L Été des enfants rois
88 pages
Français

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L'Été des enfants rois , livre ebook

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Description

Durant les vacances d'été, Valentin, onze ans et demi, débarque de la capitale pour un séjour chez ses grands-parents le temps de la convalescence de sa mère. Difficile d'intégrer un environnement différent et de nouveaux camarades, divisés en deux clans rivaux : les Comanches et les Apaches.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 11
EAN13 9782812917745
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières
Couverture Du même auteur Titre Dédicace Citation I - La pêche II - Les Ducros III - Une rencontre miraculeuse IV - Les trois poissons V - Un ferrailleur singulier VI - Céline VII - Le piège VIII - Tchoundo IX - La fête foraine X - Jean, dit le Bombé XI - Les doutes de Valentin XII - Une rencontre fortuite XIII - Lily XIV - La Plaine XV - À la roulotte XVI - L’avertissement du Bombé XVII - L’aveu XVIII - L’escapade XIX - La course au canard XX - La folle équipée XXI - La sagesse de Féli XXII - José Épilogue 4e de couverture
Autodidacte,René Barral’antana su retenir de l’enseignement de ses professeurs d la curiosité et la soif d’apprendre. Une fois retra ité, il étudie les lettres à l’université et décide de prendre sa plume pour dépeindre avec amou r et verve les Cévennes. Souvent récompensé, il a conquis un lectorat fidèle grâce à ses histoires généreuses, accessibles à un large public. Il est l’auteur de s ept romans, tous publiés aux éditions De Borée.
Du même auteur
Du même auteur Aux éditions De Borée L’Enfant secret de la Borie La Colère des Drailles, premier prix du roman du Scribe d’Opale 2010 La Terre de Pauline Le Miracle de Combesèque, Terre de poche Les Soleils de l’hiver, Terre de poche, prix de l’Académie de Provence 20 07 Ombres et lumières de Costebelle Un été cévenol, Terre de poche, prix Charles Gide 2001 En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20 rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.
©De Borée, 2015
Titre
RENÉBARRAL L'ÉDESENFANTS ROIS
Dédicace
Un grand merci à mon ami Hervé Pijac, pour son aide précieuse et appréciée.
Citation
Deux étions et n’avions qu’un cœur.
François VILLON
I
La pêche
PRÈS AVOIR DISSIMULÉ LEURS VETEMENTS dans une touffe de saules, de A vitgesrent un dernier regard, comme disaient les gamins, la Crique et Lulu jetè vers le pont qui traversait la Verne, deux cents mè tres plus loin. Penché sur le parapet, Boulle leur fit un signe de la main, signifiant que tout était normal. Rassurés, les deux lascars mirent leur bourriche à l’eau et l’attachèr ent solidement à une grosse branche puis ils s’avancèrent dans le courant, assez fort à cet endroit, tandis que Jojo, le quatrième larron, se tenait sur la berge, prêt à su ivre le mouvement pour recueillir les prises au fur et à mesure des captures. L’équipe de s pêcheurs était parfaitement organisée pour cette expédition. Le risque encouru justifiait de telles précautions. Il faut dire que, si les quatre complices avaient c hoisi, sur l’insistance de la Crique, de jeter leur dévolu sur ce lieu particulier, non l oin du village, c’est qu’ils savaient le coin propice et peu pêché en raison de la proximité du pont où les gendarmes et les gardes pouvaient passer à chaque instant et vous re pérer. Dans ce cas-là, un procès-verbal risquait de coûter cher! Sans parler des rud es foudres paternelles qui s’exerceraient inévitablement. Non pour le délit, m ais pour s’être bêtement laissé prendre sur le fait. C’est pourquoi Boulle veillait au grain en surveillant la route afin de les prévenir, à la moindre alerte, d’un long coup d e sifflet. Toutefois, il ne fallait pas perdre de temps. La Crique, de loin le plus expérimenté, choisit de remonter le long de la rive, plus poissonneuse, tandis que Lulu s’écartait vers le mi lieu de la Verne. La pêche à la main suppose en effet une technique assez complexe et nu l, dans la bande des Comanches, ne pouvait égaler l’adresse ni la scienc e de la Crique dans cet exercice. En fait, la rivière n’avait pas de secrets pour lui . Il connaissait les bons cailloux, ceux qui sont creux en dessous et où les poissons, pour des raisons qu’on ignore, ont l’habitude de chercher le frais dans lescaves. Toutefois, il ratissait sans cesse la Verne car les crues peuvent tout bouleverser d’une année sur l’autre. Il savait que les meilleurs endroits étaient, comme ici, les courants, lesrajols, et aussi qu’il vaut mieux attaquer par le bas parce qu e, lorsqu’ils se sentent en danger, les poissons ont tendance à se diriger vers l’amont ou à aller se mettre à l’abri dans les racines qui baignent sous les berges. De plus, l’ea u était peu profonde à proximité du pont. Le choix de la Crique était donc risqué, mais idéal. Sans hésiter, il repéra un large caillou plat qui é mergeait à peine, s’accroupit, puis tâtonna un instant. Il ne tarda pas à se relever en tenant un chabot qu’il jeta prestement sur le bord tandis qu’il bouchait le trou avec son pied pour interdire toute fuite. - Au premier! lança-t-il fièrement. Et y en a d’autres… - Au deuxième! triompha Lulu tandis que Jojo se précipitait avec son panier. La Crique attrapa encore deux ombres, prospecta ens uite trois rochers avant de se
diriger vers la rive où, s’allongeant dans l’eau, i l commença à explorer le dessous de la berge. Il adorait fouiller dans les racines. Lorsqu ’il effleurait une queue, il savait à merveille comment caresser délicatement le ventre d e ses proies qui, curieusement, se laissaient séduire et tirer doucement en arrière ju squ’à ce que, brusquement, sa main se referme sur sa prise. Au simple contact, il devi nait s’il s’agissait d’un barbeau, les plus nombreux et malheureusement pas les plus savou reux, d’un ombre ou d’un chabot, mais très rarement d’une truite, qui sont b eaucoup plus vives à s’enfuir. Quant aux anguilles, elles étaient presque insaisis sables tant leur corps est glissant et vigoureux. Dommage, car elles se vendaient cher! Toutefois, la pêche était si abondante, surtout à proximité du pont, que Lulu et lui n’arrêtaient pratiquement pas de lancer des prises à destination de Jojo! Pourquoi se compliquer la vie? - Viens vite! cria soudain Lulu. Ici, y en a beaucoup! La Crique leva la tête. Son complice attendait deva nt un caillou qui présentait plusieurs trous et il se précipita pour aider son c amarade. Sur la rive, Jojo s’activait, allant de temps en te mps vider son panier dans la bourriche quand un coup de sifflet strident prévint les braconniers d’un danger imminent. En quelques bonds, les trois compères se retrouvèrent blottis au creux d’un buisson touffu, le cœur battant la chamade. L’alert e ne dura que quelques minutes, un deuxième signal venant les informer que la menace s ’était éloignée. Le clocher sonnait l’angélus. Il était temps de ren trer. Ils allèrent à la bourriche où Jojo vida les dernières prises et firent le bilan. Il y avait là huit à dix kilos de poissons qui frétillaient. C’était largement suffisant pour organiser une tombola dans l’après-midi. En attendant, ils laisseraient la panière au frais, elle ne risquait rien. - On en a assez, approuva la Crique, satisfait. - On pourra même faire deux lots, cinq et trois kil os, surenchérit Boulle qui les avait rejoints. Jacky sera content… La Crique et Lulu avaient fini de se rhabiller et l es gamins prirent le chemin du retour, heureux d’avoir accompli leur mission. Dans l’après-midi, Paulo et Dédou se chargeraient d’organiser la vente en faisant du por te-à-porte. Cela fonctionnait toujours ainsi. Jacky, le chef des Comanches, savait mener s es troupes. Il faut dire que la bande faisait commerce de la pê che pour alimenter une caisse commune. En cet été 1950, les mamans de Broussac se souvenaient encore des privations de la guerre et ne rechignaient pas à ac heter les billets découpés dans une page de cahier vu le prix modeste que les Comanches avaient fixé d’un commun accord. Ainsi, ils pouvaient ensuite se procurer de s boissons, des bonbons à l’épicerie de MmeBousquet ou des cigarettes chez le Félicien q ui tenait leBar-tabac du Siècleet faisait semblant de les croire lorsqu’ils prétendai ent que c’était pour leurs grands frères. Il se doutait bien, le vieux Féli, comme to ut le monde l’appelait, que les hommes fumaient des Gauloises et non des Élégantes, bien t rop légères à leur goût. Mais il savait fermer les yeux. Le bistrotier avait l’âme s ensible. Arrivés sur le cours de la République, fief des Com anches, les quatre complices se séparèrent pour rentrer chacun chez soi.
Aux confins des derniers contreforts des Cévennes, le village de Broussac-le-Bas s’étendait le long de la Verne, se serrant contre l a route qui longeait la rivière. À l’automne, la voie était fréquemment inondée lorsqu e les nuages de la Méditerranée et ceux de l’Atlantique avaient la mauvaise idée de se rencontrer au-dessus du mont Aigoual, provoquant des pluies diluviennes qui occa sionnaient des crues
impressionnantes. Souvent prévenus trop tard, les riverains logeant a u rez-de-chaussée avaient l’habitude de prendre leurs précautions. En cas d’a lerte, ils déménageaient les meubles au premier étage en attendant que ça se cal me, la plupart du temps aussi vite que c’était venu. C’est pourquoi la plupart des com merces ou des échoppes des artisans se trouvaient dans les quelques rues qui m ontaient vers le cours de la République où l’épicerie de la mère Bousquet et leBar du Siècleavec cohabitaient l’église. Dans le prolongement de cette allée que bordaient d ’immenses platanes s’élevait une construction moderne et tout en longueur abrita nt une usine, la Cévenole, qui faisait la fierté et la richesse des Broussacois et même de quelques bourgades voisines, car il s’agissait d’une filature de bas d e soie employant cent quarante personnes. Et il y avait du travail pour tous: bonn etiers, mécaniciens, rebrousseurs, formeuses, remailleuses, visiteuses, chacun, homme ou femme, pouvant y trouver un poste correspondant à sa condition et à ses capacités. Broussac-le-Haut, ancien village médiéval fortifié bâti sur un piton rocheux, se situait trois cents mètres en amont, au pied du bois du Tri alou. Moins nombreux et ne possédant pas de commerces ni de mairie, les habita nts jalousaient ceux du bas, prétendant qu’ils étaient fiers et sournois. Ces de rniers n’étaient pas en reste, assurant que leurs voisins du haut n’étaient que des culs-te rreux toujours prêts à se plaindre alors qu’ils ne subsistaient que grâce à «leur» usi ne. Étiquettes qui se transmettaient d’une génération à l’autre dès le plus jeune âge et que reprenaient évidemment à leur compte deux bandes ennemies. Il y avait celle des Apaches, représentant le haut du village avec le bois du Trialou pour territoire inviolable et, comme habituel terra in de jeux, un champ abandonné qu’on appelait les Aubrets. Et puis celle des Comanches à Broussac-le-Bas, dont le domaine exclusif se situait dans la plaine, au-delà de la r ivière; chaque membre d’un clan devant respecter scrupuleusement ces limites. Pour toutes ces raisons, les deux premières questions que les enfants posaient à un é tranger de passage qu’ils ne connaissaient pas se résumaient à demander: - Qui es-tu? Tu viens du haut ou du bas? Pour finir, les Broussacois du haut s’enorgueilliss aient quand même de leur château et de son site stratégique. De son donjon-tour, on pouvait observer la plaine languedocienne vers le sud et jusqu’aux Cévennes cô té nord, ce qui avait permis aux différents occupants de contrôler les entrées et le s sorties des diverses vallées des alentours. Les habitants du hameau étaient fiers qu e ces seigneurs aient fait construire la célèbre chapelle castrale de Saint-Jean datant d u XIesiècle. On venait de loin pour admirer son architecture particulière et son autel roman exceptionnel. Les deux villages réunis comptaient environ six cents âmes. Malgré les règles bien établies entre les deux band es concernant les territoires, il avait bien fallu trouver un accord pour la rivière, principal terrain de jeux en été, aussi avait-il été convenu une fois pour toutes que le po nt servirait de frontière. L’amont pour les Apaches, qui aimaient se retrouver dans un lieu particulier bizarrement appelé les Caisses, où la Verne se faufilait entre de gros roc hers permettant aux gamins de se mesurer à celui qui oserait tenter le plongeon le p lus haut; le Cacou, leur chef, étant hors concours à cet exercice qui n’était pas sans r isque. Ils y organisaient aussi d’interminables parties à se poursuivre d’une rive à l’autre. L’aval du pont était le domaine exclusif des Comanc hes qui se baignaient dans leur fief de la Baraquette, un endroit où la rivière s’é vasait, en aval de Broussac. Là, une
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