La cause des victimes : approches transculturelles
222 pages
Français

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La cause des victimes : approches transculturelles , livre ebook

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Description

Cet ouvrage est le fruit d'une réflexion pluridisciplinaire menée par des psychologues cliniciens sur les racines et les incidences des violences, la prise en charge et le devenir des victimes dans les sociétés où ils exercent en tant que praticiens et chercheurs, La Réunion et l'Afrique du Sud. Le problème des victimes des violences d'Etat et de l'exil est par ailleurs évoqué à travers l'exemple de l'accueil, à Paris, des réfugiés d'Afrique centrale à l'Institut de Victimologie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2006
Nombre de lectures 115
EAN13 9782336257334
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Illustration de couverture : composition de Philippe Reignier
site : www.librairieharmattan.com diffusion.harrnattan@wanadoo.fr e.mail : harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747596336
EAN : 9782747596336
La cause des victimes : approches transculturelles

Geneviève Payet
nos remerciements aux collaboratrices de l’Antenne Réunionnaise de l’Institut de Victimologie,
membres du Comité de Lecture et de Rédaction Saint-Denis de la Réunion :
Christelle ALHAIRE Christiane ANDRE Delphine PRADIER Sabine SRAMSKI Fadella TOTACONAN
Les textes figurant dans cet ouvrage n’engagent que leurs auteurs
Sommaire
Page de Copyright Page de titre PREFACE INTRODUCTION - VOUS AVEZ DIT VICTIME ? HEMISPHERE SUD... LA CAUSE DES VICTIMES CHAPITRE 1 : - Violences, Cultures, Institutions CHAPITRE 2 : - Femmes victimes : souffrances et résilience CHAPITRE 3 : - Enfants, maltraitances, incestes CHAPITRE 4: - Victimes ailleurs. Quelles souffrances ? Quelles réponses ? COLLABORATEURS
PREFACE
Dr. Gérard LOPEZ
L ’Ile de la Réunion est depuis bien longtemps à la pointe de la prise en charge des victimes : l’expérience du recueil de la parole de l’enfant victime dans la procédure dite Mélanie en constitue la meilleure illustration ; beaucoup pensent qu’elle est plus performante que les modalités prévues par la loi du 17 juin 1988 ; elle aurait probablement permis d’éviter les dérives et erreurs qui ont conduit à l’Affaire d’Outreau : Geneviève PAYET aborde ce sujet dans sa communication : « Le psychologue expert et le témoignage de l’enfant ».

L’Antenne Réunionnaise de l’Institut de Victimologie (ARIV) 1 est tout particulièrement soucieuse de prendre en compte les spécificités « péi ». Ainsi, Geneviève PAYET souligne combien la connaissance du créole est fondamentale pour recueillir la parole des victimes ; elle construit un extraordinaire lexique créole des violences agies et subies. Elle démontre dans son article consacré à l’accueil des enfants migrants comment un respect aveugle des traditions culturelles peut être une défense du thérapeute face à l’horreur ou tout simplement une forme d’incompétence. L’approche transculturelle, qui est trop souvent la partie congrue des livres de Victimologie, constitue une des grandes réussites du livre que vous tenez dans vos mains.

L’ARIV rayonne tout particulièrement vers les îles voisines et l’Afrique du Sud. Elle a pu avantageusement représenter la Victimologie française lors du dernier Symposium de la Société Mondiale de Victimologie organisé à Stellenbosch (Afrique du Sud) en 2003. Elle a su organiser le Premier Forum de Victimologie de l’hémisphère sud en avril 2004 avec un succès considérable 2 . Jean-Loup ROCHE retrace une histoire de l’horreur, avec en point de mire l’esclavage, et ses rapports avec les représentations sociales réunionnaises concernant la justice. Il dresse un tableau approfondi de la « cause des victimes » dans l’hémisphère sud et un bilan complet de la Victimologie en Afrique du Sud, article utilement complété par celui de François DRONNET, un français responsable d’ONG dans ce pays : « Themba Lesizwe. Une réponse de la société civile sud-africaine à la problématique de la violence ».

Mais l’ARIV travaille surtout en profondeur. En relation étroite avec les autorités et les institutions réunionnaises, l’ARIV organise des formations et des colloques qui contribuent activement à sensibiliser les institutions et les professionnels réunionnais aux problématiques victimologiques. Les actions concernant les cibles fragiles que constituent les femmes et les enfants sont au centre des préoccupations de l’ARIV : les chapitres 2 et 3 leur sont entièrement consacrés.

A la pointe de l’innovation, l’ARIV a mis en place une permanence d’accueil et d’écoute à Saint-Denis de la Réunion, participant activement à un mouvement encore trop confidentiel en Métropole. A ce propos, la vignette clinique de Philippe REIGNIER nous enseigne combien le visage de la psychose masque parfois un traumatisme qu’il convient de traiter. Jacques BRANDIBAS défend l’idée que, sous certaines conditions (reconnaissance judiciaire), une famille peut devenir expert et co-thérapeute pour régler le processus de maltraitance. Jean-Pierre HUDE rapporte son expérience thérapeutique dans le cadre du Centre de Psychothérapie des Victimes à Paris avec les Africains victimes de violences d’Etat et de tortures. L’ARIV intervient également dans la prise en charge immédiate et post-immédiate des victimes de violences et d’accidents sur les lieux de travail, selon des protocoles rigoureux bâtis avec les partenaires concernés.

L’ARIV, toujours plus impliquée dans la formation des professionnels, a pris une dimension universitaire en coorganisant un Diplôme d’Université de Victimologie ! Cela lui permet d’approfondir une réflexion éthique, fondée sur l’ouverture, la discussion et l’évaluation des pratiques, destinée à éviter certaines dérives qui prêtent le flanc aux critiques des intellectuels qui précisément ne parlent pas... des victimes.

Bref, l’ARIV travaille, publie, sensibilise, soigne les victimes et crée des liens avec les partenaires locaux d’accompagnement social et judiciaire, ce qui constitue le quotidien de la pratique victimologique : reconnaissance, accompagnement et soins.

Ce tableau parait élogieux, mais peu d’associations peuvent se prévaloir d’un bilan aussi flatteur, lequel n’est possible que grâce à l’implication de bénévoles, animés d’un idéal humaniste, travaillant sans relâche avec force et vigueur, pour prendre en charge les victimes d’agressions et accidents divers, si souvent livrées à elles-mêmes... sous d’autres cieux.

Ce livre en constitue la meilleure des preuves.
INTRODUCTION
VOUS AVEZ DIT VICTIME ?
Geneviève PAYET
Polyphène demande : Quel est ton nom toi qui m’a pris la vue ? Ulysse répond : Personne !
T out le monde a ses soucis et ses bonheurs, tout le monde est pressé. Pressé et en priorité tourné vers soi. Bien sûr, on vit parmi les autres, mais c’est déjà si difficile de composer avec soi-même ! On fait au mieux : parfois avec, parfois sans, toujours à la recherche d’un bonheur qui va combler notre vie.
Et puis, soudain, sans savoir ni pourquoi ni comment, il y a un événement, un tournant, quelque chose qui nous fait face, qui se met en travers de notre chemin. Impossible de le nommer, parfois même impossible de le situer ou de l’identifier. Mais pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi là ? Les interrogations déferlent et submergent nos illusions, nos certitudes, nos espoirs. Nous nous retrouvons sans visage, exclus de nous-même. C’est comme si quelque chose au fond de nous soudain disparaissait, sans raison. Nous voilà sidérés, épinglés, dépossédés de ce qui l’instant d’avant nous était essentiel, vital.
«Y a pas de mots pour vous expliquer... A quoi bon en parler?... Plus rien ne pense, plus rien ne vit en moi... Plus le temps passe et plus je souffre... Je suis devenu comme étranger sur cette terre qu’était mon corps, dans ce cœur qui vibrait encore ! » C’est en ces termes que les victimes s’adressent à nous.
Il n’y a pas de nom pour dire la peine. Les mots n’ont plus de sens, plus d’écho, ils sont vidés de leur force, de leur pouvoir. Nous sommes comme dans un tableau qui n’a rien à faire de notre présence et qui nous permet ni de nous promener chez lui ni d’espérer en lui.
Depuis les faits, le temps s’est divisé. Il y a désormais un avant et un après. Ce qui maintenant en tient lieu ne se compte plus de la même manière. Tout est faussé : un rien et on s’affole, tout s’emballe, on perd le contrôle. Un rien ? Non. Si seulement il était possible de s’arrêter sur ce rien en question. Il est une véritable prison, un trou où sont enfouis nos idées noires, d’horribles souvenirs, des flashes qui nous clouent sur place, nous réduisent à l’impuissance.
Plus de force pour lutter : prouver, accuser, se défendre. Pour qui, pour quoi ? Ceux qui me sont les plus proches partagent tous quelque chose de notre vie. En voulant nous consoler, nous avons l’impression qu’ils banalisent et rabaissent notre expérience unique. A cause de cela, nous pouvons avoir envie de leur dénier la possibilité même de comprendre ce que nous avons vécu, envie de garder notre secret comme un drôle de compagnon avec lequel nous aurions appris à composer pour ne pas nous perdre dans notre chaos intérieur.
Mais la résistance la plus massive et la plus terrible vient de tous ceux qui ne veulent pas écouter, qui veulent en finir au plus vite, qui veulent nous faire tout oublier. En fait, les récits de notre histoire les dérangent, cela interr

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