Je suis une femme, pourquoi pas vous ?
315 pages
Français

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Description

De 1974 à 1979, Martine Storti est journaliste à Libération. Jour après jour, elle suit l’évolution des idées et des revendications féministes et participe à leur diffusion dans la société française. Rassemblés ici, ses articles racontent l’histoire d’une émancipation, d’une libération, en restituent les tumultes et l’insolence.

Ils disent les manifestations, les luttes, les victoires et les défaites… Ils disent les combats pour la liberté de l’avortement, contre le viol ou pour l’égalité dans le travail… Ils disent les polémiques, les résistances, les injures et les ripostes… Ils disent aussi la quête d’une autre manière d’être et de vivre… Ces années folles et fondatrices sont notre héritage.


- Les nombreux articles reproduits prennent valeur de documents historiques: ils nous replongent dans une société française bien archaïque sur le fonds.

- En 2010 seront célébrés les 40 ans du MLF. Cet anniversaire sera l’occasion de nombreuses initiatives (colloques, expositions, manifestations, livres, films…).

- L’auteur, figure forte des mouvements féministes, participera durant toute l’année à ces manisfestations ainsi qu’à de nombreux débats.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 117
EAN13 9782876233454
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JE SUIS UNE FEMME, POURQUOI PAS VOUS?
Martine Storti
JE SUIS UNE FEMME, POURQUOI PAS VOUS?
1974-1979 QUAND JE RACONTAIS LE MOUVEMENT DES FEMMES DANSLIBÉRATION
MICHEL DEMAULE
Conception graphique LES3T STUDIO
© ÉDITIONSMICHEL DEMAULE, 2010 41,RUE DERICHELIEU– 75001 PARIS. micheldemaule.com
DU MÊME AUTEUR
Un chagrin politique, L’Harmattan, 1996. Cahiers du Kosovo, Textuel, 2001. 32 jours de mai, Le Bord de l’eau, 2006. L’Arrivée de mon père en France, Michel de Maule, 2008.
En collaboration
L’Identité française, Tierce (1995). Le Féminisme et ses enjeux, Edilig (1988).
AVANT-PROPOS L’INSOLENCE DES FEMMES
Combien étaient-elles ce jour-là ? Huit ? Dix ? Douze ? Pas plus d’une douzaine, c’est certain. Pas nombreuses, donc. Suffisam-ment néanmoins pour faire « événement », comme l’on ne disait pas encore. Suffisamment aussi pour avoir une idée qui mêle culot et humour, ces deux ingrédients qui caractériseront le Mouve-ment de Libération des Femmes dans ses commencements. C’était une fin d’août 1970, le 26 exactement, place de l’Étoile, devant la tombe du soldat inconnu. Je ne faisais pas par-tie de ces jeunes femmes décidées et drôles. Je laisse un instant la parole à l’une d’entre elles : «On note soudain une agitation inhabi-tuelle du côté du tombeau : des hommes bardés d’appareils photo, de caméra, de câbles, de bandes magnétiques… Il ne faut plus perdre de temps : on déroule les banderoles, on porte la couronne à bout de bras, solennellement, et l’on s’approche du lieu de recueillement où, d’ailleurs personne ne se recueille. On n’a pas le temps d’arriver qu’on est déjà empoignées par les gardiens plus tellement de la paix […], les banderoles sont promptement saisies et repliées, confisquées : c’est à peine si les spec-tateurs ont le temps de lire “Un homme sur deux est une femme” ou “Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme”. Pour quelques femmes, 1 l’aventure se terminera par un contrôle d’identité au poste de police . »
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Le lendemain, dans les quelques lignes que les quotidiens consacrèrent à l’événement, la presse découvrait l’existence d’un Mouvement de Libération des Femmes. Les féministes françaises n’avaient pas encore ainsi nommé ce qu’elles étaient en train de faire naître et les journalistes avaient transposé en France leWomen’s Libaméricain, d’autant que le 26 août était aux États-Unis un jour de manifestations pour commémorer le cinquantième anniversaire du droit de vote des femmes. Tout, bien sûr, n’a pas commencé ce jour-là. Mais la Révolu-tion française a-t-elle commencé le 14 juillet 1789 ? À chaque mouvement, ses dates symboliques, même si elles tordent un peu le cours de l’Histoire. Avant le 26 août 1970, en effet, et singu-lièrement à partir de Mai 68, des petits groupes, très minori-taires, s’étaient réunis ici ou là. Et l’on se doute bien que les quelques femmes qui se retrouvent à Paris, place de l’Étoile, se connaissaient suffisamment pour concocter ensemble quelque chose. Mais cet épisode du 26 août et, au-delà, l’année 1970 dans son ensemble signent bien le commencement d’un Mouvement qui allait ébranler la scène française. C’est bien au cours de cette année 1970 que deux autres ini-tiatives rendaient visible la naissance d’un MLF français. D’abord la publication en mai, dans le journalL’Idiot international, d’un article signé par quatre femmes (Monique Wittig, Gille Wittig, Marcia Rothenburg, Margaret Stephenson) :Combat pour la libération de la femme. Ce texte joua comme trait d’union tant il disait publiquement ce que de nombreuses femmes, dans la soli-tude et la dispersion, se murmuraient à elles-mêmes ou à quel-ques-unes : « Quand nous marchons dans les rues, nous sommes sifflées, huées, touchées, nous sommes appréciées ou dépréciées par les regards. […] Si nous résistons, nous sommes bégueules, salopes, mégères ou féministes hystériques ; nous n’allons pas dans les rues comme des individus libres de croiser les regards. Nous sommes des objets en usage ou hors d’usage… »
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Introduction
En octobre paraît un numéro spécial de la revuePartisansédi-tée par Maspero,Libération des femmes, année zéro,un gros numé-ro de 250 pages avec en couverture, pour la première fois, le sigle du MLF : un poing fermé dans un cercle qui se prolonge par une croix, signe du sexe féminin utilisé par les biologistes. 250 pages bourrées d’analyses théoriques ou de récits d’expé-riences individuelles, signés de vrais noms, de pseudonymes, d’initiales ou tout simplement des mentions « quelques mili-tantes », « un groupe de femmes ». Dans ce numéro dePartisans, on trouve tous les thèmes ou presque qui allaient être les enjeux des luttes féministes pour la décennie à venir : sexualité, viol, avortement, famille, maternité, travail domestique… Sont pré-sents aussi les débats qui agitaient le mouvement naissant et qui allaient se poursuivre : les femmes forment-elles une classe ? Quels sont les liens entre leur oppression spécifique et le système économico-social dans lequel elle s’exerce ? Quel est l’ennemi principal, le capitalisme ou le patriarcat ? Mais ce qui frappe le plus, c’est la radicalité de ton de la plupart des textes, la violence qui les traversent, avec la colère qui peut enfin se libérer sous dif-férentes formes, de l’analyse théorique au témoignage subjectif, parfois écrit sous forme de poèmes. À relire aujourd’hui ces pages, cet ébranlement affectif tou-che encore, tant elles semblent portées par des cris trop long-temps étouffés. Il y a bien une libération qui se joue tout de suite, libération de celles qui écrivent, seules ou à plusieurs, et de celles qui allaient lire. Ce numéro dePartisans, en effet, plus encore que l’article dansL’Idiot internationalou la manifestation à l’Arc de Triomphe, atteignait des femmes qui n’avaient pas participé aux premières réunions et qui, du même coup, décou-vraient, ravies pour la plupart, qu’un Mouvement de Libération des Femmes était né en France. Ce fut mon cas. Libération des femmes, année zéro. Quel titre ! Comment, avant cette année 1970, rien ? C’est que nous croyions partir de rien en effet. «Nous qui sommes sans passé les femmes, nous qui n’avons pas
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d’histoire », chantait l’hymne du MLF écrit un peu plus tard. Alors pas d’histoire, les femmes ? Et puis quoi encore ! Simplement, cette histoire, nous ne la connaissions pas, parce qu’on ne nous l’avait jamais racontée, jamais transmise ou si peu. Nous pen-sions tout commencer et tout inventer, ignorant que d’autres femmes, peut-être nos mères, nos grands-mères, s’étaient battues elles aussi, qu’elles avaient parfois gagné, souvent perdu. Nous étions des héritières et nous ne le savions pas, nous étions des héritières qui ignoraient leur héritage. Les jeunes femmes d’aujourd’hui savent-elles davantage de quoi, de qui elles sont les héritières ? Peut-être cet ouvrage, par-mi d’autres, les aidera-t-il à savoir ce que leurs mères et avec elles d’autres femmes du même âge, ou bien un plus ou un peu moins jeunes, disaient, pensaient, faisaient dans ces années 70.
Ce livre, qui reprend une partie des articles que j’ai publiés dansLibération, commence à la fin de l’année 1974 car c’est à ce moment-là que je suis entrée àLibération. J’aurais pu dire « de-venue journaliste àLibération», mais le mot « entrée » me semble plus adéquat. Certes, on n’entrait pas àLibécomme dans les ordres, cependant on n’y allait pas juste pour être journaliste ou pour avoir un gagne-pain, fort modique d’ailleurs ! En ce temps-là,Libérationn’était pas en vue dans les kiosques, pas cité dans les revues de presse, pas posé sur le bureau des ministres ou des PDG. Il n’avait pas d’actionnaire de référence, pas d’actionnaires du tout d’ailleurs, et même il était sans le sou ! Créé un an plus tôt, ce quotidien dont le premier directeur de publication fut Jean-Paul Sartre, avait cessé sa parution en juin 74, avec le départ d’une partie de ses fondateurs et se préparait, en septembre, à une deuxième naissance. Mon entrée àLibédoit beaucoup au hasard (mais le hasard existe-t-il ?) : une question que me pose un membre de l’équipe croisé dans une rue de Paris – « pourquoi ne viens-tu pas nous rejoindre ? » –, moi prof de philo en rupture de ban (je viens de
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