La course en avant

Pascal Le Rest

Description

Dans La course en avant, le lecteur suit pas à pas dans un récit vivant, aux rebondissements multiples, les éléments qui traduisent l'insertion sociale progressive d'un jeune homme de 19 ans. L'anti-héros de ce récit évolue dans un monde où les jeunes se débattent pour s'insérer socialement, pour trouver leurs marques, pris entre les petits boulots et la tentation d'un travail salarié à temps plein, entre l'envie des expériences sexuelles et de la liberté, mais recherchant aussi l'âme sœur.

Sujets

• Sociologie, société et politique
• Témoignage
• Récit
• Civilisation
• Ethnologie
• Autobiographie
• Sociologie
• Anthropologie
• Sexualité
• sexualité
• Sexualité

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juillet 2015
• Nombre de lectures: 33
• EAN13: 9782336387369
• Langue: Français

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright




























© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
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EAN Epub : 978-2-336-73747-8
Titre
Pascal Le Rest







La course en avant
Ethnographie d’une insertion sociale
ETHNOGRAPHIQUES
Collection dirigée par Pascal LE REST


Ethnographiques veut entraîner l’œil du lecteur aux couleurs de la vie, celle des quartiers et des villes, des continents et des îles, des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, des Blancs et des Noirs. Saisir le monde et le restituer en photographies instantanées, de façon sensible et chaude, proche et humaine, tout en préservant la qualité des références, des méthodes de traitement de l’information et des techniques d’approche est notre signe et notre ambition.
Déjà parus
Jacques HUGUENIN, La révolte des « Vieilles » : Les Panthères Grises toutes griffes dehors , 2003.
Pascal LE REST, Des Rives du sexe , 2003.
Mohamed DARDOUR, Corps et espace chez les jeunes Français Musulmans, Socioanthropologie des rapports de genre , 2008.
Bertrand ARBOGAST, Voyage initiatique d’un adolescent , 2009.
Pascal LE REST, Ethnographie d’un parcours adolescent. Une jeunesse entre béton et bitume , 2010.
Bertrand ARBOGAST, La tondue. Un amour de jeunesse franco-allemand , 2010.
Muriel SANTORO, Mon voisin de maiz. Voyage au Guatemala au cœur de la culture maya , 2010.
Pascal LE REST, Banlieue sud et le dix-septième printemps, Ethnographie d’un parcours adolescent , 2011.
Pascal LE REST, La marche du temps, Ethnographie d’un parcours adolescent , 2011.
Bertrand ARBOGAST, Ethnographie d’un village si ordinaire , 2012.
Philippe LIPCHITZ, Nouveau far west , 2014.
Pascal LE REST, La Trilogie du jeu de vivre, livre 1, Les promesses du monde , 2014.
Pascal LE REST, La Trilogie du jeu de vivre, livre 2, Le temps des blessures , 2014.
Pascal LE REST, La Trilogie du jeu de vivre, livre 3, Le tumulte des vagues , 2014.
Nicole ESCHENLOHR, Le Caméléon et la mort en Afrique , 2015.
Roberta RUBINO, La production du coton biologique et équitable au Mali , 2015.
Du même auteur

Du même auteur


La voie du karaté , une technique éducative , Chartres, Imprimerie Durand, 1997.
Le karaté de maître Kamohara , Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 1998.
Sur une voie de l’intégration des limites , Chartres, Comité Départemental de Karaté d’Eure-et-Loir, 1999.
Le Karaté, sport de combat ou art martial , Chartres, Comité Départemental de Karaté d’Eure-et-Loir, 1999.
Les jeunes, les drogues et leurs représentations , Paris, L’Harmattan, 2000.
Le karatéka et sa tribu, mythes et réalités , Paris, L’Harmattan, 2001.
Prévenir la violence , Paris, L’Harmattan, 2001.
Drogues et société , Paris, L’Harmattan, 2001.
La Prévention Spécialisée, outils, méthodes, pratiques de terrain , Paris, L’Harmattan, Collection Educateurs et Préventions, 2001.
L’attraction des drogues , Paris, L’Harmattan, Collection Educateurs et Préventions, 2002.
Le visible et l’invisible du karaté, ethnographie d’une pratique corporelle, Paris, L’Harmattan, 2002.
Paroles d’éducateurs en Prévention Spécialisée, les éducs de rue au quotidien , L’Harmattan, Paris, 2002.
Des rives du sexe , L’Harmattan, Paris, 2003.
Méthodologie et pratiques éducatives en Prévention Spécialisée , L’Harmattan, Paris, 2004.
L’errance des jeunes adultes ; causes, effets, perspectives , L’Harmattan, Paris, 2006.
Le métier d’éducateur de prévention spécialisée , La Découverte, Collection Alternatives sociales, Paris, 2007.
Prévention spécialisée et évaluation , In Les défis de l’évaluation en action sociale et médico-sociale (ouvrage coordonné par B. Bouquet, M. Jaeger, I. Sainsaulieu), Dunod, Paris, 2007.
L’éducation spécialisée , Ellipses, Paris, 2008 (réédité en 2012).
Les nouveaux enjeux de l’action sociale en milieu ouvert , Erès, Collection Trames, Paris, 2009.
Ethnographie d’un parcours adolescent. Une jeunesse entre béton et bitume , L’Harmattan, Paris, 2010.
Banlieue sud et le dix-septième printemps, Ethnographie d’un parcours adolescent , L’Harmattan, Paris, 2011.
La marche du temps, Ethnographie d’un parcours adolescent , L’Harmattan, Paris, 2011.
Le karaté-do, une voie éducative pour aider les jeunes à se situer dans la socialité. In Arts martiaux, sports de combat et interventions psychosociales (sous la direction de Jacques Hébert). Presses de l’Université du Québec. Montréal. 2011.
Jeunes en difficultés , In Le Guide de l’intervention sociale, ESF Editeur, Issy-Les-Moulineaux, 2012.
La Trilogie du jeu de vivre, livre 1, Les promesses du monde , L’Harmattan, Paris, 2014.
La Trilogie du jeu de vivre, livre 2, Le temps des blessures , L’Harmattan, Paris, 2014.
La Trilogie du jeu de vivre, livre 3, Le tumulte des vagues , L’Harmattan, Paris, 2014.
La course en avant


Depuis la rentrée universitaire de cet automne 1981, je cravachais comme un forcené. Je m’employais à décrocher le Deug. J’étais embourbé dans les études. J’en avais jusqu’au cou. Je pataugeais dans les mathématiques sur les bancs des amphis et le soir, j’épluchais les théories sociologiques, ethnologiques, psychanalytiques. Je rêvais de poursuivre des études en sciences humaines.
J’avais la fièvre ; le désir au bout des doigts. Je rêvais d’absolu. De plaisir. De jouissances. J’avais le feu dans les tripes. Un brasier dans la culotte. Je brûlais les heures. Je voulais étreindre le temps. L’essouffler. J’avais l’impatience dans la paume.
Mais impossible de vivre à bout portant. L’exaltation, la fébrilité ne trouvaient pas d’écho. Personne ne répondait à ma flamme, à mon feu. J’étais seul. On me fuyait comme la peste. Il me manquait un décodeur. Dès que j’ouvrais la bouche, je faisais peur. J’avais la haine et la vie accrochées aux dents. Je les mastiquais férocement. Mon haleine alertait.
Je ne tenais pas en place. Je gigotais. Mais seul. A contre sens. A contre courant. Raison de plus : je m’enfonçais dans les études et dans les revues pornos. Les unes et les autres me soulageaient. Dans les premières, je nourrissais la tête et dans les secondes, je vidais les couilles. Avec les filles, y’avait pas moyen d’arriver à quoi que ce soit. C’était la croix et la bannière. Je n’avais pas non plus de délicatesse. Quand j’avais envie de faire l’amour avec l’une, je la prenais dans les yeux et je lui demandais carrément si ça la branchait. J’avais dix-neuf ans et horreur du mensonge, des masques, des illusions. Elles rougissaient, bafouillaient un truc et m’envoyaient paître. J’m’en fichais. J’voulais être clair.
Il me manquait des repères. En route, j’étais passé à côté de certaines balises ou alors je m’étais carrément planté de voie. Pas impossible. Les autres mecs se débrouillaient pour lever des minettes. Moi, j’y arrivais pas. Le cinéma ne m’allait pas. Ça me faisait trop chier.
Je courais derrière Mélanie. Je me fendais bien la gueule avec elle. On avait des cours communs et il nous arrivait ensuite d’aller boire un coup au troquet. Je l’aimais bien. Elle était simple, gaie, intelligente. Et belle.
J’avais essayé de la draguer. Un peu comme les autres mecs faisaient. Ça ne donnait rien. Alors, un jour, je mis les pieds dans le plat. Paf ! Je lui proposai de venir chez moi, faire l’amour.
Je me rendais pas compte. J’croyais que ça révélait tout à la fois mon désir et ma noblesse d’âme. Je n’imaginais pas qu’elle pouvait être offusquée, qu’elle pouvait croire que je la prenais pour un objet. Le refus tomba. Un couperet sur la gorge.
Je dévorais des livres et des livres. Je taisais un peu plus la voix du dedans qui criait de sortir, de m’éclater et de baiser. Elle vitupérait la coquine. Je me rongeais les ongles. Si elle poursuivait son chahut dans la carcasse, j’y allais jusqu’au sang. Au bout de la douleur. Parfois, ça ne suffisait pas. Je retirais les chaussettes et arrachais ceux des pieds. Avec violence. Il venait des lambeaux d