La féminisation de l enseignement agricole
248 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

La féminisation de l'enseignement agricole , livre ebook

-

248 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Ce livre met en évidence le rapport entre la féminisation des formations professionnelles, les transformations structurelles de l'organisation qualifiante et les dynamiques professionnelles à l'oeuvre dans le monde rural. L'entrée massive des filles dans le système de l'enseignement agricole crée un contexte favorable à un déplacement des frontières du féminin et du masculin, voire à une mobilité des régimes de genre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2012
Nombre de lectures 25
EAN13 9782296499232
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La féminisation de l’enseignement agricole
Collection Logiques Sociales
Série « Sociologie du genre »


Cette série propose des recherches qui s’appuient sur le paradigme sociologique du genre comme mode de compréhension et d’interpré-tation des Logiques Sociales. Domaine en plein développement, les recherches « genrées » sont aujourd’hui centrales en sciences sociales. La série cherchera à proposer des recherches théoriques et empiriques dans l’esprit général de la collection Logiques Sociales.
Sabrina Dahache


La féminisation de l’enseignement agricole


Sociologie des rapports de genre
dans le champ des formations professionnelles


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN , 2012
5-7 , rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-96250-7
EAN : 9782296962507

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Cet ouvrage s’appuie sur un travail de recherche réalisé dans le cadre d’une thèse de sociologie sur le processus de féminisation de l’enseignement agricole, soutenue le 21 mars 2011 à l’Université de Toulouse II Le Mirail [Unité Mixte de Recherche « Dynamiques rurales » et Centre d’Études et de Recherches « Travail, Organisation et pouvoir », au pôle « Savoirs, Genre et Rapports Sociaux de Sexe »].


Je tiens à remercier tous les étudiants, filles et garçons, qui ont accepté de répondre à mes interrogations et d’évoquer les différentes facettes de leurs expériences. Je remercie les professionnels des institutions de formation, femmes et hommes, qui m’ont apporté leur soutien dans ce travail de recherche.


J’adresse mes plus vifs remerciements à Pierre Muller pour ses conseils et ses encouragements – soutien grâce auquel cet ouvrage a pu voir le jour.


À mes parents et à mon frère Christophe.
PRÉFACE
L’ouvrage de Sabrina Dahache constitue un très bel exemple de ce que la recherche en sociologie, à condition qu’elle soit menée avec intelligence et sans trop se préoccuper des idées reçues, peut apporter à la compréhension de l’évolution de nos sociétés. Même si des travaux existaient sur le sujet, la question de la place des femmes en agriculture restait très largement un continent ignoré des travaux de la sociologie des professions agricoles et rurales. La question du « changement » y était abordée avant tout, consciemment ou non, dans une perspective d’indifférenciation en termes de genre. Ce qui revenait, en réalité, à faire comme si les transformations du métier d’agriculteur ou celles qui affectaient, plus globalement, la profession agricole, ne concernaient que la partie masculine du monde rural. Cette forme d’aveuglement conduisait à passer sous silence une question de recherche tout à fait importante concernant la place des femmes dans ces évolutions. En réalité cette question est double, puisqu’elle porte sur l’impact des changements qui affectent les métiers du monde rural sur la place des femmes, mais aussi sur le rôle qu’elles peuvent jouer dans les modalités de ces changements. Pourquoi ces questions sont-elles importantes, et pas seulement du point de vue des études de genre ?
Comme l’ont bien montré les travaux de l’École française de sociologie rurale, le modèle professionnel qui s’est construit dans la période de la « modernisation » agricole était un modèle fondé sur la mise en œuvre du « progrès technique » dans un cadre qui restait pour l’essentiel celui de l’agriculture familiale. Autrement dit, il s’agissait avant tout d’optimiser la fonction de production (pour accroître la productivité), ce qui revenait à renforcer la place du chef d’exploitation, à la fois entrepreneur, mari et père de famille. Ce modèle (qui, comme tous les modèles, contenait une part de mythe) a connu son heure de gloire à la suite de ce que l’on a appelé en France la « Révolution silencieuse » qui a vu une nouvelle génération d’agriculteurs (le masculin est de rigueur) imposer son leadership dans la profession. Mais à partir des années 1980, la force du modèle a commencé à être remise en cause. D’abord pour des raisons économiques : le « productivisme » fondé sur la recherche de l’excellence professionnelle exclusivement dans le domaine de la production montre ses limites face aux crises de surproduction et, peut-être plus encore, face à l’émergence des dégâts infligés à l’environnement par une certaine forme d’agriculture. Mais aussi pour des raisons sociologiques : la transformation des campagnes et la perte de spécificité du monde rural change radicalement la donne. Même si l’exploitation reste souvent le support de vie d’une famille, elle est de moins souvent le lieu de travail de l’ensemble de la famille. Il ne fait pas de doute que ces évolutions ont un impact considérable sur la place des femmes dans l’agriculture et le monde rural. Mais quand on y regarde de plus près, on s’aperçoit que les femmes ne sont pas seulement « victimes » mais souvent « actrices » de cette histoire : tout se passe comme si, à côté des situations dramatiques correspondant à l’émergence de formes de pauvreté et d’exclusion, les transformations qui affectent l’agriculture et le monde rural offraient aussi aux femmes des marges de jeu et une autonomie sans commune mesure à ce qu’elles avaient pu connaître lorsqu’elles étaient ravalées au rang de conjointes d’exploitation. Cette autonomisation des femmes par rapport à la domination patriarcale traditionnelle passe par trois canaux principaux. Le premier est la possibilité (qui correspond parfois à une nécessité) de travailler en dehors de l’exploitation, qui les conduit parfois, paradoxalement, à assurer la part principale des revenus du ménage… Le second concerne la possibilité de s’installer comme chefe d’exploitation, choix qui semble moins impensable qu’auparavant. Moins connue peut être, la troisième voie permettant de renforcer la place des femmes et leur donnant plus de marges de jeu concerne les transformations du métier lui-même : dans les exploitations, de plus en plus nombreuses, pratiquant des systèmes complexes associant activités de production et de services (transformation, vente directe, accueil…) la place des femmes se trouve revalorisée de manière sensible dans la mesure où les activités de production, jugées « masculines » perdent de leur importance.
Ce sont tous ces changements dans les rapports sociaux de genre en agriculture et dans le monde rural que l’ouvrage de Sabrina Dahache analyse finement. Cette étude est menée à partir d’un prisme particulièrement efficace, celui de la sociologie du genre dans les formations professionnelles, à travers la question de la féminisation de l’enseignement agricole. Ce dernier, en effet, constitue un reflet fidèle des soubresauts qui agitent le monde rural français. Depuis l’époque un peu oubliée du « professeur d’agriculture », le monde de l’enseignement agricole français a connu des transformations considérables en accompagnant le développement du modèle de l’excellence productiviste. Aujourd’hui, les incertitudes qui le frappent sont le reflet des doutes qui émergent quant aux choix de l’agriculture française. Or l’ouvrage de Sabrina Dahache montre que la question de la féminisation de l’enseignement agricole constitue un excellent point d’observation des enjeux qui traversent le monde rural. En effet, la principale conclusion que l’on peut tirer de cet ouvrage (parmi beaucoup d’autres) est que, à travers la question de la place des femmes, il montre à la fois la remise en cause du modèle que l’on pourrait appeler le modèle « productiviste patriarcal » et la résistance des stéréotypes masculins, notamment ceux concernant la supposée « inaptitude » des filles à la conduite des opérations lourdes de production (labours, etc.).
Au total, le livre de Sabrina Dahache constitue une très belle étude qui fera réfléchir toutes celles et tous ceux qui s’interrogent sur les relations entre les mécanismes de production de l’excellence professionnelle par la formation et la sociologie des rapports de genre.


Pierre Muller
Directeur de recherche au CNRS
Centre d’Études Européennes de Sciences Po
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Ces dernières années se sont

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents