Internet change-t-il vraiment nos sociétés ? (Tome 1)
230 pages
Français

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Internet change-t-il vraiment nos sociétés ? (Tome 1) , livre ebook

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Description

Les techniques changent-elles réellement les sociétés et les cultures ? Et est-ce que l'Internet est une technique ? Quelles sont les conséquences de l'Internet sur la société, l'art, la science, l'économie et la politique ? Les concepts « d'intelligence collective », de « société de l'information » et de « nouvelle économie » sont-ils pertinents ? Une réflexion pour que ne se développe pas qu'une communication généralisée sans objet qu'elle-même.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2012
Nombre de lectures 24
EAN13 9782296990067
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Philippe ENGELHARD





L’INTERNET CHANGE-T-IL VRAIMENT NOS SOCIÉTÉS ?

TOME I
L’Internet et ses problèmes
Copyright

© L’HARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-99006-7
EAN : 9782296990067
Ce que l’on ne dit pas, c’est que le terrain sur lequel la technique acquiert son pouvoir sur la société est le pouvoir de ceux qui la dominent économiquement.

Theodor Adorno, Max Horkheimer, Kulturindustrie, Allia, Paris, 2012, p. 9

La beauté de l’Internet, c’est qu’il connecte les gens. La valeur se trouve dans les autres.

Jaron Lanier, Digital Maoism : « The hazards of the New Online Collectivism », cité par Pisani et Piolet (2008, p. 125)

La grande facilité d’écrire des lettres doit avoir introduit dans le monde – du point de vue purement théorique – un terrible désordre des âmes : c’est un commerce avec des fantômes, non seulement avec celui du destinataire, mais encore avec le sien propre ; le fantôme grandit sous la main qui écrit, dans la lettre qu’elle rédige (…). Comment a pu naître l’idée que les lettres donneraient aux hommes le moyen de communiquer ? (…) Ecrire des lettres c’est se mettre nu devant les fantômes ; ils attendent ce moment avec avidité. Les baisers écrits ne parviennent pas à destination, les fantômes les boivent en route. (…). L’humanité le sent et lutte contre le péril ; elle a cherché à éliminer le plus qu’elle pouvait le fantomatique entre les hommes, elle a cherché à obtenir entre eux des relations naturelles, à restaurer la paix des âmes en inventant le chemin de fer, l’auto, l’aéroplane mais cela ne sert plus de rien (…) ; l’adversaire est tellement plus calme, tellement plus fort ; après la poste, il a inventé le télégraphe, le téléphone, la télégraphie sans fil. Les esprits ne mourront pas de faim, mais nous nous périrons.

Franz Kafka, Lettres à Milena , Gallimard, Paris, 1988, traduit par Alexandre Vialatte, p. 267

…le monde moderne. Le monde qui fait le malin.

Charles Péguy, cité par Antoine Compagnon, Les antimodernes , NRF, Gallimard, Paris, 2005, p. 225

Avec LinkedIn, l’Enfer c’est toujours les autres, mais Big Brother, c’est vous.

Thierry Klein ( http://thierry-klein.speechi.net/2005/03/10/linkedin-le-reseau-des- blaireaux/)

Rien ne résonne si haut que le silence.

Laurence Plazenet, La blessure et la soif , Gallimard, NRF, Paris, 2009, p. 547
Prologue
On peut voir dans cet essai un travail de philosophie sociale , mais qui convoque plusieurs disciplines dont l’anthropologie et la sociologie, l’économie et la communication, ainsi que l’épistémologie et la science politique. La philosophie sociale a évidemment quelque chose à voir avec les théories du changement social , très en vogue dans les années 1970 1 . L’enjeu n’est pas négligeable si on admet que le « développement » – ou, plus modestement, l’amélioration du « bien-être » individuel et collectif –, n’est pas indépendant de certains types de changements sociaux, politiques, économiques, environnementaux voire culturels. Se demander si l’Internet peut contribuer à ces changements paraît une question raisonnable. Tout autant que de se demander si certains usages de l’Internet peuvent et doivent être redressés.
C’est dire que l’Internet, en tant qu’objet d’étude, est, par la force des choses, tangentiel aux problèmes les plus importants de notre temps.
*
En tout état de cause, cet ouvrage tente de répondre à quatre séries de questions, et soutient deux thèses transversales.
Les quatre séries de questions sont les suivantes :
a/ Est-ce que les techniques « changent » les sociétés et les cultures (voire le cerveau des individus) – et qu’est-ce que cela veut dire ? Autrement dit que signifie « changer », et qu’entendre par « culture », « société » et « information » ? En outre, est-ce que l’Internet est une « technique » ? Et, qu’entendre par « technique » ?
b/ Quelles sont les incidences de l’Internet sur les sociétés ? La micro-segmentation, ou « grappisation », des sociétés contemporaines lui est-elle imputable ? Et quel est le degré de pertinence et, le cas échéant, de stabilité de cette « grappisation » ?
c/ Quelles sont les conséquences de l’Internet sur l’art, la science, l’économie et la politique ?
d/ Les concepts « d’intelligence collective », de « société de l’information » et de « nouvelle économie » sont-ils « nécessaires », et ont-ils un sens ?
Les tomes II et III tentent d’apporter une réponse à ces quatre séries de questions. Le tome I répond à trois exigences : présenter l’ensemble des points focaux de l’ouvrage ; approfondir les notions cruciales pour mon propos d’information et de technique, de société et de culture ; présenter et développer les deux thèses transversales de l’ouvrage.
*
Ces deux thèses transversales peuvent s’énoncer ainsi :
a/ Les TIC contribuent à la déréalisation des choses et des êtres ; confèrent à « l’autre » et au monde une existence de plus en plus fantomatique ; nous enferment dans des soliloques futiles ; précipitent ainsi, pour le meilleur et, plus probablement pour le pire, la victoire de l’idéalisme philosophique le plus trivial.
b/ La technophilie ambiante participe de cet idéalisme latent ; exacerbe l’idée de la toute puissance des techniques ; relâche notre attention et nous distrait des vrais problèmes ; contribue à nous faire tenir pour négligeables les singularités de l’espace physique autant que celles de l’espace social et culturel ; conforte de cette façon « l’idéologie de la globalisation » et l’égocentrisme des puissants.
*
Le résultat essentiel de cette recherche est le suivant : les techniques ne changent rien par elles-mêmes des sociétés et des cultures – autrement dit, le déterminisme technologique semble bien réfuté. Ce sont les usages délibérés ou non de ces techniques qui génèrent des effets positifs ou négatifs. Si on n’infléchit pas les usages de l’Internet – pour certains en profondeur -, il en découlera très probablement, en dépit de ses avantages considérables, des effets nettement pervers sur les individus, les sociétés, la science, la politique, l’art voire l’économie.
*
Trois précisions :
Les trois tomes qui constituent cet ouvrage, à la limite, peuvent être lus indépendamment les uns des autres. L’ouvrage poursuit cependant une « démonstration » qu’une lecture linéaire, évidemment, rend plus accessible.
La bibliographie des auteurs cités figure par commodité à la fin du tome III, ainsi que la table générale des matières, qui fait toutefois l’objet d’un rappel à la fin des tomes I et II afin de faciliter la « navigation » du lecteur.
Le sommaire qui suit donne la physionomie du tome I.
1 Voir par exemple Raymond Boudon, 1984.
Sommaire Couverture 4e de couverture Titre Copyright Prologue Sommaire I/ THÈSES ET SYNTHÈSE (VUE D’ENSEMBLE) II/ PROLÉGOMÈNES INTERNET, INFORMATION, CROYANCES ET RÉALITÉ – L’INFORMATION CHANGE-T-ELLE NOS CONVICTIONS ? Mise en place d’un problème En quoi l’Internet peut-il changer la vie des gens, mais non leurs « croyances profondes » ? L’Internet pourrait-il « penser » à notre place ? La déréalisation du monde Cheminement III/ CULTURE ET SOCIÉTÉ – COMMENT ÇA CHANGE, ET D’ABORD EST-CE QUE ÇA CHANGE ? ET QU’Y PEUT L’INTERNET ? Qu’est-ce que la culture au sens des anthropologues ? Qu’est-ce que la société ? Nos cultures sont-elles des fatalités ? Six remarques importantes sur la culture Si les cultures sont évolutives – ce qui semble bien être le cas – est-ce que l’Internet peut constituer un facteur de changement culturel et sociétal ? Formulation des hypothèses Adresse
I/ THÈSES ET SYNTHÈSE (VUE D’ENSEMBLE)
Je plaide dans cet essai en faveur d’une thèse non ou peu orthodoxe : sauf exceptions, au demeurant stimulantes, les techniques (dont celles qui sous-tendent l’Internet) par elles-mêmes ne changent ni les sociétés ni les cultures – ou, pour faire simple, n’ont pas d’incidences directes sur nos croyances profondes ni sur les rapports de pouvoir dans les sociétés. Les techniques ne font, éventuellement, que dévoiler le changement sociétal ou culturel potentiel, voire l’amplifier et/ou l’accélérer lorsqu’il est déjà réalisé – ce qui est déjà beaucoup ! – mais ne le provoquent pas.
Croire le contraire, c’est adhérer au déterminisme

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