Kongos de la Guadeloupe
170 pages
Français

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Kongos de la Guadeloupe , livre ebook

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Description

Qu'est-ce qui a poussé la grande famille des Massembo, arrivée vers les années 1860 dans un recoin de Basse-Terre, à perpétuer contre vents et marées, un rituel extraordinaire, le "grapp à Kongo". Il s'agit bien dans ce culte des morts d'une célébration étrangement décalée des grands ancêtres congolais. Voici une approche compréhensive d'un "lieu de mémoire" crucial pour qui s'intéresse au monde caraïbe.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2011
Nombre de lectures 138
EAN13 9782296476837
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Kongos de la Guadeloupe
OUVRAGES DU MÊME AUTEUR Entre Paris et Bacongo,Paris, éditions du CCI - Centre Georges Pompidou, (Coll. « Alors »), 1984. Au cœur de la sape, Mœurs et aventures de Congolais à Paris.Paris, éditions L’Harmattan, (Coll. « Logiques sociales »), 1989, (réédition deEntre Paris et Bacongo). Dandies à Bacongo, Le culte de l’élégance dans la société congolaise contemporaine. Paris, éditions L’Harmattan, (Coll.« Logiques sociales »), 1989.
Justin-Daniel GANDOULOU KONGOS DE LAGUADELOUPERites d’une identité préservée Témoignage d’Alphonse NZINDOU Préface de Denys CUCHE L’HARMATTAN
© L'HARMATTAN, 2011 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56284-4 EAN : 9782296562844
Remerciements Je tiens à remercier Alphonse Nzindou- pour son précieux témoignage et son éclairage-à travers qui j’ai fait la connaissance de la famille Massembo. Je tiens également à remercier l’ensemble de la famille Massembo et tout particulièrement Annick (Marie-France) et Harry Troupé qui m’ont régulièrement accueilli chez eux, Jacques Cochin pour ses commentaires avisés et pour ses relectures attentives.
A la mémoire de Violette Massembo, et à Rose Aimée Massembo, les deux cousines complices et doyennes de la famille Massembo, qui ont su transmettre à leur descendance, leur attachement aux traditions culturelles.
PREFACE
Il y a quelques années, les recherches de Justin-Daniel Gandoulou sur les « sapeurs » congolais avaient été remarquées lors de la parution des ouvrages les concernant. Il étudiait alors une étrange migration, celle de jeunes Congolais, venus à Paris « Au cœur de la sape », dans une sorte de voyage initiatique, avant de retourner jouer les « Dandies 1 à Bacongo », un quartier de Brazzaville . Déjà, il s’interrogeait sur les liens complexes entre identité et culture.
Aujourd’hui, il reprend cette interrogation à partir d’une autre migration congolaise, certes complètement différente mais posant des questions analogues. Il nous livre ici un livre original sur un thème très peu abordé par la littérature scientifique, celui de l’immigration des Africains dans les Antilles françaises au lendemain de l’abolition de l’esclavage (1848) et de son devenir. Là réside déjà un des intérêts majeurs de cet ouvrage.
En effet, cette immigration africaine post-abolitionniste est encore e très mal connue. Elle n’a pourtant pas été sans importance. Au XIX siècle, dans les Amériques devenues pour la plupart indépendantes, presque tous les Etats, à la suite de leur décision d’abolir l’esclavage, ont envisagé d’importer des travailleurs africains pour palier au manque de main d’œuvre que provoquait, selon eux, la fin du système esclavagiste. Ce fut notamment le cas du Pérou, comme j’ai pu le vérifier au cours de mes propres recherches. Ce fut également le cas de la Martinique et de la Guadeloupe, colonies françaises d’Amérique. En réalité, les Etats agissaient sous la pression des grands planteurs qui n’imaginaient pas pouvoir se passer d’une main d’œuvre servile. En recourant à des « engagés » africains, auxquels ils faisaient signer des contrats de dix ans qui les rendaient totalement dépendants de leurs employeurs, ils espéraient rétablir de façon déguisée le système de travail forcé. L’« engagement » de ces Africains se révélant compliqué, les autorités décidèrent dans certains cas de recourir à des travailleurs chinois ou indiens, les« coolies », recrutés dans les
1  Gandoulou J-D.,Au cœur de la sape, Mœurs et aventures de Congolais à Paris, et aussi : Dandies à Bacongo, Le culte de l’élégance dans la société congolaise contemporaine, Paris, L’Harmattan, 1989. 9
mêmes conditions. Dans les Antilles françaises, contrairement au 2 Pérou et à Cuba, les«coolies »; chinois furent très peu nombreux par contre, les«coolies »indiens y furent introduits en grand nombre. En ce qui concerne la Guadeloupe, ce sont finalement plus de 6000 Kongos qui arrivent entre 1857 et 1861. La société guadeloupéenne, déjà fortement structurée par des hiérarchies socio-ethniques très rigides datant de l’époque esclavagiste, va connaître une recrudescence des luttes de classement ethnique avec la venue des «coolies »et des « engagés » kongos. Comme le montre indiens Gandoulou dans cette étude, ces derniers vont se retrouver à la dernière place, subissant le mépris non seulement des Blancs et des Mulâtres mais aussi des Noirs affranchis qui les considèrent pratiquement comme des sauvages. On retrouve en cela un enseignement de l’histoire et de l’anthropologie des Amériques noires : la solidarité raciale noire, considérée comme « naturelle » et comme allant de soi, est une illusion, car la « race » n’existe que comme construction sociale dans un contexte donné. Noirs bossales, Noirs créoles, Noirs marrons se sont souvent opposés les uns aux autres, comme les Noirs affranchis et les Noirs « engagés ». Pour que la solidarité entre Noirs puisse exister, cela supposerait que ces Noirs partagent des conditions de vie et de travail communes, donc des intérêts communs. Justin-Daniel Gandoulou consacre son livre à l’étude d’une famille guadeloupéenne d’origine kongo. Il s’intéresse particulièrement à la célébration d’un rituel manifestement africain, le« grapp a kongo », qui est une forme de célébration des morts à laquelle cette famille est très attachée et dont elle transmet l’héritage de génération en génération. L’auteur explique de façon convaincante que l’attachement à ce rituel est une forme d’affirmation identitaire africaine. Il faut souligner ici la qualité des observations et des descriptions de Gandoulou, qui a aussi le sens de la narration. Fin ethnographe, il sait jouer à la fois de sa proximité avec la famille Massembo, du fait d’une même origine congolaise, mais aussi de sa distance avec cette famille, du fait que lui est né et a vécu au Congo, qu’il réside actuellement en France métropolitaine et qu’il n’est pas guadeloupéen. 2 Voir Cardin J.-L.,L’immigration chinoise à la Martinique, Paris, L’Harmattan, 1990. 10
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