L aventure IREDEC à Madagascar
708 pages
Français

L'aventure IREDEC à Madagascar , livre ebook

-

708 pages
Français

Description

L'Iredec - Institut de recherches et d'application des méthodes de développement communautaire -, créé en 1985 pour appuyer les projets de développement rural, a longtemps occupé, au sein de la société civile malgache, une position particulière. A travers l'histoire mouvementée de cette association, c'est toute l'évolution de la société malgache et la complexité des relations entre acteurs du développement qui sont mises en débat.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2008
Nombre de lectures 367
EAN13 9782296198982
Langue Français
Poids de l'ouvrage 27 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'AVENTURE IREDEC
À MADAGASCAR
Du militantisme à la marchandisation
du développementLaure Mouroux
L'AVENTURE IREDEC
,
A MADAGASCAR
Du militantisme à la marchandisation
du développement
L'Harmattan Tsipika@
L'HARMA TT AN, 2008
j5-7, rue de l'École-Polytechnique 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion. harmattan@wanadoo.fr
harmattan 1@wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-05703-6
EAN : 9782296057036Introduction
L'HISTOIRE DE L'IREDEC :
UN ENSEIGNEMENT
On y arrive par un chemin de terre. En haut, une grande bâtisse blanche
au toit en tôle. Iredec? C'est au bout, là-bas. Devant la porte en bois rouge,
un petit porche. Un 4x4 Defender est garé devant, ainsi qu'une plus modeste
Renault Express. Un animateur part en moto, deux personnes discutent
devant l'entrée, s'interrompent pour nous saluer. Et nous voici à l'Iredec.
Qui n'a d'ailleurs pas toujours été là. Après avoir été au cœur du quartier
populaire de Mahazoarivo, il a fait un tour un peu plus loin, à
Andranofimadio, avant de venir se nicher à Tsivinitrakamo, «là où les
paresseux n'ont pas l'habitude d'aller », parce que c'est un peu loin à
l'ouest, au milieu d'un paysage de collines et de rizières.
Qui est ce mystérieux au nom compliqué? Qui est vraiment l'Institut de
recherche et d'application des méthodes de développement communautaire?
On le cite comme modèle d'une association partenaire du Sud, indépendante
et intelligemment combative depuis plus de vingt ans. Oui, mais comme rien
n'avait jamais été synthétisé sur son histoire, il était en passe de devenir une
légende, brumeuse et contradictoire comme toute bonne légende.
C'est dans le souci de rétablir la vérité des faits que ce document fut
imaginé. Raconter l'histoire de l'Iredec en ce qu'elle fut une aventure belle
mais, parfois aussi, grinçante.
Je fus bercée par les récits de ceux qui le vécurent et ceux qui le
côtoyèrent, et qui le racontent des étincelles dans les yeux. Alors voilà, c'est
écrit pour eux, les propres acteurs de I 'histoire, et j'y inclus ses nombreux
partenaires, même ceux qui le quittèrent, et même ceux qu'il quitta.
Et c'est écrit pour tous ceux qui sont impliqués dans l'appui au
développement local territorial, rural ou urbain, à Madagascar comme
ailleurs. Habitants de leurs campagnes ou de leurs villes, ONG, associations,
coopérations étatiques ou multilatérales, État sous toutes ses formes, sociétés
privées. Tous ceux qui sont de la société civile (malgache ou, plus
généralement, des pays dits en développement) à inventer ou existante, tous
ceux qui pourraient travailler avec elle et ceux qui travaillent déjà avec elle.
Ceux, oui, qui lui donnent les noms caressants de partenaire local ou
stratégique, de partenaire relais, d'organisme ressource, ou plus directs de
consultant, opérateur spécialisé, intervenant ou prestataire.Raconter, donc. Toute l'équipe fut mobilisée dans ce but, la vieille
comme la neuve, et ceux qui les entourèrent. La petite volontaire française a
couru après les anciens, a questionné, a écouté. Elle a plongé dans les
archives, fouillé dans les disquettes, brandit victorieuse des documents plein
de poussière, remué les cartons, avalé la bibliothèque et les rapports. Durant
cinq mois elle a froncé les sourcils pendant les ateliers animés où l'on
racontait, analysait, critiquait l'épopée en malgache, réclamant traduction et
explications! Et durant trois ans et demi elle a appris à connaître l'Iredec de
l'intérieur du navire, au rythme du même roulis.
Et voici l'histoire. Celle de l'Iredec, affairée à mettre en place sa propre
logique dans sa région du Vakinankaratra, puis ouvrant les bras au monde
extérieur, aux partenaires extérieurs, au monde de l'aide au développement
dont la roue s'est mise à tourner vite, de plus en plus vite dès les années
2000.
Celle de l'Iredec qui a eu l'occasion de mener des projets que peu
d'autres ont menés, la mise en place de services communautaires ou privés
dans les villages (mutuelles de santé, vaccinateurs, médecins de campagne) ;
le partenariat prometteur avec une société crevettière qui voulait s'insérer
harmonieusement dans son environnement local en travaillant avec les
communes; la création d'une radio de proximité avec tout un réseau de la
société civile; la participation aux différentes étapes de construction de la
décentralisation malgache de 1995 à... 2006 ! L'Iredec qui voulait travailler
en recherche-action, en plaidoyer, selon des objectifs de développement
communautaire affirmé, 1'Iredec qui voulait travailler au plus près des
acteurs et sur la durée dans une approche systémique et prospective de
l'espace.
L'expérience est unique, elle est l'expérience d'une épopée collective,
d'un investissement associatif typiquement malgache.
Mais ce récit se veut aussi un enseignement. Il est apparut au fil des
mots que l'histoire de l'Iredec, c'est plus que sa seule histoire. Car l'Iredec
fut aussi le témoin des époques qu'il a traversées. Et un œil critique. On peut
utiliser son histoire comme outil de compréhension de la façon dont le
contexte malgache s'est façonné et positionné par rapport aux règles des
modèles de « développement» prônés par l'État malgache lui-même et les
bailleurs.
Et de là, on peut se demander: comment une association de convictions
met-elle celles-ci en pratique? Comment une malgache arrive à
adapter ces convictions et son travail aux contraintes du contexte de l'aide au
développement, parfois riche, parfois aussi sclérosant? Quelles doivent être
6les missions, quels sont les enjeux, d'une association qui se positionne et se
révèle être «pas comme les autres» ? Et qu'est-ce que cela peut inspirer
comme enseignements pour la société civile malgache et pour celle des pays
en développement?
On verra dans la première et la deuxième période comment I'lredec
défendit becs et ongles son travail de proximité, sur le long terme, auprès de
zones géographiques qu'il s'efforçait de considérer comme des systèmes,
auprès de gens qui se prenaient en charge, et selon son principe «le
développement de l'homme et de tout l'homme ».
On verra au cours de la troisième période comment il a dû se mettre à
travailler avec des partenaires et des bailleurs exigeants, comment il a
beaucoup appris à leurs côtés mais s'est aussi rebiffé et a rué dans les
brancards quand cela remettait en question sa propre pratique associative.
Et on verra, à l'occasion d'une quatrième période, comment il s'efforce
de trouver une troisième voie entre ces deux positionnements, exécutant
mais toujours acteur.
7SoorC€ : FTM (c"rte 201Y5 en cours de réaciuafi,,"'on) et cerv'ce, diconcentr", di fa rég'&!
~+
0
>
iij
cc
cc"
"
~if)
>'"
"'if)
0
so
E
,,<I:
~,..
I
p
~Z
0
ES
'~
«:
..
...
'1=
e
~
,
£
a
~ E~ ";; ~
~ ~ ,= ~" if>~ l'; < '... 0 -"'y,; c c ~
u a ~m - '5iJ ~ID Zif)<> t 'i':
"",
~i ~
jl8::: . ID
89CHAPITRE 1
La jeunesse de l'Iredec
1985-1995NÉ DANS LE GIRON D'UNE ÉGLISE CATHOLIQUE
AUX IDÉES PROGRESSISTES
$0 Des hommes d'Église et d'idées
À l'origine et autour de l'Iredec, il y eut des hommes de foi et d'idée, aussi bien des
pères diocésains que franciscains ou jésuites: le père jésuite DE LAULANIÉ,
agronome qui passa la majeure partie de sa vie aux côtés des paysans malgaches
pour chercher des solutions agronomiques adaptées; le père Yves PLEYBER
d'Ambohibary qui y a lancé le mouvement des SFK à la fin des années 70 sur un
modèle qui marchait en Amérique latine, lui-même qui a poussé Olivier
RAVELOMANANTSOA à se lancer dans la formation, car il croyait en la force des
JAC Ueunesse agricole chrétienne); et bien sûr le père Jean Juste
RATOLOJANAHARY, aumônier des SFK, un des

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents