’ai résumée dans un ouvrage collectif 4 . Ces projets s’inscrivent dans un air du temps qui privilégie les identités héritées au détriment des identités choisies. Surtout, instituer des définitions ethniques dans la statistique publique nous a semblé inefficace (les labels changent et sont rarement consensuels) et dangereux (cf. le souvenir du fichier des juifs sous Vichy).
L’écriture de ce texte a été interrompue pendant une période sombre qui a débuté en mars 2011 (mon AVC, le décès du père, l’Alzheimer de la mère…). Dès ma sortie de l’hôpital en 2011, cependant, je me suis vue proposer d’incarner un récit graphique consacré aux événements dramatiques de Charonne en février 1962 5 . Celui-ci relate mon expérience de ce jour fatidique, où j’ai failli mourir dans la bouche du métro et où d’autres sont morts. Il y dessine le portrait d’une génération lycéenne pendant la guerre d’Algérie 6 .
Dans ce texte il sera ainsi fortement question de générations. Générations démographiques, des aïeuls aux petits enfants et aussi générations « historiques » 7 . Ma génération a été témoin et actrice d’événements sociaux et politiques importants comme la guerre d’Algérie et Mai 68, qui constituent le contexte de relations sociales incompréhensibles lorsqu’on n’y fait pas référence. Ce contexte historique ne sera pas vraiment analysé, car le récit court sur plus de soixante ans. Il n’est pas chronologique. Il y sera fait référence en passant.
Je ne suis pas la première à me lancer dans cet exercice d’autobiographie « sociologisée », en France. Je pense par exemple à Didier Eribon 8 et à Gérard Noiriel 9 . Et avant tout à Pierre Bourdieu qui dans son Esquisse pour une auto-analyse 10 insiste sur la nécessité pour le sociologue de faire l'analyse sociologique de lui-même pour que l’objectivation scientifique soit complète 11 .
« J’y pense et puis j’oublie », comme dit la chanson, car ce récit ne s’adresse pas dR

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